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Les femmes tunisiennes, ces Wonderwomen de l'artisanat !
07/03/2017 | 19:59
6 min
Les femmes tunisiennes, ces Wonderwomen de l'artisanat !

Les femmes tunisiennes sont de plus en plus tentées par la création d’entreprise, à la fois mamans et entrepreneures certaines d’entre elles réussissent, en Wonderwomen, à réinventer l’artisanat tunisien qui est en crise profonde depuis 2013. Deux cheffes d’entreprises téméraires et imprégnées du patrimoine culturel tunisien, Sarra Baly fondatrice de Arti Concept et Rania Saket, de Maison Handmade ainsi qu'une humoriste-artiste, Sarroura Libre, instigatrice de la version artisanale du Pop Art tunisien, ont décidé de rendre leurs lettres de noblesse à l’artisanat tunisien et ont réussi à tirer leur épingle du jeu par la voie des concept store.


 

« La Tunisie est le seul pays où l’on célèbre doublement la femme, le 8 mars et le 13 aout !» avait fait remarquer l’ambassadeur de l’Union Européen en Tunisie, Patrice Bergamini, lors d’une rencontre sur la Promotion de l’égalité professionnelle Hommes/Femmes en Tunisie, le 14 février dernier. Au passage, il avait ajouté que « Si Wonderwoman existe, alors elle ne peut être que tunisienne ! ». Tonnerre d’applaudissements.

Que ce soit dans le paysage audiovisuel tunisien, dans des postes ministériels, à la tête d’entreprises, ou partout ailleurs, les femmes tunisiennes ne cessent de s’émanciper en menant de véritables combats pour en finir avec le sexisme, les préjugés éculés et encourager à la fois le militantisme et la promotion de l’égalité de genre. C’est aussi le cas dans le secteur de l’artisanat qui fête du mardi 14 au jeudi 16 mars prochain les journées de l'habit traditionnel tunisien. Une autre manière implicite de fêter les femmes et leur réussite dans la mise à profit du savoir-faire ancestral par la voie d'une force de vente novatrice : le concept store d’artisanat 100% tunisien. Sarra Baly et Rania Saket font d'ailleurs partie de ces femmes.


Le concept store Arti Concept ou caverne d’Ali Baba de Sarra Baly

Ancienne du milieu de la Finances et fondatrice de Arti Concept, Sarra Baly, a décidé de suivre son instinct et de faire de son hobby  un véritable métier. Elle est une illustration de cette femme tunisienne émancipée, patriotique et solidaire. Dans son concept store, à la Marsa, elle livre les raisons de sa reconversion : « Mon objectif premier est la mise en avant de la crème des productions artisanales des 24 régions tunisiennes mais aussi la sauvegarde de notre authentique savoir-faire ». Dans sa boutique, elle met en scène une véritable rétrospective de l’histoire de la Tunisie. On passe aisément de la période phénicienne, à la période romaine puis par le règne des Beys de Tunis pour enfin arriver à la période contemporaine. C'est au milieu des étoles et foulards calligraphiés de versets de l’hymne national, des broches façonnées sur le modèle des armoiries beylicales, des burnous revisités et incrustés de bijoux calligraphiés en lettres ottomanes, des tee-shirt brodés avec des motifs de piments de Cayenne, des services et des sets de tables ornés d’alphabet phéniciens, que Sarra Baly explique que « l’art ancestral de nos régions est une mine d’or pour la Tunisie ». C’est d'ailleurs cette valorisation du patrimoine immatériel de la Tunisie par la voie d’un concept store, qui a fait de la boutique de Sarra Baly, une expérience aussi insolite que séduisante.

 

 

Pour mettre en avant le rôle de la femme tunisienne dans la sauvegarde des traditions et la conservation des savoir-faire, elle soutient  que l’autre objectif de son concept store est la stimulation de l’employabilité. « Les artisanes de Sejnane constituent un modèle de sauvegarde du patrimoine immatériel tunisien, les techniques qu’elles utilisent pour modeler la céramique sont millénaires et leur ont permis de vivre modestement de leurs œuvres. Je soutiens ces femmes en vendant leurs plus belles poteries dans ma boutique » déclare la fondatrice de Arti Concept. L'agencement de ce véritable petit musée de l’art ancestral tunisien a fait de ce bazar moderne un espace de transmission des traditions de nos grands-mères, arrières grands-mères et trisaïeules tunisiennes. Bijoux, pull Fadhila et art berbère côtoient les photographies de Brigitte Bardot et de Claudia Cardinale exposés sur les murs. Sarra Baly est arrivée avec brio à créer une ambiance à la fois éclectique et nostalgique. « Je veux mettre l’artisanat tunisien à prtée de tous et présenter le meilleur de la Tunisie dans ma boutique »  ajoute la fondatrice, tenant à la main les étoles aux couleurs chatoyantes brodées de versets de l’hymne de Aboukacem Chebbi. Le patriotisme, l'artisanat  et l'esthétique font ici très bon ménage.


Maison Handmade ou le fashion tradi-moderne de Rania Saket

Diplômée de l’école supérieure des sciences et des technologies du design de Tunis, Rania Saket, est architecte d’intérieur. Il y a deux an et demi elle fonde la Maison Handmade, le premier concept store tunisien en ligne.

Ponchos, couffins classiques de Nabeul ou confectionnés au gout du jour avec des pompons colorés, des rubans de velours ou encore ornés avec la célèbre Khomsa tunisienne, le site regorge de produits insolites et puristes. On y trouve également des bijoux et boucles d’oreilles en Tanit, des luminaires et des abats jour semi-modernes semi-traditionnels, des sets de tables en jonc et des verres à thé décorés à la main. L’originalité de Rania Saket réside dans la « recustomisation » des Foutas tunisiennes qu’elle transforme en robe de plage, mettant ainsi en valeur un coté fashion tradi-moderne. Son concept store, qui a été le premier à vendre en ligne des produits artisanaux au niveau local, fait appel à de multiples artisans originaires des régions tunisiennes. Comme pour Sarra Baly, le souci de stimuler l’employabilité est également présent chez cette designer.

Optimiste, la fondatrice Maison Handmade estime que la sortie de crise de l’artisanat est perceptible: « Les foires, l’innovation grandissante, une offre de plus en plus présente et diversifiée démontrent que le secteur de l’artisanat se réinvente" explique-t-elle.



Sarroura Libre ou l’Histoire de la Tunisie version Pop Art

Un troisième parcours de femme est celui de l’humoriste, réalisatrice, peintre et scénariste Sarroura Libre. Du 12 février au 3 mars dernier, ses œuvres placées sous le thème de « Mémoire de Tunisie en Pop Art » avaient été exposées à la galerie d’art Musk and Amber aux Berges du Lac. Des tableaux revisités qui font apparaître le leader Habib Bourguiba, le chantre Aboukacem Chebbi, l’illustre Naima ou encore l’écrivain féministe et avant-gardiste, Tahar Haddad, dans une explosion de couleur attisant à la fois un sentiment de nostalgie et de modernité. Ces œuvres joyeuses peintes à la Andy Warhol permettent de voyager à travers les antres de la culture pop tunisienne. Une idée ludique pour redorer le blason de l’héritage politique et culturel tunisien.

 

 

Ce qui rassemble ces trois entrepreneuses qui ont percé dans le secteur de l’artisanat et du pop art est un fort sentiment patriotique et une rage de réussir. Elles sont le visage moderne de la Tunisie, une Tunisie qui veut avancer à grands pas vers la parité et l’égalité professionnelle. Notre pays a été façonné par une multiplicité de civilisations et le savoir-faire qui s’est accumulé durant des millénaires est incontestablement une richesse inépuisable. Une véritable fortune culturelle qui constitue notre identité et le patrimoine immatériel de la Tunisie. L’amour de la patrie et une certaine vision de l’authenticité ont permis de faire germer et font encore germer des nouveaux talents. Le rôle joué par la femme dans la sauvegarde des traditions et des savoir-faire est donc légitimement à célébrer.

Khawla Hamed

07/03/2017 | 19:59
6 min
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Commentaires (2)

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el manchou
| 08-03-2017 11:36
Bravo mesdames, vous avez su rester indépendantes, pas comme cette Amira Yahyaoui partie jouer au larbin du Qatar.
Longue vie à la vraie femme Tunisienne et non à l'afghanisation ni au larbinisme.

URMAX
| 08-03-2017 09:15
...
Mon souhait :
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- Mêmes droits Femmes - Hommes sur tout point de vue
.
- Plus de violence ; conjugale ou autre
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- Congé de maternité payé à 100 % du salaire (Messieurs, c'est pour élever le résultat de VOS actes!).
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- Que la femme ne soit plus considérée - en famille - comme "la bonne à tout faire" !
(cuisine, ménage, lessive, vaisselle, repassage, devoir des gosses, ...).
.
Messieurs : journaux, cafés, télé, un peu de courses le week-end et brailler quand vous avez faim ...
Je ne suis vraiment pas sur que l'on puisse parler de partage équitable des tâches familiales ... à moins que vous n'avez uniquement envie de vous marier pour que "quelqu'un s'occupe de vous" et pour avoir "de la compagnie" quand "vous en avez envie ...
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NON !
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C'est pour cela qu'il y a nombre de tensions au sein des couples : Par ce que la femme est laissée pour son compte dans la maison.
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... et après, messieurs, vous vous étonnez que votre compagne ne soit "pas toujours contente ?
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Voyons ! ... Un peu de bon sens s'impose !
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Vous, qui vous dites "chefs de famille", montrez-le par la valeur de vos actes, pas "en commandant" !
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Une harmonie s'acquiert avec des concessions de part et d'autre.
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Si une seule personne doit toujours se plier aux exigences de son conjoint, on ne peut plus parler ni d'harmonie, ni d'amour réciproque !
.
URMAX