Le nombre de médecins qui quittent le pays double d’une année à l’autre. La plupart de ceux qui sont partis refusent de retourner au pays. Les hôpitaux publics sont désertés. Au manque de personnel soignant s’ajoute celui des équipements. La Tunisie traverse une pénurie des médicaments inédite. L’indisponibilité des produits d’intérêt thérapeutique majeur pourrait constituer un grave problème de santé et mettre en péril des centaines, voire des milliers, de vies. La Pharmacie centrale est lourdement endettée et n’arrive plus à payer ses fournisseurs. Si les retards de payement persistaient, ces firmes internationales quitteraient la Tunisie, en licenciant dans la foulée.
Que peut-on ajouter à ce beau tableau ? La crise de la Cnam qui s’enlise avec les pharmaciens qui rompront définitivement, dès octobre 2018, les contrats les liant à la caisse d’assurance maladie. Bien évidemment, les médecins de libre pratique suivront la démarche des pharmaciens. Une situation qui mènera à l’effondrement de ce système qui a permis depuis des années à des millions de patients d'accéder au privé pour bénéficier des meilleurs soins. Une véritable hécatombe s’annonce, comme l’affirme le vice-président du syndicat des pharmaciens, puisque la vie de milliers de patients souffrant de maladies chroniques et nécessitant des soins particulièrement réguliers sera mise en danger.
Il ne s’agit pas de jouer la carte de l’alarmisme. C’est une véritable chute libre que le secteur de la santé publique, mais pas que, est en train de traverser. La tendance a commencé depuis quelques années, elle semble s’accélérer inexorablement ces derniers temps, résultante de politiques foireuses d’un Etat qui n’arrive plus à trouver les solutions pour garantir le droit le plus basique à ses citoyens.
Médecins de tous bords sortent de leur silence et tirent à grande force les sonnettes d’alarme. C’est dans les hôpitaux publics que la déchéance du système est la plus visible. Les acquis de la Tunisie en matière de santé sont plus que jamais menacés. Les insuffisances en ressources matérielles et humaines en deviennent flagrantes et surtout handicapantes, ajoutez à cela les défaillances de gouvernance et vous détenez là un cocktail détonnant. Conséquence, une dégradation, le moins qu’on puisse dire vertigineuse, des conditions de travail dans les hôpitaux et des services de soins.
Le constat est affligeant. Le premier perdant est le citoyen tunisien qui, pour pouvoir se soigner décemment, est poussé à se diriger vers le privé. Aux longues heures d’attente dans les couloirs des hôpitaux pour une simple consultation, aux interminables délais pour enfin accéder au scanner ou subir une opération chirurgicale, certains se résignent à se ruiner dans les cliniques privées, d’autres se laissent tout simplement mourir.
Dans nos hôpitaux, plusieurs médicaments sont manquants. Scanners et IRM dans différents établissements sont en panne. Le personnel médical est débordé dans certains services qui sont désertés par des médecins qui quittent leurs postes à cause des conditions inacceptables. En même temps, les recrutements se font rares, notamment en ce qui concerne les médecins spécialistes, alors que les régions défavorisées en manquent cruellement. Combien de fois des femmes sur le point d’accoucher ont trouvé la mort, à Gafsa, Sidi Bouzid ou Jendouba faute d’obstétricien ? Combien de fois un bébé en détresse respiratoire est arrivé trop tard au service de soins adéquat ?
Intitule d’énumérer les innombrables drames subis par les patients. On en entend parler périodiquement n’est-ce pas, en plus des toits de certains services de CHU qui se mettent à s’effondrer les uns après les autres…
Dépité, un jeune médecin commentait récemment qu’à ce rythme où vont les choses, il n'y aura prochainement, plus de matériel ou de médicaments dans les hôpitaux publics en Tunisie, et même plus de médecins pour les utiliser. C’est dire la désillusion qui touche ces jeunes compétences tunisiennes poussées à fuir à l’étranger ou à partir dans le privé.
La déficience est systémique. Ce serait trop prétendre que de dire que tout sera réglé en un claquement de doigts, mais les solutions existent. Une stratégie nationale pour sauver ce qui peut l’être avant l’effondrement total est possible. Il faudra pour cela mobiliser les ressources nécessaires et surtout les compétences pour le faire. A la tête du département de la Santé, les ministres se succèdent et chacun vient balayer les chantiers engagés par son prédécesseur. Le dernier en date n’a pas trouvé mieux que le déni pour commenter la crise des médicaments décriée par les médecins et les pharmaciens. Pour Imed Hammami, le manque de certains médicaments n’est autre qu’une illusion, uniquement alimentée par des statuts Facebook alarmistes !
Commentaires (9)
Commenterla chute...
Et avec c'est quel article de la constitution qui agonise?!
Ah mais si BCE CIMIC comme il est ne bouge pas c'est que lui aussi agonise transitivite oblige.
Pourquoi tout ce pessimisme, Madame!
Effondrement total est plus probable
Merci Microbio
Forza | 03-08-2018 21:08 Félicitations pour votre commentaire, Tout est dit!
Pour les prochaines élections, c´est un programme pour une future politique de santé en tunisie!
Et je le dis celà honnêtement
Bonne soirée!