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Tribunes
Les dessous de la manœuvre de M. Caïd Essebsi !
17/06/2016 | 12:28
4 min
Les dessous de la manœuvre de M. Caïd Essebsi !

 

Par Hédi BEN ABBES

 

On croyait avoir touché le fond déjà, mais visiblement il y en a qui ont pris le pari d’aller chercher les abysses et de mettre la Tunisie plus bas que terre. Ce qui se trame dans les coulisses derrière la fausse bonne idée de former un gouvernement d’union nationale est une véritable opération hold-up contre les institutions de l’Etat et contre le projet démocratique.

 

Premièrement, le président de la République est en train d’outrepasser ses prérogatives et de prendre tous les pouvoirs en main sous le fallacieux prétexte de faire des consultations. La Constitution est claire à ce propos, le pouvoir est aux mains des représentants du peuple, lesquels représentants peuvent démettre le chef de gouvernement ou le maintenir dans son poste selon les conditions qui y sont définies. Ce n’est pas au président de prendre l’initiative de chambouler le fonctionnement du pouvoir législatif et de l’exécutif à sa guise.

 

Deuxièmement, le timing et la méthode choisis par le président pour faire une telle proposition témoigne à la fois d’un amateurisme politique affligeant, d’un manque de respect pour les institutions, d’une ignorance totale des répercussions sur l’activité économique du pays et sur la paralysie que cela a provoqué dans tous les rouages de l’Etat et finalement d’une indifférence totale quant à l’opinion publique et le devenir du projet démocratique dans le pays. Est-ce le moment d’entreprendre une telle initiative et de déstabiliser l’appareil de l’Etat de cette manière alors que la lutte contre le terrorisme et les défis économiques prennent un tournant critique ? Dans les démocraties qui se respectent, les concertations et la mise en place d’un gouvernement se font en amont de toute annonce publique pour ne pas perturber le fonctionnement de l’appareil de l’Etat et créer une instabilité supplémentaire avec toutes ses répercussions sur l’image du pays et la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs.

 

Troisièmement, changer le chef du gouvernement pourquoi faire ? L’idée est, encore une fois, un leurre car s’il est vrai que les performances de M. Habib Essid sont discutables, il n’est pas sûr que l’objectif réel derrière cette volonté de le limoger, comme un mal propre, est la recherche d’une plus grande efficacité. Deux hypothèses concourent à expliquer un tel acharnement. La première est la volonté de mélanger les cartes à nouveau et permettre au clan du président et leurs alliés, au comportement douteux, de prendre le pouvoir à travers la nomination d’un nouveau chef du gouvernement complètement à la solde du clan. L’objectif est de mettre la main sur tous les rouages du pouvoir et principalement la présidence du gouvernement et le ministère de l’Intérieur dans la perspective des élections municipales et législatives, à travers des nominations de complaisance dont les seuls critères seraient le larbinisme et la servilité. De plus, la pseudo-nouvelle « architecture » du gouvernement présentée par la présidence de la République est anticonstitutionnelle, car elle ampute la présidence du gouvernement d’une partie importante de ses prérogatives, à savoir la tutelle de tous les ministères et du ministère de l’Intérieur en particulier. C’est une entorse intolérable dans un régime parlementaire.

 

La deuxième hypothèse réside dans la volonté de faire sauter le verrou Essid qui jusqu’à présent cherche à préserver l’Etat contre la volonté de certains mafieux, en refusant de signer des nominations douteuses et en s’opposant au retour des caciques du RCD au pouvoir et de l’ancienne machine.

 

Ce que notre « cher » président ignore c’est que la Tunisie a changé, et qu’il est en train de cultiver les germes d’un nouveau soulèvement dont les conséquences seraient dévastatrices pour le pays, compte tenu de l’absence d’une véritable alternative politique et du danger que représentent les coupeurs de tête et les ennemies de la démocratie.

 

J’appelle tous les partis épris de démocratie et d’amour pour ce pays, tous ceux qui veulent éviter à notre pays la catastrophe qui se dessine à l’horizon, de se dresser comme un seul Homme pour défendre notre pays et nos institutions, encore très fragiles, contre le nouveau népotisme et la nouvelle tentative de réinstaller au pouvoir une coalition entre l’ancien régime et les arrivistes. Le timing choisi pour tromper les Tunisiens est vicieux car cela va surprendre tout le monde au moment où on est plongé dans les célébrations de la fin du Ramadan et de l’Aïd.

J’appelle tous les partis politiques qui croient encore en la démocratie de s’opposer de la manière la plus pacifique et la plus légale à cette mascarade digne des républiques bananières. Je les appelle à prendre l’exemple des pays de l’Est et de la tentative des anciens régimes de revenir au pouvoir et faire avorter le projet démocratique en profitant du désespoir de la population. Je les appelle à assumer leurs responsabilités historiques puisque M. Caïd Essebsi veut aller contre le sens de l’histoire comme présenté dans un précédent article que j’ai publié sur Businessnews (18 janvier 2016) sous le titre « La responsabilité historique de M. Béji Caïd Essesbi ». Pour la sortie de crise j’ai modestement présenté quelques pistes qui sont encore consultables sur Business News.

 

 

*Universitaire et dirigeant d’entreprise

17/06/2016 | 12:28
4 min
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Commentaires (35)

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Rina
| 20-06-2016 19:37
Qui a nommé Essid chef du gouvernement et l'a conservé pendant presque 2 ans? Je serai heureuse de connaître ta réponse !!! Quand tu auras répondu tu commenceras à réfléchir et si tu réfléchis bien tu auras honte à te mesurer au Dr Abes qui a fait science Po!!!!

M. Bouanane
| 20-06-2016 18:50
Comme toujours, il écrit pour ne rien dire, alors qu;il y a plein d'autres arguments valables qui peuvent être avancés contre l'idée de gouvernement d'union nationale ou son timing.

"La deuxième hypothèse réside dans la volonté de faire sauter le verrou Essid qui jusqu'à présent cherche à préserver l'Etat contre la volonté de certains mafieux, en refusant de signer des nominations douteuses et en s'opposant au retour des caciques du RCD au pouvoir et de l'ancienne machine."

H. Essid est lui meme de l'ancien régime, son directeur de cabinet est de l'ancien régime...

"J'appelle tous les partis épris de démocratie et d'amour pour ce pays, tous ceux qui veulent éviter à notre pays la catastrophe qui se dessine à l'horizon, de se dresser comme un seul Homme pour défendre notre pays et nos institutions, encore très fragiles, contre le nouveau népotisme et la nouvelle tentative de réinstaller au pouvoir une coalition entre l'ancien régime et les arrivistes."

Qu'a fait M. Ben Abbes quand il était ministre et conseiller a la présidence de la république pour éviter au pays la catastrophe de la troika nahdhaouiste, qu'elle ne devienne pas une république bananière, contre le retour de l'ancien regime et contre le népotisme de ses allies islamistes et de son patron M. Marzouki, contre la corruption...???

Un papier d'une niveau très misérable.
Affligeant !

el khlifi mokhtar
| 19-06-2016 12:33
c'est vraiment affligeant de lire ce papier jusqu'au bout tant il recèle de la haine , de la mauvaise foi et une méconnaissance patente de la situation que traverse la pays.Comble de la mauvaise foi, ce n'est pas BCE qui va tout fixer.Ce sont toutes les parties présentes à ce dialogue de la dernière chance qui vont s'entendre sur le dénominateur commun et la personnalité la plus apte à diriger.

belmastouri
| 18-06-2016 18:56
l'état est le monstre le plus froid de tous les monstres froids dont le mensonge le plus aberrant consiste a dire "Moi l'état je suis le peuple"; et que dire si le peuple en été il met hors service tout ce qui a trait a la pensée ce sont les vacances ; et l'état profite de cette période pour passer les augmentations des prix et les projets diaboliques orchestrés par notre parrain la France: nous méritons plus que ça nous avons élu '''' '''' '''' '''''

stouramed
| 18-06-2016 13:34
BCE s'en prend aux institutions sans aucune intention de corriger. Il ne cherche qu'à leurrer en imitant Bourguiba.Il s'est avéré un carnassier

CONQUERANT
| 18-06-2016 13:14
Je suis absolument de votre avis « Rina ». Aucun ministre ne démissionnera parce que d'une part, ce n'est pas encore suffisamment ancré dans la culture Tunisienne et d'autre part, par intérêt.
Beaucoup sont là, non pas pour le bien de la Tunisie, mais pour d'autres buts (Une mentalité d'avides intéressés, Tama3a, dirions-nous en langage crû).
Qu'en est-il au plan strictement institutionnel?
Oui, le Président de la république nous prépare un putsch constitutionnel avec la complicité active d'Annahdha, non qu'elle ait pour ce dernier les yeux de Chimène (Un amour fou et démesuré) mais par calcul, elle-aussi. Elle y a absolument intérêt car elle n'a pas encore fini d'islamiser totalement l'État et le pays (Regardez le despote Erdogan, la référence de R. Ghannouchi, en la matière. Il a mis dix ans avant de déstructurer l'État laïque Turc et de devenir l'homme le plus puissant du pays, il vient d'écarter à la fin du mois de mai 2016 son premier ministre : Ahmet Davutoglu, pas assez Islamisant à son goût et remplacé au pied levé par un fidèle parmi les fidèles.)
Il faut, donc, au parti islamiste un complice d'étape (Un régional de l'étape diront les coureurs cyclistes) et du temps pour parachever la destruction de l'État et son remplacement par un épigone.
Quant au complice, il est là à Carthage, il existe et il est malléable à souhait dans la mesure où il y trouve, lui-aussi, un intérêt immédiat.
Reste le facteur temps, il sera fourni par le gouvernement d'union nationale qui ne sera en réalité qu'un paquetage à l'adresse des pigeons crédules et des faillis ; c'est à dire un cheval de Troie destiné à faire passer tout et son contraire, le temps que la secte frériste peaufine la démolition.

Constitutionnellement, BCE peut, en application de l'article 99 de la constitution de janvier 2014 demander à l'assemblée des représentants du peuple de statuer sur le sort du chef de gouvernement :
Le texte est clair :
« Le Président de la République peut demander à l'Assemblée des représentants du peuple de procéder à un vote de confiance au gouvernement, au maximum 2 fois pendant le mandat présidentiel. Le vote se fait à la majorité absolue des membres de l'Assemblée des représentants du peuple. Si cette dernière ne renouvèle pas sa confiance au gouvernement, il est considéré démissionnaire et le Président de la République se charge de désigner la personnalité la plus apte à former un gouvernement dans un délai de 30 jours conformément aux paragraphes 1, 5 et 6 de l'article 89. »

Politiquement, BCE ne pourra pas !

Car il y a un très grand risque que l'assemblée des représentants du peuple n'aille pas dans le sens qu'il le souhaite.
Pourquoi ?
Deux raisons majeures à cela,
Parce que Habib Essid a déjà obtenu la première fois la confiance de l'assemblée des représentants du peuple lors de la constitution de son gouvernement. Il y a, donc, de fortes chances pour qu'il l'obtienne une deuxième fois. L'homme compte encore quelques appuis quoi qu'on en dise, ils sont simplement tapis dans l'ombre. Et, là c'en est fini pour BCE, il ne lui restera, constitutionnellement, que la démission.
Ensuite, il faut savoir qu'outre les opposants classiques que BCE a déçus à l'assemblée, il y en a d'autres et -comble du paradoxe- ils se recrutent parmi les siens. Ce sont les ex, les frondeurs, les laissés pour compte. Ces électrons libres ne seraient pas fâchés d'asséner le dernier coup de grâce à un Président qui s'est encanaillé avec d'autres au détriment des historiques et des légitimistes, et qui promeut, par-dessus le marché, son fiston (Le premier coup de grâce fut d'avoir déserté ostensiblement les rangs de Nidaa pour constituer un autre groupe « Al Horra »).

Par conséquent, l'opération n'est pas totalement assurée devant l'assemblée. Ce n'est pas gagné. C'est même craignos comme on dit trivialement.
BCE, qui connaît au bout des doigts son dada favori : « ILLI YIHSIB WAHDOU YOUTHOLLOU » ne poussera pas l'outrecuidance jusqu'à aller au suicide politique. ce n'est pas sa marque de fabrique.
Il ne le fera pas !
Il ne lui reste, donc, qu'à pousser le docile Essid à une démission honteuse sans le passage par un vote de confiance.
Et, c'est cela qui est moche et amoral(étranger totalement à la morale, à ne pas confondre avec Immoral où il y a malgré tout un brin de moralité).

Ça n'en a pas l'air, mais ça calcule à Carthage''

tunisien fugitif
| 18-06-2016 11:55
franchement je m'arcboute et me plie en quatre devans vous, c'est çà qu'attend la tunisie des calibres et des icones pareils pour pouvoir décoller, effectivement des ananlyses et des analyses contradictoires dans le respect mutuel et non pas des propos bellicistes et des accusations à tord et à travers sans fondement comme le fait monsieur le démystificteur universel et monsieur le bourguibiste nationaliste car quand on rampe 23 ans sous les semelles d'elhajam et ses sbires et acolytes et on se cache comme des rats au lendemain du 14 janvier on ne devient jamais un homme (yabta chouwaya) nari ala tounes!

Rina
| 18-06-2016 11:27
personne ne défend Essid, il a échoué, ce n'est pas un homme politique et encore moins un technicien, il n'a aucun charisme et n'a pas la carrure d'un meneur d'homme. Ca tout le monde le sait. D'abord il a été choisi par BCE et nahdha donc ils doivent assumer leur responsabilité. De plus BCE veut se servir de son propre échec pour placer ses hommes et les hommes de son fils au pouvoir avec la complicité d'Enahdha pour préparer les prochaines élections.
Il faut changer de gouvernement et de premier ministre mais pas au profit des *** donc il faut maintenir Essid en attendant de former un autre gouvernement avec un autre 1er ministre sans les ***. Un gouvernement désigné par le parlement et non par le Président

Rina
| 18-06-2016 10:37
Des questions me taraudent: pourquoi aucun ministre et aucun conseiller n'a démissionné de ses fonctions face à cet échec de l'exécutif dans son ensemble comme le reconnaît BCE? Pourquoi aucun n'a démissionné pour protester contre ce qui se prépare contre la Tunisie et contre sa population? Pourquoi aucun n'a fait comme Mr Abes quand il a claqué la porte pour protester contre les mauvaises intentions de Marzouki et ses sbires ? et avait refusé de rentrer dans le gouvernement de Ali Larrayedh car c'était la continuité de la main mise sur les postes importants par Ennahdha? Pourquoi aucun de tous ces arrivistes ne veut sauver son honneur et empêcher BCE de nuire à la Tunisie? Pourquoi aucun ne dit la vérité concernant les mafieux qui se préparent à prendre le pouvoir alors que tout le monde sait qu'ils sont archi-nuls et dangereux? ils savent que des types comme Jarraya, Karoui, HCE, veulent prendre le pouvoir directement ou indirectement? Ils n'ont aucun niveau intellectuel, aucun diplôme, aucune culture, aucune expérience politique, et veulent mettre la main sur le pays avec la complicité d'Enahda qui va leur dicter comment faire? c'est à pleurer sur la Tunisie et sa révolution !

Mounir
| 18-06-2016 08:10
Le politicien que vous défendez, Mr. Essid, était le conseiller de Mr. Hamadi Jébali qui voulait abolir le parlement et imposer un califat. Mr. Essid est ainsi tellement flexible que l'on se demande s'il a des principes ou s'il se vend à tous ceux qui lui offrent un poste de pouvoir politique. Mr. Essid est tout simplement opportuniste.