Les instances constitutionnelles considèrent que les propos du président de la République sont un recul
Dans un communiqué cosigné avec la Haute Instance des droits de l'homme et des libertés, l'Instance nationale de lutte contre la corruption et l’Instance nationale de prévention contre la torture ; la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a réagi face aux propos du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, tenus lors de l’interview sur le journal « La Presse », le 6 septembre 2017.
Dans le texte du communiqué la HAICA a rappelé que le chef de l’Etat avait souligné lors de l’interview le fait que les instances constitutionnelles n’étaient pas surveillées et complètement indépendantes tout en exprimant sa désapprobation par rapport à leurs travaux. M. Caïd Essebsi avait en outre expliqué que ces instances n’avaient pas d’équivalents hors du sol tunisien et qu’elles mettaient en danger la cohésion de l’Etat et ainsi son existence même. « Il fallait donc revoir leur mode de fonctionnement ».
Face à ces propos, la HAICA a réagit aujourd’hui rappelant que son activité est régulée sur la base du chapitre 6 de la constitution tunisienne. Un chapitre où est stipulée clairement l’importance de ses instances par rapport à l’instauration d’un système démocratique participatif en Tunisie. La HAICA relève ensuite qu’il est du rôle du président de la République de faire respecter la constitution.
Sur la base de l’argumentaire présenté, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle juge donc les propos de M. Caïd Essebsi déplacés et rappelle que l’indépendance des instances constitutionnelles est essentielle au cheminement démocratique entrepris tout en rappelant ce qu’était la situation sous l’ancien régime.
Les instances cosignataires, soulignent de surcroit, qu’il n’est pas juste d’imputer la crise actuelle à leurs activités tout en rappelant que remettre en doute leur mode de fonctionnement est un retour en arrière par rapport au cheminement démocratique. Les instances se disent aujourd’hui très inquiètes après les propos formulés par le chef de l’Etat lors de l’interview et demandent à l’ARP, à la société civile, aux syndicats ainsi qu’aux partis politiques d’être vigilants face à ces positions dangereuses.
S.A