L'UGTT à la Culture, Slim Riahi à la Justice et Moncef Marzouki aux Affaires étrangères
On va dire qu’on s’acharne mais on ne peut franchement pas rester de marbre. Le directeur exécutif de Nidaa Tounes a demandé à ce qu’il y ait un remaniement en profondeur du gouvernement actuel. Il n’a pas osé demander le départ de Youssef Chahed, mais HCE estime que son parti n’est pas assez représenté dans le gouvernement ce qui crée une certaine frustration dans ses rangs et empêche Nidaa de mettre en application son programme.
En admettant que Nidaa Tounes ait un programme, il nous est demandé de ne pas frustrer les Borhen Bsaïess et les Férid El Béji. Après tout, ils ont été recrutés par le parti qui a gagné les élections et ils doivent « jouer ». Qu’importe si le Nidaa Tounes d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui qui a effectivement gagné les élections de 2014.
Alors dans le même ordre d’idées, si on va dans cette piste du remaniement en profondeur, il ne faudrait pas oublier les autres frustrés du pouvoir. Et puis leur adhésion au nouveau gouvernement de Hafedh Caïd Essebsi garantira une certaine cohésion et un soutien politique certain. Par exemple, l’UGTT proposerait son candidat pour occuper le ministère de la Culture. La centrale syndicale a jugé utile d’appeler à l’annulation du spectacle de Michel Boujenah. L’UGTT a donc fini de résoudre les problèmes sociaux et économiques de ses affiliés, ensuite elle a rangé son prix Nobel de la paix au placard, avant de se fendre d’une position ridicule sur un sujet qui ne la concerne pas. Avec de telles qualifications, et avec cette capacité à décider pour nous ce qu’on doit regarder ou pas, l’UGTT devrait prendre le ministère de la Culture.
Pour Slim Riahi, il y a eu une hésitation concernant le meilleur emploi possible de ses compétences. Il pourrait être ministre de la Jeunesse et des Sports pour deux raisons. La première est qu’il pourrait être une idole, une icône pour notre jeunesse qui ne rêverait que de lui ressembler. La deuxième est son bilan éclatant à la tête du Club Africain qui mêle succès sportif à bonne gestion financière. Toutefois, la maîtrise qu’a démontrée Slim Riahi dans les arcanes de la justice impose qu’il prenne ce portefeuille. Parvenir à garder autant de confusion sur les affaires qu’il a en cours, entre celle de 2012 et les actuelles qui ont engendré le gel de ses avoirs, demander à ce que le gouvernement s’exprime officiellement pour dire que son affaire ne relève pas de la campagne de lutte contre la corruption et en plus, aller porter plainte en Grande Bretagne contre Youssef Chahed, cela relève tout simplement du génie ! Si Slim Riahi prend le ministère de la Justice, il attaquera la corruption, la vraie, et il est plus que probable qu’il parviendra à trouver des terrains d’entente avec les juges pour « faciliter » les choses, eux qui demandent à se ressaisir des dossiers de la lutte contre la corruption ! Que de potentiel gâché…
Et puis, le meilleur pour la fin. Quoi de mieux, pour se prémunir contre les pseudo-scandales révélés par Imed Daïmi ou des longues tirades dans les médias étrangers que d’intégrer Moncef Marzouki aux Affaires étrangères ! Il est vrai qu’il sera difficile de le convaincre de se contenter de ce portefeuille mais HCE peut être persuasif, et puis il y a beaucoup de voyages aux Affaires étrangères.
Moncef Marzouki fait preuve d’un grand flair politique et diplomatique. Au moment où, pour des raisons diverses, le Qatar se met à dos l’ensemble des puissances régionales, notre ancien président se saisit de sa plume pour écrire un texte de flatterie à l’attention de son bienfaiteur Hamad Ben Khalifa Al Thani. Un texte publié, cela va sans dire, sur les colonnes du site d’Al Jazeera. L’ancien président nous explique, entre autres choses, que l’ancien prince du Qatar est l’un des pères du printemps arabe ! Force est d’avouer qu’il faut du culot pour oser sortir une affirmation pareille ! Une audace qui serait précieuse aux Affaires étrangères !
Et voilà comment constituer un gouvernement issu d’une vraie union nationale. Une union par laquelle aucun parti ne pourrait exister seul. Une union entre les fortes tendances du pays, pas pour le pays, mais sur le pays. Une union qui permet de se serrer les coudes pour faire face au peuple. Une union qui permet d’économiser l’énergie dépensée à s’affronter pour profiter, chacun, des bénéfices qu’offre la Tunisie. Mais attendez une minute… !