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Ministère de l'Intérieur : La boîte de Pandore ne sera pas ouverte de sitôt
27/02/2015 | 19:59
4 min
Ministère de l'Intérieur : La boîte de Pandore ne sera pas ouverte de sitôt

Le nom du ministre de l’Intérieur que choisira Habib Essid était impatiemment attendu. Celui proposé, qui a finalement obtenu le poste, est Mohamed Nejem Gharsalli. Sa nomination a suscité les plus vives critiques. En prenant ses fonctions, ses premières déclarations et mesures semblent donner raison aux critiques qui s’étaient levées contre la nomination de ce juge à la tête du ministère le plus puissant de Tunisie.

 

Une triple pression attendait le titulaire du portefeuille de l’Intérieur. La première est celle de l’impératif de la lutte contre le terrorisme, à l’heure où celui-ci continue à faire des ravages dans les rangs des forces sécuritaires tunisiennes. La deuxième contrainte est relative à l’élucidation définitive et complète des meurtres politiques de Mohamed Brahmi et de Chokri Belaïd. Le troisième impératif est celui d’entreprendre des réformes de fond au sein de l’appareil sécuritaire tunisien. Ces réformes concernent principalement la lutte contre la corruption ainsi que l’amélioration des conditions de travail des agents sécuritaires tunisiens.

Mohamed Nejem Gharsalli a été nommé à la tête d’un ministère compliqué à gérer et qui traîne une réputation sulfureuse. Les juges qui ont côtoyé le ministre pendant plusieurs années ce sont élevés contre la nomination de M. Gharsalli. Ils ont déclaré que ce ministre avait collaboré avec les deux anciens régimes et avait même participé au putsch contre le syndicat des magistrats sous Ben Ali. Toutefois, Habib Essid a tenu bon et a maintenu Mohamed Nejem Gharsalli au ministère de l’Intérieur.

 

Par la suite, la polémique concernant l’identité du ministre a laissé la place à l’expectative. Nombreux ont été ceux qui guettaient les premières décisions et les premières mesures du ministre afin de « juger sur pièce ». L’une des actions les plus remarquées du ministre a eu lieu le 24 février 2015 en rendant une visite inopinée à la caserne de la sûreté nationale du 20 mars à Bouchoucha. Il y est allé pour contrôler la situation des prisonniers en attente de jugement et vérifier si les conditions de détention sont, ou pas, conformes aux standards et aux lois en vigueur.

 

A l’issue de cette visite, le ministre de l’Intérieur a déclaré ne pas avoir relevé d’infractions majeures. Ce constat effectué par Mohamed Nejem Gharsalli a été fortement contesté par plusieurs activistes concernés par la situation des personnes arrêtées en attente de comparution. Azyz Amami, qui lui-même avait passé quelques nuits à Bouchoucha, a brossé un tableau beaucoup moins reluisant que celui communiqué par les autorités. Dans l’émission 24/7 d’Elyes Gharbi, l’activiste a raconté les pratiques dégradantes et contraires aux lois qui ont cours au centre de détention de Bouchoucha.

 

Ainsi, il a évoqué le traitement indigne réservé aux mineurs dans ce centre de détention. Selon Azyz Amami, les mineurs sont astreints aux tâches les plus ingrates avec la complicité des gardiens de la prison. Des tâches comme celle de nettoyer les chaussures des prisonniers et des gardiens. Il a également évoqué les agressions sexuelles qui visent les mineurs au centre de détention de Bouchoucha. L’activiste a, par ailleurs, évoqué les pratiques de torture qui ont toujours cours dans les centres de détention à Bouchoucha et ailleurs. Il y a également des accusations de racket puisque quelques paquets de cigarettes ont coûté 400 dinars à Azyz Amami. Les déclarations et les constations de Azyz Amami sont étayées par les témoignages de plusieurs personnes qui ont fait un malheureux passage au centre de détention de Bouchoucha. Certains de ces témoignages évoquent même un lifting qui aurait été fait au centre de détention de Bouchoucha la veille de la visite du ministre de l’Intérieur…

 

Sur un tout autre plan, le ministre de l’Intérieur devra également composer avec les syndicats de la police nationale qui ont pris une certaine ampleur depuis la révolution. Toutefois, cette collaboration ne semble pas partie du bon pied. Le 26 février, le ministère de l’Intérieur a rendu public un communiqué dont l’objectif est de rappeler les syndicats à l’ordre. Le ministère de l’Avenue Habib Bourguiba appelle les syndicats à se conformer aux lois régissant le devoir de réserve et la non-ingérence dans la gestion administrative du ministère. Le communiqué prend un ton plus ferme en assurant que le ministère entreprendra toutes les mesures légales et disciplinaires contre tout syndicaliste qui fera des déclarations aux médias en dehors du champ de la promotion du niveau social des agents des forces de sécurité intérieure. Il est vrai que plusieurs révélations médiatiques ont été faites par les syndicalistes du secteur sécuritaire. On rappellera, dans cette optique, les déclarations polémiques de Sahbi Jouini ou de Issam Dardouri au sujet d’une importante quantité de médicaments envoyés par le ministère en Libye. Le ministère veut manifestement juguler le flot de critiques et de mises en cause qu’engendre ce type de déclarations aux médias.

 

Nul besoin de démontrer l’importance stratégique du ministère de l’Intérieur aussi bien dans le contexte actuel de lutte contre le terrorisme ou par rapport à l’héritage historique de ce ministère dans la gouvernance du pays. La nomination de Mohamed Nejem Garsalli à sa tête n’a pas suscité d’enthousiasme. Les premières mesures confortent cette impression même si la lutte contre le terrorisme continue à avoir un certain succès. Le ministre devra faire plus, non seulement pour venir à bout des problématiques qui se posent à lui mais aussi pour conquérir la confiance de l’opinion publique et des différents intervenants.

27/02/2015 | 19:59
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Commentaires (15) Commenter
pas que ça
maya
| 28-02-2015 17:54
M.Achouri, vous avez omis de mentionner la police parallèle, maintes fois évoquée par les syndicalistes du MI,***, etc. nous risquons d'attendre pour un siècle encore tous les détails de la révolution, des snipers, de la fuite de zinochet etc...
les juges plus corrompus que les policiers aujourd'hui
fethi
| 28-02-2015 15:37
A ce que je vois, il y a de l'ordre à mettre au sein du ministere de la justice, ...pour plus de justice justement. Aprés on pourra critiquer le ministre de l'intérieur. A quand ces contrôles des juges??
AH NON DIEHK !!!!
nazou
| 28-02-2015 13:21
je vous laisse entre vous !!!
Entre laicards ; Moije reste rcdiste bajboujiste ,et s'il le faut islamiste.
Et franchement je m'emmerde grave avec les laicards .
BN se "naawatise" beurk beurk beurk !!
Heureux d'avoir de tes nouvelles Sultane!!!
DIEHK (la journée commence très bien Nazou n'est plus en hibernation)
| 28-02-2015 12:20
Tu nous manquais avec tes com tranchés!!!
Mais Heureuuuuuux de te lire et ne t'en fais pas,le printemps c'est dans vingt jours et tu sais comment on fête le printemps du côté de Tebourskouk et Gaafour?
On récite le dicton populaire:
Arabiou rabaa wa labnaou krass, wili andou bnaia yatiha ila
Tarass !!!! Lol!
L importance du MI
marijoli
| 28-02-2015 11:56
Je pense que BCE a impose ce ministre au gouvernement,comme couvercle de la marmite pour asphixier les emanations de "gaz mortel"
"Reluisan"t et "non luisant"
kameleon78
| 28-02-2015 03:42
On dit : "un tableau beaucoup moins reluisant" que "un tableau beaucoup moins luisant". Cordialement.

BN: Merci d'avoir attiré notre attention.
Je te tiens tu me tiens...moi non plus...
Mêmepaspeur
| 28-02-2015 02:40
"Habib Essid a tenu bon et a maintenu Mohamed Nejem Gharsalli au ministère de l'Intérieur"

Ce n'est pas Essid qui "a tenu bon"...mais BCE en tant que "patron" direct de son subordonné (ou collaborateur comme a dit l'autre...) et ce pour deux raisons : 1/ si l'aventure (du gouvernement Essid) tourne à l'eau de boudin, on dira que c'est lui qui "a tenu bon" à garder Gharsalli...2/ sachant les casseroles que traîne cet ex-juge on aura barre sur lui encore plus que s'il avait été blanc comme neige...

"le ministre de l'Intérieur a déclaré ne pas avoir relevé d'infractions majeures" (à Bouchoucha)...

Était-ce vraiment "une visite inopinée"...?
Il est permis d'en douter, vu que ce genre de visites ne se font qu'après avoir prévenu qui de droit pour passer un coup de ripolin et recommander aux gardiens de se raser de frais et de réajuster leur tenue réglementaire...d'habitude fort débraillée...
Alors votre "visite inopinée"(*) vous pouvez la resservir à d'autres, peut-être qu'ils goberont votre histoire un peu plus facilement...

Quant à "rappeler les syndicats à l'ordre"...ce n'est pas demain la veille qu'il parviendra à obtenir ce dont il rêve car le pli est déjà pris et les syndicalistes ne se laisseront pas ramener au "statu quo ante" sans ruer dans les brancards...surtout que la situation sécuritaire délicate du pays n'incite pas à trop "tirer sur la laisse" de ceux qui sont en charge d'assurer notre sécurité...au risque d'obtenir le résultat inverse (comme je l'ai déjà souligné ailleurs...)

Enfin, et pour que "la boite de Pandore" reste fermée à double tour, il ne tient qu'à Gharsalli de ne pas trop chatouiller les syndicats car manifestement...ils en savent plus que lui n'en saura jamais...

(*) Je n'étais pas encore arrivé au "lifting" évoqué...Ce qui prouve et confirme que cette "pratique" a encore de beaux jours devant elle...

@ Marouen ACHOURI :
"un tableau beaucoup moins luisant"
On dit : reluisant...

MPP
# Entre "sécuritaires" de bonne composition on arrive toujours à trouver un "modus vivendi"...
@diehk
nazou
| 28-02-2015 00:21
soyez satisfait ! car BN est de votre coté !!c'est a dire révolutionnaire !
Faut dire que les bras des gens comme,pierre berger et Xavier niel,sont tres tres long !!!
tellement longs qu'ils arrivent jusqu'à tunis !!!
Amusez vous bien !!
L'histoire triomphera du mensonge
Ben
| 27-02-2015 22:37
Aussi, laissons ce Monsieur travailler et abandonner ces préjugés car vous êtes loin de connaitre le milieu de la justice et le vrai combat qui s'y menait entre magistrats politisés et magistrats apolitiques, comme vous êtes loin de connaitre ce Monsieur bien plus intègre que plusieurs personnalités dont vous avez fait, non à bon droit, des icônes alors que leur réalité est bien connue de la majorité silencieuse parmi les gens de la profession.
Quel article!
waf-waf
| 27-02-2015 22:32
J'aurais aimé voir le même article lorsque le sinistre Ali Larayedh était au même posté!
J'ai parfois l'impression que BN retourne sa veste bien souvent!
Je ne trouve rien de choquant mais bien du contraire que M. Mohamed Nejem Gharsalli occupe ce poste! Enfin les choses vont peut être rentré dans le droit chemin , et a ceux qui se plaignent des prisons et tout le tralala, et bien qu ils chantent, que veulent-ils? Des prisons 4 étoiles comme en Europe où ils y sont mieux traités que leurs victimes ? La prison doit être quelque chose de marquant, de rude, et j en passe! Il fallait réfléchir avant ! Ah j'oublie, au diable les droits de l'homme, Ou qu'ils changent de nom en droits des voyous et crapules en tous genres!