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Le record de Youssef Chahed n’aura pas tenu longtemps
04/09/2018 | 20:59
5 min
Le record de Youssef Chahed n’aura pas tenu longtemps

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, est actuellement en Chine, mais c’est en Tunisie que son avenir est en train d’être décidé. Ces dernières 48 heures ont connu plusieurs rencontres entre les principaux dirigeants du pays et des décisions ont été prises. A la baguette, on retrouve Béji Caïd Essebsi qui a réussi à amener Ennahdha à le rejoindre sur la décision de pousser Chahed à la porte de la Kasbah.

 

L’affaire a semble-t-il été scellée hier, 3 septembre 2018, à l’occasion de la rencontre entre le président de la République, Béji Caïd Essebsi, et le chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi. Malgré le communiqué laconique de la présidence de la République qui s’est acharnée à tenter de présenter le chef islamiste en position de faiblesse, c’est bien ce dernier qui offre une fleur au président de la République. En effet, Rached Gannouchi a décidé de retirer son soutien à Youssef Chahed et s’est dit d’accord pour le remplacer, le tout enrobé dans le 64ème point de l’accord de Carthage 2.

Après s’être brouillé avec Nidaa Tounes et Hafedh Caïd Essebsi, Youssef Chahed a dû, également, faire face à la présidence de la République puisque le papa s’est aligné sur la position du fiston. Entre temps, l’UGTT a tourné le dos au chef du gouvernement et a réclamé, plusieurs fois par la voix de son secrétaire général Noureddine Taboubi, le départ du chef du gouvernement. Le chef du gouvernement avait pu résister à cette double pression grâce au soutien d’Ennahdha d’un côté et  au fait qu’il s’est assuré d’un certain soutien à l’ARP, particulièrement avec la constitution du nouveau bloc national, de l'autre. Toutefois, sans la protection politique d’Ennahdha, la pression devient trop forte et la position devient difficilement tenable.

 

Le ballet des rencontres qui a déterminé l’avenir de Youssef Chahed à la Kasbah a commencé avant-hier par une rencontre entre Noureddine Taboubi et Rached Ghannouchi. Le lendemain, c’était une rencontre entre le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, et le leader islamiste. Et pour finir, une rencontre a lieu aujourd’hui entre le secrétaire général de l’UGTT et le président de la République. Les trois ténors de l’Accord de Carthage 2 ont parlé et décidé de mettre un terme à l’expérience Youssef Chahed à la tête du gouvernement. C’est Rached Ghannouchi qui a donné le coup de grâce à la carrière de Youssef Chahed à la présidence du gouvernement à cause des élections de 2019.

En effet, barrer la route des élections de 2019 à Youssef Chahed semble être une préoccupation importante pour le parti Ennahdha. Le sujet avait été évoqué publiquement par le leader islamiste pour la première fois en août 2017 à l’occasion d’une interview sur Nessma. Rached Ghannouchi demandait déjà à Youssef Chahed de s’engager à ne pas se porter candidat aux élections de 2019. Un an plus tard, en août 2018, C’est le parti Ennahdha qui s’est prononcé via communiqué en conditionnant son soutien à Youssef Chahed à son engagement de ne pas se présenter aux élections de 2019. Une demande qui a été vraisemblablement ignorée par Youssef Chahed qui n’a, évidemment, pas donné suite à cette demande. La patience du cheikh semble avoir atteint ses limites et il a décidé de mettre un terme au soutien fourni par son parti au jeune impertinent de la Kasbah.

 

En parallèle, branle-bas de combat chez Nidaa Tounes qui se prépare à sauter sur l’occasion et à faire ce qu’il faut pour tenter de se présenter comme un acteur principal de ce bouleversement. Maintenant que la messe a été dite par les deux cheikhs, les ministres de Nidaa Tounes ont décidé, dans une réunion tenue hier 3 septembre 2018, de déléguer à la direction du parti la prise de décisions politiques en ce qui concerne la question gouvernementale. En termes plus simples, c’est la direction du parti, autrement dit Hafedh Caïd Essebsi, qui décidera de la démission, ou pas, des ministres et secrétaires d’Etat de Nidaa Tounes du gouvernement.

Le directeur exécutif de Nidaa Tounes réalise un double gain par cette manœuvre. Le premier est personnel puisqu’il s’agit là d’une revanche sur celui qui avait déclaré à la télévision publique que HCE était responsable de l’état de déliquescence dans lequel se trouve le parti. Le deuxième gain est politique puisqu’il pourra se prévaloir d’avoir mis Youssef Chahed sur la touche en faisant en sorte que les ministres Nidaa Tounes démissionnent. Toutefois, une question se pose concernant ces ministres. Autant on voit bien Majdouline Cherni par exemple ou Salma Elloumi démissionner du gouvernement sur ordre de Hafedh Caïd Essebsi, autant le doute est permis concernant d’autres ministres comme Radhouane Ayara ou Khemaïes Jhinaoui. De toute manière, Hafedh Caïd Essebsi se présentera comme l’artisan de l’éviction de Youssef Chahed et il aura le loisir d’avoir un droit de veto sur son successeur.

 

Aujourd’hui, la question qui se pose est de savoir de quelle manière Youssef Chahed quittera-t-il la Kasbah ? Deux options sont possibles, la première est qu’il démissionne tout simplement de son poste sachant qu’il ne bénéficie du soutien ni de Nidaa, ni de la présidence de la République, ni de l’UGTT, ni d’Ennahdha. La deuxième est de prendre le risque de passer devant le Parlement. Même si le résultat du vote semble scellé, le déballage public avec le niveau des interventions des députés risque d’être un épisode mémorable de la vie politique tunisienne.

Toutefois, cet épisode devrait nous inviter tous, politiciens, observateurs, analystes, à nous interroger sur la viabilité du système politique en place. Un système qui permet de limoger des chefs de gouvernement en vertu d’un simple document élaboré dans un salon à Carthage. Un système dans lequel être « fils de » permet d’avoir son mot à dire sur l’avenir politique du pays. Un système composé de partis politiques dont la majorité est tout simplement illégale.

 

Marouen Achouri   

04/09/2018 | 20:59
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Commentaires (19)

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BORHAN
| 07-09-2018 19:23
En réalité, nous n'avons pas et plus besoin d'un président de la république et cela je l'explique ainsi:
- dans une démocratie populaire, ce poste n'a plus d'intérêt dans le mesure où la constitution confie la gouvernance essentiellement à l'assemblée du peuple et au chef du gouvernement.
En outre, ce poste coûte très cher à l'état et constitue une formidable source de lapidation des deniers du peuple.
Aujourd'hui à Carthage, nous avons des centaines et des centaines de salariés et conseillers à la pelle, UNE SORTE DE GOUVERNEMENT BIS.
Supprimer ce poste de président permet surtout au chef de gouvernement et à son équipe de travailler dans la sérénité et la cohésion.
Supprimer ce poste évite cette confrontation ouverte et permanente entre les deux têtes de exécutif, une situation aberrante qui bloque inévitablement le bon fonctionnement des instituions.
Cette phrase prononcée récemment par un leader nahdhaoui résume très bien l'état des lieux politique délétère que vit le pouvoir: " notre constitution est tellement parfaite qu'elle ne peut pas être appliquée à la lettre ".
Supprimer ce poste nous évite ce dysfonctionnement flagrant et la faillite de l'état.
Enfin, la religion et notre culture orientale n'ont rien avoir dans la conception et le fonctionnement d'un état démocratique moderne.
D'ailleurs, depuis l'indépendance, la séparation entre l'état et le religion a été parfaitement négociée par notre premier dictateur. C'est le seul acte courageux que je dois l'attribuer avec certaines réserves quand même.

amt
| 06-09-2018 18:03
Cher Monsieur, vous avez bien décortiqué la situation politique du pays, et vous avez indiqué deux systèmes politiques appliqués dans deux grands pays civilisés comme vous le dite.
Le choix de la majorité des Tunisiens et même ceux qui ne sont pas exprimés dans les urines, c'est Ennahda. Ce parti islamiste déguisé en partie "démocrate", reflète bien l'esprit de la majorité des Tunisiens. Le destin de la Tunisie est entre les mains de ces enfants, qui ont "bien" choisi, et ils vont confirmer cette tendance en 2019. La démocratie à l'occidentale est un produit destiné pour les occidentaux; exporter ce modèle ou vouloir l'adapter dans un contexte arabo-musulman est complètement aberrant. La question qui doit se poser: quel modèle sociétale pour la Tunisie de demain?

l'étrangère
| 05-09-2018 20:01
suis d'acord avec votre analyse. Une chose qui me trouble d'ailleur c'est le fait que tout le monde apparement croit que les ambitions de Chahed se trouve dans la présidence? Pour quelle raison? C'est un jeune homme plein d'energie, il sera mieux placé (rester) comme chef de gvt.?

Kays
| 05-09-2018 15:02
Si Chahed souhaite véritablement et définitivement s'imposer puis passer de premier ministre à Président il va falloir(pardonnez -moi l'expression) qu'il pose ses c....... sur la table et durablement. Il devra s'entourer des meilleurs spécialistes tunisiens pour mener à bien sa politique, prendre la tête du parti (au moins par le leadership) et faire que s'incline l'Ugtt et ceux qui s'opposent à lui tout en s'associant tous ceux qui peuvent le soutenir.

La politique de l'autruche ne fonctionne pas.

Je dirais même qu'il doit aller beaucoup plus loin (en concertation avec le Président de la République si possible) sans aller jusqu'à penser jusqu'à un certain 7 novembre 1987...Ce que certains ne se privent pas de penser tant il devenu difficile de gouverner notre pays en l'?tat actuel du jeu politique.

Qu'ils demande aux chinois comment ils font pour gouverner près de 2 milliards d'habitants, il apprendra beaucoup...On ne gouverne pas l'oriental comme on gouverne l'occidental...Cette réalité toute simple est souvent occultée ...


NOUS AVONS BESOIN D'UN POUVOIR POLITIQUE FORT QUI TRAVAILLE TR'?S DUR ET METTE CE PAYS D'?FINITIVEMENT AU TRAVAIL TRAVAIL TRAVAIL BON SANG!!!!!!!

Si Chahed en est capable c'est maintenant ou jamais, sinon qu'il démissionne.

TAHYA TOUNES

BORHAN
| 05-09-2018 11:39
Depuis l'avènement de la fausse " révolution " du 14 janvier 2011, rien ne se fait sans l'aval d'Ennahdha et la gouvernance de notre pays, quoi qu'on dise, dépend du bon vouloir de ce parti (que je considère comme anti-islam).
Il faut que le citoyen collectif, que nous sommes, soit habitué à ce fait accompli et ce, tant que le peuple continue son " hibernation interminable ".
Dans notre pays, tout se fait et se défait par ce parti qui, à mon avis, gère intelligemment et le m'en-foutisme du citoyen et l'hostilité stérile des démagos.
Alors que ce parti manipule et gère à distance et en arrière plan les affaires du pays les gauchistes naïfs et les nostalgiques de la destourie continuent à aboyer aveuglement et sans retenue.
Sans l'accord d'Ennahdha, BCS n'aurait pu devenir président pourtant Hamadi JEBALI a bataillé dur pour qu'enfin il abandonne et quitte le navire nahdhaoui.
Idem pour si CHAHED, sans l'aval tacite d'Ennahdha, il n'aurait aucune chance d'accéder à la tête du gouvernement...mais c'est aussi la main tendue du donnant-donnant.
En d'autres termes, les deux têtes de l'exécutif sont liés mains et pieds, sont et resteront " otage " d'Ennahdha tant que ce parti est fort et puissant.
Ainsi, à ce jeu bien huilé, Ennahdha a de beaux jours devant elle et sa main mise totale sur le pouvoir n'est qu'une question de temps.
La clé de cette hégémonie nahdhahouie réside indiscutablement dans sa stratégie de conquérir l'assemblée du peuple dans la mesure ou le vrai pouvoir crèche au palais du Bardo.
D'ailleurs, j'estime qu'il est temps de trancher définitivement sur le système politique " batard " accouché de la constitution de 2014.
Soit on choisit le régime présidentiel que je rejette personnellement à cause des deux expériences douloureuses puisqu'elles nous ont imposé à chaque fois un despote.
Soit opter pour un régime parlementaire où le président de la république n'aura qu'un statut honorifique et où la gouvernance et la responsabilité du pays se limitent à l'assemblée du peuple et au chef de gouvernement.
Ce système a fait ses preuves notamment dans les sociétés démocratiques civilisées comme l'Allemagne, l'Italie,...

kameleon78
| 05-09-2018 11:03
https://www.facebook.com/LotfiLaamari/videos/1980676705330327

Gg
| 05-09-2018 09:33
...qui finiront bien par casser complètement le pays:
BCE et son clan
Ghannouchi et da horde religieuse et affairiste
Taboubi et sa connerie post communiste sans limite.
Surtout ne pas être compétent, semble être la clé du succès dans la Tunisie de 2018!

Pourquoi faire
| 05-09-2018 07:43
Merci beaucoup au ballet des merdeux !
Ce n'est pas YC qu'ils poussent vers la sortie mais tout individu doté d'un tant soit peu de dignité et de bon sens.
Normal, ils souhaitent rester en groupe bien homogène de cloportes véreux bons à rien en harmonie avec le pays.
Bon vent YC et ne regrette rien ils sont en dessous de tout malheureusement pour nous !

Maxula
| 05-09-2018 00:59
"mettre un terme au soutien fourni par son parti au jeune"
On ne "fournit" pas un soutien, on l'accorde !

Par ailleurs, si YC doit partir, qu'il le fasse surtout après un vote majoritaire de l'Assemblée, ce qui lui donnera au moins l'occasion de dire leurs quatre vérités aux pseudo-démocrates qui ne rêvent, comme ils n'ont cessé de nous le (dé)montrer, que de vivre sous une "démocrature" !
Maxula.

nez110358
| 05-09-2018 00:05
yc resistera aux vents et marees. il sera president en 2019 allez boire a la mer morte