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Chroniques
La zamakhchareya de Béji Caïd Essebsi
07/10/2015 | 15:59
3 min

C’était une belle rencontre de bonhommes, des mecs, des vrais. C’était une rencontre pleine de testostérone entre Béji Caïd Essebsi et Abdelfattah Al Sissi. Ils se sont échangés de franches poignées de main et se sont installés en tribune pour regarder un défilé militaire avec des missiles très…phalliques.

 

Grisé par tant de « masculinisme », notre président a donné une interview à la chaîne égyptienne CBC. Une phrase de cette interview a servi à montrer qu’on était bien en présence d’un homme, un vrai. Il a déclaré que l’article 230 du code pénal qui pénalise la sodomie et par voie de conséquence, l’homosexualité, ne sera ni révisé ni abrogé ! En plus, les propos du ministre de la Justice, qui est pour la suppression de cet article, n’engagent que sa personne selon le président de la République.

 

Il faudrait aussi réécouter la question de la journaliste qui estime que la volonté de dépénaliser l’homosexualité nous rapprocherait de l’occident. On comprend l’inquiétude de la journaliste, comment osons-nous nous rapprocher de l’occident ? Il faudrait plutôt se rapprocher de pays qui voient plus de 700 morts dans une fête religieuse ou un pays, comme le sien, qui condamne les gens à mort par fournées de 100. Bah oui, c’est beaucoup mieux…

 

Revenons à notre président. Il faut dire qu’il est fort,Béji Caïd Essebsi. D’un revers de la main il a balayé la Constitution, le parlement et un ministre ! Mais attention, il ne faut pas le critiquer. C’est un politicien hors pair et on ne peut pas toujours comprendre ce qu’il fait, nous pauvres incultes. En fait, il a dit ça pour faire bonne figure devant les Egyptiens qui sont un peu plus coincés que nous par rapport à ce genre de questions. Les supposés homos sortis d’un hammam nus dans la rue par la police et devant les caméras pourraient en attester…

 

Il ne faut pas lui en vouloir aussi à notre président. On n’est pas tout seuls, il y a un contexte mondial. Il y a Poutine là-bas qui montre qu’il en a dans le pantalon. Obama en face qui ne semble pas vouloir se laisser faire. Al Sissi qui pilote son pays d’une main de fer après avoir anéanti toute espèce de contestation au moins intérieure. Bachar Al Assad qui se maintient au pouvoir malgré tout. Donc, il fallait bien que Béji Caïd Essebsi fasse quelque chose !

 

Ses méchants détracteurs vont tout de suite dire que la dépénalisation de l’homosexualité n’est pas une « fleur » que fera le président ou l’un des ministres. On dira que c’est la simple application de la Constitution que BCE avait juré de protéger et de respecter. Mais soyons réalistes, ce ne sera pas la première fois que la Constitution est mise à mal et puis, apparemment, on n’est pas encore mûrs pour la liberté de conscience et ce genre de choses.

Il faudrait plus retenir la fermeté de notre président, la poigne avec laquelle il soutient le fait que l’Etat s’introduise dans les chambres à coucher des gens ! Voilà un leader qui n’hésite pas et qui avance ! La manière avec laquelle il a brandi le « lan » zamakhchareya* pour dire que ça n’arrivera jamais donne des frissons !

 

On devrait ressentir de la fierté en voyant notre président défendre avec autant de poigne nos valeurs arabo-musulmanes. On devrait pleurer en voyant le président de notre République se désintéresser des choses matérielles comme l’économie, les finances, le chômage et s’intéresser à des questions philosophiques comme la liberté sexuelle des citoyens. Une noblesse devenue rare dans nos contrées !

 

On devrait s'estimer heureux quand même. L’Etat ne va pas encore s’effondrer comme le président le craignait après l’attentat de Sousse. Et puis, encore heureux qu’il n’ait pas dit que « ce ne sont que des pédés… ». Vive notre président clairvoyant, intelligent et ferme !

 

 

* Le « Lan zamakhchareyya » peut être traduit par un « jamais » définitif et irrévocable. La dénomination vient du linguiste arabe Zamakhchary.

07/10/2015 | 15:59
3 min
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Commentaires (30)

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RachidBarnat
| 12-10-2015 11:58
BCE oublie-t-il qu'on est en régime parlementaire ?

Quant au monde dit arabo-musulman, il n'avancera pas tant qu'il restera complexé vis à vis de l'Occident et croit pouvoir se construire contre lui en le diabolisant !!

tnt
| 09-10-2015 20:44
on devrait s'estimer heureux ou nous devrions nous estimer heureux mais pas" on devrait nous estimer heureux".

BN: Merci d'avoir attiré notre attention.

houbes
| 08-10-2015 17:50
Il y a un lèche-botte qui ne comprend rien au deuxième degré apparemment!!, pffff. Bravo quand même pour l'article, c'est bien ficelé.;-)

((°°))
| 08-10-2015 14:20
Mr Achouri, vous ressemblez plus à un polémiste qu'à un journaliste.
J'ai la certitude qu'au cas ou BCE répondait le contraire, vous serez le premier à crier sur le toit et le jeu ne vaut pas la chandelle.

Abel Chater
| 08-10-2015 13:27
@Ben
Eh oui! C'était le paradis terrestre chez les deux dictateurs déchus Bourguiba et Ben Ali. C'était une gestion calme du pays. Une gestion de cimetière. Celui qui ouvrait son bec, se retrouvait dans les souterrains de Porto Farina.
Eh oui! Ce fut un paradis pour les applaudisseurs, tourneurs de vestes se nourrissant des miettes que les dictateurs déchus leur jetaient en signe de récompenses pour leur fidélité et pour leurs hurlements "yahya, yahya, yahya". Que les pauvres meurent.
Oh, comme je me rappelle la belle vie sous la dictature du défunt Bourguiba (Allah yarhamou), où nous n'avions droit à la réclame même de yaourts et de chocolat, qu'à la télévision italienne RAI UNO. Tout le monde nous racontait au sujet des mille et une nuits de richesses sur les tables de Bourguiba, alors que nous du pauvre peuple, nous léchions l'écran de nos téléviseurs pour goûter au «yogurt» et à la «cioccolato» italiano.
Eh oui ! La nostalgie nous pousse à faire pipi.

Ben
| 08-10-2015 11:04
Du temps des présidents Bourguiba et Ben Ali, ou plutôt de l'ancien régime, la règle était d'éviter toute source de mésentente ou d'ébullition, au sein de la société, de pratiquer, autant soit peu, une gestion calme du pays, de préserver la paix sociale et d'exercer, de ce fait, l'art du possible, soit, en d'autres termes, la politique définie, de même, comme étant « l'art d'apprivoiser la violence des autres ».
Une politique basée sur le souci d'éviter tous les sujets qui fâchent, qui préserve l'économie du pays et ne mette pays la Tunisie en marge du concert des nations modernes et civilisées, soit des règles d'or qui consisterait, dans ce cas d'espèce, en une action à deux temps :
*Ne jamais remettre, ouvertement, en cause des préceptes bien établis et de heurter, ainsi, tant l'opinion publique nationale, moraliste et conservatrice, que l'opinion publique internationale, plutôt attachée aux principes de liberté individuelles et d'intégrité physique et morale,
*Éviter, dans la pratique, autant soit peu, de mettre en 'uvre l'arsenal juridique de lutte contre ce genre de déviance, et d'éviter, ainsi, de se mêler de la vie intime des gens , de faire éclater des familles, et de déclencher le débat sur un sujet sur lequel les opinions ne peuvent que se partager, un sujet avec son lot de conséquences économiques fâcheuses, pour l'économie du pays dont le secteur touristique qui encaisserait un sacré coup si des touristes venaient à apprendre qu'ils risqueraient d'être poursuivis du fait de relations sexuelles hors mariage ou contre nature.
Une telle politique, si elle était copiée sur la sagesse de l'ancien régime, ceux de Bourguiba et de Ben Ali, serait à même de nous épargner ce genre d'appel, indécent, à l'abrogation de l'article 230 du code pénal, portant sur l'incrimination des relations contre nature, et d'éviter de se mêler de l'intimité des gens et d'épargner au secteur touristique, s'il existe encore, un politique de communication désastreuse.
À ceux, parmi les cadres sécuritaires, qui veulent, par de telles pratiques, dont les saisies de boissons alcoolisées, plaire aux islamistes, cherchez, plutôt, à combattre le terrorisme et de traquer les terroristes jusqu'à dans leurs trous à rats, c'est bien mieux que de chercher après des trous qui ne concernent que leurs auteurs, sans aucun apport pour le pays.

apsbk77
| 08-10-2015 10:53
la question d'une journaliste tunisienne à l'ambassadeur de France nouvellement nommé Boris Boillon, question et réponse de l'intéressé qui avaient emballé la chronique journalistique...A celle question de la journaliste égyptienne, il est vrai que BCE aurait pu répondre en vieux renard de la politique "que ceci ne concernait que la politique intérieure de la société tunisienne...Il a choisi une autre forme...mais il devait avoir ses raisons en dehors d'une déstabilisation temporaire d'une question non préparée à l'avance...

apsbk77
| 08-10-2015 10:15
La parole libre des citoyens tunisiens (hommes et femmes) tellement retenue de manière cohercitive durant des décennies, s'exprime dans tous ses états devenue libre aprés 2011. Mais des questions essentielles de société (comme homosexualité, peine de mort, relations entre hommes et femmes, liberté de penser...)ne trouveront jamais de réponse en brutalisant cette société qui reste ultra-conservatrice avec l'empreinte quotidienne de la religion (ce qui n'est pas une critique mais une simple constatation...) On ne bouleverse pas une attitude millénaire en quatre ans, ni en un seul discours de quelques lignes.(Cf en France la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'IVG - la Tunisie trés en avance - la suppression de la peine de mort votée au final par une Assemblée à l'encontre des idées de l'opinion publique loin d'y être favorable). L'article en référence est un savant mélange de réalités et de manipulation humoristique destiné à dédramatiser et non un discours de lèche-bottes. Quant à la réponse de BCE à une question de journaliste femme égyptienne trés tendancieuse et provocatrice ( pas de référence au rapprochement avec l'occident mais seulement à celle des valeurs de la religion musulmane question autant destinée à BCE mais aussi à destination du peuple égyptien),je ne vois pas comment Caïd Essebsi présent sur un territoire étranger aurait pu répondre différemment dans un débat qui ne concerne que la société tunisienne, je ne vois pas comment aurait-il pu faire autrement puisque connaisseur des opinions de son peuple....Aux intellectuels, aux politiques, à la société civile d'alimenter le débat dans le plein respect des individus garanti par la Constitution. Le discours de BCE n'est pas cohercitif; il est le reflet de l'opinion publique dans son état actuel et il serait bien fou d'aller à son encontre quand tant de problèmes importants majeurs à résoudre

Sam
| 08-10-2015 09:09
Sans défendre BCE, il y a eu une question de société : faut il dépénaliser l'homosexualité ? Il a répondu : Non, ce que je peux comprendre.
La majorité de ceux qui s'indignent n'affichent qu'une tolérance et ouverture d'esprit de façade (j'aimerai bien voir leur tête quand leur propre pére se disait homo et fait son comming out avec leur voisin).
Maintenant on a une société pas encore mature : il faudra plusieurs réformes sociétales avant d'aborder cette question. Peut on enseigner qui n'a même commencer l'école la physique quantique ?
La politique doit être dans le monde réel prgamatique sans afficher des slogans qui ont dés fois foutu en l'air des pays et des peuples.

Sycophant
| 08-10-2015 07:12
- on a cru que les leche-bottes sont finis apres ZABA.

- Combien avez-vous empoche pour cet article honteux?
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