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Chroniques
La terre tremble, réveillez-nous !
Par Inès Oueslati
25/08/2015 | 16:19
5 min
La terre tremble, réveillez-nous !

« La planète, aujourd’hui, fait la révolution tous les jours, sur tous les sujets et tous les fronts. Bientôt, notre pays fera de même, ou il disparaîtra. », écrivait Jacques Attali cette semaine. L’éminent économiste français tire la sonnette d’alarme et tire, par la même, à boulets rouges sur une classe politique dont les discours sont en décalage avec les enjeux réels. En Tunisie, la révolution est bien derrière, la politique plutôt stable, la transition en cours de finalisation et pourtant la menace est encore persistante. Le pays attire moins les investisseurs. Il les ferait même fuir. Pas étrange ! La régression se constate à l’œil nu. Les efforts citoyens n’y peuvent plus rien. Il faut une réelle volonté pour pouvoir tirer le pays de sa torpeur.

 

Lundi 24 août, le monde financier a vacillé, partout dans le monde, au rythme des bourses asiatiques et celle chinoise en particulier. La débâcle de la Bourse de Shanghaï s’est, vertigineusement, reflétée sur plusieurs places internationales entrainant, à son rythme, une économie mondiale bien fragile. Une perte de 8,5 % en clôture du côté de l’Asie et c’est l’Europe entière qui tremble. Les travers de la mondialisation sont effrayants. Ils seront déterminants dans l’esquisse d’un monde nouveau. La force de chaque pays se déterminera selon sa force de résistance aux secousses internationales et aux répliques pouvant en résulter.

L’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne, tous ces pays que l’on perçoit du haut de l’Afrique comme les potentiels sauveurs ne sont que des mastodontes de paille. Aussi fragiles que nous ! Oui, vraisemblablement. Nos bouées de sauvetage seraient les futurs naufragés. Probablement ! On pointe, de l’autre côté de la Méditerranée, une incohérence politique ne pouvant répondre, d’une manière efficiente, à une crise se mesurant à l’échelle mondiale. On crie gare face à des solutions d’apparat à des problèmes bien plus profonds.

 

Il en est de même dans ce petit pays qui essaie de renaître de ses cendres. La Tunisie d’après-l’ immolation se reconstruit difficilement. Séquelles d’une Troïka ayant mal géré le pays à la suite du départ de Ben Ali. Réponse uniquement politicienne à des problèmes qui ne font qu’enfler. Inconscience de la majorité quant à l’effort de chacun dans une survie positive du pays. Tout est en cause, à voir comment le fleuron des révolutions se porte, depuis ces dernières années.

Les pays amis, les voisins de l’autre rive, leurs promesses, leurs discours d’éloges ne pourront rien pour les pays qui, à eux, s’accrochent. Du côté de l’Europe, le souci premier est de combattre la migration. Sur les sept premiers mois de l’année, ils sont 340.000 personnes à avoir traversé les frontières de l’Union Européenne, selon l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex). Ce flux humain que les différents plans mis en place peinent à maîtriser devient la bête noire en Allemagne, en France, en Italie. Ces pays, craignant à leur tour de sombrer, ne peuvent incontestablement plus accueillir les naufragés d’un système mondial qui ne se réorganisera, visiblement, qu’après un chaos général.

 

Dans ce combat quotidien, chaque pays aura à faire en sorte que sa survie soit positive. Qu’il ne vive pas son réveil sur un mode négatif dépend de sa capacité à trouver un équilibre minimum, en son propre sein. Une politique optimiste sans l’être faussement, pragmatique sans être alarmiste, efficace par l’action, puissante par les réalisations. L’heure n’est plus aux promesses ne pouvant être tenues, aux paroles ne pouvant être réalisées, aux propositions ne servant qu’à casser l’adversaire politique. L’heure n’est plus aux combats virtuels de héros 2.0.

Les politiciens doivent se muer en leaders pour devenir la locomotive du pays. Leur conscience des problématiques internationales et celles locales, leur gestion du pays et leur manière d’appréhender le peuple seront déterminantes, dans l’avenir proche. Tant que la politique ne cherchera qu’à amadouer le citoyen au lieu de le secouer et que le citoyen ne cherchera qu’à contester la politique et à contrecarrer son autorité, le pays ne fera que survivre en allant vers la déchéance au lieu d’émerger.

 

Dans les pays ayant pensé avoir dégagé les dictateurs, des usurpateurs ont pris place. Le dernier massacre de Palmyre en atteste. Afin de combattre une déchéance pouvant, à la place de la reconstruction, succéder à la déconstruction, toutes les forces doivent être rassemblées. Union nationale, le terme devrait cesser d’être un simple slogan qui plait ou offusque, selon la partie. Il ne devrait, de ce fait, y avoir plusieurs parties mais une. Les islamistes l’avaient compris au lendemain des élections de 2011 : pour réussir, il faut avoir un allié d’un camp autre que le sien. Les démocrates l’ont compris au lendemain des élections de 2015 : pour réussir il faut travailler avec son ennemi de la veille. Les deux camps désormais ralliés semblent l’avoir compris : pour s’en sortir il faut que le pays cesse d’être fragmenté. Dans ce sens, la Tunisie est en train d’aller vers une réconciliation se voulant une réponse pragmatique à des litiges auxquels la justice n’a pas su répondre. Ceux ayant collaboré avec le régime de Ben Ali et ayant été blanchis seront réintégrés dans la société et leur argent réintégrera le circuit économique.

 

Une rentrée pleine de remous en vue. Mais dans la relativité de ce qui se passe autour de nous et même bien plus loin, il est aisé de constater que notre survie tient à notre union et à note conscience collective - politiciens comme citoyens - que l’heure n’est plus à la division et que l’instinct de survie doit nous motiver avant tout. Le monde se reconstruit, selon d’autres critères de force que ceux d’après les guerres mondiales. Les pays émergents de la veille pourraient immerger demain. Les sauveurs d’hier pourraient être les naufragés de l’avenir. Nous ne pourrons nous accrocher qu’à nous-mêmes pour nous reconstruire.

 

Par Inès Oueslati
25/08/2015 | 16:19
5 min
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Commentaires (22)

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j.trad
| 27-08-2015 18:19
c'est fréquent ,l'enfant trébuche ,la maman le relève ,elle marche toujours ,sans se soucier de la fatigue du petit nain ,l'enfant dit qu'il veut qu'elle le prenne dans ses bras ,elle refuse ,elle le traîne ,il n'en peut plus ,il commence à pleurer,elle le fouette ,il crie,elle le soulève quelques minutes ,et le remet ,elle le soulève ,elle l'embrasse ,la fois d'après elle amène la poussette ...l'occident ,c'est un géant ,il n'est ni notre maman ,ni notre papa ,sauf qu'il a pris des dimensions grâce à nous ,nous avons été enlisés dans la burlesque ,et la fanfare,de la technologie ,nous nous sommes investi corps et âme ,les puissances ont pris de la taille grâce à efforts ,nos marchés ,nos richesses ,nos cerveaux ,le monde arabe aurait pu devenir un GEANT ,une puissance,il y a eu des tentatives ,mais les manipulateurs ont réussit à nous couper en plusieurs morceaux ,nous sommes demeuré des bébés ,les puissances nous tiennent par la main ,tout comme l'enfant de deux ans ,sans amour ,sans pitié ,mais avec un opportunisme clair et net ,il nous prend dans les bras par les miettes des dettes (et qui ne sait pas les résultats )à la place des poussettes ,c'est les bombes,les kalachnikovs ,les falsifications des urnes ,même la France est manipulé (Sarkosie président ,et qui tente une deuxième chance c'est curieux,les Français doivent lire cet article ,et se considérer concernés.pauvre humanité ,pauvre bébés ,pauvres géants ,nous sommes tous secoués par le tremblement ...

j.trad
| 27-08-2015 14:02
IDHA ZOULZILAT'ARDHOU ZILZALAHA ...,nous le savions depuis plus de 14 siècle ,c'est annoncé au conditionnel ,çà sera à la fin des temps ,Mme OUESLATI nous bombarde avec le mode du présent de l'indicatif ,les tremblements au figuré ne sont pas moins dramatiques ???!!!si quand même il y a encore la bonne vie pour une grande fraction de l'humanité ,et c'est là le malheur ,ça veut dire que l'humanité dort sur ses deux oreilles ,la terre tremble ,c'est l'heure du réveil ,l'heure de la prise de conscience ,il faut que l'humanité se rende compte qu'il faut que toute l'humanité cherche ATTARI9 ALMOUSTA9IM ,l'autre jours un commentateur ( c'est au juste le pseudonyme :léon ,il m'a dit tu met ALLAH à toutes les sauces ,tu ferais mieux d'aller travailler )il ne sais pas que j'ai tellement travaillé (cultivons notre jardin comme dit Pangloss à candide ,ou Candide à PANGLOSS)les deux sens sont justes et fauts à la fois ,j'ai essayé les deux ,c'est pourquoi je me cramponne par complète conviction aux paroles d'ALLAH ,j'y trouve la réponse à tout ,la solution de tous les problème passent par les conseils d'ALLAH ,(inna'ALLAHA YAATI'ARDHA YEN9OUSOUHA MIN ATRAFIHA) c'est lorsque les ice-burgs auront fondu de vastes terres vont être englouti ( idha'biharou soujjirat )lorsque l'érosion aura jeté les terres dans les océans ,les terres hautes résistent mais pas pour longtemps ...lorsque ALLAH nous dit personne ne sait la date exacte (9iyam assa3a) il nous dit aussi ( AL HAYET ka lam7 al basar) il nous dit aussi (yawmoun ka alfi sanatin mimma ta3ouddoun )bien sure il fait allusion aux ordinateurs qui seuls peuvent calculer le temps que met l'érosion pour grignoter les terres ,le temps que va mettre la technologie pour extraire et consommerle pétrole pour le reduire en chaleur qui va faire fondre les montagnes de neige ...réveillons-nous pour changer à temps toutes les formes de consommation ,tout nos modes de vie sont faut ,nous devons joindre (pas seulement l'utile à l'agréable )il faut que l'agréable soit la prière ,qui n'empêche pas le stricte nécessaire ,nous devons pousser les recherches scientifique avec conscience de ne jamais en faire mauvais usage ,in chaaa ALLAH .il faut chercher les solutions pour les dis-fonctionnement de l'économie ,et chercher aussi comment être à l'abris le jours où le tremblement intégral surprend,(yawma la yanfa3ou maloun wa la banoun...).

déja-vu
| 26-08-2015 18:54
"La Tuisie d'après-l'immolation" est maudite. Non au sens que lui donne les charlatans et les fakirs. Rationnellement.
Les peuples s'inspirent des valeurs de leurs leaders.
En glorifiant un acte lâche contre une femme qui ne faisait que son devoir. Qu'avez vous appris au peuple?
Que l'incivisme et le banditisme paient.
Que l'immolation luciférienne porte au nues.
Que le devoir conduit au lynchage.
Que la femme n'a pas le droit de se mesurer à l'homme, même avec la force de la loi.

Où irez-vous chercher ce citoyen qui se vouera au service d'un peuple avec de telles valeurs et se suffire d'un salaire de misère?.

Cette jeunesse l'a vite compris. Il faut devenir riche, vite et par tous les moyens...y compris les trafics de toutes sortes et le terrorisme, une autre forme de suicide.
Une culture de la mort et de l'autodestruction à été instaurée jusque dans nos pseudos...

***

Bob
| 26-08-2015 17:04
Déjà qu'on avait le moral dans les chaussettes, après la lecture de cet article, on a perdu les chaussettes et le moral avec. Et maintenant qu'on n'a plus rien à perdre, on fait quoi?

Nephentes
| 26-08-2015 14:47
Algériens, Tunisiens, Lybiens et Egyptiens sont hors sujet de la dynamique économique, technologique et socio-culturelle qui remodèle brutalement les sociétés industrialisées en ce début de siècle.

ce changement est irréversible, et ceux qui rateront le train rateront la Civilisation.

Notre société connaît une expansion inédite du fait bédouin, caractérisé par l'inculture, l'incivisme, le rejet du travail et le banditisme : en somme le retour à la barbarie

L'exode rural anarchique et les microbes benalistes sont passés par là

La réticence remarquable des investisseurs étrangers sérieux et d'envergure à s'installer en Tunisie est logique : elle témoigne de la régression civilisationnelle que connaît le pays depuis les années 90.

Faycel
| 26-08-2015 12:05
J'ai bien aimé cet article. Nous assistons, en effet, à "des solutions d'apparat à des problèmes bien plus profonds".
Nous sommes "des naufragés d'un système mondial". Cet article vise à nous faire prendre conscience de la gravité et de la précarité de notre situation économique. Il faut que la Mondialisation "s'humanise". Oeuvrons pour le plus urgent : le chômage, la santé, la culture...

Mansour Lahyani
| 26-08-2015 11:04
"Dans ce combat quotidien, chaque pays aura à faire en sorte que sa survie soit positive" : Mme Oueslati, vous écrivez n'importe quoi, pour vous défouler, sans doute ? Avez-vous jamais connu une survie qui ne soit pas "positive" ??

Tahar
| 26-08-2015 10:12
LES CONSTATS :
- Le tunisien vit comme s'il est en dehors de tout cadre sociétal où il a des devoirs envers cette société.
- En même temps ce citoyen exprime des exigences, qui, sans l'accomplissement de ses devoirs, ne peuvent pas être fournies par l'Etat.
-L'Etat est fragilisé par une opposition négativiste et rancunière, qui lui met constamment les batons dans les roues.
- Le terrorisme se réjouit de la situation et finance à coups de pétrodollars les actions destructrices intérieures.

Dr. Jamel Tazarki
| 26-08-2015 10:00
"réveillez 'nous" pourrait avoir un sens.

Il suffit de considérer la phrase suivante: "réveillez-nous, mon Dieu, et ouvrez nos yeux à votre vérité!"

C'est une prière au bon Dieu afin de nous réveiller et d'ouvrir nos yeux à sa vérité!

Cordialement
Jamel

Dr. Jamel Tazarki
| 26-08-2015 09:37
Très Cher compatriote,
Vous écrivez: "STB - BNA - BH sont des banques étatique, l'état détient le fort taux du capital".

A ce que je sache l'état détient le fort taux relatif du capital et non pas le fort taux absolu!

Rien à faire, Cher Mohamed, il faut d'abord nationaliser à 100% et puis après on pourrait parler de la Recapitalisation de "nos" banques.

Cordialement
Jamel