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Chroniques
Les Tunisiens ont un problème avec leur histoire
Par Sofiene Ben Hamida
19/05/2019 | 15:59
3 min
Les Tunisiens ont un problème avec leur histoire

Par Sofiene Ben Hamida

 

C’est connu, les Tunisiens ne savent pas préserver leur histoire millénaire et en profiter sauf pour en faire des cartes postales pour un tourisme de masse plus intéressé par les rayons de soleil que par la culture et les civilisations.  Ils ne savent pas non plus lire et analyser leur histoire pour ne pas tomber dans les mêmes travers. Maintenant, on sait aussi que les Tunisiens ne savent ni écrire leur histoire, ni savoir à qui la confier pour l’écrire.

 

Cette semaine, un tribunal de la place a ouvert le procès de l’assassinat du leader nationaliste Salah Ben Youssef  sur la base d’un dossier présenté par l’instance de Ben Sedrine. C’était l’occasion pour essayer de raviver une querelle vieille de plus d’un demi siècle, pas pour les bonnes causes bien sûr, mais pour se positionner sur l’échiquier actuel en utilisant la mémoire des morts.

 

Ceux qui se présentent comme défenseurs de Salah Ben Youssef connaissent mal l’homme et ne s’intéressent qu’à une chose : souiller la mémoire du leader Habib Bourguiba et tenter de réécrire l’histoire en donnant un soupçon de rôle aux islamistes dans l’histoire de ce pays. Ils oublient que Salah Ben Youssef est avant tout un dirigeant destourien, que sa querelle avec Bourguiba a un caractère politique mais aussi un caractère de rivalité personnelle, qu’il est responsable autant que Bourguiba de la guerre civile de la fin des années 50 et que lui aussi avait préconisé la liquidation de son rival.

De l’autre côté, ceux qui défendent avec acharnement le leader national Habib Bourguiba sont dans le déni. Ils refusent de reconnaitre les erreurs, parfois graves de Bourguiba. Sans ces erreurs, la Tunisie aurait été dans une meilleure situation aujourd’hui. Quant à sa rivalité avec ben Youssef, c’est lui-même qui en parle et qui avoue publiquement avoir joué un rôle dans son assassinat.

 

Dans un camp comme dans l’autre, la vérité historique importe peu. Ce qui compte c’est confondre l’autre et détruire ses arguments, ce qui ne laisse de place qu’au discours excessif. Et parce qu’il est excessif, il est insignifiant comme le sera le verdict à la fin de ce procès qui n’aurait jamais dû avoir lieu pour la simple raison qu’on ne juge pas l’histoire, que l’histoire est le domaine strict des historiens et qu’elle ne s’écrira jamais dans une salle de tribunal.

Par contre, la petite histoire, elle, peut s’écrire partout et n’importe comment. Par avocats interposés, ou même sur les réseaux sociaux. Peu importe, tant que cela accapare l’attention et amuse la galerie.

 

L’avocat de l’ancien président déchu, Zine Abidine Ben Ali a publié une lettre adressée aux Tunisiens, dans laquelle il dit qu’il se porte bien, qu’il suit toujours ce qui se passe en Tunisie et qu’il rentrera au pays si Dieu le veut. Annoncée avec un grand tapage médiatique, cette lettre a accaparé l’attention des Tunisiens, ceux qui doivent tout à Ben Ali, ceux qui ont pleinement profité de son départ et  ceux qui se sentent orphelins depuis sa destitution. Mais sur le fond, cette lettre n’a rien apporté et a permis juste d’assouvir le voyeurisme des internautes et d’alimenter un débat sans consistance, plus proche de la politique fiction que du débat politique. Preuve de l’inconsistance de ce débat : l’avocat de l’ancien président s’est senti obligé d’affirmer que la lettre provient de son client et que son épouse ne l’a pas rédigée. Comme si on ne le savait pas déjà et qu’il n’était pas évident que la rédaction d’une lettre dépassait de loin ses compétences linguistiques.

   

Par Sofiene Ben Hamida
19/05/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (8)

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Mohamed 1
| 20-05-2019 14:07
Vous essayez méritoirement de faire une analyse objective des événements. Je pense néanmoins et sincèrement que des précisions s'imposent.
Bourguiba n'a jamais déclaré avoir joué un rôle dans la disparition de Ben Youssef. Lors de la conférence, il a juste fait une relation des faits à lui rapportés. L'historien Khaled Abid a repris mot à mot ce qu'avait prononcé Bourguiba. Ses paroles sont claires. Il n'indique nulle part qu'il a joué un rôle.

https://www.facebook.com/152462464846919/videos/2274521712785969/?v=2274521712785969&t=43

Il ne faut pas oublier que Ben Youssef s'est fait beaucoup d'ennemis motels. il y a eu beaucoup de morts. Beaucoup lui en veulent à mort donc. C'était une vraie guerre civile, pour rien, déclenchée par Ben Youssef uniquement par ambition politique et refusant de l'arrêter quand Bourguiba l'a rencontré personnellement pour le lui demander. Sa réponse était criminelle par l'envoi de tueurs chargés d'exécuter Bourguiba. C'était la place de Bourguiba qui l'intéressait.
Si l'IVD avait vraiment pour but la recherche de la vérité, c'est tout le conflit qui devrait être mis en examen, et non seulement le dernier épisode, en s'appuyant sur des élucubrations plutôt que sur des preuves.
On aurait su que par exemple, Ben Youssef travaillait lui-même, en personne, sur le dossier de l'autonomie interne en août 1954. Il en était le responsable ! En septembre 1954, Toubal presse Ben Youssef d'aller immédiatement rencontrer Jamal Abdennaceur au Caire. A sa sortie de l'entrevue avec Abdenaceur, il chamboule tout. Il renie le dossier de l'autonomie sur lequel lui-même était en train de travailler !!! Nul ne saura ce qui s'est dit dans cette entrevue, mais il n'est pas difficile d'en cerner les contours. Malheureusement, cette entrevue n'est pas au programme du procès, comme par hasard. Et plein d'autres péripéties très gênantes pour Ben Youssef qui ne semblent pas intéresser l'IVD.
Quant aux erreurs qu'auraient faites Bourguiba, je puis maintenant vous assurer, après avoir vécu ces dernières huit années, que sans lui nous serions dans un Etat bien plus déplorable au moment où il a quitté le pouvoir. Bourguiba a tiré le maximum de ce qu'on pouvait tirer. Pour faire travailler le peuple, il est même allé jusqu'à proposer une nouvelle exégèse du Coran et s'attirer les foudres des fanatiques. En 1972 ou 73, nous avions fait 17% de croissance.

Maxula
| 19-05-2019 21:42
"là ils peuvent vous donner toutes les dates jusqu'en 2030"

Ainsi que tous les scores des matchs de foot entre EST-CA des dix dernières années !
Maxula.

Maxula
| 19-05-2019 21:34
Les uns veulent réécrire l'Histoire, alors qu'ils ne savent même pas ce que veut dire "écrire" !
D'autres veulent pervertir l'histoire alors qu'il ne savent même pas ce qu'est l'Histoire !
Certains cherchent à obtenir des indemnités alors qu'ils ne méritent même pas qu'on leur fasse l'aumône.
Tandis que d'autres losers veulent se venger du sort qui ne leur fut guère favorable.
Tout et son contraire et le contraire de tout !

C'est pourtant SIMPLISSIME !

Messieurs-dames les yousséfistes, seriez-vous prêts à reconnaître que ce fut d'abord "votre" héros qui avait cherché en premier les crosses et les bosses, en contestant le leadership de Bourguiba ? Avec comme prétexte que le chef aurait dû exiger du Colon l'indépendance pour TOUS les pays du Maghreb, comme si la Tunisie était dans une position de force pour exiger plus que ce que pouvaient donner les circonstances géopolitiques et Mendes-France, alors président du Conseil des ministres, pressé par le Parlement de son pays d'obtenir des résultats concrets même "a minima" ?
Comme si l'Algérie et le Maroc n'avaient pas de leaders assez fiables ou capables de lutter chacun pour l'indépendance de son pays, ce qui aurait dû forcer Bourguiba à parler en leur nom ou à leur place, comme s'il n'y avait aucune "résistance" active à l'intérieur des frontières ni de soutiens à l'extérieur ?
Seriez-vous prêts à admettre que c'est iznogood Ben Youssef qui avait cherché (et à maintes reprises) à fomenter des troubles et à attenter à la vie de Bourguiba pour être vizir à la place du vizir ? Et que ce faisant, il avait d'avance admis le verdict et la fortune des armes ?
On fait semblant maintenant d'ignorer que ce fut alors "une lutte à mort" basée sur le principe du "que le meilleur gagne" !
Venir maintenant la bouche en coeur et la gueule enfarinée pour demander de (faire) rejouer le match alors que le résultat est connu et archivé depuis belle lurette, c'est pour le moins, faire preuve d'un culot aussi monstre que rarissime, dont sont seuls capables des b'himes sublimissimes !
Maxulassime.

Maxula
| 19-05-2019 21:28
"ceux qui défendent acharnement le leader national"
Ceux qui défendent AVEC acharnement le leader national.

"Ils refusent de reconnaitre les erreurs, parfois graves de Bourguiba."
"Les erreurs" est un terme généralisateur et commode pour mal cacher l'absence d'une argumentation plus précise.

"qu'elle se s'écrira jamais dans une salle de tribunal"
Qu'elle NE s'écrira.

"son épouse ne l'a pas rédigé"
Ne l'a pas "rédigée" (la lettre).

Maxula.


Zohra
| 19-05-2019 18:36
On dit en '?gypte que Bourguiba est incontournable. Il a vaincu les khwanjiya dans sa tombe.

https://www.facebook.com/152462464846919/posts/2392377987522011/?sfnsn=mo

mansour
| 19-05-2019 17:59
l'explication de ce degré inédit de haine pour le Zaim Habib Bourguiba par le seule politique semble insuffisante même si elle est présente c'est la jalousie politique mesquine des islamistes freres musulmans salafistes d'Ennhadha+Marzouki+Abbou+Sihem Ben Sedrine aux mains sales pour l'homme fondateur de la Tunisie moderne et civilisé le Leader Habib Bourguiba l'homme politique intègre avec les mains propres

observator
| 19-05-2019 17:34
Pourquoi tout ce tapage médiatique pour un procès sur un point noir de l histoire du pays.
Mes Tunisiens ont le droit de savoir la vérité.
Le système corrompu essaye en mediatisant à outrance cette histoire de tenter de faire oublier aux Tunisiens leur quotidien fait de misère de cherté de la vie, de chômage.......
Pour ceux qui l utilisent comme fonds de commerce politique, la crainte d une condamnation sonnerait la dévaluation de ce fonds surtout que les élections pointent.
Bourguiba aurait certainement préféré être jugé sur ses mefaits que d etre interné et humilié comme il l a été par Ben Ali avec la bienveillance et la participation de ceux qui aujourd'hui qui se réclament de lui.
Tunisiens pensée à l'avenir, Bourguiba c est le passé et il est bien mort dans la tristesse.

HatemC
| 19-05-2019 17:15
Les Tunisiens sont pour leur grande majorité des ignorants, ignorent leur histoire encore moins les zimigris et leur descendance, alors eux c'est le pompon, me demande même s'ils savent positionner la Tunisie sur une carte '?'

L'Hostoire de la Tunisie n'a JAMAIS été écrite par des Tunisiens.
L'histoire de Carthage a été écrite par les vainqueurs Romains et réduit les Carthaginois a des mangeurs d'enfants pour les diaboliser '?'

Puis les envahisseurs Zarabes ont écris l'autre page de notre Histoire Tunisienne en glorifiant Okba , les Beni Hilel etc '?' porteurs de la civilisations paraît-il ..
Puis les Ottomans ont écris la suite de notre Histoire en glorifiant les Vizir, ces mêmes Ottomans encore aujourd'hui nous méprise comme étant nos maitres '?'
Puis les Français qui ont écris une autre page de notre Histoire '?'

Les Historiens Tunisiens ont du mal a remettre les choses à leur place '?' ils reproduisent à l'infini que nous sommes des zarabes et notre Histoire se confond avec les envahisseurs '?'
Nos historiens se contentent de glorifier les zarabes '?'

Faites un micro trottoir d'aucun de nos jeunes ne connaissent nos leaders nationaux '?' encore moins leur parents de parfait incultes '?'

Que délivre l'école Tunisienne aux enfants Tunisiens comme repère HISTORIQUE ? NADA, QUEDAL, RIEN, le NEANT '?'.
Aucun Tunisien ou très peu connaissent la date d'indépendance Tunisienne '?' par contre la date de début du Ramadan, ou de l'Aid '?' là ils peuvent vous donner toutes les dates jusqu'en 2030 '?'. HC