Lettre ouverte concernant le départ volontaire des fonctionnaires du secteur public
A l’aimable attention des autorités de tutelle concernées,
Nous, médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires (HU) et hospitalo-sanitaires (HS) avons le regret de vous faire part d’une injustice dont nous sommes victimes, car nous nous sommes vus refusés par les autorités de tutelle, nos demandes de départ volontaire du secteur public demandées en vertu de l’application de la loi 2018-5 du 23 janvier 2018, puisque 5 mois après le dépôt de nos demandes dans les délais (31 août 2018), nous n’avons pas reçu de réponse à nos requêtes.
Par ailleurs, nous pensons que Abderraouf Cherif, ministre de la Santé en exercice, aurait annulé les décisions de son prédécesseur, Imed Hammami concernant l’accord favorable donné à nos demandes par ce dernier. En effet, l’absence totale de communication de la part du ministre de la Santé actuel malgré deux demandes d’audience restées sans réponse ainsi que l’attitude hautaine et méprisante du professeur Abderaouf Cherif à notre égard nous confortent dans cette conviction. Ce comportement, absolument inacceptable ne sied pas au Maitre, le chirurgien, Professeur Abderraouf Cherif, que nous respectons, ni au militant syndicaliste reconnu qu’est ce dernier. De plus, nous sommes étonnés par les déclarations de Abderraouf Cherif faites aux médias et en séance plénière à l’ARP concernant le fait qu’il ait communiqué avec des cadres HU et HS et qu’il les avait convaincu à renoncer au départ volontaire dans le cadre de la loi sus citée. Nous vous informons solennellement que nous n’en faisons pas partie !
Cette injustice est d’autant plus mal vécue que le groupe précèdent de médecins et pharmaciens HU et HS a obtenu une réponse favorable et a d’ores et déjà bénéficié de l’application de la loi 2018-5 du 23 janvier 2018. Nous déplorons ici une absence de continuité dans l’application de la loi et l’adoption d’un système « deux poids-deux mesures » inacceptable dans un état de droit.
Nous rappelons également, qu’il est de notre droit de quitter le service public, envers qui nous serons éternellement reconnaissants. En effet, nous avons été formés à l’école et à l’université de la République, que nous avons par la suite fièrement servi en y accomplissant de brillantes carrières HU et HS, en y accomplissant consciencieusement nos devoirs envers notre patrie et les citoyens Tunisiens. Cependant, pour nous, l’heure est venue de passer à une autre étape de notre vie professionnelle et socio-familiale pour répondre aux exigences sans cesse croissantes de la vie.
D’avance, nous nous opposons fermement à la dramatisation et à l’instrumentation par certains de notre départ du secteur sanitaire public, en invoquant les principales raisons suivantes :
Premièrement, notre départ n’aura aucune incidence budgétaire, puisque les fonds destinés aux versements des indemnités de départ proviennent du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale. Deuxièmement, nous continuerons à exercer en Tunisie et à servir notre pays, en nous installant à notre propre compte avec ce que cela représente comme avantages pour le tissu social et financier. En effet, l’ouverture de cabinets médicaux, de laboratoires d’analyses, de centres de radiologie, de centres de rééducation…aura pour corollaire, outre, l’allègement considérable la masse salariale du secteur public, la création d’emplois, l’alimentation des caisses de retraite et de sécurité sociale, l’acquittement de taxes et d’impôts….Troisièmement, et concernant la démographie sanitaire et « l’épouvantail » brandi par certains de la « désertification des hôpitaux », nous avons minutieusement établi une cartographie sanitaire de nos services d’exercice respectifs, et nous affirmons que la relève après notre départ est assurée, aussi bien par les confrères déjà en poste, que par les jeunes spécialistes demandeurs d’emploi, qui auront des opportunités sérieuses de recrutement après notre départ. Enfin, le Professeur Abderraouf Cherif est mal placé pour juger notre démarche, qui, rappelons-le est conforme à la loi ; en effet, n’avait-il pas quitté son service pour servir son ambition politique en 2014, en laissant en exercice uniquement deux seniors dans le service de chirurgie viscérale de l’Hôpital Habib Thameur de Tunis qu’il dirigeait ?
Nous espérons après cette requête, pouvoir communiquer ouvertement et en toute transparence dans les plus brefs délais avec les autorités de tutelle, pour recouvrer nos droits.
Respectueusement
Signataires :
Dr. Amira Ayachi
Dr. Sana Derouiche
Dr. Salma Gargouri
Dr. Yousri El Kissi
Dr. Imene Fodha
Dr. Jihen Brour
Dr. Hela Louati
Dr. Sobhy Houissa
Dr. Walid Daaloul
Dr. Mariem Becheur
Dr. Kalthoum Kazdaghli