Une conférence de presse a été organisée ce matin du lundi 20 mai 2019 à Tunis par l’ambassade de France pour présenter et annoncer le programme du groupe d’impulsion économique Tunisie-France.

L’idée avait été évoquée en 2013. Un groupe d’impulsion devait être créé pour réaliser de nombreux projets de partenariats stratégiques par les investisseurs tunisiens et français. Ce groupe, aujourd’hui lancé, comprend des experts des deux pays dont l’objectif est de lancer des projets de partenariat dans le cadre du programme du président de la République française Emmanuel Macron, qui avait affirmé lors de sa visite en 2018 que la France allait consacrer une part importante de son aide au développement à la Tunisie.

« La France est fière d’être le premier partenaire de la Tunisie sur le plan économique et entend plus que jamais le rester » a commencé par rappeler l’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor.

L’ambassadeur a souligné que la situation économique de la Tunisie est difficile et que le pays connaît aujourd’hui une « urgence économique » à laquelle il faut trouver, plus que des responsables, des réponses.  « Si les réformes en cours ne parviennent pas à apporter des solutions assez rapides ou assez radicales pour briser le cercle vicieux, il nous appartient en tant que premier ami de la Tunisie d’être plus ambitieux, de réfléchir autrement. Le président Macron a voulu que la France se montre à la hauteur à la fois de sa fidélité à la Tunisie et des défis que rencontre l’économie tunisienne. Cet engagement se traduit notamment par une importante aide au développement, l’AFD investit et investira pas moins de 250 millions d’euros par an en Tunisie mais aussi par l’objectif donné de doubler les investissements français en Tunisie à l’horizon 2022 » a-t-il poursuivi.

M. Poivre d’Arvor a précisé que cinq secteurs « prioritaires » ont été identifiés. Des secteurs « qui présentent un fort potentiel de développement économique en Tunisie », à savoir : le tourisme, les transports, la santé, le numérique et l’énergie.

L’ambassadeur a affirmé que l’objectif visé, en matière de tourisme, est d’atteindre un million de visiteurs français en 2019. « Il s’agit d’une stratégie partagée très étroitement avec le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, René Trabelsi, bien connu pour sa détermination et sa connaissance du marché français », a-t-il confié.

Olivier Poivre d’Arvor a ensuite certifié que la France souhaite aussi accompagner la Tunisie dans son ambition africaine en matière de transport. « L’AFD sera également présente pour accompagner le projet ambitieux du métro léger de Sfax et elle est disposée, si l’Etat tunisien le lui demande, à s’intéresser à la question des infrastructures portuaires et du transport maritime. Je pense au port d'eaux profondes d’Enfidha comme aux extensions des quais de Radès », a-t-il révélé.

L’ambassadeur français a aussi réaffirmé le soutien de la France au secteur de la santé publique « fleuron historique de la Tunisie » et au secteur du numérique « qui incarne l’économie de demain ». Il a annoncé, à ce dernier sujet, la création de trois nouveaux projets dans les semaiens à venir.

Ainsi naîtront le projet Elife, appuyé par la France à hauteur de 3 millions d’euros, et qui permettra à de jeunes diplômés chômeurs dans le secteur du numérique d’accéder à des formations certifiantes tournées vers l’emploi, la « Station T », déployée avec les autorités tunisiennes qui permettra de doter le pays d’une école du numérique et d’un incubateur répondant à l’enjeu d’employabilité des jeunes diplômés. L’AFD appuiera enfin un grand projet de formation de l’Aneti, centré sur les soft-skills, le renforcement de l’estime de soi et sur les techniques de recherche d’emploi pour 20000 chômeurs.

Sur la question de l’énergie, Olivier Poivre d’Arvor a souligné que la France soutient la stratégie tunisienne de diversification du mix énergétique dans la perspective de porter la part du renouvelable à 30% de l’électricité produite à l'horizon 2030. « Nous nous engageons donc pleinement à participer aux efforts de la Tunisie en faveur de la transition énergétique, qui est structurante pour notre relation bilatérale. L’AFD finance ainsi auprès de la Steg la mise en place d’un projet pilote de déploiement de 400 000 compteurs à Sfax et dispose notamment d’une ligne de crédit pour le financement de projets portés par des PME/PMI tunisiennes dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique » a-t-il précisé.

« Ensemble, France et Tunisie doivent renouveler leur approche des réponses à apporter aux défis économiques auxquelles nous sommes confrontés. Cela passe par trois canaux : des réflexions et décisions partagées autour des enjeux de demain qui dépassent le cadre étroit de la relation bilatérale. L’affirmation et le maintien d’un mantra, « jeunesse et emploi », qui doit colorer toutes nos actions et la mobilisation de nouvelles énergies qui bousculent nos habitudes. Comment, par exemple, plus et mieux co-localiser les projets, comment être plus mobile, plus agile, plus réactif, plus opportuniste?  Comment mieux impliquer les partenaires financiers européens ? » A expliqué l’ambassadeur de France.

« Ce Groupe d’impulsion aura pour vocation de nous provoquer, de nous bousculer, de nous soumettre avis et initiatives.  Outil de mise en réseau, il sera essentiel pour impulser des idées et lancer de nouveaux projets notamment dans des secteurs innovants présentant un fort potentiel de développement économique tels que le numérique et l'économie bleue. Pour nous encourager à accompagner des PPP. Pour nous engager, par exemple, à accompagner la dépollution du golfe de Gabès. Je rencontrerai le groupe trois fois par an, pour interroger nos actions et en imaginer d’autres, et je suis sûr qu’il deviendra rapidement, en raison de la qualité des femmes et des hommes qui ont répondu présents, un outil structurant et très efficace au service d’un partenariat franco-tunisien de long-terme. D’ores et déjà, et dans la perspective de la première réunion de ce groupe d’impulsion au tout début juillet, je fixe déjà à ses membres deux sujets de réflexion et de proposition d’actions. Celui d’abord du soutien à la modernisation de l’agriculture tunisienne et des industries agro-alimentaire. Celui enfin de la circulation, de la mobilité, de la migration économique, plus généralement » a conclu M. Poivre d’Arvor.

Parmi les membres du groupe d’impulsion pour le partenariat économique France-Tunisie on peut compter Fadhel Abdelkefi, Président du Conseil d’Administration, Tunisie Valeurs ; ancien Ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale et ancien Ministre des Finances, Jaloul Ayed, Président Fondateur « Vega » et ancien Ministre des Finances, Hichem Elloumi, Président Directeur Général « Coficab » (Groupe Elloumi), Mohamed Frikha, Directeur Général « Telnet », Radhi Meddeb , Président Directeur Général « Comète » et Baddredine Ouali, Président « Vermeg ».

M.B.Z