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Lazher Akremi rend son tablier, et ça ne laisse pas indifférent !
05/10/2015 | 19:58
5 min
Lazher Akremi rend son tablier, et ça ne laisse pas indifférent !


Lazher Akremi a annoncé, le 5 octobre 2015, sa démission du gouvernement Essid. Cela représente un événement étant donné que c’est la première démission de ce gouvernement, mais aussi pour les raisons qui l’ont motivée. Le, désormais, ancien ministre a expliqué sa décision dans une longue lettre qui a été rendue publique aujourd’hui par le journal Akher Khabar. Cette démission est aussi intéressante par les réactions qu’elle provoque, particulièrement au sein du parti au pouvoir, Nidaa Tounes.

 

L’un des ministres du gouvernement Essid a rendu son tablier ce matin, il s’agit de Lazher Akremi. Il était ministre attaché à la présidence du gouvernement chargé des relations avec le parlement. Il s’agit aussi de l’un des fondateurs du parti Nidaa Tounes.

 

Pour expliquer cette démission, Lazher Akremi n’y est pas allé par quatre chemins : il se sent inutile au sein du poste dans lequel il se trouve et il estime qu’il a été marginalisé dans un gouvernement qu’il trouve inefficace. « On accuse ce gouvernement d’avoir des mains tremblantes alors qu’il n’a pas de mains du tout ! » écrit-il dans sa lettre de démission. L’ancien ministre se demande carrément, dans sa lettre de démission, s’il existe une réelle volonté de combattre la fraude quand on sait que 54% du PIB tunisien est produit par le commerce parallèle.

 

Dans sa lettre de démission, Lazher Akremi n’a pas été tendre avec Habib Essid. L’ancien ministre révèle, en effet, que le chef du gouvernement n’était pas convaincu par la fonction qu’occupait Lazher Akremi et qu’ils se sont arrangés pour que sa présence consiste en une coordination quotidienne pour fournir un soutien politique au gouvernement.

 

Apparemment, il n’en a rien été ce qui a amené Lazher Akremi à se dire victime d’une « exclusion systématique de toutes les décisions, de l’absence totale de toute information et de l’interdiction de toute action ». Par conséquent, M. Akremi dit se mouvoir dans la « superficie d’une cellule politique ». Il poursuit en affirmant que le but de tout cela est de « lui enlever toute crédibilité et de le mettre en retraite politique anticipée ». Le dirigeant nidaïste annonce ainsi qu’il retourne auprès de ses électeurs de la circonscription de Ben Arous à qui il présentera des excuses et qu’il servira dans une franchise dont il se sent capable de faire preuve.

 

Par cette démission, le mythe que l’on a voulu entretenir à propos d’une équipe gouvernementale soudée et à solide à toute épreuve en prend un coup. En effet, Habib Essid est directement mis en cause dans cette lettre et la défection de Lazher Akremi donnera un coup politique au gouvernement. Il faudra déjà que le chef du gouvernement réponde des accusations portées par son ancien ministre. Ainsi, comment le chef du gouvernement peut-il ne pas être convaincu par l’un des postes de son propre gouvernement ? Pourtant, on nous avait expliqué à plusieurs reprises que Habib Essid avait constitué son gouvernement en toute indépendance et loin de toute pression. Deuxième point, celui du manque de volonté dans le combat contre la fraude et la contrebande. Lazher Akremi pointe clairement un déficit dans l’action gouvernementale dont Habib Essid devra répondre, qu’il soit réel ou supposé. Certains interprètent cette démission comme étant la conséquence inévitable de l’absence d’homogénéité dès la constitution de cette équipe. Plusieurs observateurs avisés avaient, dès lors, prédit des démissions et une action gouvernementale entravée du fait des dissensions mais aussi du fait que cette équipe a été constituée sous la pression des quatre partis de la coalition. 

 

Certains observateurs évoquent d’autres raisons pour cette démission. Certains observateurs évoquent la perspective d’un remaniement gouvernemental dans un avenir proche. Ainsi, Lazher Akremi aurait pris la poudre d’escampette avant d’être prié de libérer son poste. Cette thèse semble mise à mal par le fait que Habib Essid, le 19 septembre 2015, avait déclaré qu’aucun remaniement n’était envisagé. Chose confirmée quelques jours plus tard, le 21 septembre, par Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, qui avait affirmé qu’il n’y avait aucun accord entre Ennahdha et Nidaa Tounes concernant un éventuel remaniement ministériel.

 

D’autres évoquent une thèse plus complexe en lien avec les récentes révélations de Moez Ben Gharbia. En effet, Lazher Akremi serait l’une des personnes que Ben Gharbia menace dans sa vidéo en livrant les premiers chiffres de son numéro de téléphone, ce qui aurait précipité sa démission. On évoque également les sempiternelles luttes internes au sein de Nidaa Tounes et la volonté de Lazher Akremi de clairement se positionner en vue du prochain congrès du parti. En effet, sa concurrence avec Hafedh Caïd Essebsi avait défrayé la chronique et a largement dépassé le cadre de la bienséance. Cette démission ne serait finalement qu’un premier pas vers le retour au parti en préparation de la bataille entre Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essebsi qui s’annonce sanglante. Le soutien d’un politicien comme Lazher Akremi se révélerait précieux à ce moment là, le meeting de Kairouan n’étant qu’un petit tour de chauffe…   

 

La démission de Lazher Akremi de son poste gouvernemental jette clairement un pavé dans plusieurs mares. La première, celle du gouvernement, qui prend un coup et voit sa crédibilité et sa solidarité fragilisée en plus de toutes les critiques dont il fait l’objet. La deuxième, celle de Nidaa Tounes où le retour de Lazher Akremi exclusivement à l’activité partisane fait grincer certaines dents tout en étant applaudi, voire souhaité, par d’autres. Ce qui est évident, c’est que tout le monde a en tête le prochain congrès du parti au pouvoir et tous les tiraillements qui vont le précéder. Chacun est en train de fourbir ses armes et Lazher Akremi en est une.

 

Marouen Achouri

05/10/2015 | 19:58
5 min
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Commentaires (15)

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SELIM
| 06-10-2015 19:54
Qu'il retourne au Liban chez ses frères d'armes palestiniens !

Amor
| 06-10-2015 17:52
C'est le genre de personnage qui mange à tous les râteliers.
N'était-il pas chargé de mission auprès de Sadok Chaabane, alors ministre de la justice.

Patriote
| 06-10-2015 15:41
Quand les intérêts des partis et des personnes priment sur l'Intérêt général cela annonce la fin de l'Etat

Kairouan
| 06-10-2015 14:34

"On évoque également les sempiternelles luttes internes au sein de Nidaa Tounes et la volonté de Lazher Akremi de clairement se positionner en vue du prochain congrès du parti.[...]. Cette démission ne serait finalement qu'un premier pas vers le retour au parti en préparation de la bataille entre Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essebsi qui s'annonce sanglante." (sic)

Creusez justement cette hypothese cher M.A., et aidez vous dans votre investigation du Scenario du film Alien [1], que j'ai evoque dernierement [http://www.businessnews.com.tn/non-nidaa-nest-pas-mort,526,59343,3]

L'Alien est connu. Il n'est autre que le beneficiaire N.1 de la "Revolte des Affames Tunisiens" [Thawrat Jia3], comme aiment nous appeller, paradoxalement, Saoudiens et Qataris qui pondent les aliens et accueillent royalement les Ben Alis (Ego et Alter-egos ne sont jamais separables)

Mais les Kane, les Lambert, les Parkers, les Ripley et les Ash (surtout les machiaveliques Ash et leurs commanditaires!) au sein du vaisseau Nidaa, sont moins prestement identifiables... Et pourtant il faut les identifier pour comprendre ce qu'ils font et elucider leurs objectifs.

Notamment, quel role devrait tenir dorenavant Monsieur Akremi dans ce scenario maccabre du Parti du Vote Utile? Utile pourqui, pourquoi, au fait? Quelle perspective pour, nous autres, les "affames" dans tout ca? Certains Nidaistes, ne sont-ils pas finalement, les beneficaires N.2 de leur revolution? Repensez egos et alter-egos Monsieur Achouri...
Et, bon courage au Journalisme Tunisien.

[1] - [https://fr.wikipedia.org/wiki/Alien_(film)]

Ataturk
| 06-10-2015 13:12
Lazhar Akremi fait preuve de bon sens en démissionnant, car l'alliance contre nature entre Nida et Ennahdha n'a provoqué que des scissions à Nida Tounès et une large opposition de son électorat

Bourguibiste nationaliste
| 06-10-2015 11:41
Commentaire censuré pour usage des majuscules.

KLM
| 06-10-2015 11:22
Il faut être naïf ou aveugle pour ne pas penser ou voir les causes du manque d'initiatives du pouvoir exécutif et de sa stagnation. Il y a bien un chef d'orchestre manipulateur de la gouvernance du pays, le président de la république en personne. BCE a choisi et nommé Habib Essid nullement pour sa compétence mais c'est uniquement pour sa docilité pour en faire son homme lige, pour le manipuler et 'uvrer à sa guise. Ce président allaité directement du pouvoir personnel de Bourguiba n'accepterait jamais quelqu'un qui puisse lui faire de l'ombre, alors il avait jeté son dévolu sur Habib Essid. Le projet de la " réconciliation " nationale c'est le projet de BCS et non du gouvernement, c'est lui même en personne qui a dit qu'il a demandé à l'assemblée nationale de l'étudier et de le voter. Le président est obnubilé par le devenir de ses amis affairistes de l'ancien régime. Le gouvernement n'est qu'intermédiaire et exécutant de sa volonté, et tenu pour quantité négligeable. Quant à Nida Tounes qui traverse une guerre des chefs on y voit bien la man'uvre de BCS par fils interposé, qui veut remettre la main dessus et en faire son RCD pour préparer Hafed au trône ou l'offrir à un des loups qui rodent dans ses parages et qui lui montrent dévouement, fidélité et soumission.
L'histoire va se répéter et certains n'en retiennent aucune leçon. Si Benali avait un fils adulte en 2011 la Tunisie serait actuellement à feu et à sang comme la Libye, la Syrie et le Yémen. On aurait pas fait exception. Heureusement que le fiston n'était qu'enfant.

mahdibey
| 06-10-2015 11:09
Quand Mohamed Abbou a présenté sa démission, on lui a adressé les critiques les plus virulentes. Maintenant que c'est Lazher Akremi, le voilà devenu un "batal" alors que son poste est l'un des plus banals des postes ministériels.

zola
| 06-10-2015 11:07
un personnage typiquement comique avec ressemblance au comédien italien Antonio De Curtis dit Totò

Abdelmajid
| 05-10-2015 23:33
Moi je peux attester que Mr Akremi est un homme serieux , competent , patriote et loyal , mais peut etre trop direct . Il a raison de demissionner car si Essid fait ce qu'il veut , sous des influences x,y,z plus ou moins obscures et c'est surtout les Ministres de Nidaa qui sont obliges de SOUTENIR et d' ENDOSSER LES CONSEQUENCES . C'est une anomalie flagrante . Il faut que Nidaa se resaissit . Prend ses responsabilites , organise ses rangs , DEGAGE LES INTRUS en TOUTES LIBERTES meme s'il le faut CONTRE L' AVIS DE BCE OUI CONTRE L' AVIS DE BCE . Ce dernier a gagne' la place et veut LA RENDRE HEREDITAITE , c'est le comble de la destruction de Nidaa et l' assurance de la Reussite de Ennahdha pour de longue decennies .Attention on n' A PAS VOTE' POUR BCE POUR CE CAS DE FIGURE . S' il le faut , Nidaa doit s'opposer a BCE et l' obliger de revenir aux sources primaires de Nidaa . si non les ministres Nidaa demisionneront et les Deputes se mettront en desobeissance . Vous allez voir que les choses vont changer tres vite et en braucoup mieux . Les responsables de Nidaa ne doivent pas se laisser faire . Attention le MOMENT EST SOLENNEL , GRAVE ET HISTORIQUE .