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Chroniques
Le prochain chef du gouvernement : Un homme providentiel ou un homme de la situation ?
24/07/2016 | 19:51
3 min

 

Maintenant que le chef du gouvernement Habib Essid a décidé de partir, la recherche d’un remplaçant risque d’être dure, longue et incertaine. Mais que cherche-t-on au juste ? Un homme providentiel compte tenu des défis multiples qui s’érigent devant le pays, ou tout simplement un homme de la situation ?

 

Disons le tout de suite, la providence est un concept totalement subjectif qui puise sa force non du réel mais d’une croyance et d’une religiosité primaire. L’homme providentiel n’existe pas. Il le devient par un subterfuge maléfique qui utilise les acquis du réel mélangés à une spiritualité ancestrale.

Dans notre histoire moderne, Bourguiba ainsi que Farhat Hached sont communément considérés comme étant des hommes providentiels. Ils ont acquis ce statut, à leur insu, du moins au départ,  pour répondre à un besoin sociétal du moment. Mais en réalité, ils n’étaient que les hommes de la situation dont les qualités essentielles étaient la connaissance approfondie de leur environnement, un courage certain, des objectifs clairs et une grande intelligence politique. Pour avoir réunis toutes ces qualités, Bourguiba est devenu le leader du mouvement national et Hached le leader incontesté du mouvement syndical et social. Depuis, le pays peine à trouver des hommes de la situation.

 

Après la révolution, plusieurs se sont crus providentiels. Certains ont vite déchanté. D’autres se sont cramponnés à leurs chimères au point de devenir ridicules. Parmi eux, deux  donnent une image caricaturale de ce mythe d’homme politique providentiel. Le premier est Hammadi Jebali, ancien dirigeant d’Ennahdha et ancien chef du gouvernement. Au lendemain des élections du 23 octobre 2011, il s’est cru réellement investi d’un pouvoir céleste et, dans un moment de transe populaire, s’est déclaré le sixième calife. Aujourd’hui, il est totalement évincé des affaires publiques. Il lui reste toutefois ses propres affaires pour s’occuper et renflouer ses comptes. Le second est bien entendu l’ancien président provisoire de la république Moncef Marzouki. Il était tellement obnubilé par sa « bonne étoile » et accroché à son rêve de devenir président,  qu’il en a perdu ses lunettes et son portable à la Kasbah et à Sidi Bouzid ainsi que sa dignité à l’occasion de l’affaire Baghdadi Mahmoudi. Aujourd’hui, il est plus troubadour et agitateur public qu’homme politique dans le sens conventionnel du terme.

 

Habib Essid aurait pu être l’homme de la situation, comme l’ont été avant lui, dans une certaine mesure Béji Caid Essebsi en 2011 et, dans une mesure moindre Mehdi Jomâa en 2014. Mais il avait deux grands handicapes pour pouvoir réussir. Le premier c’est ce manque de détermination qui fait qu’il a été dès le départ incapable de faire le point de la situation de peur de faire la lumière sur le bilan catastrophique de la Troïka. Il est vrai que Habib Essid s’est trouvé un peu l’otage d’une situation politique hybride et d’une alliance contre nature entre le Nidaa et Ennahdha. Il  s’est ensuite résigné à subir les soubresauts des rapports entre les partis de la coalition gouvernementale et les secousses de la crise interne du parti majoritaire. Son second handicape est de ne pas avoir de programme défini ni des objectifs clairs. Du coup, au lieu d’être le chef d’un gouvernement de réformes, il a été tout au plus l’animateur d’un gouvernement de gestion des affaires courantes qui peine à maitriser ses collaborateurs qui donnaient l’impression, pour certains du moins, d’être des roitelets et non des ministres solidaires au sein d’un même gouvernement.

 

Aujourd’hui, penser à reconduire des ministres du gouvernement Essid au sein du prochain gouvernement « d’union nationale » serait une grave erreur politique et éthique.  L’échec de l’actuel chef du gouvernement  est aussi un échec collectif. Leur présence au sein du prochain gouvernement portera les stigmates de son échec, d’autant plus que nul entre eux ne semble être un « homme providentiel ».   

24/07/2016 | 19:51
3 min
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Commentaires (38)

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tounsia2
| 26-07-2016 19:28
A mon avis, ce n'est pas le chef de gouvernement qui pose le plus problème, mais plutôt l'actuel président de la République qui ne semble pas avoir compris les limites de ses prérogatives en tant que Président dans un régime parlementaire et continue à agir comme si nous étions en régime présidentiel, où le Président a le plus grand pouvoir ; De ce fait, le prochain chef de gouvernement ne fera pas mieux que H ESSID car il sera choisi par BCE et son associé le gourou, non pas sur la base du mérité, du patriotisme ou du courage comme cela est requis, mais plutôt sur la base de l'opportunisme politique et de l' à-plat-ventrisme pour qu'il leur obéisse au doigt et à l'oeil.
Ma conviction est que l'initiative dite de "gouvernement d'union national" n'a qu'un seul objectif, celui d'écarter H. ESSID et nous en aurons bientôt le coeur net, car si les ministres du gouvernement ESSID seront reconduits dans le prochain gouvernement, cela voudra dire qu'il ne s'agit pas d'un constat d'échec de tout un gouvernement avec ses ministres qui sont les premiers responsables de ce supposé échec, mais plutôt d'une opération destinée essentiellement à se débarrasser de l'actuel chef de gouvernement qui devient gênant pour des raisons que nous ignorons pour l'instant.

Affaire à suivre. . .

bahr
| 26-07-2016 14:36
Bourguiba, ZABA et même les gouvernements post révolution, ainsi que tous les pouvoirs politiques étrangers ont assuré l'obturation des trompes de la Tunisie. Ils ont aussi veillé à éliminer, un à un, les leaders potentiels déjà existant. Même si quelques noms, c'est ou l'infarctus ou le cancer qui s'en ont chargé. Cette longue marche destructive clôturée, nous l'espérons d'ailleurs, par l'assassinat de Blaid & Brahmi a fait que nos réserves en leaders ainsi que nos réserves financières, soient dans le même état.
Seul l'espoir d'enfantiller une nouvelle génération de leaders est encore possible, même si l'éducation de cette dernière pose problème.

Tunisienne
| 26-07-2016 10:48
Je n'aurais pas pu mieux dire !

Bonne journée cher ami !

Patrie
| 26-07-2016 10:12
Trouver un remplaçant a HS est une chose presque impossible, et au cas ou il y en aura BCS trouvera le moyen de le saboter ou le faire chanter !a mon avis ,ce dont on a besoin , c'est un homme tranchant dans ses décisions ,défiant et partis politiques et président de la république si nécessaire ,mais pour cela il aura besoin du soutient du parlement qui a son tour est en bonne partie responsable de la détérioration de l'état générale du pays par son absentéisme et son manque de sérieux là ou on a l'impression qu'on est au marché de gros ! l'homme de la situation existe surement si on laisse la chance aux jeunes d'accéder aux postes politiques ,on a besoin de leur courage et de leur fougue ,on a aussi besoin d'une main sure pour avancer dans notre économie ,sinon on sera dans l'obligation d'opter pour une autre révolution !

Citoyen_H
| 26-07-2016 09:59

Depuis le kidnapping du pouvoir par des ignares complexés et malodorants, l'intelligence est devenue l'ennemi public n°1.
"Macha Allah".
Salutations.


Tunisienne
| 25-07-2016 21:22
BCE ne voudra pas d'un Chef de gouvernement qui puisse lui faire de l'ombre et/ ou questionner son sacro-saint «consensus» ;

Ennahdha ne voudra pas d'un Chef de gouvernement qui risque de remettre en cause la médiocrité islamo-révolutionnaire ambiante;

Les autres (organisations et partis) ne voudront pas d'un Chef de gouvernement à même de les contrarier en engageant les réformes qui s'imposent.

Dans ces conditions, le futur Chef du Gouvernement sera l'homme du maintien du statu quo chaotique ou ne sera pas...

déja-vu
| 25-07-2016 19:27
Rien dans les mains, rien dans les poch's
Il transformait d'un air vainqueur
L'as de carreau en sept de coeur
Sans fair'd'erreur sans anicroche
Il faisait jaillir tout à coup
N'importe quoi de n'importe où
Petits drapeaux, pièc's de cent sous
Il ne ratait jamais son coup
Et voilà
Disait-il fièrement
Et voilà
Un billet de mill'francs
Et voilà
Disparu complèt'ment
Tout l'monde en restait comme deux ronds d'flan

PS.
Vous le resterez encore pour un bout de temps
Le temps que appreniez bien votre leçon

HatemC
| 25-07-2016 19:11
Ce type est un Hypnotiseur ... suivez mon regard ... et le mvt de mes mains ... je te fais disparaître ... nous sommes en plein délire d'islamisation .. les Tunisiens sont tombés dans le piège de la théocratie .. Dieu Pourvoira ... HC

hedi Abou hamza
| 25-07-2016 16:27
Nous avons besoin d'un chef du gouvernement clairvoyant et de forte personnalité qui saura choisir son équipe de choc loin de toute ingérence partisane. Coupez... je rêve

Nephentes
| 25-07-2016 15:27
Initiative quasi-criminelle que celle de BCE

En décidant de remplacer si Habib Essid, au moment où ce cher pays commençait à reprendre lentement son souffle, il a coupé net ce début de relance

le gouvernement ESSID n'a pas tout réussi parce qu'il n'était pas assez soutenu et parce qu'il attaquait frontalement les parasites mafieux qui entravent le reprise socio-économique

Les réformes entreprises ou planifiées sont d'une envergure inédite depuis l'indépendance et elles concernent l'ensemble des secteurs vitaux du pays , dont la réforme administrative et la lutte contre la corruption qui est une réforme majeure

la situation sécuritaire s'améliore petit à petit , lentement amis sûrement

Des indicateurs macro-économiques, notamment concernant les secteurs de l'électronique de l'automobile et des NTICs indiquent une nette reprise de l'investissement, une dynamique positive et prometteuse semblait s'être esquissée début juin.

les administrations locales ont été responsabilisées et motivées : des travaux de voirie , de nettoyage et de réfection de infrastructure importants ont été repris etc ect..

Les problèmes de l'anarchie syndicale et de l'inconscience de certaines catégories de travailleurs sont tributaires du temps et de l'attitude de l'UGTT qui n'a aps pris là encore ses responsabilités

Essid est un coureur de fonds qui travaille à moyen et long terme sur des orientations majeures et stratégiques; il a été trahi en cela par Caid Essebssi qui l'a manipulé Dieu sait pourquoi.

BCE a commis une énorme erreur politique et morale en décidant de procéder à un changement malgré les promesses et l'engament tenu.


je le répète : Essid est le chef de gouvernement qu'il nous faut autant par sa personnalité que par sa rectitude et son dévouement

Son éviction et les complots minables pour l'affaiblir sont des actes irresponsables nuisibles à la Tunisie.