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Les boucs émissaires de Nidaa Tounes
30/01/2015 | 19:59
5 min
Les boucs émissaires de Nidaa Tounes
L’actualité tunisienne est aujourd’hui obnubilée par la composition du gouvernement Essid. Les fuites se multiplient et le pays est en attente de la nouvelle équipe gouvernementale, sachant que Mehdi Jomâa a déjà présenté la démission de la sienne. Plusieurs partis se disputent les postes ministériels. Le tout, pour faire en sorte que le gouvernement obtienne la confiance de l’Assemblée.

La différence majeure entre le premier gouvernement proposé par Habib Essid et la version révisée qu’il devrait présenter lundi 2 février est l’intégration d’Ennahdha. C’est actuellement la réelle pomme de discorde dans la composition et au sein même de Nidaa Tounes. Chokri Mamoghli, ancien secrétaire d’Etat et membre du bureau exécutif de Nidaa Tounes, n’y est pas allé par quatre chemins. Dans un post Facebook daté du 29 janvier il déclare : « J'ai défendu Nidaa, j'ai appelé à voter BCE, je suis pour une certaine ouverture sur Ennahdha. Plus que ça, je fais partie du Bureau Exécutif de Nidaa. Je considère cependant que l'entrée de Mehrezia Laâbidi au gouvernement est un casus belli. Si cette ligne rouge est franchie, je déclare la guerre à tout le monde. Je n'irai pas de main morte ». Autant dire que l’intégration d’Ennahdha dans un gouvernement sous la houlette de Nidaa Tounes pose beaucoup de problèmes.

Pour contourner ce cas épineux, certains au sein de Nidaa Tounes tentent de se défausser sur d’autres parties politiques qui sont principalement Afek Tounes et le Front populaire. Ils défendent en cela cette thèse : si ces deux formations politiques avaient accepté de faire partie du gouvernement sans poser de conditions, on serait assurés d’obtenir le vote de confiance et donc, on ne serait pas obligés d’intégrer Ennahdha au gouvernement. Autrement dit, ce sont Afek Tounes et le Front populaire qui, par leur réticence, vont faciliter, voire imposer, l’entrée d’Ennahdha au gouvernement.

Par conséquent, Yassine Brahim et Hamma Hammami se retrouvent confrontés à une vague d’attaques et de dénigrements en tout genre. Une manœuvre dont Hamma Hammami est un habitué mais qui est nouvelle pour le leader d’Afek Tounes, Yassine Brahim. En effet, il s’est retrouvé taxé d’être à la solde d’Ennahdha, d’être leur « agent infiltré » et même d’obéir aux intérêts qataris en imposant le parti islamiste au gouvernement.
Pour ce qui est du Front populaire, on rappellera la déclaration élégante de l’élu de Nidaa Tounes Mohamed Troudi. Dans une interview à Shems FM, l’élu n’a pas hésité à comparer la position de Riadh Ben Fadhel – qui avait qualifié la coalition entre Nidaa Tounes et Ennahdha de catastrophe nationale – à celle de ceux qui appelaient à dresser des potences. Il a ajouté à l’adresse du leader du Front populaire : « Qui t’a demandé la pointure de tes chaussures ! ». La classe.

Toutefois, le raisonnement selon lequel le Front et Afek obligeraient Nidaa Tounes à intégrer Ennahdha pour obtenir le vote de confiance de l’assemblée ne tient pas la route. C’est ce qu’avait démontré par le calcul le M. chiffres de Tunisie, Hassen Zargouni. Avant la polémique sur la composition du gouvernement Essid bis, M. Zargouni avait démontré que sa première formation pouvait passer à l’assemblée avec une très courte majorité (lire notre article). Certes, ce n’est pas une majorité confortable pour lui conférer un statut de gouvernement d’union, mais c’est une majorité quand même. Donc, le gouvernement Essid dans sa première mouture pouvait obtenir les voix nécessaires pour pouvoir commencer à travailler, même sans les voix du Front populaire, Afek Tounes et Ennahdha. Alors pourquoi cette campagne ?

La réponse réside dans le fait que Nidaa Tounes cherche à accomplir deux choses. La première est de constituer un vrai gouvernement d’union nationale qui ne pourra voir le jour sans le concours d’Ennahda, et en même temps, de ne pas porter la responsabilité politique d’une alliance avec le parti islamiste vis-à-vis de son électorat ni de plusieurs de ses cadres dirigeants. Une équation qui n’est réalisable qu’en jetant la responsabilité de l’entrée d’Ennahdha au gouvernement sur d’autres partis. Ces partis sont tout désignés : Afek Tounes et le Front populaire car ce sont les seuls partis qui ont mis des conditions à leur entrée au gouvernement. L’UPL, quant à lui, ne s’est pas fait prier pour entrer au gouvernement et a accepté ce qu’on lui avait cédé comme ministères.

Nidaa Tounes aurait souhaité allier les partis politiques de la même manière que l’UPL de Slim Riahi. C’est une intention qui n’était pas cachée et c’est Béji Caïd Essebsi qui l’avait déclaré à maintes reprises pendant sa campagne. Il disait : « Nidaa Tounes ne gouvernera pas seul. La Tunisie n’est pas encore au stade où un parti peut gouverner seul. Nous continuerons sur le chemin du consensus ».

C’est justement ce choix qui impose à Nidaa Tounes de s’allier avec Ennahdha, principalement, pour pouvoir gouverner sereinement et ne pas s’exposer à une opposition trop farouche à l’Assemblée. Sauf que Nidaa Tounes semble vouloir le beurre et l’argent du beurre. Nidaa Tounes veut, d’un côté, intégrer Ennahdha dans le gouvernement, conformément à la volonté de son chef et en concordance avec sa promesse électorale, et d’un autre côté, éviter de payer le prix politique d’une telle alliance.

Lors de son passage à Midi Show sur Mosaique Fm, le 30 janvier 2015, Yassine Brahim, chef du parti Afek Tounes, a invité Nidaa Tounes à assumer ses responsabilités et à définir clairement ses alliés. Nidaa Tounes, du moins dans certaines de ses bases, a toujours été adepte de la stratégie de diabolisation des alliés. Pour la présidentielle, c’était de la faute de Hamma Hammami si Béji Caïd Essebsi n’est pas passé au premier tour. Pour le gouvernement, si Ennahdha en fera partie ce sera de la faute du Front populaire et de Afek Tounes. Il est vrai que cette stratégie a payé à un certain moment, mais plus maintenant. En tant que gagnant des élections, Nidaa Tounes a une responsabilité qu’il ne pourra pas jeter sur d’autres formations politiques. C’est en assumant ses responsabilités que de réelles dissensions se verront au sein du parti vainqueur des élections.


Marouen Achouri
30/01/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (19) Commenter
saha ènnoum ya twènsa
tounsi 56
| 01-02-2015 13:20
pauvres tunisiens , ils se moquent de nous encore,à ce point il n'y a aucun politicien courageux pour expliquer au tunisien que que le bloquage actuel est du aux lois électorale de Yadh Ben Achour qui ne permettent pas au premier de gouverner (ènkalaba assèhre 3la assèhèr ) il l'afait en 2011 pour Ennahdha ,voila maintenant Nida touness qui paye la facture, un peux de courage et éxpliquer aux tunisiens que le président ne gouverne plus( les bajboujistes ne savent pas cette information ) et c'est le parlement qui gouverne ,puisqu'Ennahdha est deuxième avec 69 siège ,c'est elle qui détient le tiers bloquant ( cette information est cachée aux tunisiens ), donc arrêtez ce cirque et demandez à Yadh Ben Achour des éxplications .
Est-il sourd, ou manque-t-il - déjà - de toute loyauté ???
Mansour Lahyani
| 01-02-2015 10:58
Le bureau exécutif de Nidaa Tounes recommande de respecter la volonté des électeurs, et Mossieu Essid ne l'entend pas de cette oreille ? Mais QUI t'a nommé ?? Combien de fois faudra-t-il le clamer, et sur quel ton, pour que M. Essid le comprenne enfin ? Il aura beau se tortiller pour enfin trouver la brèche qu'il espère exploiter, nous ' les électeurs qui avons donné la majorité au Parlement à Nida ' exigeons le respect du contrat : pas de Nahdha au gouvernement ! Faudra-t-il que nous, les opposants à l'entrée d'Ennahdha au gouvernement, descendions dans la rue pour manifester notre irréductible opposition à cette violation du vouoir du peuple qui a voté ? On nous oppose une prétendue vision « réaliste » de la scène politique tunisienne. Faisons le compte : 217 députés à l'ARP, quand on en déduit les 69 nahdhaouis, il en reste combien ? Nous n'avons besoin que de 109 voix pour faire passer le gouvernement : déduisons encore 10 ou 15 « irréductibles » ou « dissidents », il reste malgré tout assez de voix pour donner la confiance au gouvernement qui sera proposé : alors, pourquoi cette entrée forcée d'Ennahdha en dépit de l'opposition des électeurs qui l'ont condamnée par anticipation ?? C'est une violation de la vox populi, quoi qu'en disent les cloportes !!
Faux calculs de Nidaa
Alyssa
| 01-02-2015 10:56
S'ils font entrer ennehda ceux ne sont pas les votes de FP et Afek qu'ils vont perdre mais ceux d'une partie importante de Nidaa...donc attention!!!
Pas de traitres parmi nous!
Hager
| 01-02-2015 00:09
Si Nida & BCE ne respectent pas le vote du peuple aux urnes, alors à la poubelle de l'Histoire doivent échouer Nida & BCE. Nous voulons ceux qui ont une morale en politique, qui font honneur à leurs engagements. Pas de traitres sur cette terre souffrante: Tounès!
NIDAA...DES DOUTES SUR SES CAPACITÉS A GOUVERNER...!
BORHAN
| 31-01-2015 19:30
Dommage...!!!
Que du temps perdu,
Que des atermoiements irresponsables,
Que de calculs politiciens erronés,
Que des comportements irritants,...
Tout cela au nom d'une légitimité tronquée (quel aveuglement !) qui a fini par dérouter ses propres dépositaires.
Mais maintenant, la question est de savoir si ce parti Nidaa (ou plutôt le cercle de Carthage), a vraiment les capacités requises pour assumer la gouvernance du pays.
Des doutes persistent...!
ingénieur général retraité
Trabelsi
| 31-01-2015 18:47
Je pense que le Front Populaire et Afek et à un degré moindre Almoubadra veulent pousser Nida à associer Ennahdha au gouvernement Essid dans le but de discréditer Nida aux yeux de ses électeurs avec l'espoir non avoué de récupérer leurs voix aux prochaines élections.
Je suis d'avis que Nida doit empêcher Essid d'intégrer Ennahdha dans le Gouvernement et aller à l'ARP même sans Afek.
Si le gouvernement n'obtient pas l'accord de l'ARP ça SERA LA FAUTE DES OPPORTUNISTES. Alors Nida sera libre de choisir le partenaire qui lui assurera la stabilité de son gouvernement.
Mise au point!!!
Angel
| 31-01-2015 17:11
@BN j'espère cette fois ne pas être censurée
Comme je connais votre esprit impartial et votre soucis de la vérité, je remets ici le post que j'ai publié hier et qui n'apparait pas en ligne!

Marouen Achouri vous écrivez : « Nidaa Tounes veut, d'un côté, intégrer Ennahdha dans le gouvernement, conformément à la volonté de son chef et en concordance avec sa promesse électorale, et d'un autre côté, éviter de payer le prix politique d'une telle alliance. »
Ce que vous dites est faux, partial et pervers !

Taieb Baccouche l'a bien précisé: faire participer tous les partis ne veut pas dire gouverner avec eux !

BCE a toujours dit qu'il collaborerait avec tous les partis ce qui, soit dit en passant, est tout à fait normal puisqu'il est président de TOUS LES TUNISIENS. Mais il n'a jamais exprimé la volonté impérative de l'intégration de la nahdha au gvt !!! Il a toujours bien dit que « Voter pour Nidaa c'était pour le futur, voter pour nahdha c'était revenir au 13ème siècle »

BCE est président de tous les tunisiens, il n'est pas chef du gouvernement!
BCE a désigné Mr Essid pour former le prochain gouvernement, pas forcément pour le diriger ! Mr Essid ne sera chef du gvt que si l'ARP valide sa nomination en tant que tel !
Mr Essid peut ne pas être reconduit dans ce poste de chef de gvt s'il n'en prouve pas la capacité!

Dans le parti Nidaa, certains, soit manquant de courage et de convictions patriotiques, soit par opportunisme et/ou intérêt personnel bien compris, choisissent la solution, facile mais beaucoup plus dangereuse qu'ils ne le croient, et défendent la thèse de nécessité de l'intégration de la nahdha au gvt pour réaliser soit disant un consensus !
Mais LE CONSENSUS S'EST EXPRIME PAR 3 FOIS EN VOTANT POUR LES PARTIS MODERNISTES DONT NIDAA EST LE GRAND VAINQUEUR ET CONTRE LA NAHDHA !!!.
Les vrais patriotes, les vrais défenseurs de la Tunisie comme Taieb Baccouche et quelques autres par contre, au même titre que la majorité des tunisiens qui ont voté Nidaa, s'ils acceptent d'écouter la nahdha, ne veulent pas, mais absolument pas, la voir revenir au gouvernement et surtout pas à travers de personnages comme Maherzia Laâbidi, Samir Dilou ou Lotfi Ben Jeddou...(pour ne citer que quelques-uns des noms fuités jusqu'à aujourd'hui !
La nahdha a montré son incapacité à diriger le pays ! il n'est pas la place pour rappeler ici les raisons du rejet de la nahdha (ces raisons sont publiées sur tant de sites internet'. !!!) elles sont trop nombreuses et si graves'.
Sans doute sera-t'elle beaucoup plus constructive dans l'opposition si, au cas où elle veut prouver son évolution, son caractère démocratique, son intérêt pour le pays, son respect des tunisiens et de leur mode sociétal, elle y remplit son rôle avec honnêteté et patriotisme !!!

QUOI QI'IL EN SOIT ET POUR LES 5 ANNEES QUI VIENNENT NOUS NE VOULONS PAS DE NAHDHAOUIS AU GVT ?
NOUS Y VEILLERONS ATTENTIVEMENT, SANS CONCESSIONS ET SANS PEUR !
TAYHA TUNES
Commercant
Mon chef Kallel
| 31-01-2015 16:14
Cela se résume en deux mots, tout d abord si Beji avait bien dit lors de sa campagne Présidentielle qu il va collaborer avec tous les Partis, mais il n a pas fait comprendre qu il s allit avec Ennahdha, aussi il avait bien précise qu une collaboration proche sera faite sur la base des Partis qui ont les mêmes intentions et la même Politique que NIDA Tounes, on ne doit pas oublier cela !
on a été trompé de voter Nidaa
watani
| 31-01-2015 15:21
Oui on a été trompé de donner notre voix à Nidaa dans les législatives et les présidentielles. Je maintient et confirme que les politiciens sont tous des menteurs y compris BCE. On ne veut pas d'éléments d'Ennahdha dans le gouvernement, car leurs mercenaires se sont infiltrés dans tous les ministères. Dans ce cas, comment allons nous nettoyer l'intérieur, la défense, les affaires religieuses, l'éducation, and so on si leurs défenseurs sont dans le gouvernement?
Mieux que ça, Nidaa sait que leurs adhérents sont sensibles à certaines ou certains Nahdhaoui comme El Harza qui a attaqué BCE et d'ailleurs ce dernier a répliqué en disant mehi illi mra !!!Alors, je suis complètement perdu dans la position de Nidaa. Pour ce qui concerne le Front et Afek, je pense qu'ils veulent se venger de Nidaa à cause du vote utile; ces derniers ne savent pas que les tunisiens on voté Nidaa car ils ne veulent pas que leurs voix soient perdues comme c'était le cas en 2011. Je dirai à Nidaa, Afek et à Hamma que leur avenir politique est fini, les tunisiens n'ont plus confiance en eux. Des opportunistes et des menteurs indésirables, les vrais perdants, c'est les familles de Balaid et de Brahmi qui ne connaitront jamais la vérité de l'assassinat des 2 militants ni leurs commanditaires. La faute reste toujours du front.
Please pas de Mahrezia!
Magdalena f
| 31-01-2015 14:02
Accepter que cette femme régressive et qui donne une image régressive de la Tunisie fasse parti du gouvernement est une trahison des valeurs de Nidaa. Nous avons voté Nida pour ne plus voir les tètes des femmes de l'ANC comme Mehrzia car elles ne représentent pas la femme tunisienne. Non je ne veux plus voir cette peste ! Quelle qualification a-t-elle pour gouverner? Pourquoi cette trahison de vos électeurs Nidaa? Il faut allouer les postes ministériels sur la base des qualifications d'abord. Comment est-on arrive la ? Comment se fait-il que Nidaa n'a pas encore choisi son gouvernement alors que les élections ont eu lieu en Octobre. Le plus grand problème c'est que BCE, le leader du parti, est parti! Un parti sans leader est comme un avion sans pilote ! C'est exactement ce qui est arrivé au Vol Air Asia le 28 décembre dernier : Le pilote a quitté son siège et l'avion s'est écrasé.