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Chroniques
L'arbitre Youssef Chahed
22/11/2017 | 15:59
3 min

 

Il fût un temps où nous avions un secrétariat d’Etat aux petites et aux moyennes entreprises, mais ce temps est révolu. Deux jours après avoir adhéré à Nidaa Tounes, Slim Feriani est propulsé ministre de l’Industrie à la place de Imed Hammami, qui s’occupera désormais de la santé. Du coup, le secrétariat d’Etat reste vacant et ne sera, vraisemblablement, pas renouvelé.

 

Pourquoi ? Parce que Youssef Chahed ne veut pas passer par l’Assemblée et ne veut pas devoir convaincre. Donc, il s’est astreint à l’équipe existante et a remanié de l’intérieur. Les choses étant ce qu’elles sont, il a « anobli » un nouvel entrant à Nidaa Tounes et comme ça, l’équilibre global est maintenu. Des arbitrages de ce type, Youssef Chahed doit en faire tous les jours, dans toutes les nominations et dans toutes les actions qu’il peut entreprendre.

 

Un des exemples de ces arbitrages quotidiens est la loi de finances. Le chef du gouvernement doit conjuguer entre les exigences des finances publiques et le peu de moyens dont il dispose. Au lieu d’adapter le rythme de vie de l’Etat à la réalité des ressources dont il dispose, c’est tous les contribuables qui doivent s’adapter au rythme de vie de l’Etat. Et cela a le don d’énerver les patrons et de dégoûter tous ceux qui payent des impôts et qui travaillent dans la légalité. Cela les énerve d’autant plus que rien n’est entrepris pour contrer le commerce parallèle. Mais il s’agit d’un arbitrage décidé par la présidence du gouvernement et ses services.

Une autre patate chaude roule à la Kasbah, celle de l’âge des retraites. Une source gouvernementale avait déclaré qu’un accord avait été trouvé avec l’UGTT sur l’âge de départ à la retraite. Il serait porté à 62 ans de manière obligatoire et à 65 ans de manière optionnelle. On pensait qu’un point de désaccord essentiel entre le gouvernement et l’UGTT avait été dépassé à force de négociation, surtout que l’UGTT avait, auparavant, exprimé son accord de principe sur l’augmentation de l’âge de la retraite. Mais, surprise, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, nie l’existence d’un accord sur cette épineuse question. Donc, Youssef Chahed devra faire un énième arbitrage entre un responsable gouvernemental zélé et une centrale syndicale qui représente son seul véritable appui politique.

 

Obligé de jouer les pompiers un peu partout – il est allé lui-même saisir des patates au marché, c’est dire !- Youssef Chahed ne peut, néanmoins, pas être partout. Ce qui donne lieu à des flottements et à des imprécisions qui sapent tout le travail. Parmi ces flottements, le fait que la BFPME n’ait plus de PDG depuis le départ de Slim Feriani- décidément il est très fort !-. Principale conséquence : les dossiers de crédits s’entassent et il n’y a personne pour signer. Quand on parle de promouvoir l’investissement, de s’occuper des jeunes et de créer de l’emploi, il faudrait peut-être se tourner vers cette institution qui finance nombre de startups et d’initiatives présentées principalement par des jeunes.

Autre flottement, celui qui a eu lieu devant la commission du budget à l’ARP. Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales et alors ministre de la Santé par intérim, devait discuter le budget de son deuxième ministère. C’est alors qu’il apprend la nomination de Imed Hammami à Bab Saâdoun. Il demande alors à ne pas discuter du budget de ce ministère en attendant que le titulaire le fasse, le tout sachant que la pétillante secrétaire d’Etat à la Santé, Sonia Bechikh, a refusé de discuter le budget du ministère. Mais on dit non au ministre, et il est obligé de s’y coller. Donc, cela donne l’image d’un gouvernement en flottement, qui n’est pas très sûr de ce qu’il fait et qui avance dans un champ de mines.

 

On peut avoir de la sympathie pour Youssef Chahed et voir chez lui une certaine honnêteté intellectuelle et une belle détermination. Mais même Winston Churchill ne s’en sortirait pas dans la situation politique tunisienne. Toutefois, Youssef Chahed a fait une erreur : ne pas s’être totalement et complètement saisi du dossier économique pour se construire un vrai bilan en vue de…qui sait…

 

22/11/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (5)

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DHEJ
| 23-11-2017 21:10
Et a chacun la sienne...

kameleon78
| 23-11-2017 14:27
Bonjour @Zohra, bien vu, @DHEJ emploie toujours les mêmes termes et les mêmes expressions, "gamin" et "principe de Bernouilli", il n'a retenu que ça de ses études. Cordialement.

Zohra
| 22-11-2017 19:38
Bonsoir Monsieur,

SVP arrêtez avec ce terme gamin agaçant. Moi je n'arrive plus à comprendre ces tunisiens. Si on est vieux on n'edt pas content et les critiques et on souhaite même la mort, si on est jeune on est gamin. Que faut-il faire dans ce pays ? Malla hala.

Merci pour votre compréhension

DHEJ
| 22-11-2017 17:52
.

Larry
| 22-11-2017 16:13
Mais je n'ai rien appris que je ne sache déjà à la lecture de votre dissertation !