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Tribunes
L’absence de réforme des caisses de sécurité sociale : un crime contre le citoyen
02/04/2018 | 09:19
4 min
L’absence de réforme des caisses de sécurité sociale : un crime contre le citoyen

 

 

Par Dr Abdelmajid Mselmi* 

 

La situation des hôpitaux et de la pharmacie centrale est catastrophique. Les créances de la pharmacie centrale sont arrivées à des taux faramineux : 500 milliards au profit du seul fournisseur étranger d’insuline et la pharmacie centrale risque d’être « blacklistée » à cause de ses impayés. Et pour cause, la CNAM n’a pas versé les 400 milliards dus à la pharmacie centrale. La situation est pire dans  les hôpitaux publics qui doivent à la CNAM 1000 milliards. Ce trou  budgétaire pèse très lourd sur les hôpitaux qui souffrent d’une pénurie de médicaments et de dispositifs médicaux dont les fournisseurs ne veulent plus approvisionner la Tunisie à cause des créances non honorées. Au total, La CNAM doit aux prestataires de soins environ 1600 milliards dont une centaine de milliards au profit des cliniques privées. En réalité, le déficit de la CNAM n’est que le caisson de résonnance de la crise profonde des caisses de sécurité sociale (CNRPS et CNSS) qui doivent à la CNAM environs 3000 milliards. Les caisses de sécurité ne versent pas les sommes dues à la CNAM, celle-ci n’honore pas ses engagements envers les hôpitaux et la pharmacie centrale, lesquels ne payent pas les fournisseurs qui à leur tour  arrêtent de délivrer les médicaments et les dispositifs médicaux, et la boucle est bouclée.

 

Le gouvernement  s’en fout du peuple

 

La déclaration du chef du gouvernement, Youssef Chahed, lors de la commémoration du 14 janvier 2017 (soit 4 mois après son investiture) résume la situation quand il a indiqué qu’il entend parler de la réforme des caisses de sécurité sociale depuis qu’il était élève. Et il a raison, car la réforme des caisses de sécurité sociale est à l’ordre du jour depuis environs 15 ans sans aboutir à une véritable réforme. Youssef Chahed à l’instar de ses prédécesseurs n’a pas tenu ses promesses. Pourtant, en juin 2015 et sous le gouvernement Habib Essid, Ammar Yanbaii, à l’époque ministre des Affaires sociales, a presque finalisé un accord sur une augmentation facultative de l’âge de la retraite de 2 ans accepté par tout le monde et qui permettrait l’adhésion d’environ 40% des candidats à la retraite. Malheureusement, avec l’arrivée  du gouvernement de Youssef Chahed en septembre 2016 le processus a été avorté car on a voulu reprendre tous dés le début et remettre la pierre de Sisyphe au point de départ. Mais en vain. La situation est au point mort,  les caisses sont toujours vides et les citoyens en souffrent le martyr.

Le Front populaire n’a pas vraiment tort quand il crie haut et fort que ce gouvernement est au service de la bourgeoisie et que les malheurs des classes populaires sont les derniers de ses soucis.

 Quand il s’agit d’avantages à accorder  aux hommes d’affaires, le gouvernement se plie en quatre et même en huit et pond illico presto les décrets pour les satisfaire (mesures qui concernent le 1er logement, facilités de l’investissement, décret sur le régime FCR..). Quand il s’agit de mesures qui touchent la santé des classes populaires, le gouvernement s’en fout. En tout cas les riches et les bourgeois  que défend ce gouvernement ont les moyens de se faire soigner dans les cliniques privées et même à l’étranger. Le peuple n’a qu’à se débrouiller !

 

L’UGTT : une défaillance consternante !

 

La réforme des caisses de sécurité sociale est une revendication fondamentale de l’UGTT depuis une vingtaine d’années. Et pour cause : la santé et la retraite constituent des besoins fondamentaux pour les travailleurs. Malheureusement et  mis à part les milliers de motions calquées les unes sur les autres au point de devenir un cliché et les discours de certains  syndicalistes,  la direction de l’UGTT n’a rien fait pour aboutir à des solutions à cette crise profonde qui touche de plein fouet les classes populaires. Laquelle direction  se borne à s’opposer aux propositions du gouvernement qui lui se la coule douce et reporte les réformes aux calendes grecques sous prétexte de blocage de l’UGTT. Le statuquo  semble devenir un sport national.

Plusieurs  progressistes qui soutenaient la cause des travailleurs et qui défendaient l’UGTT observent avec amertume les multiples dérives de la direction syndicale qui s’enfonce  de plus en plus dans le bourbier politique ( Accord de Carthage) et se lance dans des combats à la Don quichotte ( priver les élèves de leurs notes) se mettant à dos des milliers de citoyens  et délaissant les questions syndicales fondamentales telles que la réforme de la sécurité sociale ou les utilise comme outil de marchandage politique avec le gouvernement.

 

La réforme : une urgence extrême

Pour faire face à cette crise profonde et sans précédent on ne va pas créer la roue. Tous les pays qui on été confrontés à ce sujet ont augmenté l’âge de la retraite. Cette mesure peut être facultative dans une première étape ou peut être obligatoire selon les négociations. Les cotisations sociales doivent être aussi augmentées sous forme de tranches étalées sur 3 ou 4 ans comme c’était le cas en 2008. D’autres mesures d’accompagnement sont nécessaires telles que l’acquittement  des sommes dues à la CNNSS (4000 MD) une meilleure gouvernance des caisses et la lutte contre la corruption

Mais l’ambiance régnante ne présage que du pessimisme face à un gouvernement incapable aux mains tremblantes et à la déroute de la centrale syndicale. Et comme le dit bien le dicton tunisien « s’il était vraiment capable il l’aurait  été depuis hier ». Hélas !

 

*Dirigeant au front populaire

02/04/2018 | 09:19
4 min
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Commentaires (9)

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Mustapha kamel
| 01-06-2018 07:16
Si abdelmajid disons le :
Un gouvernement incapable de réformer donc qui échoue.
Un gouvernement des riches.
Une centrale syndicale aux mains de ses sections et qui est tombée dans le piège des carthage 1 et 2.
Que nous le voulions ou pas, la crise est politique par définition. Nous n'en sortirons pas tant que nous évolurons avec ce système parlementaire à la proportionnelle. Ainsi, au sein e la coalition au pouvoir, qui est responsable? Personne et tout le monde à la fois. C'est politiquement insoluble, des exemples proches existent autour de nous.

ABH
| 03-04-2018 07:40
"Quand il s'agit d'avantages à accorder aux hommes d'affaires, le gouvernement se plie en quatre et même en huit et pond illico presto les décrets pour les satisfaire (mesures qui concernent le 1er logement, facilités de l'investissement, décret sur le régime FCR..).
Le premier logement et le FCR ne concernent pas les hommes d'affaires
L'analyse est bonne mais les solutions ne sont pas faciles a appliquer :augmenter les cotisations, et acquitter les dettes

Fehri
| 02-04-2018 18:37
Cela veut dire qu'a la retraite la production n'a deminuer que de 10%

aziz aziz
| 02-04-2018 15:47
...jusqu'à 62-63 ans dans la fonction publique : L'absurdité !

Car il y a aucun effet attendu de la transformation des années de bénéfice de pension en années de cotisation puisque c'est toujours l'Etat qui verse aussi bien les retraites (à travers les dotations à la CNRPS) que les salaires bruts des cotisations des fonctionnaires maintenus en activité !. C'est tous simplement une transformation d'une partie du déficit de la CNRPS en déficit général de fonctionnement, et qu'il faudra in fini combler l'un ou l'autre.

D'ailleurs il faut bien s'assurer que la mesure est compatible avec l'objectif de compression de la masse des salaires de la Fonction publique au alentour de 12% du PIB en 2020 ?!

lechef
| 02-04-2018 13:06
En absence des compromis - qui ont trop tardé à venir - entre le gouvernement et les partenaires sociaux, pourquoi les mains tremblent-elles encore devant cette situation dangereuse pour tous les citoyens sachant que le gouvernement reste le premier responsable des résultats ?
En fait, à mon avis, les problèmes s'aggravent jour après jour. Les médicaments s'épuisent de plus en plus dans les hôpitaux - depuis longtemps - et bientôt dans les pharmacies où ils font de plus en plus rares.
Les stocks minimum stratégiques ont été dépassés ' seulement 58 jours à la pharmacie centrale.
C'est pourquoi, il faudrait que le gouvernement agisse sans tarder pour les solutions les plus faciles et les plus sûres pour le moment , à savoir :
- Augmentation de l'âge de la retraite - mieux vaut aujourd'hui - que demain, même de façon volontaire au début pour les formaliser par la suite.
- L'augmentation des taux de cotisations CNSS/CNRPS.
Qu'est-ce qu'il attend le gouvernement pour foncer et éviter un risque imminent à tous les citoyens toutes catégories sociales confondues.
Les audits et les études de - pourquoi on a atteint cette situation viendra ensuite !
Actuellement, il n'y plus de temps pour discuter de ces problèmes de cette mauvaise gestion de ces structures, des vols des médicaments, et des différentes autres causes - sureffectif et masses salariales élevées ,....
Il est temps d'agir d'urgence par des décisions qui ne pourraient plus attendre !!!!!!

Forza
| 02-04-2018 12:35
Oui l'UGTT est en train de perdre son nord. Au lieu de chercher des solutions pour attirer les investisseurs et de défendre aussi les chômeurs, elle s'enfonce dans la politique politicienne, JE pense que BCE essaye de court-circuiter Taboubi en recevant la semaine dernière l'ancien secrétaire général. Taboubi cherche la confrontation Avec le Chef du Gouvernement alors que le pays a besoin de stabilité politique.
Sur le fond, la réforme des caisse sociales est un must. Les taux des retraites sont aussi trop élevés pour l'économie. Avoir une retraite a 90% du salaire le plus élevé de sa carrierre, on ne trouve qu'en Tunisie. En Allemagne il faut bosser 45 ans pour avoir une Retraite a une Niveau de 48% du net. Notre système est tout simplement trop généreux et ne peut pas survivre les Transformation démographiques et le taux élevé du chômage.

le berbère
| 02-04-2018 12:01
avec tout le respect que je te dois ,alors tu n'es qu'une simple créature non civique et très mal éduquée ,certes tu as le droit de critiquer mais pas insulter ,surtout un bonhomme de son âge .ta participation me montre bien ton niveau voire ton âge .
SIMPLE ET MODESTE QUESTION :RESPECTES-TU TON P'?RE ?

Jilani
| 02-04-2018 10:23
BCE ne pense qu'à ses fils hafedh et khelil et sa mafia, il s'en fout du peuple, pour lui les Tunisiens sont des esclaves au service de cette aristocratie. l'UGTT ne s'intéresse qu'aux salariés qui cotisent et remplissent ses caisses pour acheter des Mercedes et Passat, elle s'en fout des retraités qui ne cotisent plus et sont difficiles à mobiliser. C'est l'image des gouvernants et syndicalistes de ce pays, des cannibales et voyous.

TATA
| 02-04-2018 09:51
arrêtez s.v.p. de nous donner des sommes implicitement en millimes, vous voulez dramatiser encore plus la situation: 500 milliards, 1000 milliards, 1600 milliards et ceci sans aucune unité. Je vous informe, Cher Dr. Karim Ben Kahla, qu'à l'école secondaire et en particulier à l'université vous aurez 0/20 si vous fournissez un travail scientifique où vous ne mentionnez pas les unités!