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Chroniques
Le soldat Sablaoui n'est pas un prêtre et n'est pas mort à Nice
27/07/2016 | 15:59
3 min

S’il y a une chose plus abjecte encore que la mort d’innocents, c’est la volonté de certains esprits tordus d’instaurer une compétition victimaire entre les personnes touchées. Une compétition selon laquelle la mort d’un Français ne vaudrait pas la mort d’un Tunisien ou d’un Afghan.

 

Bien sûr, cela est ridicule. Quand le terrorisme frappe, il frappe toute l’humanité pour la simple raison que le projet terroriste est mondial et ne se définit pas par nationalité. Par contre, il est des choses qui donnent du grain à moudre aux tenants de ce genre de raisonnement, un exemple frappant a eu lieu dernièrement.

 

La mort d’un prêtre dans un village de Normandie a ému le monde entier. Cet homme de Dieu a été égorgé par deux énergumènes se réclamant de l’organisation terroriste Daech. La Tunisie, par la présidence de son gouvernement, a été prompte à réagir pour condamner vivement cet attentat sanguinaire. Est venue ensuite l’ARP pour condamner à son tour cet attentat. Ces réactions de la part des hautes autorités de l’Etat sont venues le jour même. Jusque là, rien à dire.

Le lendemain de l’attentat sanglant de Nice, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, s’était déplacé à la résidence de l’ambassadeur de France. Il l’a fait pour présenter les condoléances du peuple tunisien à l’ambassadeur et montrer sa solidarité. Même si une telle approche reste discutable sur le plan protocolaire, on peut quand même dire que c’était une initiative justifiée.

 

Pourtant, quand il y a des morts en Tunisie, ils n’ont pas droit aux mêmes égards. Le 22 juillet 2016, Mohamed Amine Sablaoui a sauté sur une mine au mont Sammema. C’était un tout jeune caporal de l’armée qui a sauté lors d’une opération de ratissage visant à traquer les terroristes retranchés sur les hauteurs ouest du pays. Nous sommes en guerre contre le terrorisme et le fait qu’il y ait des pertes et des victimes est « normal » en temps de guerre. Ce qui ne l’est pas, par contre, c’est de négliger, de s’habituer, de ne plus s’indigner et de ne rien respecter.

 

C’est ce dont a été victime Mohamed Amine Sablaoui. Sa mémoire a été profanée après sa mort. Aucun responsable gouvernemental n’a jugé utile d’aller au Sijoumi, dans la banlieue de Tunis, pour partager la douleur de la famille et inhumer le corps sans vie de ce jeune homme. Après un tollé général dans l’opinion publique tunisienne, c’est MajdoulineCherni, présidente de l’Instance générale des martyrs et des blessés de la révolution et des opérations terroristes, qui a tenté de réparer les choses. Pour ce qui est des partis, il n’y a que HammaHammami qui s’est dit que ce serait peut-être une bonne idée d’aller voir ces pauvres gens.

 

Il faut dire que Mohamed Amine Sablaoui n’a pas bien choisi le moment pour mourir. On est occupés avec le gouvernement d’union nationale, on fourbit ses armes et on aiguise ses dents pour prendre sa part du gâteau gouvernemental, à nouveau sur le marché. Et voilà que ce caporal saute sur une mine…

 

Résultat des courses, il a été complètement ignoré par les autorités et son nom est venu s’ajouter à une longue liste de personnes mortes pour défendre un Etat qui les maltraite et qui les ignore. Des personnes mortes pour un pays ingrat à son sommet. Quand on fait ce genre de gaffes, il ne faut pas s’étonner de les voir récupérées et utilisées pour alimenter des raisonnements saugrenus. Quand on vous dit que le soldat tunisien ne vaut rien pour l’Etat et que, par contre, on s’empresse de condamner et de visiter quand il s’agit d’étrangers. Au fond, on sait que c’est faux, mais les faits sont têtus. Quand on aime, il faut le prouver et pas seulement le dire…

27/07/2016 | 15:59
3 min
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Commentaires (37)

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pseudo
| 02-08-2016 18:15
Les détecteurs de mines permettent de sauver des vies;ily a les équipes de démineurs puis les soldats suivent;nos soldats sont sous équipés y compris pour les rations alimentaires

veritas
| 29-07-2016 19:47
https://m.youtube.com/watch?v=BkV6UpnmrrA

pit
| 29-07-2016 14:14
...arrêtez de pleurnicher sur votre sort comme de vieilles grenouilles de bénitier...le problème du terrorisme est avant tout le notre, il est arabe et musulman, les assassins qui s'imaginent gagner un paradis d'opérette par les actes odieux et barbares qu'ils ont commis ou qu'ils vont commettre sont des membre de nos familles, ils ont des parents, des frères, des soeurs, des cousins, des amis comme tout le monde...mais nous sommes tellement persuadés qu'il s'agit d'une machination diabolique montée de toute pièce par le grand satan occidental (je n'arrive pas à comprendre cette haine envers l'occident alors que nous sommes les premiers consommateurs d'Iphone et autre Nike ou adidas) que nous ne sommes même plus capable de nous rendre compte que la personne qui vit sous notre toit ou que nous côtoyons est différente ou a un comportement différent...comme nous trouvons normal que du jour au lendemain une grande partie des parebrises de nos automobilistes soit devenu un temple à la gloire de Dieu. Une chose est certaine il serait grand temps que nous tunisiens affrontions nos peurs et nos angoisses et que nous cessions de toujours rejeter la faute sur les autres et en désespoir de cause refiler le bébé à Dieu..."allaralb" expression bénie qui nous lave de tous nos pêchés!!!

veritas
| 29-07-2016 12:56
Je me sent pas visé j'ai jamais voté de ma vie et le gourou dont vous faites référence je le hais ainsi que ses semblables jusqu'à la mort .

Gg
| 29-07-2016 12:23
Parce que les Américains, toujours les autres...
La Tunisie ne serait pas où elle est maintenant si VOUS n'aviez pas accueilli en héros le fils spirituel de Khomeiny, si VOUS n'aviez pas voté Nahda après la révolution, si VOUS aviez dégagé ce tas de pourris islamistes dès l'assassinat de Belaïd, si VOUS les jetiez hors du pouvoir MAINTENANT.

Tout cela me fait penser aux rebuts de la société française qui commettent les attentats, s'ils avaient bossé à l'école, si leurs parents les y avaient contraints, s'ils ne voulaient pas être riches alors qu'ils ne savent pas écrire leur nom, alors tout serait différent, et ce n'est pas la faute de la France.

Hanni2
| 29-07-2016 12:06
Salut Gg,

Une époque révolue...malheureusement! Et pourtant le gens ne possédaient pas plus que maintenant mais étaient infiniment plus heureux!

Quoi qu'il en soit il faut conserver la mémoire de cette époque pour que, une fois l'ère glacière islamo-waha(ptit)bite révolue, les amnésiés se souviennent d'où ils viennent..;o)

Un bel été à toi l'ami!

Hannibal

veritas
| 29-07-2016 12:01
Puisque c'est comme ca ?pourquoi tout cela ??tout cet embrasement qui est un fait divers apparemment pour vous ?

Gg
| 29-07-2016 11:34
Le titre me suffit :
-ben-ali-gadhafi-et-moubarak-ont-ete-reverses-par-washington-parce-quils-voulaient-couler-le-dollar-par-la-creation-du-dinar-or

Vraiment? Dinar or ou pas, il n'y aurait d'or que ce que l'économie rapporte.
En comparaison avec l'économie des USA, que représenterait l'économie des pays du "dinar or"?
0,00000....001% ?

Vous vous donnez une importance dont vous n'avez pas l'ombre de la queue!

veritas
| 29-07-2016 11:11
http://africanmanager.com/16_tunisie-ben-ali-gadhafi-et-moubarak-ont-ete-reverses-par-washington-parce-quils-voulaient-couler-le-dollar-par-la-creation-du-dinar-or/

Gg
| 29-07-2016 10:43
Comme ces choses sont bien dites :

"Dans la Tunisie des années 80, chez ma grand-mère, j'avais des oncles pieux et d'autres qui aimait la bibine... tout ce beau monde se cotoyait sans aucun problème et sans conflits..."

Voilaaaaaaa, merci, c'est exactement cela, et cela porte un nom : TOLERANCE!
Tolérance, mon amour...