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Tribunes
Les sondages et nous !
18/06/2019 | 12:28
4 min
Les sondages et nous !

 

 

 

A la veille d’une nouvelle échéance électorale, les enquêtes d’opinion font de nouveau, et à elles seules, l’actualité. Un événement en soi ! Tout ce que la sphère politique compte de citoyens curieux, de journalistes et médias en quête de sensationnel, mais aussi de militants et dirigeants politiques fébriles et nerveux, tous y vont de leurs commentaires. Certains approuvent et font connaitre leur contentement tandis que d’autres critiquent et contestent les résultats de ces sondages. L’effet viral est total, pour le plus grand bonheur, tout d’abord, du commanditaire comme du pourvoyeur, pour qui ce n’est jamais qu’une prestation marketing rétribuée mais qui présente l’avantage considérable de renforcer et d’amplifier leur notoriété respective. Cela étant dit, il est courant qu’au milieu de cette profession de sondeurs non réglementée et sans véritable charte déontologique, se faufilent des faussaires produisant des contrefaçons présentables et plausibles, au point de ne plus savoir qui respectent des principes de ceux qui les enfreignent et y contreviennent.

 

Une profession, qui d’évidence, mériterait d’être assainie, tant ses irrégularités et défectuosités sont légions et ses erreurs et inexactitudes grossières, quand ce n’est pas pure manipulation.

Aux multiples objections et critiques qui leur sont faites, les officines de sondages rétorquent de leur sérieux et de leur rigueur quand elles n’évoquent pas la scientificité de leur approche.  A vrai dire, elles ont trouvé la parade magistrale et imparable qui préserve leur notoriété : Un sondage est « une photographie de l’opinion à un instant précis ». Il en découle que les enseignements dégagés de l’instant, ne sont pas forcément ceux d’hier, ni a fortiori ceux de demain. Un tour de passe-passe auquel beaucoup se laissent prendre. Une duperie réflective d’autant plus puissante que les organismes de sondages ne fournissent que des éléments épars et partiels de leur méthodologie. Tout juste le chiffre de l’échantillon et la marge d’erreur.

Disons les choses, tout net: les résultats comme les interprétations des sondages sont de l’ordre de la croyance subjective et non pas de l’ordre de la certitude objective. Ils entretiennent l’illusion,-pour ceux qui n’y prennent pas garde-, d’une équivalence entre vraisemblance et vérité, d’une homologie confuse entre le prédictif et l’avéré.

 

Qu’à ne cela ne tienne, les sondeurs sont les nouveaux oracles des politiques des temps modernes ! Les augures ont juste changé ! Vicaires d’animaux, concoctions fumantes ont été remplacés par échantillon et quotas, modélisation et calcul d’erreur ! Auto-suggestif, tout le monde veut y croire. Ici comme ailleurs, le sondage parasite le débat politique, encombre la réflexion, déroute l’analyse…En un mot : le sondage trouble la libre expression et oblige à des calculs spéculatifs sans véritables fondements.

 

Trop de nos compatriotes voient dans les sondages des prédictions auto-réalisatrices ! Un personnage sorti de nulle part ou presque, sans force politique de soutien, sans expérience ni programme, pourrait remporter la mise dans sa totalité : législative et présidentielle ! Manipulation vocifèrent et s’offusquent certains, peut-être pas, bien que le doute soit permis ! Mais influence non intentionnelle surement ! A vrai dire c’est le propre de tout sondage à caractère non-neutre ! L’objet n’est pas un produit ou un service sur un marché identifié et délimité, mais bien des opinions subjectives et volatiles au gré des fluctuations d’un espace politique lui-même nomade et fluide, loin d’être stabilisé.

 

Il n’y a donc pas, une différence de degré mais de nature, entre étude marketing et une enquête d’opinion tant en termes de fiabilité que de pertinence ! Tenez-vous le pour dit !!!

Que vaut un échantillon fondé sur des données de l’ISIE quand plus de 25% sont de nouveaux inscrits non pris en compte ! Que peuvent bien valoir des intentions de vote quand le niveau de participation attendue n’est pas précisé ! Un échantillon qui apparait alors plus proche de l’aléatoire que du représentatif ! Ce n’est là qu’un « biais » parmi beaucoup d’autres.

 

Que dire des procédés de redressement censés corriger ces « intentions » pour tenir compte d’élections précédentes ou d’opinions émises mais qui ne sont ni sûres ni certaines de se rendre aux urnes ? Des secrets de fabrication bien gardés dont nous ne serons jamais rien !!

La confiance dans les sondages n’engage au final que ceux qui veulent bien y croire ! Passez votre chemin, il y a mieux à faire !!!

 

Hadi Sraieb

Docteur d’Etat en économie du développement

 

 

 

 

18/06/2019 | 12:28
4 min
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Commentaires (1)

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Zohra
| 19-06-2019 09:50
Et comme nous sommes un peuple qui donne beaucoup d'attention à la voyance "DAGAZA"
Les sondages ont trouvé là le terrain fertile.