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Le gouvernement Essid face à la tourmente du vote de confiance
26/01/2015 | 19:59
5 min
Le gouvernement Essid face à la tourmente du vote de confiance
A l’annonce de la composition du nouveau gouvernement vendredi dernier, le chef du gouvernement désigné, Habib Essid, en a surpris plus d’un. Les voix mécontentes se sont élevées, d’aucuns contestant certaines nominations, d’autres pour avoir été carrément écartés de l’équipe Essid. Un week-end qui n’a pas dû être de tout repos pour le chef du gouvernement, d’autant plus que la plupart des partis politiques représentés à l’Assemblée ont décidé de ne pas voter au bénéfice du gouvernement, lors de la plénière qui y sera consacrée.

« Un gouvernement mort avant même de naître », telles sont les propos du député Mehdi Ben Gharbia. C’est dire l’impasse dans laquelle se retrouve le chef du gouvernement. Face aux critiques et à certaines polémiques, concernant notamment la nomination du ministre de l’Intérieur, le gouvernement sera confronté à un vote de confiance des plus serrés, si ce n’est perdu d’avance.

Il est nécessaire de rappeler que selon les dispositions de l’article 89 de la Constitution, Habib Essid dispose d’un délai d’un mois renouvelable une seule fois. Le chef du gouvernement désigné est encore, légalement, dans les temps et il est possible d’opérer des changements au sein de la nouvelle équipe avant de la présenter au vote. On notera également que la séance plénière, prévue pour le mardi 27 janvier, et qui était consacrée au vote de confiance, a été reportée, laissant le temps à Habib Essid pour entamer une nouvelles phase de négociations et de concertations avec les différentes sensibilités politiques, qui se sont retrouvées écartées.

Il faut dire que le gouvernement ne pourrait entrer en fonction, qu’après l’obtention de la majorité absolue à l’ARP, soit 109 voix sur les 217 sièges du Parlement. Si on prenait en compte les partis siégeant au Parlement et qui ont annoncé leur refus de voter pour le gouvernement, soit 69 sièges d’Ennahdha, 15 du Front populaire, 8 de Afek Tounes, 4 du CPR, 3 d’Al Moubadara et 3 du Tayyar, le nombre de députés contre s’élèvera à 102. Il ne faudrait pas omettre les Adnène Hajji, Mehdi Ben Gharbia ou Iyed Dahmani et autres minorités à l’Assemblée, qui, sans donner une position officielle, ne sont pas d’accord avec la composition du gouvernement et sont susceptibles de jouer contre. Nidaa Tounes disposant de 86 sièges à l’Assemblée, ajouter à cela ceux du parti de Slim Riahi, l’UPL, les députés favorables au gouvernement seront au nombre de 102.

A Habib Essid incombera, sous peine de perdre la face, de relancer une série de rencontres et de concertations avec les partis politiques. C’est qu’entre dimanche et lundi les communiqués et déclarations faisant état du refus d’accorder la confiance au gouvernement, se sont multipliés. Le Front populaire a été l’une des premières formations à avoir refusé de participer et de voter en faveur du gouvernement. Les raisons étant entres-autres un programme ne répondant pas aux attentes des Tunisiens et la nomination de plusieurs personnalités appartenant à l’ancien régime ou suspectées de corruption. Pour sa part Afek Tounes qui s’est retiré des négociations, le jour de l’annonce de la composition du gouvernement, a décidé de ne pas soutenir le gouvernement, qui a été constitué dans l’opacité, critiquant ainsi les choix de Habib Essid. Afek Tounes parti proche de Nidaa et qui était considéré comme allié, s’est retrouvé écarté alors qu’il réclamait des portefeuilles économiques.

Par ailleurs, le Conseil de la choura d’Ennahda réuni dimanche a décidé de ne pas voter pour le gouvernement Essid, considérant que la nouvelle équipe constitue une déception pour une bonne partie des Tunisiens, faute aussi d’union nationale et de représentativité des partis politiques. Al Moubadara et Kamel Morjane ont pris la même décision en affirmant être prêts à revenir sur leur position si Essid opère des changements et s’ouvre au dialogue.

Et cela fut ! Les pourparlers reprennent avec un certain nombre de partis. L’un des premiers à être consulté, le mouvement islamiste Ennahdha et son chef Rached Ghannouchi. A l’issue de la rencontre avec le chef du gouvernement, Ghannouchi déclare que son parti a reçu de nouvelles propositions, « positives » et « satisfaisantes ». On apprend qu’Ennahdha a proposé quelques noms qui devront être intégrés au gouvernement en attendant l’aval de Habib Essid… Exprimant le souhait que les consultations aboutissent à un large consensus, Rached Ghannouchi insiste sur la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, sous peine de revenir à la case de départ, et de ne pas accorder la confiance à la formation…

Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire a été, de son côté, invité à la table des négociations, annonçant la détermination de Habib Essid à opérer des changements et élargir les concertations, en vue d’arriver à un consensus. Le Front populaire considère toutefois, que le programme du gouvernement, « n’en est pas un », selon les propos de Ahmed Seddik, ce qui impose de tout revoir… Afek Tounes n’est pas en reste et ses dirigeants ont été appelés à donner leur position. Des modifications et remaniements sont donc à attendre, pour que le gouvernement puisse passer au vote de confiance, reste à savoir lesquels. On sait de prime abord, qu’il y aura un nouveau ministre des TIC, Karim Skik s’étant retiré. Certains évoquent le désistement du ministre de l’Intérieur controversé, Mohamed Najem Gharsalli et d’autres, d’un ministère du Tourisme qui ne sera plus entre les mains de l’UPL, et Mohsen Hassan.

Le gouvernement proposé par Essid est composé essentiellement de membres de Nidaa Tounes et de l’UPL, ainsi que de compétences indépendantes. La question qui se pose, est si Habib Essid ira jusqu’à intégrer les islamistes, tant contestés par les bases électorales de Nidaa, au sein de son gouvernement, faisant avancer comme argument un certain pragmatisme politique. Dans le cas où, la situation ne se débloquerait pas et que le gouvernement n’arrive pas à obtenir la confiance de l’ARP, la Constitution prévoit que « le président de la République engage des consultations avec les partis politiques […] en vue de charger la personnalité la plus apte à former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois ».

Ikhlas Latif
26/01/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (6) Commenter
on ne peut contenter tout le monde
citoyen
| 27-01-2015 17:44
La course aux chaises est féroce alors que seul l 'interet géneral devrait primer
le régime parlementaire sera source d 'instabilité permanente
pour le tourisme ou la santé Znaidi connait bien les deux ecteurs ;on aurait économisé du temps
les ministeres ne sont pas des charges achetées par l 'argent
les Atuges sont mécontents;débarqués de Paris ou Londres;ils veulent un korsi
On va avoir des gouvernements à la libanaise ou il faut contenter tout le monde et paralyser l 'action
Nahda n 'a pas décidé d 'etre un parti comme les autres;la comparaison avec les partis Démocrate -Chretiens est fallacieuse;ces derniers ne comptent pas installer un Califat ni un Etat théocratique
Si Essid et la quadrature du cercle






@ Tounsi non bourguibiste |27-01-2015 17:11
Bourguibiste nationalisme
| 27-01-2015 17:35
Monsieur, merci pour vos précisions. Je connais très bien le processus par lequel la proportionnelle nous a été imposée. Je maintiens que c'est une loi scélérat.
Quant à la « pauvreté intellectuelle » qui aurait instaurée par Bourguiba : vous êtes l'exemple contraire à votre démonstration.
Le Bourguibisme veut ressusciter!!!
Tounsi non bourguibiste
| 27-01-2015 17:11
Au bourguibiste nationaliste: Y Ben Achour avec la complicité de Sophie Bessis et la gauche exclusiviste ont mis en place la proportionnelle avec les plus grand restes pour barrer la route à Nahdha en 2011 (déclaration sur Nesmaa de Ben Achour en janvier 2012). Les islamistes, que vous haissez, ont proposé la proportionnelle avec les plus fortes moyennes avec seuil mais les autres "partis" n'ont pas voulu. Cette dernière méthode ne favorise pas les petits partis. Nidaa a gagné car il a fait travaillé le système instauré par Bourguiba et ZABA. Ces deux présidents ont mené la Tunisie vers un désastre politique, social et économique. 55 ans de "pauvreté intellectuelle" et politique. Le développement de l'arrivisme, de la haine de celui qui n'est pas destourien ou RCDiste, du népotisme, de la torture etc... étaient les règles et les méthodes de gouverner. Le désastre a commencé en 1964 au changement du nom de néo-destour en PSD. Si vous êtes de la génération de mon père c'est que vous êtes un "intellectuel" malhonnête, si vous êtes trentenaire vous avez beaucoup de choses à apprendre (lisez l'Histoire, pas les livres de M Sayah!). Malgré vous la Tunisie a besoin de TOUS SES ENFANTS. Il semble que vous êtes "un enfant égaré par la haine" qui s'est réjoui, avec cette Gauche moderniste caviar, de la torture d'autres tunisiens. Heureusement je n'en fait pas partie.
@DHEJ |27-01-2015 15:11
Bourguibiste nationaliste
| 27-01-2015 16:26
Je n'ai jamais prétendu que Y Ben Achour est derrière tout...
Ah BOURGUIBISTE NATIONALISTE
DHEJ
| 27-01-2015 15:11
Et si c'est YADH BEN ACHOUR qui est derrière la composition du gouvernement ESSID session principale ou version 1.0???


DEFAITE DU PREMIER MINISTRE VICTOIRE DES PARTIS ET DESASTRE ANNONCE
Bourguibiste nationaliste
| 27-01-2015 14:57
Le premier ministre désigné a échoué dans sa première tentative de former un gouvernement. Ce premier échec signe la victoire des partis politiques qui se son ligués pour affirmer leur prééminence sur le gouvernement. C'est un signal très clair que nous entrons dans le régime des partis qui sera fatal pour notre pays.
Comme on le verra très rapidement, les élections présidentielles et parlementaires, qui ont donné un signal clair que les Tunisiens ne veulent plus de l'islamisme au pouvoir, n'ont rien résolu. Pire encore, le pays s'enfonce dans la crise dans l'origine se trouve dans le régime bâtard que la Troïka nous a donné, caractérisé par la prééminence des partis rendue possible par la loi proportionnelle. Le pays s'enfonce dans la crise et rien n'est résolu, en raison des institutions que les islamistes ont imposées au pays.
Cette situation est due au régime politique que la Troïka a imposé au pays avec la complicité de certains intellectuels comme Y. Ben Achour. Pour des raisons idéologiques, les islamistes ont tenu à mettre fin au régime présidentiel qui aurait gêné leur stratégie de mise en place progressive d'une République islamique, qui demeure le but ultime des islamistes. Le régime quasi parlementaire qui a été choisi par la majorité de l'ANC est un POISON qui tuera à petit feu la société tunisienne qui n'est pas prête pour ce type de régime et ceci pour plusieurs raisons:
1. Le régime parlementaire est bien plus difficile à faire fonctionner que le régime présidentiel.
2. Le régime parlementaire est intrinsèquement un régime d'instabilité politique.
3. Cette instabilité est « normal » dans des sociétés consensuelles.
4. Dans des sociétés où il y a des divergences sur des éléments sociopolitiques fondamentaux, l'instabilité est génératrice de crises multiples.
5. La Tunisie est un pays non stabilisé et la société est profondément divisée : le régime parlementaire ne fera qu'aggraver ces divisions et rendre le pays ingouvernable.
6. Les régimes parlementaires sont plutôt l'exception dans le monde et par conséquent c'est un régime qui ne peut correspondre qu'à des sociétés très évolués avec un passé historique et politique important ; des sociétés qui ont une longue pratique parlementaire, ce qui n'est pas le cas de la Tunisie.
7. La loi électorale proportionnelle, imposée par les islamistes avec la complicité de Y. Ben Achour, ne permet à aucun parti de disposer de la majorité absolue au parlement. C'est une difficulté supplémentaire qui rendra le pays ingouvernable. La proportionnelle donne les moyens aux islamistes de faire pression sur le gouvernement et de jouer la politique de la tension, jusqu'à ce que le gouvernement tombe. Cela leur permettra de paralyser la vie politique pour montrer qu'ils sont indispensables, ce qui n'est évidemment pas le cas. UN DESASTRE ATTEND NOTRE PAYS qui se terminera par la défaite des islamistes et la victoire des nationalistes modernistes ou par la victoire des islamistes qui finiront par imposer un Etat islamiste.