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Chroniques
Les droits de l'Homme et Chokri Belaïd ne sont pas incompatibles
05/02/2017 | 16:39
3 min

Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, inaugurera lundi 6 février 2017, date du 4ème anniversaire de l’assassinat du leader de gauche Chokri Belaïd, la nouvelle place Chokri Belaïd en face du palais des congrès en plein centre ville. En vérité, cette place existait avant, depuis prés de vingt cinq ans et connue sous l’appellation de place des droits de l’Homme. Demain, nous ne ferons que changer son ancienne appellation de « place des droits de l’Homme » par une appellation nouvelle « place du martyre Chokri Belaïd ». Du coup, nous gagnons une place pour commémorer et rendre hommage à l’une des figures les plus influentes après la révolution. Mais nous perdons une place qui était censée mettre en valeur notre attachement aux valeurs universelles des droits de l’Homme. Pourtant, dans son action politique, le martyr Chokri Belaïd a toujours défendu la démocratie, les libertés et les droits de l’Homme.

 

En 1992, l’Institut Arabe des Droits de l’Homme, s’est vu décerner le prix de l’UNESCO en reconnaissance de sa contribution exemplaire apportée au développement de l’enseignement des droits de l’Homme. Préparant les élections présidentielles de 1994 et dans un souci évident de récupération, le pouvoir en place a entrepris d’aménager un terrain vague longeant l’avenue Mohamed V et l’a baptisé place des droits de l’Homme. Au centre de la place s’érige d’ailleurs jusqu’aujourd’hui, une reproduction du prix reçu par le président de l’Institut Arabe des Droits de l’homme, feu Hassib Ben Ammar, des mains du secrétaire général de l’UNESCO. Le pouvoir en place, qui voulait encore se faire passer pour un pouvoir respectueux des libertés publiques et privées trouvait son compte. Les militants des droits de l’Homme, plus soucieux de diffuser par tous les moyens les valeurs des droits de l’Homme,  aussi.

 

Pour rappel, Hassib Ben Ammar faisait partie du groupe des ministres et des dirigeants destouriens qui ont démissionné de leurs postes et claqué la porte du PSD pour protester contre l’absence de démocratie aussi bien dans le pays qu’au sein du parti unique au pouvoir. Certains parmi eux, dirigés par Ahmed Mestiri se sont engagés dans l’action politique et ont créé le Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS). D’autres, comme Hassib Ben Ammar, ont choisi de lutter pour les libertés, la démocratie, les droits de l’Homme, et contre l’autoritarisme, le parti unique, la torture et la précarité sociale. C’est ainsi que Si Hassib, comme on aimait l’appeler, a créé le journal Errai, contribué largement à créer la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), puis l’Institut arabe des droits de l’Homme (IADH). Enfin, il y a eu ceux qui sont restés discrets, comme Béji Caïd Essebsi, qui a tenu à rester dans « l’antichambre de la République », ce qui lui a valu de réintégrer assez rapidement le giron du pouvoir, soit comme membre du gouvernement, soit comme membre du parlement.

 

Pour rappel aussi, Hassib Ben Ammar est le frère de la grand-mère de l’actuel chef du gouvernement Youcef Chahed, feu Radhia Haddad, elle aussi une grande militante et une femme très courageuse qui a réussi à tenir tête à Bourguiba.

 

Pour l’heure, il est évident que nos objectifs en matière de diffusion des valeurs des droits de l’Homme ou en matière d’éducation des droits de l’Homme ne sont pas atteints encore. L’existence d’une place publique  en l’honneur des valeurs humanistes dans leur universalité et leur complémentarité peut contribuer à la diffusion de ces valeurs d’autant plus qu’elles ne sont pas incompatibles avec le respect  et la reconnaissance que nous devons à nos martyrs en général, et particulièrement au martyr Chokri Belaïd.

 

Tout porte à croire que le président de la République a pris cette décision, de changer l’appellation d’une place publique, à la hâte. Une manière de montrer qu’il est toujours attaché à l’une de ses principales promesses électorales. Manière trop formelle pour être efficace, car ce qui est attendu du président de la République, c’est d’aider les Tunisiens à trouver une réponse à la question lancinante depuis quatre longues années : « Qui a tué Chokri ? ».

05/02/2017 | 16:39
3 min
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Commentaires (12)

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JAGHMOUN
| 08-02-2017 01:03
BREJNEV DE LA TUNISIE.
il debarque sur un tapis rouge soit
disant de noir vetu et qualbac noir
jouant une comedie politique.
avec un air tristounet et voix de tenebre,il embrasse asma la veuve de
chokri,le pere,le frere et la fille.
LE FILM SINISTRE d'une plaque en
marbre avec son nom gravé en or pour
rester a vie et dire oh beji le boss.
or c'est ridicule et mesquin cette
parade de mauvais gout,et cette
plaque de beji le dieu superieur.
comme disait notre ami sofiane ce beji
c'est toujours eclipsé pour se cacher
et reaparaitre pour denicher un poste
sans avoir jamais militer ou avoir
defendu un principe de loyauté.
il a bien profité du vide politique
pour confisquer la revolution et
remettre le systeme presidentiel
dominant sur tout que les tunisiens
ont voulu l'ecarter par le sacrifice
du sang et a leur tete LE TENOR CHOKRI
BELAID SUPERIEUR A BEJI DE TOUS LES
POINTS DE VUE,UN PATRIOTE WELD CHAAB

mon pays
| 06-02-2017 16:40
Je lis dans quelques journaux qu'Ennahda n'est pas sur la liste des terroristes et c'est comme par hasard que la date de l'assassina de Chokri, on récompense Ennahda par cette décision ! Mais heureusement, ce n'est pas sûr c'est de la propagande!

slalom
| 06-02-2017 08:17
"l'assassin se cache
Derrière ses moustaches
Ses lunettes de myope
et son regard de taupe"

ça y est je le connais!!

Givago
| 06-02-2017 05:40
On dormira que d'un seul oeil tant que les tenants et aboutissants de ces meurtres ne sont pas divulgués. Et ce qu'a fait notre president n'est qu'un cataplasme sur une jambe de bois aprés ses promesses (non tenus)maintenant où vont les choses on votera pour personne avant de savoir la vérité sur qui,pourquoi,comment.et au pluriel.

Juste pour dire ...
| 06-02-2017 02:33
Crédulement gavé de promesses globalement non tenues, dont la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd et l'impossible alliance avec Ennahdha, le "Petit peuple", y a cru.

Tout optimiste, il a couru massivement aux urnes en 2014, pour mettre en place un président très vieux qui, à la surprise générale, a tourné dos à ses engagements .

Il a décidé de partager, voire même léguer, le pouvoir avec une mouvance résolument fanatique guidée par les principes de la Charia , rêvant d'un Califat à l'image de Soliman le Magnifique et fidèle irréductible aux Frères musulmans se réclamant inspirée par l'esprit divin, qu'elle s'efforce médiocrement de dissimuler sous la gloire de leur innocence, de leur démarcation des Frères, de leur sagesse et de leur présumée imprégnation démocratique.

Hélas ! aujourd'hui, ose-t-on croire encore que la Tunisie a toujours un président, aujourd'hui, ose-t-on croire aussi que la Tunisie a toujours un gouvernement qui peine à sortir le pays de l'inertie , qui peine à maîtriser l'inflation, le chômage, la corruption, les puissances d'argent, la contrebande, ose-t-on croire encore que la Tunisie a toujours des députés qui brillent par leurs absences ?

Osons du moins témoigner que ce mouvement Ennahdha, qui est toujours décrié par des foules toujours grossissantes, déterminées à découvrir la vérité de l'assassinat de Chokri Belaïd... avait, sous nos yeux, conduit le pays de crise en crise et qui sous peu a failli basculer dans le chaos et la décomposition.

Aujourd'hui plus que jamais, cet amer constat devra désormais nous imposer le devoir d'en tirer des enseignements quant à notre avenir et à celui de nos enfants avant de nous préparez à courir aux urnes ! et de ne plus boire crédulement leurs promesses qui, le lendemain, forcément, se révéleront mensongères...

Allah yar7am Chokri

bahr
| 05-02-2017 22:22
Bravo SBH pour ce papier même si, par ce dernier, tu as ravivé le feu d une douleur toujours brûlante.
J espère que BCS et toute son équipe, ne cherchent pas, par cet acte, à passer aux côtés des droits des morts.

tounsia2
| 05-02-2017 20:59
La vérité sur l'assassinat de Chokri Belaid est une nécessité sans la quelle nous ne pourrons pas avancer en toute confiance vers l'avenir; Comment peut-on avoir confiance quand on sait que les assassins de Chokri Belaid sont toujours libres et que justice n'a pas été faite? Comment peut-on accepter la présence des islamistes au sommet de l'État sachant qu'ils étaient au pouvoir lors des faits et que jusqu'à ce jour, ils n'ont pas répondu de leurs responsabilités, au moins les responsabilités politiques et morales ? Comment peut-on avoir confiance en un Président de la République qui ne tient pas ses promesses et décide seul et contre la volonté de ses électeurs de s'engager dans une alliance contre nature qui blanchit ceux qui ont le sang de nos martyrs sur les mains ?

Ma conviction est qu'il n'y a pas de volonté politique sincère chez nos gouvernants pour faire la lumière sur les assassinats politiques, mais nous n'arrêterons jamais de réclamer la vérité jusqu'à ce que justice soit faite et que nos Martyrs puissent enfin reposer en Paix !

déja-vu
| 05-02-2017 19:32
Et comment voulez-vous qu'il aide les Tunisiens à trouver cette réponse à cette question lancinante?!

En empechant ses fidèles camarades de s'empetrer dans des votes ambigus, peut-être ?!

mon pays
| 05-02-2017 19:25
Tant que le président sous estime le peuple Tunisien et sons intelligence,il ne va jamais résoudre leurs problèmes! Monsieur le président, vous pouvez même mettre le nom de Chokri sur le Palais de Cartage, ça ne change rien Tant qu"on ne connait pas qui a tué Chokri!Tout ça c'est du poudre aux yeux !Donc nous nous voudrons pas moins que savoir les vrais assassins!!!

tati
| 05-02-2017 19:04
la place des droits de l'homme n'a jamais été un terrain vague , ça a toujours été une belle place , elle s'appelait place Kennedy.et ceux depuis l'ère de Bourguiba et non pas du (pouvoir en place ! ).