« L’historien professionnel a la lourde tâche de se livrer à ce travail de recherche du minerai, de le débarrasser de sa gangue et de le mettre à la place qui convient dans la durée. Mais ce travail de mineur a, lui-même, subi des transformations, soit sous l’effet du changement des méthodes scientifiques (le rôle de l’Ecole des Annales, ou celui du marxisme, par exemple), soit sous le poids de l’idéologie (religion, racisme, colonialisme, etc.). Il appartient donc au lecteur de l’Histoire de choisir son point de vue. Il peut déployer des efforts méritoires pour connaitre toutes les thèses en présence, d’essayer de concilier les contraires, de tenter une synthèse, mais le choix final est le sien ». A-t-on déjà vu une telle attaque d’article ?
L’Histoire, c’est dangereux. Manipuler, falsifier, altérer l’Histoire, c’est un acte au-delà du criminel. Profitant de l’ignorance d’une grande partie du peuple, les fossoyeurs de l’Histoire sont là, à la télé et sur les radios. Chacun a fait « son choix » et chacun raconte l’histoire qui lui convient, quitte à mentir aux gens. Mais on n’est plus à ça près chez nous.
L’exemple de l’instance Vérité et Dignité est un cas d’école. Pour la dignité, on avait compris depuis longtemps qu’il ne fallait pas aller la chercher dans les rues de Montplaisir, surtout pas. On vient de comprendre aussi qu’il faudra repasser pour la vérité, ou du moins toute la vérité. Privilégier des témoignages, se contenter d’une seule version est une manière de détourner l’Histoire. La présidente de l’instance demande, en conséquence, aux historiens de réviser leurs travaux en fonction des siens. De l’art de faire un choix et de tenter de l’imposer aux autres, on n’aura pas vu mieux.
En parlant d’Histoire, celle-ci retiendra, à moins d’être encore déformée, la date du 29 mars comme celle de l’annonce du nouveau parti de Mehdi Jomâa. Encore un parti, dira-t-on, mais il a bien le droit, comme une grande partie des Tunisiens, de ne pas se reconnaitre dans l’offre politique actuelle, et donc de fonder son propre parti. Il semblerait qu’il n’a pas de chiens en élevage, lui. La naissance d’un parti politique est toujours enveloppée de bonne volonté et d’une certaine naïveté, ceux qui réussissent sont ceux qui savent les garder.
Le passage de Youssef Chahed à la tête du gouvernement sera lui aussi retenu par l’Histoire. Ce sera peut-être le chef de gouvernement le plus conseillé qui ait tenu les commandes du pays. Il en a beaucoup, de différentes obédiences politiques, mais interdit de penser qu’il s’agit de nominations de complaisance ou d’évoquer du gaspillage dans l’utilisation des deniers publics ! C’est qu’il en faut du monde pour pouvoir se lever pour la Tunisie. Il faut être soutenu, pour rester debout. Il faut être conseillé pour décider de distribuer les terres de l’Etat. Motif ? Ils y ont construit des choses et payent l’eau et l’électricité. Imbattable.
Certaines personnes ont fait de l’Histoire, de sa documentation et de son respect un sacerdoce. D’autres hommes, plus rares, se soucient constamment de la trace qu’ils laisseront dans l’Histoire, après leur passage à la tête du pays. Ces hommes là sont ceux qui changent les choses et qui font avancer leurs nations. L’Histoire est une chose dangereuse car on ne peut savoir dans quelle direction aller quand on ne sait même pas d’où on vient.
C’est un grand homme qui a écrit le premier paragraphe de cette chronique. Pour l’introduction de son excellent ouvrage, il a écrit : « Qu’est ce qu’un « honnête homme » du XXIème siècle ne doit pas ignorer de la longue histoire de la Tunisie ? ». Une question à laquelle il répond en détail, une réponse que l’on devrait tous connaitre par cœur. Tant qu’il y a une foire du livre, c’est l’occasion d’aller acheter « l’Histoire de la Tunisie », écrite par le grand Habib Boularés. Encore un gars de l’ancien régime, encore un « zelm » qui nous dépasse tous de très loin. Paix à son âme.
Commentaires (8)
CommenterIdeologistes ne sont pas des historiens
MARZOUKI AUSSI D'AILLEURS !!!!!
Au lieu d'entendre les témoignages du peu de ceux qui pourraient encore nous les offrir, on nous renvoie au défunt Habib Boularès et à sa préhistoire de la Tunisie.
La mémoire tunisienne a été systématiquement lynchée, défigurée et manipulée par l'écrit, par le verbal, par le récital, par le culturel, par le littéraire, par le théâtral, par l'intellectuel, par l'éducationnel, par l'officiel, par le médiatique, par le politique et surtout par les récits unilatéraux et mensongers, du manipulateur-menteur-dictateur, lui-même.
Les Tunisiens ont droit à la vérité et à une grande partie de la vérité de leur histoire contemporaine, longtemps massacrée par les menteurs, les applaudisseurs, les profiteurs et les privilégiés des dictateurs.
Nous ne voulons pas que notre histoire contemporaine soit encore camouflée, étouffée et renvoyée aux calendes grecques, jusqu'à ce qu'elle soit réécrite de nouveau dans quelques siècles, par des tâtonneurs-baratineurs, à l'image de ceux qui nous écrivent maintenant la préhistoire de la Tunisie, sans se rendre compte qu'avant deux mille ans, la démographie mondiale ne comptait qu'une poignée de millions d'habitants sur l'ensemble de notre globe terrestre. En Tunisie, la population ne comptait qu'à peu près 50.000 (cinquante mille habitants). C'est-à-dire moins que la moitié des habitants de la Cité El-Mourouj, qui compte 105.000 habitants.
De quel Hannibal et de quel Hamilcar nous parlent-ils maintenant et nous gonflent-ils même le nombre de leurs éléphants, sans nous dire par quelles logistiques avaient-ils ravitaillé leurs prétendus «milliers» de soldats et d'éléphants, alors que jusqu'à présent, nous avons des centaines de milliers de Tunisiens qui ne connaissent même pas leurs vraies dates de naissance.
L'histoire des peuples ne s'écrit pas après la mort de ces peuples, ni qu'elle s'écrive sous les menaces des dictateurs. Nous respectons les efforts du défunt Habib Boularès, comme ceux de Mahmoud El-Messaadi. Toutefois, ces deux intellectuels n'avaient réussi à vivre leur vieillesse dans cette aisance et dans ce respect, que parce qu'ils n'avaient jamais cherché à contrarier les dictateurs déchus Bourguiba et Ben Ali. Au contraire, ils appartenaient à leurs outils «stylographiques», qui avaient joui de tous les privilèges dus aux «Azlèms» applaudisseurs, gonfleurs et maquilleurs de l'histoire.
J'ai une seule question à poser à Marouèn Achouri et à tous les Fakirs médiatiques, qui souffrent sur les pointes des clous de la vérité, que les Tunisiens racontent pour la première fois de l'histoire de la Tunisie, avec liberté et confiance en notre démocratie, c'est de nous dire ce qui les dérange par ces témoignages, jusqu'à vouloir museler ou banaliser même les victimes directes des deux dictateurs déchus Bourguiba et Ben Ali, qui nous racontent leur propre vécu, larmes aux yeux?
Devrions-nous boucher nos oreilles, pour ne pas entendre les témoignages des vivants et nous concentrer sur ce qu'a écrit d'habituel et ce que nous martèle le défunt Habib Boularès sous l'égide de Paris et de la Tour Eiffel?
Ibn khaldoun dit ...
@Zohta| 29-03-2017 16:49
Merci Nephentes
Trois fois millénaire la Tunisie, pour les fans inconditionnels de Bourguiba l'histoire se résume à son combat et sa Présidence.
Ainsi l'a voulu le "combattant suprême". L'histoire de la Tunisie démarre avec lui, point barre.
Tout le reste n'est que poussière.
Les bourguibistes me rappellent les supporters d'un club de football. Ils sont chauvins envers tout ceux qui aiment un autre club.
Ils ne veulent reconnaître que les bonnes reformes, mais jamais les insuffisances du "Zaïm" et c'est là,ou division existe et perdure.
La réécriture de l'histoire n'est pas un fait nouveau appartenant à SBS. La réécriture est une obligation nationale relevant de l'obligation morale.
Rendre à César ce qui est à César et la justice pour tous.
@MAROUEN
L'histoire ne pardonne pas
Bilan de Bourguiba
- un état avec des institutions solides
- sécurité
- 30 % du budget de l'état à l'éducation
- La formation professionnelle
- la santé
- sortir le pays de l'ignorance et la barbarie
- le statut de femme
- etc..
- ...
Bilan après la révolution :
- l'état perd son prestige
- l'anarchie complète
- le vol à tous les niveaux
- la corruption
- l'endettement de l'état
- des Jeunes aux fleurs de l'âge partient tuer et se faire tuer des barbares croyant chercher le paradis
- jihad enikah (bizarrerie de cette époque )
- enikab
- le terrorisme et ses atrocités
- les suicides des enfants malaise de la société
- suicide en général jounalier
- le crime de tout genre à pelle
- incivilités
- la vie chère
- la vente de la viande des ânes (encore une autre bizarrerie)
- la mafia
- la drogue
- la clwoonnerie de tout genre
- la saleté du pays
- pays vide de son âme
- ect...
- ....
QUELLE ÉPOQUE
ALLAH YARHMEK YA BOUGUIBA YA GHALI
Manipuler, falsifier, altérer l'Histoire, c'est un acte au-delà du criminel
De manière préméditée, de manière systématique.
Au point de "d'édifier" une pseudo-nation avec plein de vrais zombies dedans. Qui errent déboussolés dans un imaginaire socio-culturel préfabriqué et creux.
Un pays souverain doit posséder la souveraineté de son Histoire.
La Tunisie a son propre drapeau, une armée, sa monnaie, ses timbres, une administration, sa législation et des ministres effectifs avec des Caïdats depuis plus de 400 années
Les Beys ont largement contribué à la CONSTRUCTION ET LA PROSPERITE de la TUNISIE.
CE PAYS FUT LE LEUR.
Les Beys ont été à plusieurs reprises les invités officiels de la France, de l'Italie, de la Hollande, de l'Autriche, de l'ESPAGNE, en tant que SOUVERAINS TUNISIENS.
Ils ont aussi sauvegardé dans une très large mesure l'identité nationale et ont toujours protégé notre mémoire.
Exemple oublié de tous aujord'hui , en 2017 : Naceur Bey.
Naceur Bey fut un vrai patriote et porta le patriotisme au plus haut ; soutien actif des destouriens, il menaça dès 1921 de démissionner de son trône
il fallut l'intervention du Cheikh El Islam qui lui rappela son rôle de protecteur de l'Islam.
QUI S'EN SOUVIENT ???
EST CE ECRIT QUELQUE PART DANS NOS MANUELS D'"HISTOIRE" ??
Pour l'Histoire, la VRAIE : en avril 1922, Naceur Bey , insatisfait du traitement que la France infligeait aux dirigeants du mouvement nationaliste naissant du Destour, menaça d'abdiquer dans le cas où la France ne satisferait pas leurs demandes d'émancipation.
La France, après des promesses fallacieuses, réagit en menaçant Naceur Bey et en encerclant son palais par ses troupes.
C'est alors que le Bey, sur les conseils du Cheikh El Islam et de ses ministres se résigna à sauvegarder ce qui restera à sauvegarder, à savoir notre nationalité et notre identité qui étaient alors menacées.
QUI LE SAIT AUJOURD'HUI EN 2017 ???
EST CE MENTIONNE QUELQUE PART DANS DES DOCUMENTS OFFICIELS ???
Se sentant humilié, Naceur BEY ne supporta pas l'affront et décéda le 8 juillet 1922.
Il est enterré au mausolée du Tourbet El Bey.
Il eut un enterrement populaire mémorable, des tunisiens venus des quatre coins du Pays.
UN PAYS SANS MEMOIRE EST UN PAYS SANS IDENTITE.
NI DIGNITE.
Et sans avenir.