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Les problèmes de lâEUR(TM)emploi vus par les employeurs
17/01/2008 | 1
min
Les problèmes de lâEUR(TM)emploi vus par les employeurs
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Les problèmes de l’emploi, notamment celui des diplômés de l’enseignement supérieur, est un véritable talon d’Achille pour l’essor de la société et l’économie du pays. Des mesures drastiques ont été prises en ce sens. Elles participent, un tant soi peu, à résorber une partie des demandes. Cela dit, les solutions imaginées par les pouvoirs publics n’arrivent pas à résoudre réellement et en nombre suffisant le problème. Non pas parce que ces solutions ne sont pas viables (elles ont parfaitement marché ailleurs), mais parce que plusieurs maux résident dans certains points où ni les autorités ni les entreprises n’y peuvent quelque chose. Ces maux sont chez les demandeurs d’emploi eux-mêmes. Les témoignages de quelques chefs d’entreprise et responsables de ressources humaines sont édifiants. Ces témoignages méritent que l’on s’y attarde et qu’on imagine de nouvelles solutions.

C’est le patron d’un grand groupe tunisien. Un groupe qui emploie un bon millier de personnes dans différents secteurs d’activité (notamment technologiques). Pour lui, 60% du temps est consacré dans la gestion des ressources humaines et des problèmes de son personnel. « Je n’arrive jamais à trouver entière satisfaction que ce soit par mes cadres ou par le petit personnel. Imaginez, j’envoie un grand cadre à une foire à l’étranger. J’attends de lui, au retour, des précontrats, des contacts intéressants, des nouveautés. Il ne me ramène que des plaquettes publicitaires, des dépliants et des tracts que je peux obtenir en cinq minutes sur internet ! », nous dit-il.
Un autre chef d’entreprise, une PME, témoigne. « Si j’ai imaginé un jour licencier autant de personnes pour incompétence, je n’aurai jamais créé cette entreprise. » Pour cette PME, l’essentiel des problèmes concerne  les ingénieurs qui réclament des salaires vertigineux inversement proportionnels au rendement.
Un troisième chef d’entreprise témoigne encore dans le même sens. Il a recruté un chauffeur qui, au bout de 20 jours de travail n’a plus donné signe de vie. « Il m’a laissé en planque alors que je comptais sur lui et que la veille tout se passait très bien. Je lui ai offert 350 dinars nets, avec la déclaration à la CNSS, au fisc, etc. Il a une voiture climatisée et ne travaille réellement que trois heures par jour. ». Quinze jours après son départ sans préavis, le chauffeur en question appelle pour réclamer son salaire et justifier son absence par une excuse qui laissera bouche bée son employeur : « J’ai beaucoup de problèmes, notamment d’argent, et je ne peux plus travailler ».


Elle, c’est la responsable des ressources humaines d’une grosse boîte employant un bon millier de personnes. Quand nous l’avons contactée pour lui demander son témoignage et si elle retrouve facilement des candidats intéressants, elle a bien ri. « Trouver des candidats intéressants est la chose la plus difficile qui soit. » Elle nous avoue qu’à chaque fois qu’un chef de service lui demande un profil particulier, elle met des semaines pour lui « dénicher » quelqu’un.


Nous consacrerons l’essentiel du témoignage à ce promoteur de projet, nouveau chef d’entreprise, qui a consacré son temps ces dernières semaines à examiner les CV et demandes et passer les entretiens d’embauche. Les faits relatés se passent de tout commentaire.
« Après une insertion d’une offre d’emploi dans un quotidien de la place, les demandes ont afflué, nous dit-il. Au niveau des CV, nous avons reçu des dizaines qui méritent d’aller directement à la corbeille pour différentes raisons dont voici les principales :
- Bourrés d’erreurs en tout genre (orthographe, grammaire, etc.), alors qu’un CV est censé présenter le candidat sous son meilleur jour.
- Des CV que le candidat envoie dans un seul mail à plusieurs entreprises à la fois sans prendre la peine de cacher les adresses des destinataires.
- Des CV sans lettre de motivation, pourtant exigée dans l’offre d’emploi.
- Des lettres de motivation dans lesquelles le candidat loue la réputation de l’entreprise, son historique et ses succès, alors que celle-ci n’a pas encore démarré ses activités.
Après la présélection, ne restent que 10% des demandes qui méritent un suivi et un contact direct avec le demandeur d’emploi. Combien vont rester sur ces 10% ? Quasiment rien à cause des problèmes suivants :
- Le numéro de téléphone ne répond pas, malgré les quatre ou cinq relances.
- Le candidat travaille déjà, cherche une meilleure « planque » (texto) et veut que l’entretien d’embauche se fasse le samedi après-midi ou après 18h30.
- Le candidat accepte l’entretien d’embauche, accepte le rendez-vous, mais ne vient pas. Des cas pareils, nous en avons vu une dizaine.
- Le candidat, sans expérience et n’ayant que sa maîtrise à faire valoir, veut un salaire de départ de 600-700 dinars ajoutés au SIVP. Nous en avons vu quelques-uns.
- Des candidats qui préfèrent rester à la maison (des mois durant) plutôt que de toucher un salaire inférieur à celui dont ils rêvaient.
- Des candidates qui débarquent accompagnées de leur petit ami qu’elles présentent comme fiancé.
- Des candidats qui vous demandent de leur payer le taxi pour passer l’entretien d’embauche, car ils sont sans le sou.
- Des candidats qui vous répondent qu’ils n’ont pas de stylo sur eux quand vous leur demandez de prendre note des coordonnées de l’entreprise. Quand vous leur signifiez que l’entretien est clos, ils vous harcèlent ensuite en signaux par GSM pour que vous les rappeliez.
- Des candidats qui mentent sur leur CV et font valoir qu’ils ont une maîtrise alors qu’ils n’ont pas encore soutenu leur mémoire. A ce propos, nous noterons plusieurs qui continuent à croire que mémoire est féminin. C’est valable également pour le mot « travail » qui pour certains devrait être féminin, puisqu’il l’est en arabe.
- Des candidats qui arrivent à l’entretien avec une tenue peu respectueuse et/ou qui sentent mauvais.
- Des candidats qui arrivent à l’entretien avec 30-45-60 minutes de retard et ne prennent même pas la peine de s’excuser.
- Des candidats qui passent le temps de l’entretien à regarder leur montre.
- Des candidats qui vous disent surpris et pris au dépourvu quand vous leur demandez d’effectuer un test.

Nous ne doutons pas un instant que le ministère de l’Emploi consacre de gros efforts pour trouver des solutions au dramatique problème du chômage. Il n’en demeure pas moins que ce problème ne touche pas les autorités publiques en premier lieu, mais les candidats eux-mêmes et leurs proches. C’est à ces candidats et à leurs familles de comprendre que le diplôme à lui seul ne suffit pas. Que même l’expérience ne garantit pas l’emploi. Qu’il est impératif d’avoir une excellente culture générale. Une culture générale qui touche tout d’abord son environnement direct. Qu’il est impératif d’être présentable et de se présenter sous son meilleur jour à son éventuel futur employeur. Que s’il est indiscutable qu’il ne faut pas se laisser exploiter, il est également inimaginable d’exiger le premier jour des salaires supérieurs à la moyenne et dignes de gens ayant des années d’expérience.


Crédit caricature : Deligne

17/01/2008 | 1
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