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Le gaspillage alimentaire, cette ineptie des temps modernes !
09/03/2017 | 19:59
5 min
Le gaspillage alimentaire, cette ineptie des temps modernes !

 

Environ 1,3 milliard de tonnes, soit près d’un tiers de toutes les denrées alimentaires produites dans le monde, sont perdues ou gaspillées chaque année. Chaque seconde, plus de 41 200 kilos de nourriture sont jetés dans le monde où près de 868 millions de personnes souffrent encore de la faim. 1/3 de la production globale de denrées alimentaires dédiée à la consommation. Le gaspillage alimentaire concerne les pays riches comme pauvres et représenterait une valeur gaspillée de 990 milliards de dollars.

 

 

Ces chiffres qui font froid dans le dos, ont été annoncés par la FAO, qui précise au passage, qu’un quart des pertes de produits alimentaires serait suffisant pour nourrir les 870 millions de personnes qui meurent de faim dans le monde.

La réduction des pertes et du gaspillage alimentaires est ainsi devenue une priorité  essentielle pour garantir la sécurité alimentaire mondiale et la continuité des systèmes alimentaires durables. Ce fléau du monde moderne, catalysé par de nouvelles habitudes de consommation et une industrialisation de la production, est observé à 54 % durant les phases de production, de manutention et de stockage et à 46 % aux stades de la transformation, de la distribution et de la consommation. Dans les pays à revenu moyen ou élevé, le gaspillage est très lié à la consommation, dans les pays à revenu faible, en revanche, il se situe plus en amont, c'est-à-dire au niveau de la production et du stockage.

 

En plus d’être condamnable pour les raisons d’injustice sociale que l’on connait, le gaspillage alimentaire coûte très cher aux pays qui ne font rien pour le limiter, mais aussi et surtout au consommateur, à l’agriculteur et en terme de ressources environnementales. A chaque fois que des denrées alimentaires sont perdues, toutes les ressources naturelles utilisées pour les cultiver, les transformer, les emballer et les transporter l’ont été inutilement, explique la FAO.

 

Sans être donc forcément liés à la richesse des pays, les pertes et gaspillage alimentaires sont aussi importants dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) que dans le reste du monde. Les pertes alimentaires sont officiellement estimées à 250 kg de nourriture par personne et par an dans la région, indique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

 

45% des aliments gaspillés dans la région MENA sont des fruits et des légumes, 28% sont des poissons et des fruits de mer, 26% de racines et de tubercules, 19% de céréales, 18% de produits laitiers et 13% de viandes, a précisé Raoudha Khaldi, consultante et experte du projet FAO pour la valorisation des chaines de valeurs alimentaires, lors du séminaire régional de l’analyse du gaspillage alimentaire qui s’est tenu aujourd’hui à Tunis.

 

 

Ce gaspillage, explique l’experte, possède de nombreuses causes. D’abord, au niveau du circuit de distribution, un manque de coordination entre les différents acteurs de la chaine alimentaire, des accords commerciaux de plus en plus axés sur des exigences esthétiques, une gestion défaillante des stocks et des rayons ainsi que des pratiques marketing encourageant l’achat « inutile ».

Le comportement du consommateur y est aussi pour quelque chose. Une mauvaise planification des courses et des menus, une gestion irrationnelle des achats, l’influence de la publicité, des préférences de consommation plus orientées vers des produits « parfaits » et calibrés ainsi qu’une mauvaise interprétation des dates de péremption, induisent à un gaspillage alimentaire qui se chiffre chaque année en millions de dollars.

 

Pour donner un exemple bien de chez nous, les subventions des produits alimentaires tels que le sucre, les huiles végétales et les céréales, se chiffrent chaque année à 84dt par personne dont 33dt pour le pain. 900 mille unités de pain sont gaspillées chaque jour, soit une moyenne de 100 millions de dinars chaque année, indique l’Institut National de la Consommation (INC). Le pain figure évidemment en première position des produits gaspillés par les Tunisiens avec un taux de 16%, suivi par les céréales (10%), les légumes (6,5%), les fruits (4%), le lait et ses dérivés (2,3%) et les viandes (2%).

 

 

Face à cette ineptie, qui implique tout le monde et ne semble concerner personne, la Tunisie est encore à la traine. Il n’existe pas de travail d’évaluation des pertes et gaspillage alimentaire sur des filières entières mais quelques études ponctuelles où le problème est constaté mais pas chiffré, excepté par l’INC. Le phénomène est aussi peu pris en compte dans les politiques de développement du secteur agricole et agroalimentaire, alors que des solutions efficaces, qui sont pratiquées dans certains pays pourraient servir de modèle, a souligné l’experte Raoudha Khaldi.

Des modèles à l’instar de l’Egypte, qui a opté pour une réforme des subventions du pain, le Liban, qui, à travers la Banque alimentaire (LFB) a initié un large programme de sensibilisation avec en prime, la redistribution des excédants aux orphelinats, établissements de santé ou associations.

La France a aussi opté pour une loi anti-gaspillage en 2016, a axé ses priorités sur le « donner  au lieu de jeter ». Ainsi, les hyper marchés de plus de 400m² devront désormais signer des accords de dons avec des associations ou payer 3750 euros. La destruction  des denrées consommables jetées par les supermarchés, pratique jusque-là très répandue, est désormais interdite.

L’Italie a été, pour sa part, le premier pays à avoir adopté une loi qui offre des avantages fiscaux aux institutions qui distribuent gratuitement de la nourriture aux personnes dans le besoin, a indiqué Deryne Dogui, directrice à l’INC.

 

Tous ces exemples, et bien encore d’ailleurs, nous pouvons aussi parler de recyclage, de magasins solidaires et autres, sont la preuve que des solutions existent. Néanmoins, tout devra passer par un changement d’habitudes de consommation et l’adoption de bonnes pratiques. Ces assiettes remplies à ras le bord, ces yaourts que l’on pioche plus loin dans le rayon pour ne pas prendre ceux dont la date limite de consommation est proche et ces fruits et légumes parfaits que tout le monde veut admirer pour les couper ensuite, toutes ces pratiques ne font qu’enfoncer le clou.

 

Acheter juste ce dont on a  besoin, quitte à retourner au supermarché, recycler les restes, opter pour les légumes « moches », se renseigner sur les méthodes de conservation, sur cette grande arnaque des Dates limite de consommation (DLC), qui souvent peuvent être dépassées de quelques mois sans aucun risque sur la santé des consommateurs et adopter un comportement de consommation responsable, sont un premier pas vers le salut.

Pour le reste, chaque pays devra adopter une stratégie visant à réduire le gaspillage alimentaire et par conséquent le gaspillage en ressources naturelles rares à l’instar de l’eau, dont la région MENA manque de surcroît.

 

Myriam Ben Zineb

09/03/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (10)

Commenter

TMT
| 10-03-2017 17:54
Il ya déjà près de 50 ans,mon professeur d'éco. nous disait que les poubelles de NY peuvent nourrir Paris et que celle de Paris peuvent nourrir une capitale comme Tunis.
S'agissant du pain,il faudrait peut être commencer par améliorer la qualité car, généralement,p ex la baguette n'a une durée de comestibilité que de qqe heures au delà desquelles on ne pense qu'à la mettre de côté (pour ne pas dire autre chose)
Après quoi,on tirerait les conclusions et penser peut être à autre chose s'il le faut.

déja-vu
| 10-03-2017 14:24
Quel gaspillage?!

Article qui ne concernent que les hotels, restaurants et des citoyens bien nantis qui peuvent encore se permettre de jeter quoi que ce soit.

Le Tunisien moyen est aujourd'hui ascète par force et dans qlq années, il pourra se cacher derrière son manche à balai...

Arrêtons de parler de souvenirs lointains d'un autre Tunisien qui survit aujourd'hui grâce au lablabi hallucinogène.

Donc un article à propos de la malnutrition serait plus approprié. La famine, pas encore.

N.Burma
| 10-03-2017 11:58
@Blu

Vous avez parfaitement raison de ne pas succomber au consumérisme aveugle qui transforme l'homme en animal qui mange à toute heure jour et nuit.
Vous avez évoqué le pain en forme de chapelure, je fabrique moi-même le pain, qui se conserve bien mieux que le pain du boulanger, pain que je peux parfumer de graines de fenouil ou de thym, à qui je peux y joindre deux cuillères d'huile d'olive et éventuellement un yaourt.
Je suis certain qu'un comportement différent vis-à-vis du monde de la consommation, pourrait enrichir tout un pays, pourrait soigner quantités de maladies, pourrait donner forme et donc du dynamisme à toute une population.
Mais le malheur de pays pauvres, c'est qu'ils veulent à tout prix singer les pays riches et s'enfoncer dans la consommation aveugle des produits sucrées et gras à la fois.
Je ne suis pas de formation médicale, mais je serais curieux de connaître le nombre de diabètes dans ce pays, pour me limiter simplement aux diabètes qui ont ingurgités des dizaines de kilos de sucres par an. Une hygiène alimentaire pourrait faire épargner à l'économie du pays des milliards de dinars par an.

Blu
| 10-03-2017 11:17
Tout comme vous je ne gaspille pas. Les légumes plus tout frais finissent en soupe ou velouté avec un petit morceau de fromage constituent un bon repas. Le pain sec sert de chapelure, de dessert tranché et passé dans de l''uf battu et passé à la poêle accompagne une bonne compote dont les fruits ne finiront pas au bord de la route comme sur la photo. Il m'arrive d'oublié un yaourt nature dans le réfrigérateur, la date de péremption dépassant plus d'un mois et toujours très bon, il suffit de le goûter, il est bien plus crémeux que celui qui est dans la limite de consommation. Cordialement

el manchou
| 10-03-2017 11:13
Il faut arrêter de subventionner le pain, la farine, l'huile ... et distribuer le budget de la caisse de subventions sous forme de revenu universel.
La farine subventionnée finit en gâteau, dans les hôtels, en Libye ...

zohra
| 10-03-2017 10:21
Bonjour,

Je dis que l'islam interdit le gaspillage, parce que la Tunisie et un pays musulman sauf avis contraire, comme tout tunisien qui se prétend musulman mais il fait tout à fait le contraire de la religion. Le plus gaspilleurs au monde c'est les musulmans, rien qu'à voir le mois de Ramadan.

Je suis comme vous j'aime beaucoup la soupe au légumes.

Très belle journée

N.Burma
| 10-03-2017 09:50
« l'islam interdit le gaspillage. à commencer par moi-même, pour être franche je jetais beaucoup j'ai appris à équilibrer, on ne pourra jamais arrivé à ne rien jeter (zéro impossible) mais réduire » zohra



@zohra

Bonjour zohra,
Je ne me hasarderai pas à commenter l'islam pour savoir s'il interdit le gaspillage, s'il ferme les yeux sur les gaspillages ou s'il encourage le gaspillage, le cas de l'Arabie saoudite propriétaire de puits de pétrole et gardienne historique d'un certain islam me laisse perplexe sur l'économie islamique. Je n'ajoute que les contestataires de l'Islam wahhabite, contestataires qui ont créé un Etat islamique dans lequel, le gaspillage n'est de loin pas leur priorité ! Aussi, je ne me permettrai de dire que les islamistes et leur doctrine homéopathique comme celle de Mont plaisir à Tunis ou allopathique comme celles des pays du Golfe, seraient ou ne seraient pas économes.
Sur la deuxième partie de vote commentaire, je suis un féru des légumes que je prépare de la manière la plus simple, sans viande et sans gras et que mixe pour en faire des soupes et des veloutés qui se gardent parfaitement durant la semaine au réfrigérateur et que je peux à loisir consommer. Si par bonheur, on dispose de sauces épaisses thaïlandaises, vietnamiennes ou chinoises, cela devient un premier plat de fête qu'on se garde de jeter !

Bonne journée

URMAX
| 10-03-2017 08:22
...
Et nous, qui balançons toute cette [na3âma], nous nous disons "de bons Musulmans" ... "meziyen mil barra ; chnahouelek mil dekhel"
...
el feyda mouch fil klem ; emma fil "mef3oul bihi" !
...
Mon "Q", si nous sommes "de bons Musulmans" !
...
URMAX

zohra
| 10-03-2017 07:12
Dans cette société de consommation et d'égoïsme où on ne pense pas qu'il y a des gens qui meurent de faim dans le monde. Il faut essayer de changer ces habitudes,
Il faut apprendre à réduire le gaspillage, essayer de cibler ses achats, malgré la tentation, le marketing qui donne envie, la présentation des produits et des rayons... Gaspillage zéro n'existe pas mais on peut réduire au maximum pour cela il faut vraiment de la sensibilisation par spots publicitaires chocs sur la faim par exemple.démontrer tout ce qu'on jette à la poubelle peut nourrir combien de personne.

l'islam interdit le gaspillage.




à commencer par moi-même, pour être franche je jetais beaucoup j'ai appris à équilibrer, on ne pourra jamais arrivé à ne rien jeter (zéro impossible) mais réduire

Lincoln
| 09-03-2017 20:14
nôtre pays son peuple il à rendue une porcherie la saleté par tout même dans leur vêtement ça son les hodure de frip et les construction bizarre des maisons de tunisiens il construit sur 1et2et3et4etage il vont pas arrivée au ciel c'est dommage que les tunisiens deviennent comme ça