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Tribunes
La Tunisie sur une autre liste noire !
27/02/2018 | 20:56
3 min
La Tunisie sur une autre liste noire !

Par Karim Guellaty*


Nous lisons beaucoup, ici et là, des commentaires, des analyses, des études sur tous les couacs, du plus anodin au plus grave qu’a pu rencontrer la Tunisie dans l’incroyable voie qu’elle a prise depuis 2011.

La mode a même été de lister la Tunisie. Il est de bon ton de faire figurer la Tunisie sur une de ses listes, quand un organisme international a besoin d’assoir la neutralité de ses critères.

Et parce que nous sommes en démocratie, la loupe utilisée par certains médias, pour focaliser sur ce qui va mal, et même si elle est déformante, n’est pas opacifiée. Critiquons, c’est aussi ainsi qu’on avance.

 

On nous conte les ratées qu’on veut impacter sur le processus démocratique, on nous détaille des faits pour alimenter la rumeur du recul des libertés collectives, on disserte sur les stratégies déployées pour conforter la peur de la fin programmée des libertés individuelles. La vigilance est de mise, et c’est tant mieux pour notre jeune démocratie.

Pris dans nos tourments, on passe parfois à côté de cataclysmes. Et il y en a eu un le 23 février dernier. Nos élections municipales. Les pires scénarios sont envisagés quant à la participation électorale, les pronostics sur les résultats du scrutin augurent, pour la plupart, d’un avenir municipal des plus sombres.

Et pourtant, il y a bien eu, au milieu de tout ça, un cataclysme démocratique. Peut-être faut-il s’y arrêter quelques secondes, s’en féliciter, puis reprendre l’art de la critique, mal vertueux pour tendre vers le mieux.

 

57.020 personnes se sont portées candidates à ces élections pour 7.287 sièges à pourvoir. Ces candidats se répartissent sur 2.173 listes, pour 350 municipalités. Analysons l’état de notre démocratie. 57.020 personnes ont considéré qu’elles avaient une pierre à apporter aux affaires de leurs cités. Les mauvais coucheurs vont nous expliquer que ce n’est pas leur motivation première.

Suivre cette voie dans le débat, c’est arriver à la conclusion que la démocratie n’est pas un système efficient. Entendons-nous, c’est le seul qui vaille. Mais comme tout système, certains vont tenter de le vider de son sens à des fins personnelles. Soit. Ce n’est pas pour autant qu’il faille renoncer à ce système, et félicitons-nous que 57.020 citoyens souhaitent prendre part au destin de leur ville. Et sanctionnons, par les urnes, ceux qu’on pense vouloir en abuser.

 

Revenons à nos chiffres pour mesurer l’implication du citoyen dans la vie locale collective. Parce que le Tunisien répond toujours présent et sait honorer ses rendez-vous avec l’Histoire.

Il y a 165 candidats en moyenne par municipalité. 6,2 listes par liste à élire, et donc 7,82 candidats pour chaque conseiller municipal mis au scrutin. En données relatives, comparons. Car il faut toujours comparer.

Prenons la France, et les élections municipales de 2014, la France avec ses deux siècles de démocratie. Il y avait en France en 2014, 95 candidats par commune, une moyenne de 2,2 listes par liste à élire, et 1,75 candidat par siège soumis au vote.

Nous voici donc désormais sur une nouvelle liste. Et en tête. Nous venons tout simplement d’exploser le record mondial de mobilisation du citoyen à participer à la vie citoyenne. Jamais, et de tout temps, un pays démocratique n’a eu de tels chiffres.

 

Nous sommes sur la liste noire des pays au plus fort taux de mobilisation citoyenne à être candidat à une élection locale. La démocratie, ca commence par l’implication citoyenne à être candidat. La Tunisie a répondu présente, et bien présente !

Ça aussi c’est une vérité. Ça aussi c’est un fait. Certes, il ne nourrit pas, certes il ne crée pas de l’emploi. Mais ce constat, même s’il ne doit pas nous faire renoncer à notre vigilance et à nos exigences pour notre pays, peut nous amener à penser que plus rien ne peut arriver à notre démocratie.

Et que la Tunisie continue d’écrire une partie de l’Histoire du 21ème siècle. Seulement 7 petites années après avoir accédé à la liberté et à la démocratie.

 

 

*Avocat et directeur d’un cabinet de conseil en communication

 
27/02/2018 | 20:56
3 min
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Commentaires (6)

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Fado
| 28-02-2018 18:51
Ces candidats aux municipales doivent être soumis au bénévolat.
Sinon, les taxes locatives, et d'autres, vont flamber.

Zohra
| 28-02-2018 14:07
Les listes ne sont pas noires mais rouges

déjà-vu
| 28-02-2018 13:59
Municipales partition régions tribus et clans ben3ammis. Le coup de grâce pour un état déjà mourant..
L'ère précoloniale revient au galop...

#Laazouza haazha loued...

Zohra
| 28-02-2018 09:33
Car elles contiennent énormément de candidats libres qui n'appartiennent à aucun parti politique.

tounsi
| 28-02-2018 08:30
pourquoi noire donc!
elle est éclatante cette liste qui sort du pays des contrastes par excellence

kameleon78
| 27-02-2018 22:01
Toute cette comparaison est fausse car en France ce sont 36 000 communes (municipalités) et en Tunisie quelques centaines (peut-être quelques dizaines) donc il est normal que le nombre de candidats par municipalité soit supérieur en Tunisie (petit nombre de communes) non pas par souci démocratique mais par une équation mathématique. Donc cet article commence déjà par des erreurs, et tous les calculs deviennent faux.