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Chroniques
Marwa Amri, une championne, une vraie
Par Sofiene Ben Hamida
09/02/2020 | 15:59
4 min
Marwa Amri, une championne, une vraie

Par Sofiene Ben Hamida

 

Le samedi 8 février à Alger, Marwa Amri a remporté avec éclat son 11ème titre de championne d’Afrique de lutte des moins de 62 kilos. Marwa Amri est aussi, rappelons le, vice championne du monde de lutte. C’est dire qu’elle est une championne, une vraie, dont seules les performances font parler d’elle. Pas toujours malheureusement, car l’exploit de Marwa Amri est passé sous silence tant les têtes semblent être tournées ailleurs. Dommage.

 

Le mercredi 5 février en Finlande, deux joueuses de tennis tunisiennes, jouant sous le drapeau national, ont affronté deux joueuses israéliennes. Les résultats sportifs importent peu dans ce cas, très peu. Pour anecdote seulement, la première joueuse tunisienne Chiraz Bechri a perdu sa confrontation alors que  la seconde joueuse, Ons Jabeur, nouvelle coqueluche du sport tunisien, a facilement gagné sa partie. Mais avouons qu’il n’y a rien de glorieux à battre une adversaire avec laquelle 600 places vous séparent au classement.

 

En réalité, dans cette confrontation, loin d’être sportive, l’enjeu est ailleurs, en rapport avec le soutien de la cause palestinienne, le conflit israélo-arabe et la normalisation des rapports avec l’entité sioniste. Ceux qui avancent des arguments « purement » sportifs ne font que tenter de maquiller les évidences. La première, est d’avouer que se mesurer sportivement à un Israélien, c’est accepter de jouer contre un officier de réserve de l’armée sioniste. En effet, tous les Israéliens, garçons et filles, sont automatiquement des officiers de réserve de leur armée et sont appelés, en cas de besoin, à prendre les armes contre les Palestiniens, civils pour la quasi-majorité, dont leur seul tort est de réclamer leur droits sur leur terre et leur indépendance. La seconde évidence est d’avouer que refuser de jouer contre une équipe israélienne, malgré les risques de sanctions, n’a aucune incidence palpable sur la carrière d’un sportif. Le joueur de tennis tunisien Malek Jaziri en a donné la preuve. En 2013, il avait refusé d’affronter un Israélien lors d’un stade avancé d’une compétition (le quart de finale). Sa carrière n’a pas été ruinée pourtant (en tennis, la carrière se compte essentiellement en prix gagnés équivalent dollars). En 2016, à Istanbul, il a accepté de se mesurer à un Israélien en finale. Sa carrière n’a pas décollé pour autant.

 

En fait, il ne faudrait pas que les deux seules joueuses portent, à elles seules, la responsabilité de cette bourde monumentale, même si elles assument leur part de responsabilité. Mais c’est la présidente de la fédération tunisienne de tennis, Salma Mouelhi  qui en est la première responsable et qui doit assumer les répercussions de ses décisions malheureuses. C’est beau de jouer la transparence et de publier la lettre envoyée par la FTT au ministère de la Jeunesse et du Sport le jour même de la composition des groupes. Mais transparence pour transparence, il fallait dire aussi que Mme l’ambassadeur de Tunisie en Finlande a rencontré Mme Moualhi le jour même et lui a demandé « officiellement » de ne pas jouer contre l’équipe israélienne, ce que la présidente de la FTT a refusé et a exigé que cette demande lui soit consignée par une lettre officielle. Quelques heures après, quand la première responsable de la mission diplomatique tunisienne est revenue avec des témoins, remettre la lettre exigée par Mme Mouelhi, cette dernière lui a répondu que de toute façon, elle ne lira le contenu de cette lettre qu’à la fin de la compétition.

 

En réalité, Salma Mouelhi tenait à faire jouer Ons Jabeur et Chiraz Bechri contre l’équipe israélienne et braver solennellement un boycott qui dure depuis plus de  soixante dix ans. Pour rappel, Elle venait d’être élue en septembre dernier, membre de la direction de la fédération internationale de tennis en tant que première femme tunisienne et arabe accédant à ce poste. Mais comme pour tous les postes dans les organisations internationales, pour y accéder, il faut faire partie d’un lobby fort et influent, et accepter, en retour, de faire les concessions nécessaires. On peut comprendre que Salma Mouelhi avait peur des lourdes sanctions qu’encouraient ses joueuses. Mais cela explique-t-il qu’elle pose chaleureusement, souriante et détendue avec le président de la fédération de tennis israélien, lui-même membre de la direction de la fédération internationale de tennis qui a déclaré à une radio israélienne que les joueuses tunisiennes avaient désormais peur de rentrer dans leur pays. On attend de Mme Mouelhi d’exiger de son collègue de rectifier publiquement ses déclarations incongrues.

 

Un dernier mot pour ceux qui n'ont rien vu de méchant dans la fait de jouer une partie de tennis contre des Israéliens : le boycott de l’entité sioniste, le soutien de la cause palestinienne et la défense des droits humains n’entrent pas dans le cadre des divergences des points de vues. Ce sont des questions de principe. La faiblesse actuelle de l’Etat tunisien ne doit pas altérer nos principes. Le mépris de la classe politique en place ne doit pas se muer en haine contre le pays.

Enfin, un dernier mot pour Marwa Amri : nous sommes sûrs que si tu te trouves, un jour,  face à une lutteuse israélienne, tu sauras prendre la bonne décision et nous te dirons à l’unisson, bravo championne !

Par Sofiene Ben Hamida
09/02/2020 | 15:59
4 min
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Commentaires
Mohamed 1
Boycott intégral
a posté le 10-02-2020 à 15:58
Le vrai boycott est éviter toute manifestation où se produisent les Israéliens. Dès le départ.
Les boycotter c'est les éviter intégralement. Qu'ils nous côtoient dans le court à côté ou dans le même court face à nous. C'est absolument la même chose. Sinon en nage et en athlétisme, où il n'y a pas de confrontation directe, évoluer à côté d'un Israélien devient autorisé et ils ne pourront jamais être boycottés alors que c'est notre principe.
La morale nous commande d'éviter l'hypocrisie, l'ingratitude, le cynisme, l'égoïsme et l'injustice. Comme l'allégeance à notre patrie nous commande de soutenir notre drapeau.
tounsia2
La position de principe
a posté le 10-02-2020 à 13:38
Nous vivons une époque où il est difficile d'expliquer à quelqu'un ou de lui faire comprendre ce que veut dire une position de principe, et qui consiste tout simplement à respecter avant tout le droit et la morale et de les défendre même si cela n'est pas dans votre intérêt et peut vous attirer des ennuis. Selon Mr Ahmed Ouinaes, un diplomate de carrière et un homme dont personne ne doute du patriotisme « il ne faut pas jouer dans des compétitions contre des joueurs israéliens puisqu'il est inadmissible de rivaliser avec un adversaire qui ne reconnaît pas son concurrent, en allusion au match de Tennis opposant Ons Jabeur à la joueuse israélienne. . lorsque l'égalité entre les peuples sera réellement instaurée et que le peuple palestinien obtiendra la même reconnaissance mondiale qu'Israël, c'est là que nous rencontrerons les joueurs israéliens dans des compétitions sportives » (lien en PS) .
Personnellement je préfère prendre comme référence et exemple à suivre Mr Ounaies plutôt qu'un Youssef Chahed qui vient d'être sanctionné par les Tunisiens aux dernières élections faute de crédibilité et de compétence.
PS
https://www.businessnews.com.tn/hayel-al-fahoum-revient-sur-la-polemique-dons-jabeur-et-la-joueuse-israelienne,520,95104,3
tounsia2
La position de principe
a posté le 10-02-2020 à 13:35
Nous vivons une époque où il est difficile d'expliquer à quelqu'un ou de lui faire comprendre ce que veut dire une position de principe, et qui consiste tout simplement à respecter avant tout le droit et la morale et de les défendre même si cela n'est pas dans votre intérêt et peut vous attirer des ennuis. Selon Mr Ahmed Ouinaes, un diplomate de carrière et un homme dont personne ne doute du patriotisme « il ne faut pas jouer dans des compétitions contre des joueurs israéliens puisqu'il est inadmissible de rivaliser avec un adversaire qui ne reconnaît pas son concurrent, en allusion au match de Tennis opposant Ons Jabeur à la joueuse israélienne. . lorsque l'égalité entre les peuples sera réellement instaurée et que le peuple palestinien obtiendra la même reconnaissance mondiale qu'Israël, c'est là que nous rencontrerons les joueurs israéliens dans des compétitions sportives » (lien en PS)
Personnellement je préfère prendre comme référence et exemple à suivre Mr Ounaies plutôt qu'un Youssef Chahed qui vient d'être sanctionné par les Tunisiens aux dernières élections faute de crédibilité et de compétence.

PS
https://www.businessnews.com.tn/hayel-al-fahoum-revient-sur-la-polemique-dons-jabeur-et-la-joueuse-israelienne,520,95104,3
Mohamed 1
Allégeance
a posté le 10-02-2020 à 09:28
"""Concernant la polémique déclenchée par la tenniswoman Ons Jabeur ayant gagné un match de tennis contre une Israélienne, YOUSSEF CHAHED a assuré que l'athlète était une fierté pour avoir remporté ce match, précisant que la Tunisie ne devrait pas prendre part à de telles manifestations sportives depuis le départ si on ne souhaitait pas affronter une joueuse israélienne. Et d'ajouter qu'il s'opposait à prendre des décisions hâtives à l'égard de la Fédération tunisienne de tennis afin de ne pas mettre en péril la carrière d'une joueuse talentueuse comme Ons Jabeur""". Fin de citation.

Voilà à quoi ressemble la position de tout Tunisien faisant allégeance à son pays. Celle qui préserve les intérêts de la patrie abstraction faite du nom du sportif. Dans cette position claire, le patriotisme saute aux yeux.
Alya
Oui citoyen
a posté le 09-02-2020 à 21:14
Désolée mes compatriotes mais qu est que je suis d accord avec CITOYEN je pense que ce conflit n aura jamais de SOLUTION
lecteur
Pourquoi défend-on les Palestiniens et pas les autres
a posté le 09-02-2020 à 19:22
L'argument consistant a dire que nous sommes sensibles a la cause palestinienne non parce que les Palestiniens sont arabes et musulmans, mais c'est parce qu'ils sont frères en humanité, ne tient pas la route. La prevue c'est que nous n'avons jamais affiché notre soutien et compassion envers d'autres grandes injustices et souffrances dans le monde, comme le génocide rwandais, la question des coptes persecutés en Egypte, le massacre des Kurdes sous Sadam, la repression des chiites dans le Golfe, et j en passé...Parce que ceux-la sont ni arabe ni musulmans sunnites. Ils ne sont pas des notres donc on se moque de ce qui leur arrive. Donc arretons de se mentir en disant que le sort des Palestiniens nous inquiete car cest des humains. Notre compassion a un seul mobile cest le sectarisme et la religiosité viscerale qui est ancrée en nous
Citoyen
@sofiene ben hmida
a posté le 09-02-2020 à 18:44
Mr Sofiene je n'ai pas lu la totalité de votre article, mais sachez que, contrairement à la majorité des tunisiens, je connais parfaitement l'histoire de la cause palestinienne depuis son origine pour vous faire part de ce qui suit :
1/ avant même la création de l'état israélien, les palestiniens arabes s'empressaient de vendre leurs terres aux émigrants juifs.
2/ les pays arabes et principalement la Jordanie ont fait le plus de mal aux palestiniens ( septembre noir)
3/ alors que la Tunisie incrimine tout rapport avec Israël, bon nombre de pays arabes, plus influents que la Tunisie, entretiennent des relations normales avec Israël tel que l'?gypte et la Jordanie. Cette dernière pratique l'espionnage en faveur d'Israël ( notamment du temps du roi hussein)
4/ sur le plan diplomatique, un chargé d'affaires était affecté à Tunis ( Hilton), et des relations commerciales camouflée sont assurées
5/ quant aux dirigeants palestiniens, ils utilisent la cause palestinienne dans leurs intérêts personnels et pour se remplir les poches. Savez-vous que Yassar Arafat avait partout des comptes dont le solde crediteur se chifrrait en millions, provenant des dons annuels accordés à l'entitée palestinienne, sous le prête nom d'un proche à lui, qui, à son décès, a mis la main sur toute la fortune.
Bien sûr tout ce monde se fout de la cause palestinienne.
Ah!!!! pardon, il n'y a que les tunisiens qui se soucient de nos frères palestiniens au risque de payer très cher notre politique irresponsable. A croire que les égyptiens, les jordaniens (majoritairement ex palestiniens) les pays du golfe sont plus sensés que nous.
MH
Pas d'accord
a posté le 09-02-2020 à 17:57
Depuis plus de 60 ans on pratique le boycott sportif. C'est une stratégie qui ne mène à rien. La dernière phrase m'a interpellé. "Bravo championne" si vous prenez la bonne décision, sinon .... Voilà comment raisonne notre cher auteur.