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Chroniques
Le plus grand des perdants est celui qui n'aura rien tenté
04/10/2017 | 15:59
3 min

Comment éviter de réécrire les mêmes articles que nous avions écrits en 2016 par rapport à la situation économique du pays et par rapport à la Loi de finances ? Le défi n’est pas simple à relever tant les politiques restent les mêmes, dépourvus de toute originalité, de toute imagination.

L’élaboration et la communication autour de la loi de finances est gouvernée par la manœuvre, la tactique et surtout, l’omerta. Chacun y va de ses anticipations et de ses attentes avec des doses homéopathiques de « une source autorisée a confié ». En fait, nous ne sommes pas qualifiés, en tant que peuple, pour comprendre une politique ou pour saisir une vision, c’est pour cela que l’on ne se fatigue même pas à expliquer. Quand on dit qu’il n’y a aucune vision dans ce projet, comme dans le reste d’ailleurs, on nous rétorque que bien sûr il y en a une mais pour diverses raisons, allant de la bêtise à la mauvaise foi, nous sommes incapables de la saisir.

 

Quand les experts économiques de tous bords crient à la catastrophe, quand un connaisseur s’alarme régulièrement du fait que la planche à billets tourne à plein régime, quand le FMI et les organismes qui payent les salaires de nos fonctionnaires tirent la sonnette d’alarme, quand le simple citoyen perçoit la détérioration de son pouvoir d’achat,  tous les jours en allant au marché, tout ce monde là ne peut pas se tromper. Et quand l’Etat, incarné par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, vient nous en parler, il nous dit qu’effectivement la situation est difficile et qu’il faut qu’on fasse des efforts. Sauf que deux mois plus tôt, lors du remaniement, il nous disait qu’il y avait une reprise et que les indicateurs sont au vert pour l’instant. Et là, il est demandé à tout le monde de faire des sacrifices pour soutenir cet Etat.

 

Nous sommes tous d’accord pour soutenir cet Etat, mais le soutenir en quoi ? Le soutenir pour payer les salaires des fonctionnaires ou pour combler les déficits des entreprises publiques ? C’est justement là que la vision fait défaut. Tout le monde est capable de faire des sacrifices mais à condition de voir le bout du tunnel ou au moins de voir le chemin qui l’y mènera. Qu’il y ait les prémices du début d’une politique qui nous permettrait de dire, l’année prochaine, que l’on a réglé, par exemple, le problème de l’élargissement de l’assiette fiscale. Les équipes gouvernementales ne sont-elles pas au courant qu’il y a des investisseurs en Tunisie qui parlent d’insécurité fiscale ?

Quand ces mêmes équipes discutent avec les représentants des médecins, des avocats, des hôteliers et des différents professions et syndicats, ne perçoivent-elles pas leur réticence à donner de l’argent au plus mauvais des gestionnaires sur la place ? Certes, il y a des considérations d’ordre purement corporatiste et elles ne sont pas négligeables, mais il est normal de ne pas vouloir une augmentation de taxes quand l’administration met des bâtons dans les roues des entrepreneurs, quand l’Etat n’est pas capable de générer des gains d’entreprises comme Tunisair ou El Fouladh, au contraire il en fait des gouffres financiers !

 

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a une occasion unique, en cette loi de finances, de matérialiser une vraie politique et une vraie vision. Il porte avec lui les espoirs de toute une génération de jeunes, de gens qui ont un potentiel qui ne demande qu’à être libéré. Certes, il nous a déçus sur le plan politique en donnant la part belle aux tergiversations et ne prenant pas assez de distance par rapport aux autres « partenaires ».

 

Aujourd’hui, il a cette cartouche de la loi de finances pour au moins mettre sa politique et sa vision par écrit et ne pas jouer l’équilibriste entre les syndicats et les partis. Il est bon de les écouter, mais la décision ne revient à personne d’autre qu’au chef. Donc s’il faut vendre, vendons. S’il faut restructurer, restructurons. Mais il faut avoir le courage et l’honnêteté de le dire droit dans les yeux, de le décider, de l’appliquer et de l’assumer. Le plus grand des perdants est celui qui n’aura rien tenté.  

04/10/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (4)

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Gg
| 04-10-2017 19:44
Et c'est dans tous les pays pareil.
En France, l'opposition à Macron peine à démarrer, précisément parce qu'il a été élu sur un programme et qu'il est en train d'appliquer ce programme. C'est très nouveau, comme façon de procéder!
Après, marchera, marchera pas... c'est une autre histoire.
En tous cas il paraît clair qu'un acteur politique a intérêt à dire ce qu'il va faire et à faire ce qu'il a dit! En Tunisie aussi, sûrement.

Sami
| 04-10-2017 18:08
En Tunisie actuelle on n'arrive pas a tourner la page, on est devenu des comptables du passé avec tout mon respect pour cette profession mais on n'est plus dans l'action dans le réel
Ki nous dis d'ouvrir les fenêtres du seul logiciel ki va créer de la richesse pour tous les tunisiens ;
Amnistier le passé proche pour ramener l'argent et laisser les gens utuliser tout cela pour investir au lieu de le cacher
Sécuriser les investisseurs avec des règlements simples et stables et laisser les gens travailler au lieu de les harceler
Des kil bougent au contraire avoir un discours fédérateur sécurisant et optimiste
Une vision et puis de l'action comme vous dites

G&G
| 04-10-2017 17:26
Pas toujours vrai
Le peuple a tenté de chasser son dictateur mais il a tout perdu

DHEJ
| 04-10-2017 16:28
Un cri qui ne sera pas écouté!


Le TUNISIEN n'est pas INDEPENDANT exempté de volonté d'ailleurs...


Pourquoi payer les magistrats 2 MOIS DE CONGE???