C'est tout ce que vous m'inspirez en effet !
Maxula.
Depuis six jours, tous les regards sont braqués sur l’hémicycle du Bardo. Alors que l’heure est à l’examen de la Loi de finances 2020, qui habituellement préoccupe la scène nationale en cette période de l’année, le sit-in du bloc parlementaire du PDL a réussi à lui voler la vedette. Le conflit entre Abir Moussi et le mouvement Ennahdha devient le centre de tous les débats, et tout le paysage politique attend impatiemment l’issue de cette crise, qui semble être dans une impasse.
Les Tunisiens ont suivi le feuilleton de Abir Moussi et du sit-in de son bloc parlementaire à la salle de plénière à l’assemblée. Avec des directs nocturnes sur Facebook, des couvertures, de la nourriture sur les sièges de la salle, les épisodes sont bien mouvementées et riches en suspens. Tout a commencé lorsque la députée Ennahdha Jamila Ksiksi avait traité de clochards les députés du PDL, tout en les accusant de banditisme lors d’un point de parole qu’elle a demandé en plénière. Des propos fortement contestés par le bloc du PDL et de sa présidente qui ont décidé d’entamer un sit-in dans la salle de plénière jusqu’à ce que le mouvement Ennahdha, ainsi que la présidence du Parlement lui présentent des excuses officielles et écrites.
Accusée d’entraver les travaux du Parlement et de bloquer la plénière consacrée à l’adoption de la LF 2020, le bureau de l’assemblée avait appelé Abir Moussi et Jamila Ksiksi à se présenter des excuses mutuelles. Une demande refusée par Abir Moussi qui a campé sur sa position et poursuivit son sit-in.
Finalement la plénière tant attendue a démarré ce matin dimanche 8 décembre 2019 non sans tension et sans conflit, avec l’absence remarquable du président du Parlement Rached Ghannouchi. Comme prévu, les députés du PDL ont été présents dans la salle munis de leurs pancartes et prenant place sur les sièges réservés à la présidence du parlement. Une première altercation a eu lieu entre la députée Samia Abbou et la présidente du bloc du PDL Abir Moussi. Mme. Abbou a réitéré les insultes de Jamila Ksiksi et a traité Abir Moussi de clocharde. « Tu les qualifies de frères musulmans, ce qui a une connotation politique, ils te traitent de clocharde, ce qui a une connotation sociale. Ce qui est vrai, puisque tu es, actuellement sans abri et tu squattes la salle de plénière », avait déclaré Samia Abbou. Abir Moussi a gardé son sang-froid face à la tirade de Samia Abbou et n’a pas réagi.
Les chefs des blocs parlementaires ont pris la parole par la suite, et les choses sérieuses ont commencé avec l’intervention de Noureddine Bhiri, qui a envenimé la situation. « Les députés PDL visent à détruire les institutions de l'Etat, bloquer l'adoption du budget de l'Etat de 2020, aggraver la crise ainsi que priver les Tunisiens de leurs droits. Il faut appliquer la loi contre ceux qui portent atteinte aux institutions de l'Etat et entravent leurs actions. Cela justifie la dissolution du parti politique contrevenant. Vous devez présenter des excuses auprès de vos électeurs ainsi qu'aux Tunisiens puisque vous avez nui à leur réputation et vous leur avez fait perdre leur temps ! Le Parlement poursuivra ses travaux malgré tout et nos différends politiques et idéologiques ne justifient, en aucun cas, les insultes ! », assure Noureddine Bhiri en s'adressant aux députés du PDL.
Cette intervention jugée provocatrice a poussé Abir Moussi à prendre la parole, de par sa qualité de présidente de bloc parlementaire, au milieu des contestations des députés Al Karama. Le député Rached Khiari avait empêché l’enregistrement de l'intervention de Abir Moussi en s’opposant au caméraman et en faisant le signe de Rabâa face à la caméra.
Une dernière tentative de gérer le conflit a été proposée à travers l'organisation d'une réunion des chefs des blocs parlementaires en présence de Abir Moussi. Entre temps, les travaux de la plénière se sont poursuivis, mais furent ponctués de prises de parole des députés Ennahdha cherchant l’escalade.
C’est dire que la crise au Parlement est bien plus profonde que des insultes ou des demandes d’excuses. Abir Moussi qui, bien évidemment, prend sa place dans l’opposition, cherche à appuyer son image de destourienne anti-islamiste qu’elle a tant revendiquée. Son show et sa politique de fuite en avant vers l’extrême est une manière de pousser le mouvement Ennahdha à ses limites. N’ayant rien à perdre, Abir Moussi estime que les deux scénarios possibles sont à son avantage. Soit elle aura les excuses qu’elle demande et brisera ainsi l’orgueil du mouvement Ennahdha, soit elle sera évacuée par la force et sera ainsi confortée dans son rôle de victime du dénigrement et de la dictature du mouvement islamiste. Les deux cas de figures l’arrangeront dans sa démarche adoptée depuis quelques années.
Bien que ce qui se passe au Parlement semble surréaliste pour certains ou reflétant la médiocrité de la scène politique pour d’autres, le conflit vécu durant près d’une semaine entre le bloc du PDL et le bloc d’Ennahdha témoigne de la crise idéologique qui persiste en Tunisie. Le fameux consensus adopté durant les dernières années n’a été qu’une couverture ayant permis une cohabitation fragile afin de donner une image brillante d’une transition démocratique réussie. Les cinq prochaines années seront certainement dures, tant sur le plan politique que socioéconomique.
Sarra HLAOUI
Depuis six jours, tous les regards sont braqués sur l’hémicycle du Bardo. Alors que l’heure est à l’examen de la Loi de finances 2020, qui habituellement préoccupe la scène nationale en cette période de l’année, le sit-in du bloc parlementaire du PDL a réussi à lui voler la vedette. Le conflit entre Abir Moussi et le mouvement Ennahdha devient le centre de tous les débats, et tout le paysage politique attend impatiemment l’issue de cette crise, qui semble être dans une impasse.
Les Tunisiens ont suivi le feuilleton de Abir Moussi et du sit-in de son bloc parlementaire à la salle de plénière à l’assemblée. Avec des directs nocturnes sur Facebook, des couvertures, de la nourriture sur les sièges de la salle, les épisodes sont bien mouvementées et riches en suspens. Tout a commencé lorsque la députée Ennahdha Jamila Ksiksi avait traité de clochards les députés du PDL, tout en les accusant de banditisme lors d’un point de parole qu’elle a demandé en plénière. Des propos fortement contestés par le bloc du PDL et de sa présidente qui ont décidé d’entamer un sit-in dans la salle de plénière jusqu’à ce que le mouvement Ennahdha, ainsi que la présidence du Parlement lui présentent des excuses officielles et écrites.
Accusée d’entraver les travaux du Parlement et de bloquer la plénière consacrée à l’adoption de la LF 2020, le bureau de l’assemblée avait appelé Abir Moussi et Jamila Ksiksi à se présenter des excuses mutuelles. Une demande refusée par Abir Moussi qui a campé sur sa position et poursuivit son sit-in.
Finalement la plénière tant attendue a démarré ce matin dimanche 8 décembre 2019 non sans tension et sans conflit, avec l’absence remarquable du président du Parlement Rached Ghannouchi. Comme prévu, les députés du PDL ont été présents dans la salle munis de leurs pancartes et prenant place sur les sièges réservés à la présidence du parlement. Une première altercation a eu lieu entre la députée Samia Abbou et la présidente du bloc du PDL Abir Moussi. Mme. Abbou a réitéré les insultes de Jamila Ksiksi et a traité Abir Moussi de clocharde. « Tu les qualifies de frères musulmans, ce qui a une connotation politique, ils te traitent de clocharde, ce qui a une connotation sociale. Ce qui est vrai, puisque tu es, actuellement sans abri et tu squattes la salle de plénière », avait déclaré Samia Abbou. Abir Moussi a gardé son sang-froid face à la tirade de Samia Abbou et n’a pas réagi.
Les chefs des blocs parlementaires ont pris la parole par la suite, et les choses sérieuses ont commencé avec l’intervention de Noureddine Bhiri, qui a envenimé la situation. « Les députés PDL visent à détruire les institutions de l'Etat, bloquer l'adoption du budget de l'Etat de 2020, aggraver la crise ainsi que priver les Tunisiens de leurs droits. Il faut appliquer la loi contre ceux qui portent atteinte aux institutions de l'Etat et entravent leurs actions. Cela justifie la dissolution du parti politique contrevenant. Vous devez présenter des excuses auprès de vos électeurs ainsi qu'aux Tunisiens puisque vous avez nui à leur réputation et vous leur avez fait perdre leur temps ! Le Parlement poursuivra ses travaux malgré tout et nos différends politiques et idéologiques ne justifient, en aucun cas, les insultes ! », assure Noureddine Bhiri en s'adressant aux députés du PDL.
Cette intervention jugée provocatrice a poussé Abir Moussi à prendre la parole, de par sa qualité de présidente de bloc parlementaire, au milieu des contestations des députés Al Karama. Le député Rached Khiari avait empêché l’enregistrement de l'intervention de Abir Moussi en s’opposant au caméraman et en faisant le signe de Rabâa face à la caméra.
Une dernière tentative de gérer le conflit a été proposée à travers l'organisation d'une réunion des chefs des blocs parlementaires en présence de Abir Moussi. Entre temps, les travaux de la plénière se sont poursuivis, mais furent ponctués de prises de parole des députés Ennahdha cherchant l’escalade.
C’est dire que la crise au Parlement est bien plus profonde que des insultes ou des demandes d’excuses. Abir Moussi qui, bien évidemment, prend sa place dans l’opposition, cherche à appuyer son image de destourienne anti-islamiste qu’elle a tant revendiquée. Son show et sa politique de fuite en avant vers l’extrême est une manière de pousser le mouvement Ennahdha à ses limites. N’ayant rien à perdre, Abir Moussi estime que les deux scénarios possibles sont à son avantage. Soit elle aura les excuses qu’elle demande et brisera ainsi l’orgueil du mouvement Ennahdha, soit elle sera évacuée par la force et sera ainsi confortée dans son rôle de victime du dénigrement et de la dictature du mouvement islamiste. Les deux cas de figures l’arrangeront dans sa démarche adoptée depuis quelques années.
Bien que ce qui se passe au Parlement semble surréaliste pour certains ou reflétant la médiocrité de la scène politique pour d’autres, le conflit vécu durant près d’une semaine entre le bloc du PDL et le bloc d’Ennahdha témoigne de la crise idéologique qui persiste en Tunisie. Le fameux consensus adopté durant les dernières années n’a été qu’une couverture ayant permis une cohabitation fragile afin de donner une image brillante d’une transition démocratique réussie. Les cinq prochaines années seront certainement dures, tant sur le plan politique que socioéconomique.
Sarra HLAOUI