Par Ridha BOUARGOUB*
Toute dynamique économique permettant de réaliser un taux de croissance à deux chiffres au terme de quelques années n’est possible en Tunisie que par la création d’entreprises aussi petites soient-elles. Mais, devons-nous reconnaitre que la prolifération rapide des PME dans le cadre tunisien ne peut en aucun cas être une affaire de jeunes.
Ce constat amer découle d’une longue expérience en matière de promotion de l’investissement privé dans les régions qui m’a dévoilé les limites des jeunes promoteurs face au montage de leurs projets aussi petits soient-ils et ce, malgré les encouragements, l’appui et l’assistance des pouvoirs publics.
En effet, quelles que soient les mesures instaurées par le code des investissements, le manque d’expérience et l’absence de fonds propres chez les jeunes promoteurs restent l’handicap majeur dans le montage des projets.
Les résultats d’une enquête sur le terrain ont réfuté toutes les politiques de lutte contre le chômage adoptées et calquées sur les expériences étrangères. Nos décideurs ignorent que notre pyramide des âges est inversée par rapport à celles de l’Europe et que toute décision sur mesure ne peut qu’aggraver le problème du chômage dans le pays.
L’Etat dépense bien plus qu’il le faut mais l’intendance ne suit pas. Il y a beaucoup de bruit pour rien et le jeu ne vaut pas la chandelle.
En effet, une évaluation des résultats du code des investissements confirme que l’argent dépensé pour promouvoir l’initiative privée n’a pas laissé suffisamment de traces surtout dans les régions intérieures.
Sur le plan national, depuis des décennies, le taux de croissance n’a jamais dépassé les 5%. Un taux, jugé insuffisant et ne permettant pas d’absorber la demande additionnelle d’emploi.
Ainsi, pour résorber le chômage, il est temps d’adopter des techniques propres à la Tunisie loin de toute influence étrangère capables de contrecarrer la masse des demandeurs d’emploi. Une masse de 600 mille jeunes dont la moitié sont diplômés
La sous exploitation de la population active tunisienne constitue l’handicap majeur de la relance économique. Presque la moitié de son effectif est au chômage ou sous occupé. Pour tirer un maximum de nos ressources humaines et promouvoir le secteur privé, l’Etat doit s’orienter vers les départs prématurés en imposant une retraite forcée et obligatoire à tous ses agents dès l’âge de 55 ans.
La retraite obligatoire à 55 ans permet à l’Etat de faire d’une pierre plusieurs coups.
Primo, elle permet à l’administration de se débarrasser d’un bon nombre de bras cassés qui moisissent dans les bureaux et de plusieurs malades imaginaires de longue durée qui se consolent par une activité parallèle. C’est un fardeau assez lourd et sans rendement supporté par le budget sachant que la pension d’un retraité est inférieure à son salaire et par conséquent, tout départ dégagerait un excédent budgétaire permettant son remplacement et le renforcement de la caisse de retraite.
Secundo, cela permettrait d’embaucher au moins 100 mille des nos diplômés au chômage qui seront rémunérés par l’excédent budgétaire puisque le salaire d’un nouveau recruté équivaut la moitié de celui d’un ancien. Cette action contribue à la modernisation de l’administration publique aujourd’hui nécessaire pour contrecarrer la bureaucratie qui freine le développement du pays.
Tertio, cela permet de résorber le déficit de la caisse de retraite et de participer à sa régénération par le gain sur le budget de l’Etat et par les cotisations des nouveaux jeunes salariés.
Quant au quatrième coup, et vu l’amélioration de l’espérance moyenne de vie chez le Tunisien, le départ prématuré à la retraite va permettre à plusieurs milliers de retraités de profiter de leur savoir faire et de leurs ressources propres pour monter leurs affaires. En une année, au moins 50 mille micros et petits projets verront le jour et permettront d’embaucher des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires. Cet essaimage des PME permettra de créer dans l’immédiat une dynamique économique sans précédent et constituera à long terme la base même d’un arsenal de méga projets permettant à la Tunisie d’être au diapason des pays émergents.
Cette idée de libérer prématurément nos compétences est le fruit d’une étude réalisée en 2010 et qui demeure valable à nos jours. D’autant plus qu’elle est devenue une nécessité devant l’aggravation du déficit des caisses de retraite.
L’étude en question a examiné toutes les catégories socioprofessionnelles de la fonction publique pour conclure à des résultats étonnants. Tous les acteurs seront gagnants : l’Etat, le retraité, le jeune recruté et la Caisse de retraite. Aucune incidence sur le budget de l’Etat et aucun impact négatif sur la CNRPS ne seront constatés. Bien au contraire, cette idée permettrait la création de plus de 150 mille postes d’emploi permanents en une année au moindre coût.
Enfin, poussée à l’extrême, cette étude conclut que le même principe pourrait être appliqué au secteur privé avec la contribution des entreprises, pour juguler le chômage et créer une dynamique économique sans précédent.
*Statisticien Economiste Planificateur.
Membre du bureau exécutif du « Forum Tunisien pour l’Economie et l’Investissement »
Commentaires (29)
Commenteravis a propos ce sujet
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J'ai démissionné, mon poste est libre!
Bravo!!! À défaut de jauger les idées,
C'est bien d'être conpetant en orthographe.
Désolés pour les lauréats désargentés qui vieillissent célibataire et qui rêvent d'un tapage nocturne une nuit d'été et de nos sièges de DG , qu'ils n'oublient pas qu'ils ont une main au bout de chaque bras.
Ils se feront du bien tout en créant leur emploi !
@ Rod baleck : l'eau n'est pas tiède du tout
Votre remarque est mal placée tout comme le h dans le mot « rumathisme » que vous ne savez écrire.
@Rod baleck..Bravo et mille bravo pour l'auteur
Bravo de critiquer sans pouvoir avancer quoi que ce soit pour nos jeunes.
D'après votre commentaire vous faites parti de ceux qui seront lésé par la proposition de l'auteur. J'imagine le nombre de directeurs généraux à vie qui insultent l'auteur de l'article. Un article qui blesse ceux qui profitent de leur poste et de leur carte de visite. Je suis sur que vous en faites partie. Sinon vous devriez au moins avancer des propositions d'espoir pour nos jeunes qui vieillissent célibataires au lieu de les renvoyer à l'école.
Des milliers de jeunes lauréats comme moi sommes capables de vous remplacer et de remplacer meme vos chefs sinon nous demeureront une épine dans la gorge de tous ceux qui nous sous-estiment.
Cet article nous a donné de l'espoir pour militer contre les vieilles casseroles et contre tous ceux qui ont des idées figés sur nous . Nous, les jeunes, nous resterons quand vous partez.
Réinventer l'eau tiède
Les bras casses ou à demi qui on vécut 30 ans à toucher un modeste salaire de l'Etat vont investir un argent qu'ils n'ont pas pour créer quoi? Vous pensez vraiment qu'on découvre l'envie d'être son propre patron à l'âge des rumathismes ?
Les jeunes diplômes aux connaissances light ou non opérationnels peuvent retourner à l'école se former à des métiers manuels ou nécessitant une technicité avéré (plombier, électricien, frigoriste....) ou il manque de vrais compétences et la ils pourront créer des entreprises viables plutôt qu'attendre que l'Etat les embauche comme gratte papier ou chauffeur de chaise.
Ne parlons pas de la corruption qui entrave l'activité par des actions de sabotage deliberes (efrah bya ou ija octobre Kioua). Créer une entreprise dans un tel contexte c'est faire preuve de courage ou d'inconscience sera de l'informel.
Enfin les bras casses, pas nécessaires de les laisser sévir 30 ans, faut les virer de suite notamment ceux recrutes depuis 2011. Quel monumentale erreur ! Bon nombre avaient une activité , ils se débrouillaient! Certains ont même continué leur bisness en parallèle .
La laitière et le pot au lait
Si seulement c'était aussi simple
Si ce monsieur Ridha pouvait rajouter une analyse du risque peut être que cela charmerait nos politiciens qui comme Si Ridha l'a bien dit, ne font que copier les expériences des pays étrangers bêtement sans chercher une solution purement Tunisienne. Et la solution DOIT être purement Tunisienne, car aucun pays n'a vécu et ne vit ce que l'on vit!
En tout cas bravo pour l'analyse! J'ai juste un gros doute sur les 50 milles micro et petits crédit mais allons! l'idée y est.
Aujourd'hui on en a tellement marre de notre avenir incertain qu'on a fini par lâcher prise et accepter notre dure réalité! ce genre d'analyse fait chaud au c'ur, espérons qu'un des lecteurs de BN à le pouvoir d'élever cette idée et la concrétiser!
@hakim
On constate des répliques du genre Ha Ha de gueux au lieu de repliques fondées.
En avant...a bas les tetes de clous et de clowns aussi!
@Hakim
Ha Ha Ha déjà ça fait tomber des masques.