Pourquoi tant de précipitation? pourquoi tant de hâte? Pour ce genre de chose, il faut prendre le temps de bien réfléchir, peser le pour et le contre, sonder la "société civile" ( démocratie oblige), pour savoir son avis, lister les possibilités et les besoins. Ce n'est qu'après, qu'il commencer à préparer ce fameux dialogue national pour l'emploi...
Admirez cette merveille :" annonçant le début de la préparation du dialogue national" sic Cinq ans à peine après la "révolution"? Et ce dialogue, une fois "préparé"-il faut compter un an-, il risque de durer à peine un ou deux ans, sans plus...pour accoucher à la fin d'une souris, autrement dit d'une tonne de promesses farfelues qui finiront à la poubelle. On connait la chanson, comme on connait le génie de nos gouvernants quand il s'agit de faire patienter une jeunesse qui crève de faim et une société désabusée qui n'a plus confiance en l'Etat. Quand on veut tuer (ignorer) un problème, refuser de le résoudre efficacement, on le noie sous une pluie de "concertations", de "comités d'évaluation", de "dialogues" à n'en plus finir...et on finit par avoir les contestataires et autres mécontents à l'usure; le temps des gouvernants n'est pas le temps des gouvernés.
"Dialogue national", c'est le mot magique...un mot redondant dans le discours politique, comme si l'Etat se trouve incapable de résoudre des problèmes qui sont exclusivement de son ressort et qui se décharge sur un dialogue national par ci, un autre par là...On continue à croire que sans le quartet , UGTT, UTICA et les 2 autres machins, il n'y aurait jamais eu de sortie de crise et le passage en douceur vers un gouvernement de transition. Quelle naïveté! La seule composante du quartet qui a sorti le pays du merdier c'était l'UGTT, la seule qui disposait du soutien populaire le plus large, l'UTICA, l'Ordre des avocats et la Ligue des droits de l'homme faisaient office de figurants, une manière de ne pas trop accorder trop d'importance à l'UGTT, la bête noire du régime depuis Bourguiba...
A quoi servirait un dialogue national pour l'emploi, alors que le gouvernement ne dispose d'aucun plan pour relever l'économie et résorber le chômage. Il navigue à vue, au petit bonheur la chance... Est-il possible d'avoir une vision globale de l'économie, d'établir des articulations efficaces entre les secteurs économiques , établir des priorités conjoncturelles...sans un ministère de l'économie qui coiffe l'ensemble des secteurs économiques? L'économie tunisienne est à l'agonie, mais le pays n'a pas de Ministère de l'économie. Pourquoi? Il faudra le demander aux partis politiques et à l'ARP...
Jusqu'à quand le gouvernement, miné par son incompétence et son immobilisme, va-t-il continuer à donner le change, concernant l'emploi (voir les déclarations d'Essid), en créant à tire larigot des postes nouveaux dans la fonction publique, laquelle souffre déjà, dans certains secteurs, de sureffectifs incroyables? L'épidémie du chômage provient essentiellement du secteur privé, qui engrange des bénéfices et refuse de créer des emplois...tout en se dérobant de ses devoirs fiscaux. A l'Etat d'affirmer, pour une fois, son autorité, contrôler efficacement les entreprises privées, leur fiscalité, leur politique salariale et obliger celles qui sont bénéficiaires de réinvestir et d'embaucher des employés. Le fera-t-il? On en doute...