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Tribunes
Lettre ouverte concernant le départ volontaire des fonctionnaires du secteur public
03/02/2019 | 12:03
4 min
Lettre ouverte concernant le départ volontaire des fonctionnaires du secteur public


A l’aimable attention des autorités de tutelle concernées,

Nous, médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires (HU) et hospitalo-sanitaires (HS) avons le regret de vous faire part d’une injustice dont nous sommes victimes, car nous nous sommes vus refusés par les autorités de tutelle, nos demandes de départ volontaire du secteur public demandées en vertu de l’application de la loi 2018-5 du 23 janvier 2018,  puisque 5 mois après le dépôt de nos demandes dans les délais (31 août 2018), nous n’avons pas reçu de réponse à nos requêtes.

Par ailleurs, nous pensons que Abderraouf Cherif, ministre de la Santé en exercice, aurait annulé les décisions de son prédécesseur, Imed Hammami concernant l’accord favorable donné à nos demandes par ce dernier. En effet, l’absence totale de communication de la part du ministre de la Santé actuel malgré deux demandes d’audience restées sans réponse ainsi que l’attitude hautaine et méprisante du professeur Abderaouf Cherif à notre égard nous confortent dans cette conviction. Ce comportement, absolument inacceptable ne sied pas au Maitre, le chirurgien, Professeur Abderraouf Cherif, que nous respectons, ni au militant syndicaliste reconnu qu’est ce dernier. De plus, nous sommes étonnés par les déclarations de Abderraouf Cherif faites aux médias et en séance plénière à l’ARP concernant le fait qu’il ait communiqué avec des cadres HU et HS et qu’il les avait convaincu à renoncer au départ volontaire dans le cadre de la loi sus citée. Nous vous informons solennellement que nous n’en faisons pas partie !

Cette injustice est d’autant plus mal vécue que le groupe précèdent de médecins et pharmaciens HU et HS a obtenu une réponse favorable et a d’ores et déjà bénéficié de l’application de la loi 2018-5 du 23 janvier 2018. Nous déplorons ici une absence de continuité dans l’application de la loi et l’adoption d’un système « deux poids-deux mesures » inacceptable dans un état de droit.

Nous rappelons également, qu’il est de notre droit de quitter le service public, envers qui nous serons éternellement reconnaissants. En effet, nous avons été formés à l’école et à l’université de la République, que nous avons par la suite fièrement servi en y accomplissant de brillantes carrières HU et HS, en y accomplissant consciencieusement nos devoirs envers notre patrie et les citoyens Tunisiens. Cependant, pour nous, l’heure est venue de passer à une autre étape de notre vie professionnelle et socio-familiale pour répondre aux exigences sans cesse croissantes de la vie.

D’avance, nous nous opposons fermement à la dramatisation et à l’instrumentation par certains de notre départ du secteur sanitaire public, en invoquant les principales raisons suivantes :

Premièrement, notre départ n’aura aucune incidence budgétaire, puisque les fonds destinés aux versements des indemnités de départ proviennent du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale. Deuxièmement, nous continuerons à exercer en Tunisie et à servir notre pays, en nous installant à notre propre compte avec ce que cela représente comme avantages pour le tissu social et financier. En effet, l’ouverture de cabinets médicaux, de laboratoires d’analyses, de centres de radiologie, de centres de rééducation…aura pour corollaire, outre, l’allègement considérable la masse salariale du secteur public, la création d’emplois, l’alimentation des caisses de retraite et de sécurité sociale, l’acquittement de taxes et d’impôts….Troisièmement, et concernant la démographie sanitaire et « l’épouvantail » brandi par certains de la « désertification des hôpitaux », nous avons minutieusement établi une cartographie sanitaire de nos services d’exercice respectifs, et nous affirmons que la relève après notre départ est assurée, aussi bien par les confrères déjà en poste, que par les jeunes spécialistes demandeurs d’emploi, qui auront des opportunités sérieuses de recrutement après notre départ. Enfin, le Professeur Abderraouf Cherif est mal placé pour juger notre démarche, qui, rappelons-le est conforme à la loi ; en effet, n’avait-il pas quitté son service pour servir son ambition politique en 2014, en laissant en exercice uniquement deux seniors dans le service de chirurgie viscérale de l’Hôpital Habib Thameur de Tunis qu’il dirigeait ?

Nous espérons après cette requête,  pouvoir communiquer ouvertement et en toute transparence dans les plus brefs délais avec les autorités de tutelle, pour recouvrer nos droits.

Respectueusement

Signataires :

Dr. Amira Ayachi

Dr. Sana Derouiche

Dr. Salma Gargouri

Dr. Yousri El Kissi

Dr. Imene Fodha

Dr. Jihen Brour

Dr. Hela Louati

Dr. Sobhy Houissa

Dr. Walid Daaloul

Dr. Mariem Becheur

Dr. Kalthoum Kazdaghli

03/02/2019 | 12:03
4 min
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Commentaires (4)

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lechef
| 04-02-2019 18:59
En lisant cet article , nous constatons une mauvaise gouvernance du ministère par un ministre que nous étions nombreux à applaudir sa désignation.
En fait, nous étions content suite à une faiblesse énorme constatée de son prédécesseur et non pas par la distinction de ce monsieur.
D'ailleurs, à l'époque de Hammam, on a vu tout le désordre soit au niveau des décisions relatives à la formation , aux stages et aux salaires des jeunes médecins et aussi à une pénurie extrêmement grave de médicaments.
Malheureusement, il semble vrai que le manque de sintrom demeure jusqu'à aujourd'hui.Ceci est aussi très grave puisqu'on n'avance pas bien malgré les promesses de ce professeur.
Si en plus, on maintient des cadres - par la force et contrairement à la loi - , ceci risque de propager la non équité et par suite la tristesse à ce niveau.
A partir de là, apparemment- la maison de Loukman reste telle qu'elle - sachant qu'un démissionnaire n'a pas droit à des primes bien qu'il a complètement le droit de démissionner quand il le voudrait.
Donc, il n'y a pas de plus intéressant que l'application de la loi.
Au contraire, comme il est expliqué par ces cadres et argumenté, C'est dans l'intérêt de la nation d'approuver ce départ.
En plus, pas de place à l'égoïsme surtout si ce professeur à déjà fait son expérience propre.

Cassius Clay.
| 03-02-2019 18:59
Ce ministre là semble bénéficier de la complaisance de ses collègues. Depuis qu'il tient la barre, on ne parle plus des pénuries des médicaments idispensables, comme le Sintrom.Evidemment aucune statistique ne comptabilisera les complications et les décès qui en résultent. Donc les gars, si vous voulez vous barrer, accrochez vous, ça va secouer.

DHEJ
| 03-02-2019 16:55
Et ils disent que les indemnisations proviennent du FMI et de la BM

Forza
| 03-02-2019 13:51
Cette initiative vise à libérer l'administration du surplus des fonctionnaires qui ne produisent rien et ne génèrent aucune richesse et en plus qui créent encore plus de bureaucratie. Elle ne vise surement pas les médecins de la santé publique sans lesquels la santé publique ne peut fonctionner. L'état ne peut pas payer des indemnités pour voir des médecins partir en public, des médecins dont il a besoin. On peut comprendre l'envie de certains médecins d'exercer dans le privé mais ils doivent alors financer leurs cabinets et les laboratoires par leurs propres moyens ou par des crédits bancaires et non pas par des fonds et des crédits de la banque mondiale que le contribuable paye en fin de compte.
Sur un point je suis d'accord avec les médecins, leur départ en privé ouvre la voie aux jeunes. L'état doit former plus de médecins, il y'a de l'embauche dans le privé, le secteur public et a l'étranger. C'est une chance pour réaliser les facs de médecines à l'intérieur, deux facultés une ou sud-est à Médenine par exemple pour servir le sud-est et la Libye et une au moins a l'ouest a ELkef ou Gafsa pour servir l'ouest et l'Algérie et pourquoi pas les deux a la fois et les ouvrir aussi pour la formation d'étudiants maghrébins et sub-sahariens.