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Le jeu dangereux de Wided Bouchamaoui
23/10/2017 | 19:59
4 min
Le jeu dangereux de Wided Bouchamaoui

L’annonce a fait la une des journaux de la place : Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, menace de se retirer de l’Accord de Carthage si la Loi de finances 2018 n’est pas profondément remaniée. Les réactions se sont succédé avec pour point central deux questions : Est-ce que c’est du bluff ? De quelle marge de manœuvre dispose réellement la centrale patronale ?

 

Depuis la publication du projet de Loi de finances 2018 (PLF 2018), la patronne des patrons fait le tour des plateaux médiatiques pour exprimer l’étonnement et l’exaspération des patrons devant le projet du gouvernement. Toutefois, c’est sur le plateau de la Matinale de Hamza Belloumi sur Shems FM que l’ultimatum est tombé : Si la Loi de finances 2018 n’est pas remaniée, l’UTICA va se retirer de l’Accord de Carthage.

 

Visiblement exaspérée, Wided Bouchamaoui s’est indignée du fait qu’aucune des propositions de l’UTICA n’a été prise en compte dans les lois de finances successives. « En 2017, nous avons été la seule corporation, et je dis bien la seule, qui ait accepté de faire des sacrifices (faisant référence à la contribution exceptionnelle de 7,5%). Nous avons fait ce sacrifice contre un certain nombre d’engagements qui n’ont pas été respectés. Aujourd’hui ça suffit, nous ne sommes pas là pour servir d'image ! ». Elle a ajouté qu’avant de s’acharner à taxer les entreprises, le gouvernement devrait mettre sur la table un certain nombre de dossiers qui sont tabous. Dans ce contexte, elle a évoqué l’absence de plan d’action traduisant les intentions du gouvernement, la restructuration des entreprises publiques, la réforme de l’enseignement, l’arrêt de production dans certaines zones, le fait que des sociétés quittent régulièrement la Tunisie, la gestion du port de Radés…

 

Un discours que plusieurs représentants de l’UTICA ressassent depuis plusieurs années. Ils sont rejoints en cela par l’autre centrale patronale présidée par Tarek Cherif, la CONECT. Leurs doléances et leurs revendications semblent avoir été ignorées dans ce PLF 2018 qui fait peser une grande charge sur les entreprises. Tout ça a eu pour conséquence l’ultimatum balancé aujourd’hui par la patronne des patrons. Mais quelles conséquences cela aura-t-il ?

 

Si l’UTICA quitte l’accord de Carthage, un secret de polichinelle sera dévoilé au grand jour : le fait qu’il ne s’agit aucunement d’un gouvernement d’union nationale et que le soutien tant étalé n’est en fait qu’une chimère. La deuxième conséquence consiste principalement à déplacer un problème purement économique sur le terrain politique. Une manière de dire : « puisque vous ne vous souciez que de vos petits équilibres politiques, en faisant notamment la part belle à l’UGTT, eh bien on rendra le problème politique ! ». Une tactique qui pourrait pousser le gouvernement à se remettre sur la table des négociations et à modifier la version du PLF 2018 qu’il a présentée.

 

C’est là que, sur les ondes de Shems FM, Ridha Saïdi, conseiller économique du chef du gouvernement, s’est saisi de l’extincteur pour essayer de tempérer les propos de la patronne des patrons. Ainsi, il a déclaré : « Le projet de la Loi de finances 2018 a été déposé à l’ARP après de larges consultations avec les partenaires sociaux. A travers le PLF 2018, le gouvernement tente de pousser le développement et la croissance économique et a pris de multiples mesures en faveur des PME et de leurs nouveaux recrutements, en plus de renforcer l’investissement. Il y a aussi quelques mesures qui visent à rassembler les ressources financières comme chaque Loi de finances au monde, impliquant une hausse de TVA ou les participations destinées à réformer les caisses sociales ».

Il également déclaré : « Nous respectons la position de l’UTICA et nous invitons la présidente et les autres membres à regarder la Loi de finances comme étant d’abord un projet et ensuite une vision globale contenant des mesures en faveur des entreprises pour renforcer l’export. Il y a aussi d’autres mesures pour réformer les caisses sociales […] le principal objectif de la Loi de finances n’est pas de mettre une pression ni sur l’employeur ni sur l’employé. C'est, en revanche, une vision globale présentée par le gouvernement contenant des mesures positives et d'autres entrant dans le cadre du partage des charges et des sacrifices, que ce soit de la part des employeurs ou des employés. Je pense que, grâce au dialogue, nous pouvons parvenir à des consensus acceptés par toutes les parties comme cela a été le cas à chaque fois ».

 

Grosso modo, à part une invitation au dialogue, Ridha Saïdi, et derrière lui l’ensemble du gouvernement, n’ont rien d’autre à proposer. Un dialogue auquel l’UTICA a maintes fois participé sans résultat, puisqu’elle a été royalement ignorée et que, de l’aveu de certains de ses responsables, la centrale patronale est loin d’avoir le même pouvoir de nuisance ou l’influence de l’UGTT.

Toutefois, à travers cette menace, Wided Bouchamoui met toute la crédibilité de l’UTICA dans la balance. La règle est bien connue, il ne faut jamais lancer une menace que l’on ne peut mettre en application. Il parait déjà compromis que le gouvernement soit en mesure d’apporter des changements fondamentaux dans sa copie 2018 de la Loi de finances. Par conséquent, il est fort probable que les patrons restent sur leur faim et que leur mécontentement reste justifié. A ce moment là, Wided Bouchamaoui n’aura pas d’autre choix que de se retirer de l’Accord de Carthage, ouvrant la voie à une crise politique et surtout sociale à l’aube des négociations sur les augmentations de salaires…

 

23/10/2017 | 19:59
4 min
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Commentaires (14)

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Dr. Jamel Tazarki
| 25-10-2017 09:41
Croyez-moi, très Cher Compatriote, que je n'écris pas pour le plaisir d'écrire des commentaires, je n'ai nullement le temps pour cela! Oui, j'écris dans le seul but de participer à ma façon à la reconstruction de notre pays et afin de joindre des Tunisiens par mes idées. Et votre Feedback ci-dessous me rassure que je n'écris pas pour rien sur Business News! Merci!

Très Cordialement

Jamel

takilas
| 24-10-2017 19:56
Ce qui s'est passé ces derniers jours laisse prédire la préparation d'un éventuel complot de la part de nahdha, et qu'il y a secrètement des contacts et des entrevues pour mettre au point, dans un ultime recours (semblable à celui de Ben Guerdene) et ce en commençant par duper, influencer, iinciter surtout les mêmes naïfs etbmilices pour contribuer à la perturbation sociale et politique du pays .
Cette idée malveillante a été vraisemblablement préconisée depuis des mois, mais n'a pu se concrétiser, par nahdha, vu certainement des contraintes surtout financières, et ce n'est pas les faux étonnement d'un ministre fantoche (qui ne fabrique rien) qui vont dissiper les présomptions.
Toutefois, pour aboutir à la concrétisation de ce complot, ils ont hésité énormément, et l'affaire s'est avérée délicate pour eux, c'est pour cela que l'on constate des hésitations et des incohérences dans les propos surtout de Bouchamoui qui est encore novice dans ces genres de manigances...

EL OUAFI
| 24-10-2017 14:34
Bonjour Monsieur Dr Jamel Tazarki , un grand respect en votre personne , merci de ce long exposé, qui vous honore et honore tous ceux qui analysent objectivement nos problèmes économiques pour pouvoir consolider notre jeune démocratie .
Que nos entrepreneurs aient le courage et la responsabilité pour saisir l'opportunité pour sauver notre pays du spectre de la faillite qui nous guette en ces moments difficiles, l'histoire les citeraient en exemple de probes citoyens.
Votre commentaire reflète votre bonté en pensant aux plus démunis, à tous ceux qui souffrent pour joindre les deux bouts, à ces miséreux qui marchent pieds nus leur venir en aide même moralement, pour réveiller les consciences, merci encore cher concitoyen Dr Jamel Tazarki .(Manai)

takilas
| 24-10-2017 14:21
Et puisque business news se spécialise, ces jours-ci, en censure pour épargner toute reproche à nahdha, on va dire seulement qu'il s'agit d'un jeu de complots, non pas seulement avec des vilains mais avec des comploteurs...

Mourad
| 24-10-2017 13:49
Je trouve votre estimation des bénéfices nets des sociétés inexacte : vous semblez oublier de réduire des 900 MD, la somme des taxes minimales de 500 D pour les sociétés innombrables qui n'ont pas fait de bénéfices. Aussi vous oubliez de réduire le bénéfice net, de l'impôt sur les bénéfices de sociétés qui vaut de 10 à 25%.

Donc bénéfice net = [[900 MD - N x 500 D]/ 0.075] - [900 MD + IS] = (1-T) x [[900 MD - N x 500 D]/ 0.075] - 900 MD
N nombre des sociétés qui n'ont pas réalisé de bénéfices
IS impôt collecté bénéfice de sociétés
T taux d'impôt sur bénéfices de sociétés

Faut pas perdre de vue qu'une grosse partie des bénéfices servira à l'investissement pour assurer la pérennité de l'entreprise et des emplois.
Par ailleurs, je me demande bien d'où détenez vous ce chiffre de 4% ?

Hatem jemaa
| 24-10-2017 12:26
La periode 10/17 a vu se succéder differents types de relations. Le PLF 2018 semble vouloir dire aux patrons vous payer d'abord et débrouiller vous pour gagner et quand vous gagner vous payez de nouveau.Oui ceci est excessif.Néanmoins les patrons devraient comprendre qu'il est de leur propre intérêt et de celui de leurs entreprises de se comporter en adultes responsables et de sortir de l'assistanat. D'abord commencer par distinguer et de manière hermetique la trésorerie de l'entreprise et la tresorie personnelle despatrons. Exiger une baisse de la pression fiscale sur l'entreprise et donner en contrepartie une transparence totale de ses comptes.Refuses le recours trop facile aux banquiers qui absorbent tous les gains de productivité si minimes soient ils. Exiger une loi des faillites pour mieux sécuriser l'entreprise contre les " patrons indélicats". Et là ce ne sont que des exemples d'actions à entreprendre par la centrale patronale. Il y en a bien d'autres. Il faut espérer que nous verrons tres prochainement d'autres heures de vérités avec d'autres parties.

Hatem jemaa
| 24-10-2017 12:01
Par cette position la centrale patronale libère le gouvernement des "accords" et des "ententes" dans les "chambres sombres" derrières "les "portes fermées" et parfois dans des "salons" qui prévalent depuis des décades entre les "patrons"et les gouvernants.l'histoire de la relation gouvernement-patron a vu trois périodes. La première je t'encourage, je te libère tu emploies et tu payes ce que tu veux payer c'est les années 70/80. Puis la période 90/10 tu gagnes plus et je partage avec toi avant que tu ne paye. Puis la période 10-17 tu p

Dream
| 24-10-2017 11:47
Les bourgeois c'est comme les XXX
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les XXXX
Plus ça devient vieux plus ça devient con

Bab ezzira
| 24-10-2017 10:46
Pourquoi cherche-t-on à induire l'opinion publique en erreur ???
Que cherche la patronne à travers ces menaces ???
Y'a til des interets personnels derriere ces menaces ???
SINON,
Tout bipède ayant un QI légèrement supérieurs (ou égale) aux babouins du belvédère doit savoir la différence entre impôts directs et indirects !
Par impôt direct on entend l'Impôt sur les sociétés (IS) et l'impôt sur les revenus (IR) Le principe est simple : TU GAGNES TU PAYES, TU NE GAGNES PAS TU NE PAYES PAS. C'est un principe universelle respecté par le monde entier, et qui ne met pas en danger la vie des société puisque l'impot est payé sur les bénéfices dégagés déduction faite de toutes les charges dont vos repas et diners dans les meilleurs restaurants de la banlieue de Gamarth, ou les bons d'essences de vos prestigieuses voitures.
Chère Madame si l'entreprise peut échapper aux payements de l'IS grace à un bon comptable qui vous maquillera le bilan, le salarié ne peut en aucun cas échapper à la retenus à la source à laquelle il est soumis
Quant aux impôts et taxes indirects et spécifiquement la fameuses TVA,le principe est simple: Tu consommes tu payes; et c'est le consommateur final qui supporte la charge et non l'entreprise puisqu'elle déduit la TVA de celle collectée.
Encore une fois c'est le salarié ou la personne physique qui supporte cette charge additionnelle.
Vous voyez madame que les charges seront encore et encore supporté par le BHIM LEKSAIER le salariés qui ne sera pas defendu par les voyous de sa centrale syndicale par ignorance.
PAR CONTRE MADAME :
On aurait aimé que vous nous parliez des exonérations, des abattements, des déductions, de la prise en charge par l'état que contient la LF 2018 en faveur des entreprises.
On aurait aimé qaue vous nous parliez des mesures prises pour la relance économique, en faveur des PME, des nouveaux promoteurs, des zone prioritaires'..etc etc
On aurait aimé que vous nous parliez du rabattement d'impot sur les société de 35 % à 30 puis à 20 % sous certaines conditions opérés ces dernières années.
On aurait aimé que vous nous parliez de l'exonération totale en faveur de certains secteurs, des taux de 10 % du minimum d'impôts etc etc
ON AURAIT AIME ON AURAIT AIME '''Je ne vais pas vous faire des leçons de fiscalité sur les avantages fiscaux
TRAVAILLEZ HONNÊTEMENT SINON LAISSEZ LA PLACE AUX AUTRES DISPOSES A LE FAIRE.
Les mafieux et les évadés fiscaux font de la mauvaise concurrence déloyale aux bons contribuables : Ils n'ont pas le droit de vivre parmi nous

Ahmed
| 24-10-2017 08:39
Ils nous prennent pour des C....