Ils se sont battus bec et ongles pour être élus au poste de maire. Certains sans doute à des fins politiques et d’autres sûrement pour agir en faveur de leur circonscription. Les nouveaux maires ont toutefois un point en commun. Leur tâche est loin d’être facile et les défis auxquels ils feront face sont gigantesques. Entre saleté, incivisme, infractions diverses et attentes légitimes de citoyens exaspérés, ils auront le moins qu’on puisse dire du pain sur la planche…

Y’en a qui ont entamé leur mandat sur les chapeaux de roue. A l’instar de Souad Abderrahim, très présente dans les médias au lendemain de son élection. Armée de pelles, de tuyaux et de pelleteuses la mairesse de Tunis a tout fait pour qu’on parle d’elle et le pari fût réussi. Accompagnée de ses photographes, elle est allée à l’avenue Habib Bourguiba et les rues avoisinantes pour prêter main forte aux ouvriers en compagnie de quelques membres de son conseil municipal élu.

A grande eau, Souad Abderrahim rinçait les trottoirs, peignit un mur ou encore un banc et fit la même chose dans le quartier défavorisé d’El Kabbaria, où, accompagnée d’un gros engin, elle a participé au ramassage de détritus divers, profitant de la visite pour faire un brin de causette avec les riverains.

Le nouveau maire de l’Ariana, Fadhel Moussa, a quant à lui, commencé par combattre l’incivilité et l’anarchie, comme il l’avait promis. C’est dans ce cadre que la municipalité de l’Ariana a procédé à la saisie et l’enlèvement de la fripe sauvage d’Ariana ville. De gros moyens logistiques et humains ont été déployés pour cette action coup de poing. Les services municipaux ont fini par libérer l’endroit des étals anarchiques.

D’autres maires ont aussi, à leur façon, cherché à créer le buzz voyant que la recette rapporte, du moins une visibilité. Entre celui qui plante un arbre sur le bitume et l’autre qui lave à grande eau les locaux d’un abattoir, nous avons été servis en matière d’actions diverses et variées.

Aujourd’hui même, Jlidi Jabrane, président du district municipal de Riadh Ennasr a lancé une campagne contre les cafés, restaurants et autres salons de thé, usant des espaces communs et donc des trottoirs à des fins commerciales. Ainsi, certains établissements se sont vus confisquer leurs meubles installés sur le passage des piétons. Une action qui a été menée auparavant, mais qui fait face à la désobéissance des gérants, déterminés à imposer leur loi.

Nettoyage, combat mené contre les vendeurs anarchiques, contre les exploiteurs illégaux des espaces publics ne sont là qu’une goutte d’eau dans l’océan des actions à mener pour rétablir l’ordre dans le pays.

Le groupe « Winou Ettrotoir » ne cesse d’ailleurs de dénoncer des incivilités plus surprenantes les unes que les autres et les citoyens inondent la page de photos « insolites » confirmant l’ampleur et le poids de la tâche dont devraient s’acquitter les nouveaux maires.

Entre voitures garées sur les trottoirs, poubelles qui s’amoncellent tout juste près des bennes à ordures, jet skis qui paradent parmi les baigneurs, quads qui roulent à toute allure sur les plages ou encore eaux usées déversées à des endroits fréquentés par les baigneurs, des défaillances il y’en a à la pelle.

Pas plus tard que la semaine dernière, le fils de Sofiène Zâag, porte-parole du ministère de l’Intérieur est décédé par électrocution près de la baraque d’un vendeur de crème glacée.

Comme si ce drame n’était pas suffisant, une vidéo montrant un câble électrique traversant une plage à Kerkouane a été postée hier, mardi 14 août, sur les réseaux sociaux. Une autre montrant un grand véhicule traversant le sable pour remorquer un jet-ski a aussi fait scandale. Le souvenir du décès d’une jeune dentiste percutée par un Quad alors qu’elle bronzait sous son parasol est encore vivace et pourtant…

Sur les plages de Gammarth, des centaines de bouteilles de bière ont été récoltées par des citoyens. Un jeune tunisien s’est même lancé le défi de parcourir 300km de côte à pied pour nettoyer les plages. Ne parlons pas des couches sales, bouteilles et sachets en plastique qui jonchent le sable fin qui fait des plages tunisiennes une destination très prisée.

Une photo a également fait le buzz hier. Un automobiliste à Monastir a choisi de passer par une rue piétonne, allant même jusqu’à emprunter les escaliers qui mènent à la vieille ville à côté des passants médusés. L’an dernier, c’est l’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor qui a retroussé les manches pour nettoyer la plage de La Marsa, lui qui participe activement à la promotion du littoral tunisien, en est venu à mettre les mains à la pâte tant la situation est invraisemblable.

Même si c’est à l’Etat et donc aux municipalités de remédier à ce désastre, il ne faudra pas nier l’incivilité de certains citoyens. C’est donc sur les épaules des nouveaux maires que reposent les espoirs de ceux à qui il tient à cœur de faire de leur environnement un espace de vie propre et sécurisant, et cette responsabilité n’est pas des moindres. Un énorme chantier attend ceux qui ont été tout contents d’accéder à ce poste, mais force est de constater que le cadeau est pour ainsi dire empoisonné…

Myriam Ben Zineb