Lotfi Brahem dément toute tentative de putsch
Invité de Midi Show sur Mosaïque FM ce jeudi 14 juin 2018, l’ancien ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, est revenu sur son éviction du gouvernement. Il a précisé qu'il n’existe aucun différend entre le chef du gouvernement et lui et qu’il est discipliné et respecte cette décision. Il a admis cependant qu’il ne s’attendait pas à ce limogeage et, qu'en tant que sécuritaire, il n'a pas demandé pourquoi.
M. Brahem a relevé un désaccord au niveau technique et juridique à propos des nominations de certains sécuritaires et membres du cabinet, affirmant son impartialité et son équidistance avec tous les partis politiques, comme le lui ont demandé, lors de sa nomination, le président de la République et le chef du gouvernement.
Il a précisé qu'il avait une rencontre chaque lundi avec le chef du gouvernement et le ministre de la Défense et qu'il coordonnait tout avec eux. Quant à certaines nominations ou décisions, il a rappelé que son expérience et son expertise, dans l'appareil de l'Etat et au sein du ministère de l'Intérieur, lui permettent de savoir si telle décision ou telle nomination est bonne ou pas.
Interrogé sur l’article de Nicolas Beau paru le 11 juin 2018 et contenant des accusations d’alliance avec la partie émiratie et d’une tentative de putsch, Lotfi Brahem a indiqué que M. Beau avait une réputation douteuse et qu’il cherchait à induire les gens en erreur.
« Nicolas Beau est venu en Tunisie il y a un mois et demi et il a contacté un nombre de journalistes et de bloggeurs qui l’ont aidé à répandre ces mensonges. Il y a certains blogueurs et membres de partis, et même des députés, qui sont responsables de la propagation de telles accusations et sont connus par leur harcèlement implacable de l’institution sécuritaire ainsi que par leurs attaques incessantes contre les forces de l’ordre. Ces accusations ne sont pas nouvelles ou récentes, il s’agit d’un processus adopté depuis 2 ans, date du début des réussites du ministère de l’Intérieur concernant la lutte contre le terrorisme. Quant à la date du 29 mai, (correspondant selon Nicolas Beau à sa prétendue rencontre avec un émissaire émirati NDLR) je n’étais pas à Djerba mais avec des députés de la Commission de la sécurité et de la défense à la caserne d'El Aouina. Je n’ai rencontré aucun responsable émirati et tous les entretiens que j’ai eus auparavant avec des décideurs politiques étrangers étaient autorisés par les autorités et se sont déroulées au vu et au su de tout le monde. Certaines parties ont œuvré pour propager des rumeurs ciblées me visant en déformant les vérités et en citant mes déclarations hors contexte et j’ai porté plainte contre Nicolas Beau ainsi que le bureau de la chaine Al Jazeera à Tunis », précise M. Brahem.
Interrogé à propos de l'arrestation de son prédécesseur Najem Gharsalli, Lotfi Brahem a indiqué qu'il n'y avait aucun mandat d'amener à son encontre et que l'histoire du délai de 48 heures est de la pure intox.
A propos de la lutte contre la corruption et les accusations fomentées contre lui, de complicité et de volonté de ne pas faire réussir cette guerre en procédant à l'arrestation de corrompus, M. Brahem a rappelé que ce n'est pas lui qui arrête et libère, mais le parquet. Il a indiqué, par ailleurs, qu'il a trouvé un certain nombre de personnes en résidence surveillée avec des dossiers légers, voire pas de dossiers du tout. "Il est anormal de laisser des gens en état de résidence surveillée, alors qu'il n'y a pas de dossiers. Nous avons eu beaucoup de pression à leur sujet, il y en a même un qui a tenté de se suicider. J'en ai parlé directement au chef du gouvernement qui a été compréhensif et nous avons libéré six ou sept."
« Je me suis rendu en Arabie Saoudite afin d’achever la conclusion des conventions établies, depuis 2014, entre la Tunisie et l’Arabie Saoudite et portant sur la construction d’un hôpital des forces de sécurité intérieure. J’étais d’ailleurs accompagné d’une délégation tunisienne ainsi que de l’ambassadeur de Tunisie à Ryad. Le chef de l’Etat, le chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères étaient au courant de cette visite dans son détail», assure-t-il avant de préciser, une nouvelle fois, qu'il a toujours été discipliné en sa qualité de sécuritaire et qu'il a toujours respecté les ordres reçus.
B.L