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Chroniques
Laurel et Hardy font de la politique
16/10/2018 | 16:59
4 min

Par Nizar Bahloul

 

On est à un an des prochaines élections, et à quelques jours des débats parlementaires relatifs à la Loi de finances 2019. Aucun homme politique n’a exposé sa vision pour cette loi de finances, ils sont tous occupés par les élections de 2019. Sous d’autres cieux, on aurait dit que ceci n’empêche pas cela, on pourrait bien s’occuper des élections « de dans un an » en exposant son programme politique et économique, culturel et social à l’occasion, justement, de cette loi de finances. Chez nous, les plus intelligents de la terre, nos futures élections se préparent à coups de peaux de bananes. On préfère frapper l’autre pour le casser plutôt que de se mettre en valeur et exposer ses solutions.

Ça dure comme ça depuis des mois et on ne s’en lasse pas. Chaque semaine réserve son lot de (mauvaises) surprises qui montre que la politique dans ce pays est menée par des bons à rien, limités, bornés, têtus, égoïstes. Nous n’avons que des hommes politiques qui pensent aux prochaines élections, point d’hommes d’Etat qui pensent aux prochaines générations.

 

Le premier est un fils à papa, autoproclamé patron d’un parti politique fondé par son père. Il le gère comme on gérerait une entreprise familiale où l’on préfère mettre aux postes clés les proches et les amis plutôt que des compétences.

Le second est le rejeton d’on ne sait qui, qui a créé un parti comme on créerait une entreprise unipersonnelle afin d’en faire une société-écran.

Au départ, les deux gosses gâtés, Hafedh Caïd Essebsi et Slim Riahi de leurs noms, voulaient juste jouer dans la cour des grands en profitant du fait que tout le monde avait le regard braqué ailleurs. Ils se sont menti à eux-mêmes et ils ont fini par croire en leur mensonge. Ils se prennent sérieusement pour des hommes politiques capables de jouer une partie d’échecs où tous les coups seraient permis.

 

Il se trouve que la table d’échecs est le parlement tunisien et que les pièces sont des députés. Des députés qui ont, derrière eux, des milliers d’électeurs et, en théorie, des idées et des valeurs.

Les derniers coups annoncés font ressortir que les deux gosses ont décidé de jouer ensemble plutôt que de jouer l’un contre l’autre. Plus on est de fous, plus on s’amuse.

L’objectif de cette union est d’abattre le joueur d’en face qui ne cesse de marquer des points, à savoir le chef du gouvernement Youssef Chahed à qui l’on prête des prétentions électorales.

Quel est l’enjeu réel ? C’est quoi le coup d’après ? Qui pour remplacer Youssef Chahed pour les 12 mois à venir nous séparant des élections ? Quel est son programme pour ces 12 mois ? Mystère ! Écartons Youssef d’abord, on verra ensuite. Les deux gosses de la politique n’ont même pas encore remarqué que Youssef a déjà atteint son objectif de rester jusqu’à la fin de l’année après avoir déposé la loi de finances 2019. Ces Laurel et Hardy de la politique n’ont même pas remarqué que Youssef a déjà gagné et que toutes leurs élucubrations actuelles les desservent eux et leur image et non Youssef.  

 

Dans cette partie d’échecs, on considère donc que les députés de l’UPL et de Nidaa sont une marchandise qu’on achète et qu’on vend. Qu’en pensent les intéressés ? Que pensent les députés de l’UPL qui étaient, hier, dans un bloc attribué à Youssef Chahed et le lendemain au camp adverse sans même qu’ils soient consultés ?

Comment Wafa Makhlouf ou Selma Elloumi peuvent-elles se regarder dans un miroir et se présenter comme appartenant à un parti dont le secrétaire général s’appelle Slim Riahi ? Ça ne les gênerait pas de savoir que leur « patron » traine de graves suspicions judiciaires, que ses avoirs sont gelés et que l’on ne sait rien absolument rien des origines de sa fortune ? Les choses n’étaient pas beaucoup meilleures avec Hafedh, certes, mais Hafedh a au moins le privilège d’avoir un nom et un accès direct quotidien au président de la République. Mais quid de Slim Riahi ?

Se rendent-elles compte, ainsi que ce qui reste des autres députés de Nidaa que leur parti est disloqué et devenu une risée ? Ne leur suffit-il pas les clowneries de Hafedh et les démentis réguliers essuyés par Ridha ? 

 

La démocratie à la tunisienne fait que l’on ne s’embarrasse pas du tout de ces éléments. Un chef de parti peut être devant la porte de la prison, cela ne le gène point de poursuivre sa carrière politique contre vents et marées. Le sentiment de « shame » (la honte) qui prévaut dans les pays d’Europe du Nord et d’Amérique n’existe pas chez nous. Sous ces cieux, et pour beaucoup moins que ça, les « députés-marchandises » de l’UPL et leur chef auraient totalement disparu de la scène publique.

Pendant ce temps-là, le véritable ennemi commun et le véritable danger contre le pays, que sont les islamistes, avancent tranquillement leurs pions pour avaler démocratiquement et définitivement le pays.

16/10/2018 | 16:59
4 min
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Commentaires (33)

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Maxula
| 18-10-2018 23:37
Permettez à un simple (et fidèle) lecteur de s'étonner de l'absence criante sur votre site, de l'affaire "Jamal Khashoggi", qui fait "la une" depuis qqs jours dans les médias internationaux et met en émoi les défenseurs de la liberté d'expression en général, et tout particulièrement dans le monde arabe. "Liberté d'expression" qui est désormais le motif retenu par tous, de "la disparition tragique sinon monstrueuse de Jamal Khashoggi.
Ne croyez-vous pas que "le sujet" mérite de votre part une plus grand attention, et votre plume une plus ample contribution ?
D'autant plus que "le martyr Jamal Khashoggi" a payé de sa vie, la défense de la liberté d'expression dans les pays arabes, tout en rendant hommage au seul pays arabe qui la respecte (?) à savoir la Tunisie !
Je suis sûr que vous avez vous-même déjà lu le dernier éditorial-testament de Jamal Khashoggi. Mais je me permets quand-même d'en donner ci-après, le lien (en français) à ceux de vos lecteurs qui veulent s'informer un peu plus sur cette atroce affaire qu'on croirait sortie tout droit d'un film d'horreur, tourné qui plus est, au tout début du cinéma "muet" !
Je ne vous demande bien sûr pas de me répondre directement. Je me contenterais de lire votre réponse sous la forme d'un éditorial qui honorera à la fois "BN" et la "liberté d'expression" en Tunisie.
Car ainsi que le professe le "Canard Enchaîné", la liberté de la presse ne s'use (et meurt) que quand on ne s'en sert pas !
Merci !
Maxula.

* Jamal Khashoggi : sa dernière tribune confiée au Washington Post et traduite en français
https://www.france24.com/fr/20181018-khashoggi-derniere-tribune-wahington-post-traduction-francais

Sadok Kenani
| 18-10-2018 08:22
Que vient-t-on nous apprendre qu'on ne sache déjà...? 2011 déjà nous a fait découvrir Slim Riahi,un peu plus tard et par la grâce du père nous avons découvert le rejeton Hafedh et depuis toute la Tunisie y compris l'épicier de mon quartier ont une haute idée de ce que j'appellerais deux "fripouilles" de la politique..Monsieur Bahloul.qui ne cache pas son soutien à Youssef Chahed aurait pu nous dispenser,de cette enieme rangaine discréditant les adversaires de son "chouchou" et j'aurais souhaité pour ma part le voir s'offusquer,se révolter,crier sa colère quant un renégat de la polique tel Slim Riahi comme il se plaît à le décrire avait décidé il y a peine une quinzaine de sceller le sort de lUPL á celui de cet ombryon de Parti concocté par Mustapha Ben Ahmed en support á Youssef Chahed...c'était pourtant un long silence radio...et comme dirait l'autre "Hlal Alina Hram Alihoum"...

HAMADI
| 17-10-2018 19:07
votre analyse reflète la vérité et la réalité de nos politicards ...je reprend ce que vous avez dit : absence totale d'une vision politique et économique basée sur des principes et des valeurs nobles pour le bien du pays .....ils n'ont rien de noble dans les entrailles ...et cela se dit de tous ceux qui se sont succédé sur l'exécutif y compris marzouki et sa horde sauvage du cpr ....les ikhwans ....et ceux qui se présentent en tant que représentant du peuple ...et l'ugtt qui est fort d'un matelas plein d'argent et un discours populiste qui n'a d'égal que celui des ikhwans ....la vérité - je rejoins ce que vous dites - c'est que nos politiques qui sont actifs depuis le départ de ben ali ne sont que des arrivistes pire que les azlems et les trabelsis : la preuve , notre vie de citoyen était beaucoup mieux sous ben ali ....je n'oublie pas de saluer le courage de YC qui se bat dans des marécages infesté de crocodiles ; de ces crocodiles dont je parle , et de saluer tous mes concitoyens qui expriment leur grand colère vis à vis de cette racailles ...

SADDI
| 17-10-2018 15:17
Dommage que l'équipe BN devient un fervent défendeur d'un gouvernement médiocre et en plus commis d'Ennahdha
A force des attaques contre Nidaa les tunisiens peuvent se rendre compte de la realité suivante : seul Nidaa peut s'opposer à Ennahdha et sera soutenue par tous les éclairés de la Tunisi

Pat
| 17-10-2018 15:12
Non Si Nizar, pas Laurel et Hardy ils sont drôles et ont du coeur. Les Dalton sont plus adaptés avec Joe le méchant et Averell le ben'?t.

25Juillet
| 17-10-2018 14:47
Franchement Nizar Bahloul c'est decevant de defendre a spada tratta Youssef Chahed - au moins écrivez le comme le NYTimes ou le WaPost qui se prononcent sur les candidat/e/s à la présidentielle. Prononcez-vous sur un Premier ministre qui fait du 'j'y suis, j'y reste'?' sans aucune vergogne profitant d'une impasse politique pour se maintenir à son poste avec le concours .. d'Ennahdha. Ecrivez avec détails, avec précisions, les remous qui secouent la politique et les pseudo-politiciens. Vous êtes comme la Presse de Tunisie et comme tous les medias post 2011, qui écrivent pour ne rien dire. De substantiel. D'éducationnel. '? part quelques tribunes ici, je prends ce moment depuis 7 ans pour vous dire d'arrêter de nous prendre, nous plébéiens, pour des imbéciles. Lisez le Monde, lisez Business News en comité redac et posez-vous des questions. De fond. De forme. Et de grâce, épargnez nous ces quaraquaqua d'analyses à deux balles. Le pays a besoin AUSSI des journalistes pour s'élever. Donnez nous du Indro Montanelli, du Emila Zola, du J'accuse tounsi. Soyez objecteur et objectif. BCE a été une catastrophe. Youssef Chahed a été une catastrophe. HCE a été une catastrophe. Ghannouchi a été une catastrophe. Et tout le reste des acteurs politiques et médiatiques. J'en sauve deux de votre prifession: Ben Brick et Ben Farhat. On peut discuter de leurs à-propos mais ils ont toujours tenus des discours ré-vé-la-teurs de ce qui s'est tramé en ces sept années de vaudeville, auquel vous contribuez avec cet air du temps « Youssef Chahed est notre nouveau Macron ». Désolant tout ce patriotisme flétrit d'action par pur .. amour pour le pays en mots de maux seulement. Parole Parole chantait Dalida et vous tous avec.

B.N : quand BN aura les mêmes moyens humains et matériels que les médias que vous citez ou encore leur environnement et leur lectorat, on pourra peut être nous amuser à ce type de comparatif. Pour ce qui est des prises de position en faveur d'un candidat, ce sera fait en temps et en heure comme en 2014. Les médias que vous citez ne prennent pas position plus d'un an avant les élections.

Amir
| 17-10-2018 13:26
Merci Monsieur NB pour votre analyse même si les deux personnages ne méritent pas qu'on leur consacre du temps pour écrire un article.
Vous avez oublié, à mon avis deux éléments importants:
Le premier est que cette union est la meilleure choses qui puisse arriver dans la scène politique tunisienne .
Nidaa+UPL dans le même sac...c'est Top pour la politique tunisienne !!
...on aura presque tous les mauvais dans le même sac.. ça sera plus simple et plus pertinent politiquenement parlant que de les avoir éparpillés et qui risquent de polluer les élections et les résultats. Maintenant c'est très clair.. je suis personnellement hyper-content de ce scénario... Ce nouveau parti va disparaître quelques secondes après le départ de BCE (après les élections)..et certains d'entre eux vont se retrouver sans hésitation à la Monarguia.
Le second élément concerne les personnes citées comme Elloumi , Makhlouf...dans votre article.... mais vous avez oublié le plus important, le plus intelligent et le plus populaire... Monsieur l'ancien Ministre de l'Education Nationale (j'insiste pour mettre son titre) Monsieur Jalloul. Il est autour de la table avec HCE et SR...c'est invraisemblable que la politique engendre et amène les politiciens à ce niveau de médiocrité... M Jalloul, j'ai honte pour vous et pour les intellectuels et cadres qui travaillent avec vous dans votre organisation qui réfléchit sur la stratégie....Je vous appréciais beaucoup .. mais là. votre comportement et votre stratégiees sont suicidaires et presque malhonnête...
Je vous suggère de ne plus vous approcher les scientifiques et les intellectuels et rester avec HCE et SR... c'est désormais votre niveau.
Bravo encore pour vos articles M Ni. Bahloul
Vive la Tunisie

ARTHOGUEL
| 17-10-2018 13:12
ci- joint l'article où vous avez commenté explicitement la politique internationale surtout lorsque vous parlez de la démission SAAD EL HARRIRI

http://www.businessnews.com.tn/la-surete-de-letat-soupconnee-datteinte-a-la-surete-de-letat,523,75873,3

bon vous devez être joyeux qu'un lecteur garde en mémoire vos articles , et bien oui depuis 2011 sachant que je suis totalement en désaccord avec vos analyses :))))

Bacchus
| 17-10-2018 11:53
Ce que je constate dans les commentaires des lecteurs de BN c'est qu'il n'y a pas d'objectivités aussi bien chez les chahedistes que chez les sebsistes. Et il ne faut pas prendre ses désirs pour de la réalité, car il y a un grand risque pour ces gens d'avoir la gueule de bois au lendemain des résultats des législatives et des présidentielles de 2019. Et voici des constats réels : La Nahda est un parti doublement structuré (pour ne pas dire triplement, vu « les rumeurs » sur une branche secrète , civilement en tant que parti politique et religieusement dans les mosquées. Et le rôle des mosquées est plus important, car les imams ont pour rôle non pas d'appuyer la Nahda, mais de lui déblayer le chemin en dissuadant les fidèles de voter pour certaines personnes ou certains partis. La Coalition peut elle devenir un parti politique ? Sur le papier oui mais structuralement non elle n'aurait pas le poids de la Nahda, ni du Front populaire ni même du Nida. Ce parti n'aurait pas de mécènes car le patronat ne pardonnerait pas à YC son appui à Ghariani en janvier 2018. Ce parti aurait juste une cellule à La Marsa et une autre à Ennasr. Certains pensent que Slim Riahi postulerait au poste de chef de gouvernement en 2019. Et bien Riahi sait pertinemment, avec les imbéciles que nous sommes, que ce poste n'échapperait pas à Ghannouchi et il se pourrait qu'il aurait promis à Ghannouchi son aide pour réaliser cet objectif, comme il aurait pu promettre à BCE son aide pour les présidentielles. Mais Riahi voudrait enrichir son CV par le titre d'ex Chef du gouvernement (Chef d'Etat) à coté de celui d'ex président du Club Africain. Donc il succéderait à YC jusqu' aux prochaines élections.

ARTHOGUEL
| 17-10-2018 11:50
primo mon vocabulaire n'est pas ordurier (normalement le mot al sah***** doit vous faire plaisir).
secundo votre article sur l'arabie saoudite existe encore ( pour rafraichir votre mémoire vous parlez aussi sur l'homme d'affaire saoudite l'investisseur au lac ............)
tertio le journaliste KHASHOGGI n'est pas mon idole ni la même idéologie , j'ai juste apporter mon soutien à une lectrice de votre article .
A la fin , je suis habitué a vos censures puisque la plus part de mes commentaires ne sont du goût du modérateur .



B.N : Vous parlez vous-mêmes d'un investisseur saoudien au Lac, donc nous parlons bien d'actualité nationale et non internationale ! Vous êtes libre d'estimer que votre vocabulaire n'est pas ordurier, mais c'est à nous de juger et c'est en fonction de nos jugements que nous décidons de ce qui est publiable et de ce qui ne l'est pas.