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Les enjeux du prochain congrès d'Ennahdha
29/02/2016 | 19:59
5 min
Les enjeux du prochain congrès d'Ennahdha

 

Le dixième congrès du parti Ennahdha devrait avoir lieu à la fin avril 2016. Il s’agit d’un rendez-vous important pour le parti islamiste mais aussi pour l’ensemble de la scène politique. Le parti, dirigé depuis sa création par Rached Ghannouchi, entame un virage qui ne sera pas facile à négocier.

 

S’il est un constat indéniable concernant le parti Ennahdha, c’st le fait que c’est un parti qui apprend de ses erreurs. L’expérience de la troïka et du pouvoir, juste après la révolution, a constitué un moment charnière de la vie du parti islamiste. C’est en se basant sur le bilan de cette expérience en plus de la situation régionale, particulièrement en Egypte, que Rached Ghannouchi a conclu, avec Béji Caïd Essebsi, ce qu’il est devenu commun d’appeler le pacte de Paris. C’est à partir de ce moment là que l’alliance entre Nidaa Tounes et Ennahdha a pris forme.

 

Aujourd’hui, les errements de Nidaa Tounes, pourtant gagnant des élections de 2014, ont permis à Ennahdha de redevenir le parti le plus représenté à l’assemblée des représentants du peuple. Pourtant, cela n’a pas bouleversé le pacte avec Nidaa Tounes ni impacté le travail gouvernemental. La seule incidence tangible est celle de la composition et des présidences de commissions à l’assemblée.

 

En fait, il ne saurait y avoir d’impact ou d’incidence car le vrai rendez-vous, attendu par les membres d’Ennahdha ainsi que par l’ensemble de la scène politique tunisienne, est le dixième congrès du parti islamiste. Ce congrès revêt une importance capitale car il va durablement changer l’identité même du parti.

 

Ainsi, parmi les sujets discutés, il y aura le changement du nom du parti. Même s’il s’agit d’une mesure que certains qualifieraient de cosmétique, il s’agit quand même d’une décision importante qui impactera l’identité du parti et lui permettra de se défaire de l’héritage « Ennahdha ». A ce nom restent accrochés des souvenirs pénibles comme l’expérience de la troïka. Changer le nom du parti permet, dans une certaine mesure, de se dissocier du passé. Il s’agit d’une manœuvre de marketing sûrement conseillée par  le cabinet américain, Burson-Marsteller.

 

Mais l’importance de ce congrès ne vient pas du fait de ces « mesurettes », il existe d’autres sujets autrement plus importants, qui seront discutés lors de cette réunion. Le premier d’entre eux est certainement le bilan de cette alliance avec Nidaa Tounes. En effet, certains membres dirigeants du parti islamiste ont eu beaucoup de mal à avaler la pilule de l’alliance avec le parti de Béji Caïd Essebsi. Comme les membres et les sympathisants de Nidaa Tounes, ceux d’Ennahdha ont eu du mal avec cette collaboration, d’autant plus qu’ils n’y ont vu aucun gain. Il est vrai qu’Ennahdha est représenté au gouvernement mais pas de la manière que souhaiteraient voir certains. Il s’agit là de l’un des choix du grand chef, Rached Ghannouchi, qui sera discuté et remis en cause par ses détracteurs.

 

Justement, cette question de chef sera aussi mise sur le tapis. Rached Ghannouchi est le président du parti depuis sa création en 1981. En juin prochain, le chef historique d’Ennahdha aura 75 ans et il commence à se faire vieux. Toutefois, une majorité de personnes ne se fait pas d’illusion sur le sujet et pense que Rached Ghannouchi est d’ores-et-déjà assuré de conserver son poste de président d’Ennahdha. Intervenant à ce sujet sur les ondes de Mosaïque FM, Abdellatif Mekki a éludé les questions. La seule information qu’il a daigné confirmer est le fait qu’il y aura plusieurs candidatures à la présidence du parti, sans donner de noms. Quel que soit le résultat concernant la présidence du parti, Ennahdha donnera une leçon de démocratie internet dont plusieurs partis gagneraient à s’inspirer, particulièrement l’allié au pouvoir.

 

La principale transformation qui sera discutée en sein du parti est celle de sa nature. La séparation entre l’aspect politique et la prédication est le principal sujet du dixième congrès d’Ennahdha. En effet, depuis sa création, Ennahdha s’est revendiqué comme étant un parti islamiste qui mêle allégrement le politique et le religieux. A un moment, le parti s’est vanté de son pouvoir dans les mosquées grâce justement à la prédication, pratiquée par ses disciples et faisant partie intégrante de son identité.  Aujourd’hui, la question qui se pose est de savoir comment Ennahdha va abandonner son aspect religieux pour se muer en parti politique classique, civil et « tunisifié ».

 

Négocier ce virage peut s’avérer dangereux pour le parti car certains de ses leaders ont acquis leur légitimité dans le parti grâce au travail de prédication. Ainsi, on peut citer Habib Ellouze et Sadok Chourou qui sont plus des cheikhs que des politiciens. A noter qu’ils ont tous deux été, d’ores-et-déjà, écartés des sphères politiques d’Ennahdha. Une autre mesure vient conforter l’idée de cette séparation entre prédication et politique, celle de la possible suppression du conseil de la Choura. Instance de décision par excellence du parti, le conseil de la Choura tient son appellation et sa légitimité par l’aspect religieux du parti. Sa suppression et son remplacement par un bureau politique ou exécutif élu donnera un aspect civil au parti. Ainsi, le remplacement du conseil de la Choura par un bureau élu relancera la question des prérogatives de ce bureau en opposition avec celles du président du parti. Il est fort à parier que cette question d’ordre structurel animera les débats entre les tenants de la suprématie du chef et ceux de la décision collégiale discutée au sein d’une instance élue.

 

Enfin, on ne peut évoquer le sujet du congrès d’Ennahdha sans évoquer sa méthodologie qui force le respect. Plusieurs dizaines de congrès locaux ont été organisés par le parti islamiste avant de passer, dans une étape supérieure, à l’organisation de 32 congrès régionaux qui ont tous discutés des principaux thèmes qui seront évoqués lors du congrès national. Le parti Ennahdha a ainsi tenu à faire participer le maximum de personnes à l’élaboration des décisions du parti. Ainsi, le congrès devra être la conclusion de plusieurs jours de travaux qui ont commencé au bas de la pyramide avant d’en atteindre le sommet.

 

Le dixième congrès d’Ennahdha est indéniablement un temps fort de la vie politique tunisienne. Certains observateurs affirment que la question du remplacement éventuel de Habib Essid, qui a alimenté plusieurs rumeurs, ne peut être décidée qu’après le congrès du parti islamiste. L’autre résultat attendu de ce congrès est de savoir qui sera le président d’Ennahdha et surtout quelles prérogatives aura-t-il ? Même si les résultats de ce congrès demeurent inconnus pour l’instant, force est de constater que son organisation et sa préparation sont irréprochables, contrairement à ce qui s’est passé à Sousse pour Nidaa Tounes, son allié au pouvoir.

 

Marouen Achouri    

29/02/2016 | 19:59
5 min
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Commentaires (8)

Commenter

tounsia2
| 01-03-2016 20:50
Félicitations pour ce commentaire à la fois enrichissant et très inspiré. . .
Merci

Gardien
| 01-03-2016 13:20
Il faut enfin le temps d'observer sérieusement les actions et activités de l'Ennahda et de Ghannouchi.Ils sont bien dirigé et mené.
Le nouveau pas pour jeter des bougies de brouillard et changer le nom pour se donner l'apparence d'avoir changé et faire oublier les Citoyens tunisiens
son rôle dans le temps après la Revolution et quand elle était au pouvoir! Elle veut blanchir son veste, mais elle n'a pas un veste propre !!!!

Il faut qu'on fait nu Ennahda et c'est le pouvoir de la presse, faire un journalisme investigant !!!

Ghannouchi et ses partisans sont en Train de détruire la démocratie en Tunisie, Avec Nidaa ils ont commencé et
ils ont réussit !

Il faut qu'on observe ce qu'il se passe dans la Turquie sous Erdogan-l'ami intime de Ghannouchi et tout les états wahabites - pas plus de liberté pour la presse, arbitraire de la justice ou mieux dit, la justice sous curatel de Erdogan, persécution de ceux qui ont un avis contraire,tentative de Erdogan de changer la constitution et poursuivre l'islamisation des lois et de la société,faux accusations etc.,etc.,etc.......
Ca serait plus pire que la dictature sous Ben Ali.
L'économie de la Tunisie se trouve sur terre par l'incapacité par ses extrémiste caché,
Le tourisme est détruit en grande partie et ainsi l'influence de la vie de l'ouest et l'exemple pour ce qui pourrait arriver dans la Tunisie en vivre et voyager en liberté,un niveau plus haut de la vie, pas de curatel des imams et décider soi-même ce qu'on veut croire.

Les ISLAMISTES veulent détruire la tolérance aux l'autres et aux l'autres religions et séparer la Tunisie de tous les états de l'ouest!

Ne laisez pas vous tromper par ces hypocrites et intrigants, commencez enfin à ouvre vos yeux - ce danger ne disparaît pas de soi-même - il grandit Avec chaque jours !!!!!!

MFH
| 01-03-2016 12:48
BCE est la cause de la décomposition. C'est bien lui qui nous a fourré dans cette impasse, par mauvais calcul ou par naïveté politique, peu importe. Il doit donc assumer et s'atteler à redresser la barre..., au risque de couper court avec l'alliance. Le peuple n'a pas voté pour avoir les obscurantistes sur le dos.

veritas
| 01-03-2016 11:47
http://m.tunisie-secret.com/Un-gamin-du-FMI-dicte-ses-lois-a-la-Tunisie_a1537.html

veritas
| 01-03-2016 10:40
David Cameron a ordonné de black lister la confrérie des frères terroristes(musulman) sur la liste des organisations terroristes ,le congrès américain va décider dans quelques jours de mettre la confrérie des terroristes sur la liste des organisations terroristes aussi ,ennahba est une antenne de cette sale confrérie il est inconcevable de continuer de travailler avec une antenne de la maison mére terroriste ,le président tunisien doit cesser toute collaboration avec le parti voyou et terroriste d'ennahba toujours Fidel a la philosophie des frères terroristes musulman.
Pour le tourisme tunisien il est hors de question que les européens envois leur ressortissant gouverné par un des islamistes terroristes,le jour de la disparition d'ennahba du paysage politique tunisien il y'aura 20 millions de touristes par an .
il faut interdire tout parti islamiste en tunisie,les partis islamistes signe de division de guerre de division de misère de haine et de régression .

CONQUERANT
| 01-03-2016 09:46
Le ravalement de façade on s'y prépare mes amis !
Le parti Islamiste, ANNAHDHA, est en train de dépoussiérer ses étals et de lustrer sa devanture idéologique pour être moins répulsif et agréger autour de lui.
Les stratèges, qui veillent sur l'ordonnancement des choses, ont décidé de lui faire subir une cure de désintoxication idéologique afin qu'il soit plus présentable maintenant que l'autre outsider est à terre et probablement pour longtemps.

Comment organiser le grand ménage de printemps ?

Commandement N° 1 : Sur le modèle du Grand frère du Bosphore, tu t'aligneras.

Il est vrai que les membres de l'AKP (Parti de la Justice et du développement turc), qui ne renient rien de leur matrice originelle, se présentent avec des allures modernes (Costume-cravate, barbe rasée) à faire pâlir de jalousie plus d'un turban. Ils ressemblent davantage à un parti chrétien-démocrate qu' à une mystérieuse tribu surgie du fin fond de l'Anatolie.
Un exemple à suivre donc, de ce côté-ci de la méditerranée.
Dans cet ordre d'idées, il ne m'étonnerait pas, d'ailleurs, que l'entreprise Américaine Gillette, grande pourvoyeuse d'hygiène, soit appelée à la rescousse, voire-même être le sponsor du prochain congrès d'ANNAHDHA en distribuant aux congressistes des rasoirs et des crèmes à raser pour compléter le tableau.

Aux oubliettes les « Chocotom » de la campagne 2011

Commandement N° 2 : De l'aide, tu demanderas

Histoire de se débarrasser de ces toisons hirsutes qui font tâche dans le décor ANNAHDHA ne lésinera pas sur les moyens en embauchant des jeunes formés dans les meilleurs cabinets de consulting ayant fait leurs preuves en Europe et outre atlantique. BURSON-MARSTELLER fera l'affaire par exemple. Ne sont-ils pas spécialisés dans les Etudes marketing et planning stratégique ; Corporate ; Marques ; Life style et les Nouvelles Technologies ?
Aucune expérience n'est à négliger.
Commandement N°3 : De bons outils tu choisiras.
On est moderne ou on ne l'est pas. Il se murmure de plus en plus auprès d'une jeunesse pleine d'allant que l'on recourra désormais aux SMS pour élire les futurs dirigeants. Ringardisées les calculettes et autres bûchettes.
Commandement n°4 : Tes affaires, tu trieras
Le but du jeu : ne conserver que ce qui en vaut vraiment la peine. Les valeurs sûres seront astiquées et briquées, peut-être même momifiées pour servir encore.
Commandement n°5 : Ta demeure, tu rangeras.

Comment faire ? En répartissant l'ensemble en trois tas :
- d'un côté, ce que l'on est sûr de vouloir garder,
-de l'autre, ce que l'on est sûr de vouloir jeter.
-pour les objets sur lesquels on hésite, on les stockera quelque temps dans une boîte prévue à cet effet pour les refiler après aux futurs alliés, histoire de garder un 'il sur le fonctionnement interne du parti adverse.
On n'est jamais assez prudent.
Commandement n°6 : Dans les moindres recoins la poussière, tu traqueras
On aspirera soigneusement chaque centimètre carré de la maison pour en déloger poussières et acariens.
Au rebut les ELLOUZ et autre CHOUROU, témoins gênants d'un temps révolu.
Commandement n°7 : Le linge de maison, tu nettoieras
On lavera à l'intérieur et à la machine le linge défraîchi et on évitera soigneusement de l'étaler à l'extérieur, on ne fera pas comme les voisins. Cela fait mauvais genre. C'est bien connu le linge sale se lave en famille.
Si des Jbéli ou des Dilou manifestent des états d'âme on les lavera et au besoin on les polira à la ponceuse. Tout ce qui n'est pas conforme à la nouvelle ligne du parti sera redressé.

Commandement n°8 : Ta maison, tu aseptiseras
L'idée c'est de débarrasser la maison de tout ce qui ne respire pas la fraîcheur, la modernité.
Au frigo les mets qui craignent la surchauffe ou la salmonelle.
Commandement n° 9 : Ta maison tu blanchiras de l'extérieur.
Un nouveau nom, un nouveau sigle pour faire moderne et clinquant. Aux oubliettes les couleurs sépia jaunies sous le harnais des années de braise.
Commandement n°10 : Au grand manitou, tu obéiras
Il connaît les besoins de tout le monde, sait récompenser et châtier à l'occasion. C'est par sa grâce et à travers son pardon que l'on obtient le salut.
Sans faire de bruit et dans des rangs serrés, ANNAHDHA se prépare à conclure avec le pays un bail emphytéotique (Bail de longue durée) maintenant que la voie est libre. Plus rien ne s'oppose au vol de la colombe un temps attirée par une escale technique sur un palmier rongé de l'intérieur par un charançon rebelle.
Quant au marteau et à la faucille, oxydés et lestés par leurs poids respectifs, ils sont moins agiles pour atteindre les hauteurs et traquer une colombe plus véloce que jamais.

Annahdha aura la durée pour elle pour faire ce qu'elle n'a pas pu réaliser du temps de la Troïka : en clair islamiser, par touches successives, le pays.

Et, Nidaa Tounes ? Il n'évoquera pour certains que « Gloria Swanson » dans Boulevard du crépuscule.

Gardien
| 01-03-2016 00:17
Burson-Marsteller est connu pour faire de blanc noire , d'une crime un bienfait - mais toujours pour beaucoup d'argent!

Ca veut dire, qu'il y a sûrement des personnes ou entreprises qui sont intéressé que Ennahda perd son mal Image en Tunisie et réussit en son chemin au pouvoir !!!

Il faut toujours observer l'Ennahda et Ghannouchi - mais les Tunisiens sont souvent sans expérience dans les intrigues politiques.

C'est souvent la volontée du pouvoir et la corruption qui dirigent le monde.

Faites attention à ce qui se passe à cet congress de l'Ennahda et particulier comprendre que le changement des vêtements ne Change pas les personnes et ses buts !

tounsia2
| 29-02-2016 22:00

« Il s'agit d'une man'uvre de marketing sûrement conseillée par le cabinet américain, Burson-Marsteller, Dixit Marouen Achouri »

Ennahda est guidée (orientée) par le cabinet Burson-Marsteller, LE manager du parti, payé à coup de milliards de dinars et qui conseille la conduite à suivre à des adhérents qui ont déjà déclaré leur allégeance au mouvement islamiste, ce qui fait que ces derniers donnent l'air d'être disciplinés, mais en fait, ils sont plus dangereux, car ils ne font qu' appliquer aveuglement les ordres. . .