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Les terroristes, des citoyens comme les autres…
03/11/2017 | 19:59
6 min
Les terroristes, des citoyens comme les autres…

 

La vidéo fuitée de l’interrogatoire de l’attaque terroriste du Bardo du 1er novembre, a soulevé un débat. A l’heure où le parlement devra incessamment voter la loi protégeant les sécuritaires, les droits des forces de l’ordre, la protection des données personnelles des citoyens, et les garanties qu’on devrait, ou non, accorder aux personnes accusées de terrorisme sont remis sur la table. Il est plus que jamais temps d’en parler sérieusement.

 

 

Hier, le commandant Riadh Barouta, âgé de 53 ans, décède à l’hôpital de La Rabta. Il a succombé à une grave blessure à la gorge infligée le 1er novembre par un assaillant qui s’est attaqué à lui, ainsi qu’à son collègue, devant le siège du Parlement Au Bardo. La deuxième victime, le capitane Mohamed Aïdi, a été touchée au niveau du visage mais s’en est sortie avec quelques blessures.

L’assaillant a été neutralisé et il a subi un interrogatoire qui a été filmé par un policier et dont une vidéo a été fuitée sur la toile. Avant sa suppression, on pouvait y voir l’assaillant interrogé par des policiers en civil dont l’un fumait une cigarette. Le dénommé Zied Abou Zied, accroupi par terre et menotté, livrait sa version des faits et justifiait les raisons qui l’ont poussé à tenter d’assassiner deux agents des forces de l’ordre durant l’exercice de leurs fonctions par haine éprouvée à l’égard des agents de l’ordre qu’il qualifie de « Taghout » [ndlr. Tyrans]. Dans ses aveux, il avait même déclaré sa volonté de « égorger tous les policiers qui croiseraient son chemin ». Une liste de personnalités politiques à tuer a, par ailleurs, été saisie en sa possession.

 

Il n’en fallait pas plus pour que l’opinion publique s’embrase. Dans un pays traumatisé par des attaques terroristes ayant ciblé, ces dernières années, des citoyens mais aussi des agents des forces de l’ordre, le dernier meurtre n’est qu’un nouveau trou béant dans la mémoire collective.

Les appels à l’application de la peine de mort ont fusé sur la toile. Les citoyens revendiquaient en masse la répression sévère et sans compromis des auteurs d’assassinats mais aussi, et surtout, des actes terroristes. « Les terroristes devraient subir, tous, et sans ménagement, la peine capitale », peut-on lire de la part d’internautes encore sous le choc. L’attaque du Bardo est en effet la première depuis 2015, après l’accalmie vécue ces deux dernières années.

Mais ces appels n’ont pas seulement émané de « simples » citoyens. De nombreux activistes de la société civile se sont joints au mouvement, dont évidemment des avocats et même un député de l’ARP Les mêmes avocats qui ont partagé sur les réseaux sociaux la vidéo fuitée dudit interrogatoire.

 

 

Depuis 1991, la Tunisie connait un moratoire sur la peine capitale. Des peines de mort continuent à être prononcées contre des criminels mais sans aucune exécution effective. Hier encore, un homme a été condamné à la peine de mort par pendaison pour l’assassinat d’un propriétaire d’une ferme dans ma ville de Monastir. Des faits qui remontent  à l’année 2015.

La fuite de cette vidéo, partagée massivement sur la toile avant d’être censurée, pourrait être qualifiée de véritable « coup de maître » de la part de ceux qui critiquent une « humanisation excessive » des auteurs de crimes terroristes. Alors que la Tunisie est encore sous le choc suite au décès du commandant Riadh Barrouta, on leur sert sur un plateau un jeune terroriste confessant sa haine et sa volonté de nuire. Le lynchage citoyen ne s’est pas fait prier.

 

Les argumentaires des défenseurs des élémentaires droits de l’Homme, même ceux de personnes coupables « des plus hauts crimes », se sont heurtés à ceux des adeptes de la « sécurité avant la liberté » ou tout simplement de citoyens réclamant leur droit de vivre en sécurité et de ne pas craindre pour leurs vies et pour celles de ceux qui les protègent.

 

 

Mais au-delà de la question « morale », une autre problématique est posée par la fuite de cette vidéo. S’il s’agit d’une manœuvre afin de donner coup de pouce à la répression des attaques terroristes et d’encourager des méthodes d’interrogatoires « plus musclées » contre les terroristes, ses instigateurs pourraient bien tomber dans un piège. Celui de la violation des données personnelles de l’assaillant interrogé. En effet, la fuite de cet interrogatoire pourra sérieusement compromettre l’instruction et entraver le cours de cette affaire à cause d’éventuels vices de forme.

Il ne s’agit certes pas de la première vidéo d’interrogatoire ou d’arrestation, fuitée exprès par les forces de l’ordre. Le ministère de l’Intérieur a organisé, le 27 septembre, une opération sécuritaire « coup de poing » dans le Grand Tunis, où plusieurs arrestations ont été effectuées dans les stations de métro et les rues de Tunis. Des arrestations filmées par la presse, sans aucune protection des données personnelles des citoyens arrêtés. Certains avaient été interpelés pour un simple contrôle d’identité.

 

Lors de l’Expresso d’Express Fm, hier jeudi 2 novembre, le président de l'Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP), Chawki Gaddess est revenu sur cette fuite. Il a expliqué qu’un agent des forces de l’ordre avait parfaitement le droit de filmer un interrogatoire pour servir de preuve devant le procureur de la République. Ceci dit, il n’avait nullement le droit de le partager sur les réseaux sociaux ou dans n’importe quel média. Chawki Gaddess ajoute que ce genre de fuite est passible de poursuites pénales et que chaque citoyen a le droit absolu de protéger son image et ses données personnelles.

Une enquête a été ouverture hier par le ministère public afin de délimiter les différentes responsabilités dans le tournage, et ensuite la diffusion et propagation de ladite vidéo. Le chef du gouvernement Youssef Chahed avait réagi hier en appelant à ce qu’une enquête soit immédiatement ouverte dans cette affaire afin qu’on sache rapidement qui est responsable de quoi.

 

Depuis le jour de l’attaque, les agents de l’ordre ont exprimé leur indignation de différentes manières. Aujourd’hui, plusieurs manifestations parcourent le pays afin de dénoncer le lâche assassinat du commandant Riadh Barouta et de réclamer plus de protection durant l’exercice de leurs fonctions. Le projet de loi incriminant les attaques contre les forces armées est plus que jamais à l’ordre du jour. Mais cette loi, une fois adoptée, comporte le risque de répressions sécuritaires justifiées par un contexte de guerre anti-terroriste et attisée par les sentiments de Tunisiens traumatisés par des assassinats à répétition. Qui du citoyen ou de l’agent de l’ordre devra protéger qui ? Une question qui devra être posée…

 

 

Synda TAJINE

 

03/11/2017 | 19:59
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Commentaires (15)

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amine
| 06-11-2017 16:15
Vous êtes conscients que vous contribuez à la stupidité collective?

Est-ce qu'on peut dire que les citoyens sont des terroristes comme les autres?
Non?
Alors votre équation est fausse.

Les terroristes ne sont pas des citoyens comme les autres mais ce sont des citoyens terroristes.

EL OUAFI
| 05-11-2017 11:07
(Qui du citoyen ou de l'agent de l'ordre devra protéger qui)
Je dirais les DEUX,cette cacophonie, ce désordre PRÉMÉDITÉ,pour plus de dispersion, et même des diversions.
Le présumé prévenu doit être protéger, tant que la justice n'a pas rendue son verdict, (dans un État de droit) c'est le bon sens.
L'agent est assujetti à des droits de réserves, des obligations, et respect du règlement, et il n'en doit déroger en aucun cas.
Ces deux jalons conçus pour un mutuel respect de la loi.
Ce pavé concernant l'agent et le citoyen le défini clairement, si un quelconque dysfonctionnement subsisterait, la cause première est l'ignorance des lois ou une provocation pour passer outre et créer un certain flottement dans l'appareil de l'État, une tentative d'atteinte au prestige de notre démocratie, pour des pseudos tentatives de déstabilisation, ou objectif électorale, et dont le climat actuel,les tiraillements des partis politiques,ne sont pas absent à ce coup de corne de ce sauvage bélier mandaté par ses pourvoyeurs pas si loin cachés dernières les lisières des élections municipales.
Que l'intérêt du pays revient dans la consciences de nos politiques et a ceux que l'obsession du gain les aveugle, et les dérive vers l'irrationnel.(Manai)

HAMMADI
| 04-11-2017 21:47
les terroristes ne peuvent en aucun cas rester en vie !!! tous ces assassins devraient être brûler vif sur la place publique !!! il ne peut y avoir de clémence pour ces démon !!! c'est la loi de la justice équitable !! nous avons le droit de réclamer cela pour pouvoir vivre en sécurité !! pourquoi les laisser en vie et supporter les charges qui en découle !!! nous avons besoin de cet argent pour ceux qui ont le droit à la vie !!!

Mohamed Obey
| 04-11-2017 18:49
Ça ressemble à l'impasse shakespearienne incarnée par le choix impossible entre 'être ou ne pas être' de Hamlet; il faut expliciter la situation en la reformulant comme "vivre ou se laisser assassiner" par des terroristes! Conclusion: si la victime et le bourreau sont égalisés, le meurtre est alors légalisé; et il faudrait fermer les tribunaux...

HAtemC
| 04-11-2017 18:44
Un terroriste ne mérite aucun égard .. et les droits de l'homme ne s'appliquent pas pour ces RACLURES ...

Filer un prévenu n'est pas condamnable ... dans tous les commissariats du monde civilisé les interrogatoires sont filmé pour éviter les débordements ou les accusations farfelus des prévenus qui se disent victime de brutalités ... et certains avocats véreux en profite pour demander des vices de formes et relâcher les pourris ...
De plus la vidéo montre une vermine qui chante sans aucune brutalité ni pression ...

De plus je ne serai pas le seul pour demander la peine de mort pour ce criminel ...

Il faut comprendre que les terroristes nouvelle version commettent leur crime et souhbaite qu'on leur tire dessus pour partir en "martyr" .. ils n'ont pas peur de mourir ... c'est leur souhait ... autant en finir avec cette raclure au lieu de lui offrir le gîte et le couvert ...
Et j'espère que sa bouffe est mélanger de détritus de toute sorte ...

Si des journalistes font un tour du côté de son quartier tadhamen et interrogent ses parents et ses voisins ... vous verrez qu'il est considéré comme un héros dans ce quartier salafiste ... HC

Mehdi
| 04-11-2017 17:57
Les terroristes des citoyens comme les autres??? Allez le dire aux veuves et orphelins qu'ils ont laissé, des animaux, des bêtes sauvages oui, des chiens enragés qu'il faut abattre sans pitié, c'est ce qui se passe aux USA le pays le plus démocratique non?

Zohra
| 04-11-2017 17:55
Les traitres n'ont pas de places parmi nous, une fois que l'interrogatoire est fini il faudrait en faire des confettis. Ila albar. Malheureusement, on ne sait pas ce qu'ils font de ces Traîtres. Et ne le saura jamais.

A4
| 04-11-2017 15:05
Presque comme les autres, mais en plus con !!!

citoyen inquiet
| 04-11-2017 14:22
A mon avis , le terrorise ne peut pas être considéré comme un citoyen comme les autres - comme il est dit dans le titre de cet article - car la citoyenneté implique le respect de son pays , des habitants de son pays , de ses lois , de sa culture , la contribution à son son développement et non pas l'engagement dans des réseaux obscurantistes destructeurs criminels . Comment peut-on admettre pour un terroriste le droit à la vie au moment où il ne respecte pas la vie des autres ! Pour maintenir un corps en vie et protéger sa santé , il faut absolument éradiquer les vermines et les microbes qui le menacent dangereusement tout en prévoyant des mesures préventives . Ceci est une évidence scientifique applicable pour la santé du corps humain , animal ou même végétal mais aussi nécessaire au maintien du corps social . Les "passionnés des droits de l'homme" doivent revoir leurs idéologies et avoir les pieds sur terre . Bourguiba , Nasser et bien d'autres n'avaient pas tort dans leurs positions à l'égard des extrémistes .

medeve
| 04-11-2017 11:24
Il faut se décider rapidement pour protéger tous les Tunisiens contre cette mouvance terroriste islamique en applicant la peine capitale à tous les endoctrinés qui commettent un meurtre dans notre Pays!