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Les premiers ministrables font la queue !
05/09/2018 | 19:59
5 min
Les premiers ministrables font la queue !

 

Rien ne va plus pour Youssef Chahed. Son sort et celui de son gouvernement semble être scellé. Il aura tenu en poste plus de 2 ans, un record en soi quand on sait que depuis la révolution de 2011, la Tunisie a vu défiler à la Kasbah 9 chefs de gouvernement. La messe est dite, les différentes parties de la classe politique affutent leurs couteaux et préparent l’après Chahed. Quelques noms commencent à sortir du lot…

 

 

On devra attacher les ceintures, bien s’installer et se préparer au spectacle devenu habituel des mois d’âpres négociations  pour enfin désigner un nouveau chef du gouvernement. Ce ne sera pas une mince affaire, tant chacun tentera d’avancer ses pions, de défendre bec et ongles ses intérêts et de placer son poulain.

 

Le chapitre Youssef Chahed est à ses dernières péripéties. Après avoir subi les attaques du clan Hafedh Caïd Essebsi à Nidaa, celles de la surpuissante centrale syndicale l’UGTT ; après que le président de la République a décidé de prendre clairement le parti de son fils, voilà qu’Ennahdha, par le truchement de Rached Ghannouchi, donne son accord pour réactiver le fameux 64ème point de l’Accord de Carthage 2, sous condition que le successeur obtienne l’aval de l’ensemble des signataires.

Point de discorde, lors des concertations  en mai 2018, la question de l’éviction de Youssef Chahed a poussé alors Béji Caïd Essebsi à suspendre l’Accord  pour donner plus de temps aux négociations.

Chose faite, aujourd’hui l’affaire est actée. Après une courte période de répit, Youssef Chahed est plus que jamais sur un siège éjectable, ses potentiels successeurs font la queue et les premiers noms commencent à circuler.

 

Le jour de la revanche est arrivé pour l’autoproclamé directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. Il s’y préparait depuis longtemps et voilà que ses désirs se réalisent enfin. L’après-midi même où Ennahdha a donné son accord pour le départ de Chahed, Caïd Essebsi fils réunissait les ministres de Nidaa pour obtenir leur démission du gouvernement. Finalement, les ministres présents délégueront à la direction du parti la décision de leur retrait ou non. Affaire conclue.

Ce n’était pas tout, puisque Hafedh Caïd Essebsi avait un nom à proposer, celui du député Fadhel Omrane, ancien président du bloc parlementaire de Nidaa. Proche du directeur exécutif, il fait partie du clan anti-Chahed et ne rate pas une occasion pour le descendre dans les médias.

Au lendemain du discours de Chahed au cours duquel il a frontalement attaqué HCE, Fadhel Omrane n’a pas mâché ses mots et a même ironisé sur le fait que le chef du gouvernement soit sûrement affecté par le mois de Ramadan. A maintes reprises, le député a appelé à la démission de Youssef Chahed et à ce que le chef du gouvernement admette son échec et rende des comptes. Fadhel Omrane n’hésite pas à écumer les plateaux, notamment ceux de Nessma Tv, pour dire que la nomination du jeune locataire de la Kasbah a été une erreur monumentale et qu’il représente un danger pour le pays.  En somme, le candidat parfait pour un Hafedh Caïd Essebsi qui aura son homme à la Kasbah celui qui servira enfin ses intérêts et ceux de son clan.

Mais comme nous l’avions signalé dans un précédent article, Caïd Essebsi fils a besoin de s’appuyer sur le soutien de ses ministres pour pouvoir convaincre son père et les différents signataires de l’Accord de Carthage de la pertinence de cette proposition.

 

Il est un autre nom qui circule depuis un bon moment, celui de Selma Elloumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Discrète de par sa position de membre du gouvernement, elle s’affiche tout de même à toutes les réunions auxquelles appelle le directeur exécutif de Nidaa. Une prise de position on ne peut plus limpide. Elle est dans le gouvernement, mais elle œuvre main dans la main avec les Caïd Essebsi pour évincer son chef.

D’ailleurs, Selma Elloumi figurait parmi les ministres présents à la dernière réunion de Nidaa et a donné son accord pour quitter le gouvernement si la direction du parti venait à le décider. Elle est proche du clan de Hafedh, du palais présidentiel et elle fait partie des fondateurs de Nidaa, ce qui fait d’elle une sérieuse candidate en lice.

La proposition du parti se base sur le bilan positif de la ministre à la tête du département du Tourisme, tenant compte de la reprise du secteur après des années de récession et des bons résultats affichés. Connaissant Nidaa et la récupération politique qu’il fait de la question,  le fait que Selma Elloumi soit une femme pèsera aussi dans la balance. Les soutiens de Selma Elloumi au parti présenteraient sa candidature comme une première historique qui offrira à la Tunisie une femme chef du gouvernement…

 

Parmi les noms pressentis figure également celui de Khaled Kaddour, le ministre de l’Energie récemment limogé par Youssef Chahed dans l’affaire du champ pétrolifère Halk El Menzel qui s’est transformée en scandale politique ces derniers jours.

Le nom de Kaddour circulait aussi depuis un moment et il est reconnu pour être l’homme de l’UGTT. La centrale syndicale avait ainsi proposé le ministre comme successeur à Chahed en pleines concertations de l’Accord de Carthage 2 et le désaccord sur le point 64.

Ce n’est pas le dernier scandale qui dissuaderait l’UGTT, selon certains observateurs de la place, de défendre son candidat. Est-il considéré comme une « carte brûlée » pas si sûr, quand on voit le soutien apporté par la centrale syndicale à celui qu’on surnomme « Monsieur Energie », insinuant même que toute l’affaire n’est autre qu’un complot politique.

 

Toujours est-il, toutes les tractations qui se mettront en place pour évincer Youssef Chahed et lui trouver un remplaçant, qui contentera partis et organisations, ne se fera pas en un jour. D'autres noms feront sûrement surface. Il est dit que l’actuel locataire de la Kasbah restera en poste au moins jusqu’à fin décembre 2018, le temps que tous les intervenants s’accordent sur son successeur et que la Loi de finances 2019 soit bouclée et votée au parlement.

 

 

Ikhlas Latif

05/09/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (25)

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ghabi belgacem
| 09-09-2018 11:03
il faut éradiquer la présidence de la république ou la fusionner avec la présidence du gouvernement, enlever la fonction du secrétaire d'état qui semble en double emploi avec le ministre; sinon un exécutif encombré et à double te^te n'arrange ni état ni peuple.

Portobello
| 06-09-2018 20:35
Le sort de Youssef Chahad n'est pas scellé comme vous l'affirmez. Votre lecture de la déclaration faite par RG à l'issue de son entretien avec BCE et votre analyse de la situation sont complétement fausses. Vous vous trompez en écrivant que « Ennahdha a donné son accord pour le départ de Chahed »

RG a dit : « « Tous les partis politiques et les organisations nationales se sont, déjà, accordés sur les 63 points du Document de Carthage 2, l'unique point de discorde était le 64ème point concernant le départ du chef du gouvernement. Aujourd'hui, nous avons une seconde chance pour réactiver ce Document en mettant en application tous les points ».
Deux remarques :
1. Il a dit qu'il y a un point de discorde notamment le 64ème point concernant le départ du chef du gouvernement.
2. Il a dit : « nous avons une seconde chance pour réactiver ce Document en mettant en application tous les points. »
3. Il n'a pas dit nous avons décidé d'appliquer tous les points. Il a dit nous avons « une seconde chance ». A mon avis il y a une nuance voulue par RG.
3. « Appliquer tous les points » ne veut pas dire y compris le point 64.
Le Gourou est très malin. Il veut piéger tout le monde pour faire croire qu'il s'est mis d'accord avec BCE pour chasser Youssef Chahad. Il ne faut pas tomber dans le piège de RG! Il dit la chose et son contraire.
Si Youssef Chahad partait, ceci serait une grande défaite pour Ennahdah qui a tjs soutenu YC.

Enahdha tient toujours au maintien de Youssef Chahedh comme chef du gouvernement. Ceci est très clair dans les déclarations faites par les trois dirigeants poids lourd du parti de Nahdha, à savoir

- Imed Khémiri, porte-parole du parti Nahdha, mardi soir, dans laquelle il affirme «Le parti renouvelle notre confirmation pour la stabilité gouvernementale »
Voir lien: https://www.babnet.net/cadredetail-167248.asp
- Nourridine Bhiri dans sa déclaration à Mosaique Fm du 5 Septembre. Il a dit : »Ennahdha soutiendra toujours le gouvernement. Voir : https://www.mosaiquefm.net/fr/video/324695/noureddine-bhiri-ennahdha-soutiendra-toujours-le-gouvernement.
et
- Ali Larayedh, qui dans son interview sur « Radio Med », a affirmer que « certains dirigeants du parti Hafedh Caid Essbssi cherchent par tous les moyens à faire limoger le chef du gouvernement en manipulant et en utilisant le mouvement islamiste pour arriver à cette fin ».
Voir : http://kapitalis.com/tunisie/2018/09/06/larayedh-nidaa-veut-mordre-chahed-avec-les-dents-dennahdha/

Ces trois déclarations prouvent que votre Analyse, Cher M. Latif , est erronée.
Donc je parie que Youssef Chahed restera chef du gouvernement jusqu'à la fin 2019.

A4
| 06-09-2018 19:37
LA CORVEE
Ecrit par A4 - Tunis, le 06 Septembre 2018

Le vieux débile et l'autre gaga
N'arrêtent de chanter jour après jour
Qu'ils ont assez de tous ces dégâts
Qu'ils nous veulent du bien comme toujours

Le vieux sénile et son binôme
Ordonnent au "boy" de s'exécuter
S'adressent à lui comme à un môme
Qui doit obéir sans discuter

Le vieux sénile et son compère
Intelligents comme deux navets
Nous répètent à chaque pière:
C'est au "gamin" de faire la corvée !

C'est bien à lui de se sacrifier
Pour permettre à ces deux momies
Aux yeux larmoyants et tuméfiés
D'atteindre leurs hauts sommets promis

Les deux grabataires ne sont pas seuls
A s'exciter sur tout ce qui bouge
Ils se font aider par des grandes gueules
Par un boucher et ses lignes rouges

Le "gamin" est là pour les servir
Par soumission aux personnes âgées
Sinon furieuses, elles vont sévir
Et tout faire pour le faire dégager

S'il leur dit oui, s'il courbe l'échine
S'il se fait petit, s'il se fait nain
'?a sera bien fait pour sa trombine
Le "boy" s'avère un petit "gamin"

S'il leur dit non en leur tenant tête
Qu'elles aillent dénicher dans leurs coulisses
Un vil pantin ou une mauviette
Pour être leur bouffon de service !

MBG
| 06-09-2018 17:29
tt le monde ou presque semble enthousiasmé par l'après chahed. Mais en quoi est- il dérangeant ? Est-ce mieux les mafiosi qui affluent de tous les côtés ? Tels des affamés mal nourris. Ne risque-t-on pas de recupererer un échantillon de bandits comme on en a par centaines? Certains peu connus, d'autres' d'un air clairement vicieux, jouant au monsieur propre. A cause de ces personnages complices d'un système corrompu, notre économie est affaiblie, notre peuple est appauvri, note pays est déconsidéré, note pétrole est volé, nos supposés dirigeants n'en.sont même pas prévenus Allah yihlek ashab echcharr wyn ma kenou. L'on nous soutenait que le Zimbabwe est le pays le plus désordre dans le monde. Je n'en suis plus si persuadé.
MBG.

momo
| 06-09-2018 16:51
Ennahda est un parti d'extrême droite comme tout les autres ,le culte du chef ,l'organisation militaire qui génère son lot *** et de répression, aucune organisation théocratique n'a prouvée un minimum de compétences dans la gestion des pays , les ministres islamistes sont les moins compétents du gouvernement mais on ne peut pas les virer de part le système parlementaire en place.
La solution pour le pays est le soutient total à Chehed par la société civile et quelques députés et surtout les medias responsables et désintéressés, il est temps que les Essebsis soient écartés définitivement, leurs passifs mènent le pays à la ruine .

Citoyen
| 06-09-2018 13:25
Vous avez entièrement raison, j'ai toujours été anti ennahdha, mais je constate que sur la scène politique ils sont les plus mûres sans comparaison avec notamment les Essebsi père et fils et leurs lèche bottes

Léon
| 06-09-2018 13:20
Pour ceux qui on une lecture juste de ce qui gravite autour de la Révolution, aussi bien au niveau National, qu'à l'Internationale, il faut s'attendre à Zbidi.
La vison de Léon est sans équivoque.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Au service du pays. Résistant Souverainiste.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

kameleon78
| 06-09-2018 12:34
Sur quoi vous basez-vous pou affirmer que la Nahda est la seule à sauver le pays? Vous avez oublié la sinistre Troïka avec son cortège de meurtres politiques, de gabegie, d'une économie réduite à sa plus simple expression, de déroute dans tous les domaines, un vrai cauchemar le passage des islamistes au pouvoir. La période 2011 à 2013 est la pire période qu'ait connue la Tunisie dans son ère moderne.

Abou Walid
| 06-09-2018 12:22
Lisant cet article et bien d'autres, ce dicton me revient à l'esprit : "Pierre qui roule n'amasse pas mousse"; comprendre changer de premier ministre à tour de bras pour des considérations politiques mais sous le couvert de "Difficultés économiques et sociales" ne servira qu'à aggraver la situation du pays à l'orée des élections de 2019; ce sera "un coup de fouet dans l'eau" et une gageure tout bonnement ! La Tunisie vient de sortir d'une "Révolution", soit ! mais voyez où cela a mené le pays ! J'aurais bien aimé que "Démocratie" et "Economie/Social" riment ensemble; visiblement ce n'est pas le cas, le Tunisien, probablement non préparé, veut la langue déliée et les bras et l'esprit au repos ?! La Grèce a trouvé toute l'Europe à son secours et son encadrement, la Tunisie trouverait elle le sien secours auprès du Monde arabe ?! j'en doute fort sachant le déchirement dans lequel il se trouve ?!

Raouf
| 06-09-2018 12:17
Alors que le premier ministre se démène sur tous les fronts pour attirer des investisseurs,le clan de Sebssi et de l'UGTT multiplient les coups bas pour le destituer.
Franchement je trouve les gesticulations de hafed et ses copains d'une incroyable indécence.
La passivité du président me déçoit au plus haut point,il semble être pris en otage par le clan familial qui profite certainement d'une faiblesse due à l'âge.
L'uggt est aveuglée par l'idéologie et devoyée par les échecs successifs de la jabha aux élections.
Je trouve injuste et irresponsable la campagne de déstabilisation dont fait l'objet de Mr chahed.