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Le style Majoul
16/03/2018 | 20:00
5 min
Le style Majoul

Depuis son élection à la tête du patronat tunisien, Samir Majoul a suscité plusieurs interrogations puisqu’il était inconnu des cercles médiatico-politiques. Des interrogations que le patron des partons s’emploie à dissiper grâce un style particulier 0% langue de bois.

 

Carrure imposante, ton de voix ferme, regard fixe, le nouveau patron des patrons, Samir Majoul, en impose. Dès son élection à la tête de l’UTICA, Samir Majoul a dû très vite se mettre dans le moule politicien pour pouvoir poursuivre l’œuvre de Wided Bouchamaoui. En effet, il n’est plus question, depuis des années, que l’UTICA se contente de son rôle purement syndical. M. Majoul n’a pas manqué de souligner, dans les premiers jours de son mandat, qu’il n’allait certainement pas perdre de vue les intérêts des chefs d’entreprises tunisiens. Toutefois, l’organisation est aussi signataire de l’accord de Carthage.

 

Les premières sorties médiatiques de Samir Majoul ont été très suivies car motivées par une grande curiosité. Qui est cet homme qui a remplacé Wided Bouchamaoui et surtout « qu’est ce qu’il a dans le ventre ? ». Même s’il n’a pas été avare en sorties médiatiques à la télévision et à la radio, c’est sans doute sa sortie du 5 mars 2018, sur le plateau de Myriam Belkadhi, qui a grandement participé à camper le personnage. Samir Majoul y a tenu un discours de vérité, un discours fort qui fait porter à chacun ses responsabilités tout en évitant de personnifier les problèmes et de réduire le débat à des piques envoyées à des personnes. Il avait dit, entre autres : « Si nous ne faisons pas une évaluation juste du contexte, duquel nous sommes tous responsables, les choses vont s’aggraver. Nous avons dans ce pays les compétences nécessaires pour rectifier la trajectoire, notre capital essentiel est celui humain et c’est d’ailleurs dans cette énergie renouvelable qu’a investi Habib Bourguiba, mais pour sortir de la crise il faut une bonne gouvernance ».

C’est également au cours de cette émission que Samir Majoul a sorti un sifflet rouge de sa poche qu’il a posé sur la table en disant qu’il l’offrait à celui qui se sentait le courage de siffler la fin de  la récréation et des « jeux de gamins ». Il est vrai que le patron des patrons n’a pas été tendre avec le gouvernement : « Chaque ministre que nous contactons pour un dossier, nous dit qu’il va le soumettre à la Kasbah. Mais que vous faites-vous donc ici ? Etes-vous ministre ou pas ? Normalement un ministre est responsable de son département et bénéficie de l’appui de son chef du gouvernement ».  

 

Nombreux sont ceux qui déclarent que Samir Majoul dit exactement ce qu’ils pensent. C’est lorsqu’il s’agit de la défense des entreprises et de leurs intérêts que Samir Majoul se montre le plus virulent. Il n’admet pas, à titre d’exemple, que l’Etat concurrence le secteur privé dans un grand nombre d’activités. Il reprend également l’un des chevaux de bataille de Wided Bouchamaoui en évoquant la gestion du port de Radés. Par ailleurs, le patron des patrons est ulcéré par le fait que le contribuable tunisien et les entreprises soient obligés de payer pour renflouer les déficits des entreprises publiques. S’adressant à l’Etat et au gouvernement, Samir Majoul n’hésite pas à dire qu’il n’est pas prêt à payer leur mauvaise gestion et leur mauvaise gouvernance. Suggérant de facto la privatisation de certaines entreprises publiques, Samir Majoul, comme tous les tenants d cette stratégie, se sont heurtés à la réaction de l’UGTT. Droit dans ses bottes, Samir Majoul répondra quelques jours plus tard en disant qu’il est « daltonien » et qu’il « ne voit pas les lignes rouges ».

 

A plusieurs occasions, Samir Majoul a démontré qu’il n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait au mot près. Il l’avait montré  en s’adressant au gouvernement et à l’UGTT mais également quand il a parlé de ses amis, anciens responsables de l’Etat. Le premier d’entre eux est sans doute son ami personnel, Mustapha Kamel Nabli. Il en a parlé deux fois, la première était sur le plateau de 24/7 en disant : « Quand on m’a demandé mon avis sur l’ancien gouverneur de la Banque centrale [NDLR : Chedly Ayari], il faut préciser que nous n’étions pas du tout contents de la contribution de la BCT à la relance économique qui était nulle ! Je ne voulais cependant pas tirer sur l’ambulance et même si la responsabilité du gouverneur est claire j’adresse mes reproches à celui qui a nommé. J’ai alors posé la question du pourquoi limoger Mustapha Kamel Nabli, qui était une compétence ? Il ne s’agit là que d’un retour pour qu’à l’avenir on réfléchisse deux fois avant de toucher aux hommes compétents ! Mustapha Kamel Nabli a fait ses preuves et pourtant on n’a pas hésité à le trainer dans la boue ! ». La deuxième était sur le plateau de Mosaïque FM où il en parlé avec l’ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomâa. En effet, il a déclaré : « Avez-vous ramené son pareil ? Je considère qu’il figure, avec Mustapha Kamel Nabli parmi les meilleures compétences du pays ! ».  

 

Samir Majoul est là et bien là. Il a réussit, assez rapidement, à s’imposer sur la scène politique et médiatique tunisienne et à tenir la dragée haute à ses partenaires mais également à l’ancienne président de l’UTICA, Wided Bouchamaoui. Il fallait, pour le bien de l’organisation et pour son avenir, que la continuité soit le maitre mot. Toutefois, ce sont la franchise et le courage de Samir Majoul qui risquent de lui jouer des tours. Même si ce discours est réellement apprécié par une large frange d’auditeurs et de téléspectateurs, le fait qu’en politique ce genre de franchise n’est pas vraiment apprécié.

 

Marouen Achouri

16/03/2018 | 20:00
5 min
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Commentaires (16)

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takilas
| 18-03-2018 12:39
Même Bouchamaoui en ce le moment-là, est meilleure que lui.
Car accepter une ROUBLARDE est meilleur de croire à un feinteur et un dribleur dans les pensées sont obscures et hypocrites.
Sa façon de parler (à la manière de l'actrice Abbou) n'est jamais réconfortante. Donc, c'est la façon de double-faces.

Faouzi
| 18-03-2018 12:33
Il est nouveau, il n a pas l'habitude du monde de média et du politique , le pauvre n a pas les moyens de contrôler sa langue il dit tout ce qui lui passe par la tête, il oublie qu'il est le représentant d'une organisation censé être apolitiques et ses adhérents sont de tout bord .

Famous Corona
| 18-03-2018 09:45
..il ferait mieux de se démarquer de M.Jomaa et ne plus le citer, car il est loin d'être un bon exemple, surtout pas en terme de compétence. M.Jomaa est un opportuniste comme l'écrasante majorité des politiciens du monde, alors que S.Majoul est un homme franc d'action, de terrain !

CHDOULA
| 18-03-2018 08:09
Un nouveau coq dans la basse court ! Mr Majoul Isserdik car le combat contre l'Ugtt approche ( augmentations salariales du privé ) Mr Taboubi a quand même une légère avance de tsserdik et bientôt on saura qui va laisser le plus de plumes !

Zohra
| 17-03-2018 17:16
Bonjour Monsieur,

Très bien dit merci, Chahed dérange rabi yahmih we kawih alihom.

Excellente soirée

Bouglagem
| 17-03-2018 12:42
Nous sommes 11 millions et si chacun veut choisir son chef de gouvernement
on n'est pas sorti de l'auberge. .Mr Chahed fait son possible pour sortir
le pays du marasme dans lequel ses prédécesseurs l'ont laissés y compris Mr Jomaa
.Mr chahed béneficie auprés de la majorité des Tunisiens d'un écho favorable
Il pourrait du jour au lendemain faire comme Macron créer son propre mouvement
et devenir président du pays
Avant de jeter l'anathème sur les autres faites une analyse sur ce que pourrait faire l'utica
pour que les choses avancent
Nous assistons à une stagnation inquiétante de plusieurs entreprises manque d'esprit d'innovation
aucune initiative pour faire avancer et bouger les choses toujours le même ronron
en attendant Godot!!!!!!!!!!
Je vais juste vous citer le secteur touristique que vous connaissez trés bien
Le systéme de fonctionnement n'a pas évolué depuis quarante ans
Les mêmes âneries aux soirées ,les mêmes animations les mêmes menus et surtout
le gaspillage financier avec le all inclusive
Faites un saut dans les hôtels et vous verrez le comportement honteux de certains
touristes
Avant de vouloir jouer au politicien balayer devant votre porte svp


Salem
| 17-03-2018 11:25
Le grand dérapage c'était dans le plateau de la chaine national lorsqu'il a violemment attaqué les 2 journalistes .
C'était vulgaire et manque de respect de sa part envers 2 journalistes sous prétexte qu'il n'aime pas les établissements publiques.
De plus il n'as pas manqué aucune occasion pour jeter des fleurs pour 2 personnalités qui à mon avis n'ont rien dans le ventre l'ancien gouverneur et Jomaa, c'est évident puisque son chouchou fils fait partie du parti de Jomaa

Moustache
| 17-03-2018 10:23
L'une de ses aneries est d'avoir cité Jomaa. On voit qu'il ne sait rien de se qui se passe dans l'administration Tunisienne et qu'il n'a même pas essayer de voit ce que Jomaa à fait (ou plutot le bordel qu'a foutu Jomaa). Jomaa n'a pas su relevé la fonction publique, il a reussit a supprimer (ou plutot tout faire pour retarder) les fonctions exceptionnelles créer pour débloquer les personnes qui mérite encouragement. il a défoncé le budget des voyages pour finalement ne rien apporté à la Tunisie, ni convention, ni gros contrat, bien au contraire.

Et les seules moments ou il s'est montré eveillé c'est lors de la signature de prolongation des contrat d'exploration et d'exploitation du pétrole Tunisien (celui qui n'existe pas) , sans même laisser à la Tunisie la possibilité de voir et de comprendre s'il n'y a pas de meilleur alternative. resigner des clausse identique a celle d'il y a plus de 15 ans c'est de l'imbécilité pur et dure (un peu comme les contrat du sel Tunisien qui font honte à notre pays, comme si nous étions encore un pays colonisé)

Donc si Majoul arrive a cautionné cela, c'est que tout ce qu'il dit sont des choses apprises et lues avant d'aller sur les plateaux télévisés sans même essayer de comprendre le fond.
Bouchamaoui me semblait plus lucide, ce n'est pas en disant deux ou trois vérités sans connaitre les détails que cela fait de lui un grand. mais bon le patronnat n'est plus un poste de compétence mais de droit pour certaines familles (dont le QI laisse à désirer et qui finiront par plonger)

Makrem dahech
| 17-03-2018 09:03
Il faudrait un pilier face à la concurrence déloyale effective dans le secteur privé...

Ce qui limite les prix du marché est la concurrence sans connivence...

L'Etat devrait investir dans ce sens et être le pilier qui régule les prix,pas vendre à perte mais faire le bénéfice nécessaire à sa pérennité et répondre aux besoins réguliers des marchés public et privé...

L'Etat,s'il fait tout le social,est déficitaire,s'il en délègue au privé,il le sera moins...alors privatiser le social aiderait l'état à être moins déficitaire aussi :)...

Lorgner seulement sur ce qui rapporte,ce n'est pas juste!alors si vous pouviez ,monsieur madame les privés ,aider l'Etat dans le social aussi,ce serait très gentil et plus honnête.

observator
| 16-03-2018 23:57
Il n'arrête pas de gesticuler depuis qu'il est à la tête du syndicat des affairistes.
Mais tous ces médias qui le glorifient ne nous ont à ce jour jamais parlé de sa contribution en tant que chef d entreprise à l'économie du pays.
C est quoi sa valeur ajoutée exactement.
Je ne l ai pas entendu parlé de son métier.
Quel type de produit a t il développé .
Combien a t'il créé de poste de travail.
Son chiffre d'affaires à l export. Et la place de son ou ses entreprises dans le monde.
Le taux de croissance de son business.
En attendant de le savoir. Il parle des autres
Ce "patron" des "patrons"