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Les islamistes imposent plus de respect que le nouvel entourage de Béji Caïd Essebsi
Par Nizar Bahloul
03/12/2018 | 15:59
5 min
Les islamistes imposent plus de respect que le nouvel entourage de Béji Caïd Essebsi

Par Nizar Bahloul

 

Dans la guéguerre opposant Béji Caïd Essebsi à Youssef Chahed, le président de la République a marqué quelques précieux points cette semaine. Le premier a l’expérience, le deuxième a la jeunesse. Le premier n’a en revanche qu’un an d’existence (politique, cela s’entend), le second a encore toute la vie. Pour les précieux points marqués cette semaine, Béji Caïd Essebsi a sorti son joker gagnant. Le joker qui a souvent gagné, depuis Bourguiba jusqu’à Ben Ali, celui de la diabolisation des islamistes et particulièrement des islamistes d’Ennahdha. A vrai dire, il n’y a pas grand-chose à diaboliser quand on parle d’Ennahdha, ils sont les diables qui menacent la civilité de l’Etat, point. Ce constat déjà fait sous Bourguiba et Ben Ali a été réitéré en 2011, puis en 2012, puis en 2013. Même qu’en 2013, on s’est mobilisé par dizaines de milliers au Bardo pour affronter une fois pour toutes ceux qui menacent notre civilité, notre républicanité, notre laïcité, notre modèle social.

Les ambassades occidentales étaient à l’époque mobilisées toutes pour soutenir ces islamistes nous expliquant qu’ils sont de gentils politiciens et de pauvres victimes. Elles leur ont donné l’argent par dizaines de millions de dinars, elles leur ont mobilisé des cabinets de lobbying, de stratégie et de communication pour leur apprendre à porter des vêtements et des costumes (cliquer ici pour voir ce point), pour leur apprendre à parler, à se comporter, à se tenir. Elles les ont aidés à rédiger la constitution et à réécrire l’Histoire (par l’intermédiaire de leur Sihem Ben Sedrine) comme ils la voudraient.

 

Malgré tout cela, le Tunisien n’a pas oublié l’Histoire (la vraie) et n’a pas gobé l’idée que les islamistes sont de gentils patriotes qui nous veulent du bien. En 2014, il a voté Béji Caïd Essebsi, le candidat qui nous a promis d’en finir avec cette mascarade lancée en 2011 et les grossiers mensonges l’accompagnant. Le 31 décembre 2014, BCE entre au palais de Carthage et enterre sa promesse. Sihem Ben Sedrine a pu poursuivre son entreprise de mensonges et de réécriture fallacieuse de l’Histoire et les islamistes sont désormais des partenaires au pouvoir. On avait beau crier au scandale et la supercherie, le danger et la menace, Béji Caïd Essebsi a cédé aux sirènes étrangères en nous expliquant matin, midi et soir que les islamistes sont des gens comme les autres, qu’on ne doit pas les exclure et qu’il ne peut pas gouverner sans eux. Parait-il c’est la constitution (qu’ils ont eux-mêmes écrite) qui impose cette cohabitation avec le diable. Le diable qui n’est plus diable, car Rached Ghannouchi (dixit BCE) est un ami et un confident fiable et fréquentable. Nous avons donc vécu cela en 2015, 2016, 2017 et les trois premiers trimestres de 2018.

Maintenant, Béji Caïd Essebsi nous explique, d’une manière à la fois grossière et subtile, que les islamistes sont des méchants terroristes qui ont un appareil secret, qui peuvent assassiner et menacer la stabilité de l’Etat et le modèle sociétal du Tunisien ! Quatre ans après son élection, il en apprend des choses le Béji Caïd Essebsi ! Il ouvre son tiroir, il nous sort un vieux dossier abondamment abordé depuis 2013, et nous dit : « Attention, chien méchant ! ».

 

Monsieur le président, votre guéguerre avec Youssef Chahed, dont l’objectif est de garantir une place de choix à votre fils, est énergivore pour nous. Si vous estimez que les islamistes sont dangereux, demandez au procureur d’ouvrir une instruction judiciaire en bonne et due forme et d’accélérer les procédures. Mais vous ne pouvez plus les exclure après les avoir remis en selle, quatre ans auparavant. Vous ne pouvez pas nous dire en 2018 le contraire de ce que vous nous avez dit en 2015. Les islamistes font partie du paysage, les exclure aujourd’hui est tout simplement dangereux. Dissoudre Ennahdha en 2018 (ou 2019) est synonyme de la dissolution du RCD en 2011. Vous aviez un seul adversaire affiché, vous en aurez dix après la dissolution. Si vous voulez casser Ennahdha, c’est par les urnes. Le filon judiciaire est épuisé, vous auriez dû l’utiliser depuis janvier 2015 quand on vous a supplié de le faire, parce qu’il était encore temps. Maintenant, c’est trop tard ! Ceux qu’on qualifie de terroristes d’Ennahdha, on les connait, tout comme on connait leurs complices des autres partis. Ils s’appellent Mohamed Ben Salem, Abdelkarim Harouni, Abdellatif Mekki, Salim Ben Hamidane, Walid Bannani, etc. On les a dénoncés, on a parlé de leurs valises en devises, de leurs magouilles, de leurs financements occultes. Vous n’avez rien fait à l’époque, quand il était encore temps. Maintenant, il est trop tard, laissez tomber ! Trouvez un autre filon pour casser Youssef Chahed, celui des islamistes est épuisé.

Quant à votre fils, il est également trop tard pour lui garantir une place de choix au palais de Carthage après votre départ. Il fallait l’encadrer et l’accompagner politiquement bien avant. Il fallait lui apprendre, quand il était encore temps, de courir les plateaux de télévision et les studios de radio pour exposer ses idées et programmes.

 

Dernier point, si je peux me permettre, votre nouvel entourage au palais de Carthage risque très fort de vous nuire et de casser le peu qu’il y a encore à sauver de votre quinquennat. Cet entourage use de méthodes déloyales et abjectes pour tenter de faire taire vos adversaires. Non seulement, ils vous induisent en erreur et vous font courir un danger, mais ils jouent avec le feu et menacent tout le processus démocratique.

Cette idée de faire sortir le joker islamiste, ces manœuvres de salir l’honneur des journalistes et hommes politiques, à travers des pages Facebook anonymes, d’appeler les annonceurs publicitaires des médias hostiles pour les menacer, ces mobilisations de gilets rouges, vulgaire plagiat des « Gilets jaunes » français, c’est de la basse politique. De la très basse politique, indigne du Béji Caïd Essebsi pour qui on a voté en 2014. 

Les islamistes imposent plus de respect que votre nouvel entourage. Eux, au moins, ils incarnent le diable et on les a identifiés comme tels. Votre nouvel entourage n’a même pas le courage de mener des combats à visage découvert, il se cache derrière les pseudonymes et les rideaux pour lancer des frappes. De tout temps, Béji Caïd Essebsi, la lâcheté et vous ça fait deux, ce n’est pas à 92 ans que vous allez commencer ! Joyeux anniversaire !

 

Par Nizar Bahloul
03/12/2018 | 15:59
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Commentaires (29)

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houda
| 05-12-2018 16:01
l entourage de bajbouj est mille foiis plus lintegre et est competent a l instar de M essid et Mme salma elloumi quand a l entourage de youssef chahed est composèd incompetents et vous ne pouvez pas le nier et puis si nizar on constate que vous deffendez l indeffendable parceque les chiffres parlent d eux memes sans parler de la grosse gaffe comise envers notre president de la tepublique reculler l annonce du nouvaux ministre n est pas la fin du londe surtout en tunisie ou tout bouge au petit pas avec youssef chahed et son equipe parlementaire composè de pigeon voyageurs et si nizar permettez moi de vous dire que vous allez etre choquè du resultat des elections de 2019 en un mot vous avez deçu beaucoup de vos lecteur a moins que le pari vautpour de bon la chandelle du royaume unie

karim
| 05-12-2018 11:10
Nizar Bahloul est devenu le porte parole de YC. non seulement il a pour mission de soutenir un imbécile heureux mais également de s'attaquer au président. BCE est mal entouré certes mais que pensez vous si nizar de l'entourage de YC.

H
| 05-12-2018 10:07
Une Analyse objective Si Nizar.
La Tunisie chérie est malade mais n'a pas besoin de médicaments. Elle demande à ses enfants de l'offrir la guérison à ses deux maux (Ennahdha et la corruption).
Ennahdha a été et restera toujours une menace pour notre civilité, notre laïcité et notre modèle social. Leur idéologie est une menace pour le monde entier et là ou cette secte vivait.
Seules une mobilisation et une éducation du peuple peuvent garantir leur défaite à la prochaine échéance des élections et offrir une vie meilleure pour nos enfants.
La mobilisation devrait converger vers l'appui et le soutien de tous ceux qui se mobilisent contre la corruption, le blanchiment, le terrorisme sous ses différentes formes.
Un Tunisien.

vision claire
| 05-12-2018 06:31
Depuis 2011, BCE n'a jamais montre un visage deomcratique. L'ecole de laquelle est diplome BCE n'a jamais enseigne la democratie ni l'acceptation des autres. Aujourd'hui la tunisie s'affiche avec son vrai visage celui des autres 10 millions de Tunisiens qu'on a eloigne depuis des decenies. Cette petite guerre politique n'interesse guerre le grand peuple. Ca ne lui dit rien. Quant au model social et la copie diffiguree du pacte sociale de la France qu'on veut impliquer en Tunisie , je suis navre de vous dire que ca marchera jamais. Le peuple tunisien a sa majorite s'identifie a un parti ou disons a des personnes qui le representent qui ressemble au peuple. Donc decrire un parti politique de diable et peut etre vrai pour vous en tant que personne ou plutot en tant que secte (les faux bourgeois, les pseudo intello, les francises , les petits lobby en nombre mais a grande influnence sur le peuple...) oui il peut etre le diable a vos yeux, car ca ne vous ressemble pas mais plutot ils se trouvent a 180degre de vous a presumer que vous etre le bon ange

TATA
| 04-12-2018 20:21
Prière de rester objectif dans vos articles!

Zohra
| 04-12-2018 19:32
Aujourd'hui vous avez que des critiques stériles dès lors que vous n'allez pas dans leurs sens.

La Tunisie souffre d'un défit d'hommes honnêtes

Canalou
| 04-12-2018 15:54
Bce a voulu jongler avec nidaa en croyant que tout etait permis vu qu il est le batisseur et croyant fermement que les electeurs ont vu en lui un prophete.en quittant nidaa ,il a voulu garder sa place en mettant,son fils malgre son manque de popularite .bce comptait se represeter et garder son pouvoir sur le parti .c est malin mais l equipe gagante en 2014 n est pas dupe et n a pas la discipline des khouanjias .un parti est une equipe et non une personne mais le succes aveugle souvent .bce a attrappe la folie des grandeur ..notre vote utile a ete massacre .

Ali Baba
| 04-12-2018 14:56
Lucifer est le symbole du courage; il savait très bien qu'il désobéissait, mais à l'instar des partis politiques, il a parlé en toute liberté , et son tort fut d'avoir été écouté. Mais il faut lui rendre cette justice, il n'a jamais promis le paradis à ceux qui iraient commettre des atrocités en Syrie et en Irak.

Amaricano
| 04-12-2018 12:59
Mr Bahloul restez un bon analyste journalistique et ne pas tomber dans tes soutiens aveugles à l'opportiniste Y.C qui a complètement échoué dans sa politique économique et sa guère contre la corruption. Ce n'est en se cachant derrière les islamistes qu'il va sauver le pays de sa fuite vers l'abîme.
Alors s' il vous plaît la vérité d'abord. Des élections propres et justes viendront bien après. Nous ne voulons pas lors des prochaines elections des candidats sombres et malhonnêtes qu'on connaît rien sur leurs passés.

G D ID
| 04-12-2018 12:43
Pourquoi lorsque vous parlez du Parti ENNAHDHA vous utilisez l'adjectif ISLAMISTE mais lorsqu' il s agit des partis genre watad massar ou 7amma hammami vous ne rajouter pas l'adjectif COMMUNISTE ?