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Les Tunisiens, otages de leurs transports
13/01/2015 | 19:59
5 min
Les Tunisiens, otages de leurs transports
La grève générale des transports qui se tient depuis lundi à Tunis et mardi à Sfax a paralysé les deux villes. Tenue sans aucun préavis, cette grève remet en cause un accord conclu le 8 décembre dernier au sujet de la prime de rendement des employés relative à l’année 2014. Entre d’un côté, une partie syndicale qui accuse le gouvernement de ne pas avoir respecté l’accord conclu, et un gouvernement qui pointe du doigt des revendications déconnectées de la réalité économique, on se retrouve dans un cul de sac. En attendant, la grève se transforme en grève ouverte et aucun dénouement n’est à l’ordre du jour.

La grève des transports publics s’est transformée en grève ouverte aujourd’hui mercredi 13 janvier 2014, et ce « jusqu’au versement de la prime de fin d’année exigée par les employés de la TRANSTU depuis décembre dernier » a expliqué le secrétaire général de la Fédération générale du transport, relevant de l’UGTT, Moncef Ben Romdhane, dans une déclaration aux médias. La partie syndicale explique, en effet, qu’en vertu d’un accord conclu avec le gouvernement, le 8 décembre 2014, les autorités devaient verser aux employés de la TRANSTU les primes concernées. Un accord qui n’aurait pas encore été respecté et qui est à l’origine de la grève des agents depuis lundi à Tunis et mardi à Sfax.

« Nous nous excusons auprès des Tunisiens et de l’opinion publique. Nous ne sommes pas responsables de cette situation », a déclaré M. Ben Romdhane. Pourtant, de l’autre côté, la partie gouvernementale tient le même discours. Tout en se disant « désolé de voir cette grève organisée sans aucun préavis et paralyser le travail de nombreuses sociétés tunisiennes », le ministre du Transport a tenu à souligner que  la priorité était aujourd’hui donnée « à la pérennité des entreprises et à la sauvegarde de milliers d’emplois ». Tenant une conférence de presse au siège du ministère, Chiheb Ben Ahmed est revenu sur cette situation polémique qui émane, selon lui, d’un « problème sectoriel et non régional ».
Le ministre qui, insiste sur « le respect de la position de l’UGTT », explique que si les revendications de la partie syndicale étaient satisfaites dans l’immédiat, elles seraient abusives pour les entreprises de transport tunisiennes, compte tenu de leur situation actuelle. « Une somme demandée que la situation des entreprises de transport ne permet pas, dans l’immédiat, si on privilégie la pérennité des entreprises et la sauvegarde des emplois qu’elles créent », explique le ministre.

Suite à l’accord conclu le 8 décembre entre les deux parties, les discussions ont continué hier, très tard dans la soirée, et se sont même prolongées aujourd’hui, dans la matinée. A l’heure actuelle, aucun accord n’a encore été trouvé. Hier et aujourd’hui, les deux villes de Tunis et de Sfax ont été paralysées à cause de cette grève-surprise. Le trafic routier s’est vu perturbé, des travailleurs, lycéens et étudiants ont été obligés de recourir au système D pour pouvoir se déplacer. Plusieurs entreprises ont pâti de ce manque de transports publics et des services ont été retardés à cause de la grève. Par ailleurs, des manifestations ont été tenues dans la capitale, notamment aux cités Ettadhamen et Intilaka, pour protester contre cette situation jugée « intenable ».
Face aux retombées de la grève, la possibilité de réquisitionner des agents pour assurer le transport des citoyens a été posée par le ministre des Affaires sociales aujourd’hui « si les intérêts des citoyens sont entravés ou mis en péril ».  « Une solution tout a fait légale », a souligné Ahmed Ammar Younbaï lors d’un conseil ministériel qui s’est tenu aujourd’hui avec la présence de Mehdi Jomâa. Le ministre a pointé du doigt, lors de cette rencontre, « les nombreuses grèves illégales » tenues dernièrement sous l’égide de l’UGTT. Des grèves tenues sans préavis, contrairement à ce qu’exige la loi, et aux répercussions fâcheuses sur l’économie tunisienne. En effet, le code du Travail stipule clairement, dans son article 376 bis, que « Toute décision de grève ou de lock-out doit être précédée d'un préavis de 10 jours ». Une disposition qui n’a pas été respectée par le syndicat qui a décidé dans l’après-midi d’hier de tenir la grève et en a, immédiatement, informé le gouvernement.

Une grève a été initialement prévue les 11 et 12 décembre dernier puis annulée par le syndicat suite à l’accord du 8 décembre qui prévoit l’attribution d’une prime de rendement de fin d’année au profit du personnel de la TRANSTU, et ce à partir de décembre 2014. Mais constatant que « le gouvernement n’a pas respecté ses engagements de verser une prime de fin d’année avant le 12 ou le 15 décembre 2014», explique M. Ben Romdhan, le syndicat a décidé d’improviser une grève.
Une copie du PV de l’accord du 8 décembre, objet du litige, est parvenue à la rédaction de Business News aujourd’hui. Le document stipule clairement que les primes de fin d’années seront révisées « au bénéfice des agents permanents de la société selon la base du mois de décembre en comptabilisant le salaire selon la grille salariale en plus d’une prime de service qui sera multipliée par un coefficient de 2 à 3 ». Cet accord mentionne aussi que « la prime sera accordée, selon la nouvelle formule, à partir du mois de décembre 2014, dès l’approbation des services de la présidence du gouvernement ».

Pour s’expliquer, le ministre du Transport affirme que le fameux accord stipule que la méthode de calcul tiendra compte de la productivité et du rendement de chaque agent. Il insiste par ailleurs qu’il s’agit d’un accord de principe conditionné par l’approbation des services de la présidence du gouvernement. Toujours lors de la conférence de presse d’aujourd’hui, le ministre affirme qu’un accord, conclu depuis 2006, stipule que l’attribution de ces primes se fera de manière graduelle et ce, de manière à ce que le code du Travail soit respecté, à horizon 2016. Chiheb Ben Ahmed dit aussi que, le 7 octobre 2014, l’accord de 2006 a été mis à jour en prenant en compte les années 2009 et 2010.


En attendant que les discussions entre les deux parties aboutissent à un accord concret, les citoyens tunisiens, pris de court, ont été obligés de se débrouiller avec les moyens du bord. Covoiturage, louages et taxis collectifs ont été les moyens de fortune aujourd’hui pour se déplacer dans des villes complètement paralysées à cause de la grève. Face au blocage, rien ne présage, pour l’heure, que la situation s’améliorera dans les jours à venir…
13/01/2015 | 19:59
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Commentaires (10) Commenter
Rien
Montygolikely
| 15-01-2015 11:45
Ne céder sur rien, la méthode Thatcher...
On verra bien combien de jour ils tiendront devant un impopularité toujours croissante.
Et puis il est grand temps que l'Etat se débarrasse du secteur des transports urbains.
Ah Mao ZIDONG et ses 3 priorités
DHEJ
| 14-01-2015 14:55
La montre, le vélo et la gamelle...
OTAGE DE ...
BORHAN
| 14-01-2015 14:08
Dès le lendemain du 14 janvier 2011, tout le pays est l'otage d'un seul "ravisseur", l'UGTT.
Et, j'attends avec impatience le nouveau "manège", cet inévitable affrontement entre ce syndicat et le nouveau pouvoir surtout si le front populaire n'intègre pas le gouvernement.
L'UGTT est le seul acteur bien rodé pour continuer à achever la destruction du pays... C'est sa marque de fabrique pour tuer tout espoir d'instaurer paix et dignité dans ce pays.
fete hypothéquée et mépris des citoyens
NEJMEDDINE
| 14-01-2015 10:56
il faudrait vidanger,assainir,rentabiliser et recapitaliser les sociétes de transport .un gouffre financier ne peut etre comblé par l'ocrtroi de primes pour l'abime.si ceux qui ne vont avoir des portefeuilles ministeriels au prochain gouvernement,manipulateurs de l'ombre de revendications inopportuines hypothequent la volonté des tunisiens à feter dans lallegresse leur révolution,ils se trompent
syndicat en mauvaise position
Adnène
| 14-01-2015 09:52
Cette grève surprise semble reposer sur des arguments difficiles à justifier. Il est sur qu'elle ne va pas attirer la sympathie de la population qui la ressent comme une punition directe et sa prise en otage pour l'acquisition d'avantages que la majeure partie n'ont pas, et vivent des difficultés quotidiennes dont la mauvaise qualité, les retards ....des transports en font partie.
2 Graves Maladies qu, il faut SOIGNER
abdel
| 14-01-2015 04:43
de plus en plus je pense que les deux ennemis du pays qui representent un grand danger pour tous a court , moyen et longs TERMES SONT L ,ISLAMISME ET L UGTT , pourquoi ? ils ne voient que leurs propres interets et rien d'autres , ils veulent l, argent et le pouvoir pour s'enrichir et dominer ... BCE doit etre un vigilant DOCTEUR POUR combatre CES 2 MALADIES QUI RONGENT LE PAYS . En clair les VRAIS VICTIMES sont les VRAIS MUSULMANS et LES FIDELES TRAVAILLEURS
On a l'impression que nous sommes 250 Millions d'hab
BHN
| 14-01-2015 01:59
La première chose qui frappe lorsqu'un touriste qui veut venir libre sans l'organisation d'un tour opérateur ou un expatrié, tel qu' un japonais, un allemand, un suedois, un suisse ou un canadien..., arrive en Tunisie, c'est d'abord la saleté, l'insalubrité.... avec des routes et des chaussées défoncées..le manque d'harmonie au niveau urbain...le manque de civisme, l'aggressivité des tunisiens, le manque de respect du code la route, un simple feu rouge n'est même pas respecté..bref..c'est pas très réluisant comme tableau.

Mais ce qui frappe le plus cet étrangé ou le touriste, voulant voyagé librement donc, arrivant sur notre sol, c'est les fameux transports en commun dans nos grande villes et bien entendu, Tunis, qui sont absolument épouvantables, à tout les niveaux, les bus, le Tramway, c'est faux, nous n'avons pas de Métro, un Métro c'est sous terrain, d'autant plus qu'il ralentit la circulation en passant en plein centre ville de Tunis. Tous ces transports, lorsqu'ils arrivent à l'heure, sont dans un Etat lugubres. Mais la responsabilité de cet Etat fait catastrophique incombe à tout les acteurs, l'Etat, les sociétés de transport, même privés et bien entendu les usagers qui ne respectent rien.
En outre, le touriste ou l'étrangé arrivant chez nous pour prendre ces transports, il remarque, non seulement que c'est la jungle, mais que les bus sont tout le temps bondés avec des grappes d'humain qui sont moitiés à l'intérieur du bus.. moitié à l'extérieur comme si que nous étions dans un pays de 250 Millions d'Hab tels que le Bangladesh, voir l'Inde pays qui compte 1 Milliard d'habitant.
Je ne vais pas m'étaler sur les taxis avec des chauffeurs non formés et ingrats (pour la plupart) qui sont, certes, aussi abondonnés à leur sort.
Pour juguler tout ces problèmes du transport en Tunisie, Il faudrait carrément un plan Marshall et encore pas si sur d'y arriver même avec toute la volonté du monde.
Bon courage.
abassi : ce sont ses propres interets qui comptent . pauvre UGTT
abdel
| 13-01-2015 23:36
je pense que abassi devient trop gonflé et prend un volume qui depasse ses dimentions . il est illogique de faire des greves en ce moment ou un gouvernement est partant et un autre non encore installé . Abassi joue la politique il n,est plus sindical ; il va ruiné le pays pour ses interets personnels ; malheureusement les syndicalistes se sont pris au piege ; ils ne defendent plus l, interet du travailleur mais defendent Abassi, le rencunier et egoiste , il ne durera plus longtemps ce manipulateur , pour lui il n, y a que lui qui compte meme pas l, interet du pays , pauvres moutons de panurge ces ouvriers , CE SONT DES GREVES POLITIQUES QUI N? ONT RIEN A VOIR AVEC LE SYNDICAT .
Otages
khNeji
| 13-01-2015 21:00
Les Tunisiens ne sont pas otages de leurs transports mais sont otages de leur centrale syndicale ; de Abassi et sa bande
Rendre à César
Ahmed Rami
| 13-01-2015 20:36
Enfin, un article que je trouve objectif, équilibré et logique qui défend la partie qui mérite d'être défendue à savoir les citoyens.
comme le titre est super avec un jeu de mots trop fin, je ne peux que dire : Bravo. Comme quoi, je sais, aussi, rendre à César ce qui lui appartient.