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Les étudiants tunisiens face à la jungle française
01/02/2019 | 19:59
5 min
Les étudiants tunisiens face à la jungle française

 

Facultés de médecine, écoles d’ingénieurs, grandes écoles de commerce…les étudiants tunisiens sont parmi les premiers étrangers intégrant les universités françaises. Voilà pourquoi la dernière décision du parlement européen de doubler les frais d’inscription pour les étudiants extra-Européens est tombée comme un couperet pour tous ces jeunes qui voient les universités de leurs rêves de moins en moins accessibles.

 

L’université Aix-Marseille Université a pris la décision d'exonérer les étudiants tunisiens de la majoration des frais d'inscription annoncée par le gouvernement français pour la prochaine rentrée universitaire. Cette décision, annoncée hier jeudi 31 janvier 2019, a été prise à l’issue d’une réunion entre le ministre de l’Enseignement supérieure et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous, et une délégation d'Aix-Marseille Université (AMU) conduite par son président Yvon Berland et accompagnée par l'ambassadeur français, Olivier Poivre d'Arvor.

En plus de l’AMU, qui rassemble près de 10.000 étudiants étrangers, plus d’une dizaine d’autres universités françaises se sont élevées contre la hausse des frais d'inscription qui sera infligée aux étudiants extra-Européens d'ici la rentrée 2019. Il s’agit des universités de Tours, Le Mans, Angers, Rouen Normandie, Caen Normandie, Bretagne Occidentale, Aix-Marseille, Grenoble, Clermont–Auvergne, Clermont-Ferrand, Toulouse 2 Strasbourg, Paris Saclay, Paris Nanterre…

 

 

Le 19 novembre 2018, le gouvernement français avait annoncé une nouvelle stratégie censée attirer de nouveaux étudiants étrangers en France. Cette stratégie prévoit, affirme-t-on, une politique de visas améliorée et plus de bourses octroyées aux étudiants étrangers. En parallèle, on prévoit d’augmenter sensiblement, les frais de scolarité des étudiants extra-Européens. En effet, alors qu’ils versaient 170 euros (578 dinars) en frais d’inscription en licence, 243 euros (826 dinars) en master et 380 euros (1292 dinars) en doctorat, les étudiants qui viennent en dehors de l’Europe devront débourser, dès la rentrée prochaine, 2.770 euros (9.418 dinars) en licence et 3.770 euros (12.812 dinars) pour les masters et doctorats. Si cette stratégie est placée sous le label « Bienvenue en France », c’est plutôt l’effet inverse qu’elle promet d’engendrer et la colère des étudiants étrangers ne s’est pas longtemps fait attendre. Le Premier ministre français Édouard Philippe justifie cette mesure en affirmant qu’il est aberrant et injuste qu’ «  un étudiant étranger fortuné paie les mêmes droits d'inscription qu'un étudiant français peu fortuné dont les parents résident, travaillent et paient des impôts en France depuis des années  ».

 

La France est le pays privilégié des étudiants tunisiens souhaitant poursuivre leur cursus à l’étranger. Elle arrive avant l’Allemagne et la Roumanie, deux autres destinations de choix. 45% des étudiants étrangers en France sont africains et 3,8% d’entre eux sont Tunisiens. Des Tunisiens qui représentent 18,3% des étudiants doctorants dans les universités françaises. Le pays faisait ainsi partie du top 5 des nationalités doctorantes en 2016 et occupait la première place en 2012.

La Tunisie est un des pays les plus représentés parmi les étudiants étrangers en France avec plus de 12.300 étudiants. Elle arrive en 4ème position après le Maroc (11,7%), la Chine (8,9%) et l’Algérie (8,1%). (Chiffres du ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation 2017). Par ailleurs, les Tunisiens sont en troisième position des étudiants étrangers intégrant les écoles d’ingénieurs en France.

 

 

Depuis son annonce, fin 2018, l’Union nationale des étudiants de France et la Fédération des associations générales étudiantes avaient appelé à une mobilisation générale contre cette augmentation des frais de scolarité. Plusieurs présidents d’universités françaises ont dénoncé cette mesure jugée « discriminatoire », « brutale » et « allant à l’encontre d’une université ouverte à tous et du principe même de l’égalité de traitement ». Mais si les universités se rebiffent contre ce décret et appellent à sa suspension, ils ne pourront cependant pas aller à l’encontre de cette loi.

 

 

De son côté, le gouvernement tunisien juge cette mesure « inadmissible » et affirme qu’il ne compte pas l’accepter. S’exprimant sur Express Fm, le mardi 29 janvier, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbous a affirmé qu’il était «inadmissible que les frais d’inscription soient multipliés par 10 pour un étudiant étranger voulant s’inscrire dans une université française », ajoutant que des discussions sont en cours avec les autorités françaises afin d’obtenir des exonérations en faveur des étudiants tunisiens. Le ministre a même menacé : « Nous n’enverrons plus nos lauréats étudier en France si ces frais ne sont pas revus à la baisse ! Nous avons été très clairs à ce sujet ».

 

 

A l’affut d’un enseignement plus prestigieux, ou parfois même à la recherche d’opportunités qui leur sont inaccessibles dans leur propre pays, les universités françaises semblent être un choix idéal pour de nombreux étudiants tunisiens. La proximité géographique et culturelle ainsi que l’avantage d’un enseignement francophone accessible, font des universités françaises une opportunité pour planifier sa carrière à l’étranger ou de retour en Tunisie. Des ambitions qui pourraient se heurter à une mesure très restrictive qui, conjuguée à la baisse du taux de change du dinar tunisien, pourrait réduire les chances de certains étudiants à néant. Ce qui semble être la finalité même de cette hausse des tarifs. 

Cette nouvelle mesure du gouvernement français - sous un appel qui est ironiquement à l’opposé de ce qu’elle annonce - confirme encore une fois, l’ambigüité de la politique française à l’égard des étrangers. Entre une vision libérale et une politique migratoire de plus en plus restrictive, la France en est à oublier qu’elle a besoin de l’apport des étudiants étrangers et de leur contribution à son développement et à son rayonnement international…

 

 

Synda TAJINE

                                                                                                          

01/02/2019 | 19:59
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Commentaires (27)

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Alya
| 08-02-2019 18:55
Je pense mais je peux me tromper!Qu' il avait dit que l augmentation des frais d inscription des "etudiants fortunes"permettrait l octroi de bourses à des étudiants étrangers moins nantis ! Il serait donc important de voir avec campus France etc...

Mongi
| 04-02-2019 11:44
je confirme ce que Dr. Bouraoui a commenté. En Allemagne les etudes ne coutent que quelques centaines d'Euros par semestre, d'ailleurs un des rares pays ou les etudes ne coutent rien. Ni l'Allemagne et ni la France ne sont responsable pour la Formation des Tunisiens et si des academiciens vont travailler à l'étranger, ce n#est que parc que'il n'ont aucune chance en Tunisie. Arretons de culpabiliser les autres et cherchons une solution pour notre pays. Le probleme sont les Tunsisiens et non les autres.

salah redeyef
| 03-02-2019 15:49
Dans l'epoque actuelle, il faut savoir que si on ment et qu'on invente un chiffre, on est vite demasqué ! D'abors parce que orange n'est pas une grande societe en France, mais un operateur en déclin. Ensuite, les ingénieurs francais sont déja au chomage. Enfin, la France n'a plus les moyens de te payer une universite a 400 euros alors que tu coute 12000 euros !!

ali
| 03-02-2019 15:43
Les tunisiens d'orange régularisés en quinze jours en France? Je veux bien le croire.Déjà le regroupement familial met au minimum une année.Je connais un tunisien ingénieur à L'air Liquide Strasbourg qui n'a pas pu ramener sa femme et ses enfants au bout de deux ans.Il a été obligé de prendre un avocat pour défendre son cas.

Caius Gracchus
| 03-02-2019 14:40
Les français veulent des cadres déjà formés pour la formation desquels ils n'ont rien déboursé. 46% des cadres ingénieurs informaticiens tunisiens d'Orange Tunisie ont démissionné et sont partis travailler en France ; ils ont vu leurs situations régularisées en 15 jours. C'est dire combien la Tunisie peut se faire entendre...pour peu que la volonté politique existe .

Dr. Néjib BOURAOUI (Politologue)
| 03-02-2019 11:57
Si vous avez des problèmes avec la France, il ne fallait pas impliquer l'Allemagne et le grand peuple allemand dans ces problèmes, tout en les taxant gratuitement de racistes!? L'Allemagne est l'un des rares pays occidentaux qui aident sincèrement et généreusement la Tunisie. Aujourd'hui, des centaines de jeunes étudiants tunisiens poursuivent leurs études dans des universités allemandes et nombreux sont les ingénieurs tunisiens formés en Allemagne qui occupent des postes de direction dans des multinationales en Tunisie et à l'étranger. En plus, l'Allemagne et la France sont deux pays amis à la Tunisie et qui aident généreusement notre pays à relever les défis de la phase de transition démocratique caractérisée par des tentions socio-économiques. Le peuple tunisien est très reconnaissant aux Allemands comme aux Français pour leur aide financière, technique, technologique et même administrative et juridictionnelle. Arrêtons donc SVP de traiter gratuitement de racistes les grands peuples allemand et français qui, d'ailleurs, sont et seront toujours à nos côtés, dans les moments les plus difficiles de notre histoire. Vive l'Amitié tuniso-allemande et vive l'Amitié tuniso-française !!

ali
| 03-02-2019 11:15
Les chinois sont de plus en plus nombreux en France.Ils viennent travailler ou plutôt apprendre les technologies dans les centres de recherches ouverts par les grandes entreprises chinoises comme Huawei en France et qui utilisent exclusivement des chercheurs français.Les deux plus grands centres de recherche de Huawei sont en France et en Allemagne et c'est de là que sortent les brevets 5G.Ce que vous dites à propos des salaires en Chine n'est pas exact.L'entreprise ou je travaille avait implanté un centre de recherche en Chine ou l'ingénieur chinois touche trois à quatre fois moins que s'il était en France ou que son homologue français.Les salaires en Chine sont équivalents à ceux des tunisiens et il n'y a ni retraite ni aides sociales et chômage comme en France.Les élites françaises ne se précipitent pas à l'etranger comme vous le dites,tout simplement parce que la France n'est pas un pays sous développés et la vie y est nettement meilleures que dans la plupart des autres pays.Je vous défie de trouver un seul médaillé fields de mathématiques ou prix Nobel parmi les africains,arabes compris,venus étudier en France.

Benje
| 03-02-2019 10:20
Oui si la France depuis toujours n'a pas fait payer des frais d'inscription supplémentaire aux étudiants africains et principalement les maghrébins c'est qu'elle trouve son compte été elle n'est pas perdante et il y a même un retour sur investissement :
1- actuellement dans les laboratories de recherches de certaines universités de province le nombre des thésards et chercheurs qui font tourner l'université sont des maghrébins . Avec la multiplication des frais d'inscription par dix le nombre des maghrébins va être divise par 10 alors beaucoup de labo et axe de recherche vont être supprimés. Une chute de nombre de publi et production scientifique signe par les maghrébins comptabiliser en France est à prévoir...
2- comme vous le dite amemnoon à props de Medecins et j'ajouterai les enseignants chercheurs et ingénieurs leurs nombre est approximativement dans certain CHU et établissement et la industrie approche 10% il suffit de lire par exemple l'organigramme de certain hôpitaux et cliniques à l'entrée ! D'où viennent ils c'est en grande partie les excellents et les meilleurs parmi les diplômes qui sont captés et encouragés à travailler en France qui en manque
3-tout ces cadres de hauts niveaux restes en France après quelques années de scolarité (3ans) en France sont arrivés après avoir fait leurs scolarité du primaire aux masters dans leurs pays d'origine et au frais de leurs pays d'origine la France n'a pas payé un sous pour ça c'est tout bénéfice pour la France et ça compense largement les frais d'inscription de tous

Forza
| 03-02-2019 09:49
L'Allemagne raciste ? et elle ouvre ses frontières a des millions de réfugiés et les nourrit, quelle logique ? Si on ne connait pas un pays, on ne le décrit pas. Chaque pays a des extrémistes mais Les deux pays comme beaucoup d'autres pays de l'Europe de l'ouest sont relativement au reste du monde libéraux et ouverts. Il ne faut pas décourager les jeunes en voyant des racistes partout, surtout dans le milieu universitaire et dans la haute technologie, c'est seulement la compétence qui compte. Même cette décision des autorités françaises n'a rien à avoir avec le racisme. Ils veulent plus de relation avec le sud est asiatique. C'est une question d'intérêts économiques. On doit encourager nos jeunes, ils doivent rencontrer le monde avec un esprit ouvert et non pas avec des préjugés el leur disant tous sont racistes et ne nous aiment pas.

Mansour Lahyani
| 03-02-2019 09:24
"A l'affut d'un enseignement plus prestigieux (...) les universités françaises".... Synda, un peu d'attention, tout de même : ce ne sont pas les universités qui sont à l'affût !