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Chroniques
La santé à l’agonie
03/08/2018 | 16:30
4 min

 

Le nombre de médecins qui quittent le pays double d’une année à l’autre. La plupart de ceux qui sont partis refusent de retourner au pays. Les hôpitaux publics sont désertés. Au manque de personnel soignant s’ajoute celui des équipements. La Tunisie traverse une pénurie des médicaments inédite. L’indisponibilité des produits d’intérêt thérapeutique majeur pourrait constituer un grave problème de santé et mettre en péril des centaines, voire des milliers, de vies. La Pharmacie centrale est lourdement endettée et n’arrive plus à payer ses fournisseurs. Si les retards de payement persistaient, ces firmes internationales quitteraient la Tunisie, en licenciant dans la foulée.

Que peut-on ajouter à ce beau tableau ? La crise de la Cnam qui s’enlise avec les pharmaciens qui rompront définitivement, dès octobre 2018, les contrats les liant à la caisse d’assurance maladie. Bien évidemment, les médecins de libre pratique suivront la démarche des pharmaciens. Une situation qui mènera à l’effondrement de ce système qui a permis depuis des années à des millions de patients d'accéder au privé pour bénéficier des meilleurs soins. Une véritable hécatombe s’annonce, comme l’affirme le vice-président du syndicat des pharmaciens, puisque la vie de milliers de patients souffrant de maladies chroniques et nécessitant des soins particulièrement réguliers sera mise en danger.

 

Il ne s’agit pas de jouer la carte de l’alarmisme. C’est une véritable chute libre que le secteur de la santé publique, mais pas que, est en train de traverser. La tendance a commencé depuis quelques années, elle semble s’accélérer inexorablement ces derniers temps, résultante de politiques foireuses d’un Etat qui n’arrive plus à trouver les solutions pour garantir le droit le plus basique à ses citoyens.

Médecins de tous bords sortent de leur silence et tirent à grande force les sonnettes d’alarme. C’est dans les hôpitaux publics que la déchéance du système est la plus visible. Les acquis de la Tunisie en matière de santé sont plus que jamais menacés. Les insuffisances en ressources matérielles et humaines en deviennent flagrantes et surtout handicapantes, ajoutez à cela les défaillances de gouvernance et vous détenez là un cocktail détonnant. Conséquence, une dégradation, le moins qu’on puisse dire vertigineuse, des conditions de travail dans les hôpitaux et des services de soins.

 

Le constat est affligeant. Le premier perdant est le citoyen tunisien qui, pour pouvoir se soigner décemment, est poussé à se diriger vers le privé. Aux longues heures d’attente dans les couloirs des hôpitaux pour une simple consultation, aux interminables délais pour enfin accéder au scanner ou subir une opération chirurgicale, certains se résignent à se ruiner dans les cliniques privées, d’autres se laissent tout simplement mourir.   

Dans nos hôpitaux, plusieurs médicaments sont manquants. Scanners et IRM dans différents établissements sont en panne. Le personnel médical est débordé dans certains services qui sont désertés par des médecins qui quittent leurs postes à cause des conditions inacceptables. En même temps, les recrutements se font rares, notamment en ce qui concerne les médecins spécialistes, alors que les régions défavorisées  en manquent cruellement. Combien de fois des femmes sur le point d’accoucher ont trouvé la mort, à Gafsa, Sidi Bouzid ou Jendouba faute d’obstétricien ? Combien de fois un bébé en détresse respiratoire est arrivé trop tard au service de soins adéquat ?

Intitule d’énumérer les innombrables drames subis par les patients. On en entend parler périodiquement n’est-ce pas, en plus des toits de certains services de CHU qui se mettent à s’effondrer les uns après les autres…

Dépité, un jeune médecin commentait récemment qu’à ce rythme où vont les choses, il n'y aura prochainement, plus de matériel ou de médicaments dans les hôpitaux publics en Tunisie, et même plus de médecins pour les utiliser. C’est dire la désillusion qui touche ces jeunes compétences tunisiennes poussées à fuir à l’étranger ou à partir dans le privé.

 

La déficience est systémique. Ce serait trop prétendre que de dire que tout sera réglé en un claquement de doigts, mais les solutions existent. Une stratégie nationale pour sauver ce qui peut l’être avant l’effondrement total est possible. Il faudra pour cela mobiliser les ressources nécessaires et surtout les compétences pour le faire. A la tête du département de la Santé, les ministres se succèdent et chacun vient balayer les chantiers engagés par son prédécesseur. Le dernier en date n’a pas trouvé mieux que le déni pour commenter la crise des médicaments décriée par les médecins et les pharmaciens. Pour Imed Hammami, le manque de certains médicaments n’est autre qu’une illusion, uniquement alimentée par des statuts Facebook alarmistes !

 

03/08/2018 | 16:30
4 min
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Commentaires (9)

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slah
| 09-08-2018 12:45
Le paysage tunisien va de mal en pis sur tous les plans.Tous les secteurs sont touchés par la corruption et la mauvaise gestion de ce fait les gens quittent en masse le pays quelque soit la profession et quelque soient les engagements...certes c'est lamentable surtout pour les médecins qui sont en train de mettre en péril la vie des centaines à cause de leur égoïsme et le pire est qu'ailleurs ils sont mal payés par rapport à ce qu'ils ont comme diplômes et surtout compétences,il faut admettre que nos médecins sont parmi les meilleurs en qualité...Bref certes c'est leur choix mais un choix qui un gout amer pour tout un peule.

DHEJ
| 05-08-2018 10:38
Sous les yeux du CIMIC du palais de Carthage un CIMIC qui a juré d'être le garant de la constitution!


Ah mais si BCE CIMIC comme il est ne bouge pas c'est que lui aussi agonise transitivite oblige.

Mohamed Obey
| 04-08-2018 18:58
Mme, ne vous-en faites pas! nous aurons la rukkia pour exorciser le diable...Et les cheikhs ne manquent pas. Que tous les docteurs quittent vers des pays plus sous-développés que nous comme la France et l'Allemagne, etc.; quant à nous, bientôt nos universités avec ses thésards avançant que la terre est pate vont aussi légiférer que les médicaments importés des pays des peuples impies sont haram (narré par Al-oukhari et Ibnu Taymia et Cie) et que celui qui les importe va pâtir tte sa vie dans les Enfers terrestres avant de subir la malédiction éternelle....

Rationnel
| 04-08-2018 17:08
Voici au moins sept années qu'on discute de reformes et de changements et rien n'a été réalisé pour sauver ces systèmes qui agonisent. Il n'y a pas que le système de santé qui agonise, mais la CNRPS, la CNAM, la CNSS et les sociétés publiques sont dans un état critique. Vu les finances du gouvernement et la paralysie de l'action politique il est fort probable que tous ces systèmes ne seront ni reformés ni sauves. Que va faire la population dans ce cas? quelles seront les alternatives? Ceux qui travaillent dans l'économie parallèle ne seront pas affectés par la faillite de ces systèmes, donc au moins 50% de l'économie s'en sortira sans grands dégâts.

Forza
| 04-08-2018 08:02
Je ne réclame pas avoir la solution de ce problème qui se pose à tous les pays mais je pense que nous pouvons apprendre de l'expérience des autres pays. Voyons si les partis la prochaine année débâteront des vrais problèmes du pays eu s'ils vont continuer avec la politique politicienne.

Microbio.
| 03-08-2018 22:47
Votre commentaire pourra servir comme excellent programme de travail pour notre ministère de la Santé .

Pour les prochaines élections, c´est un programme pour une future politique de santé en tunisie!

Et je le dis celà honnêtement

Bonne soirée!

Forza
| 03-08-2018 21:08
Le système n'est pas efficace. Les médecins, les cliniques et leurs prestations sont trop chers pour l'état du pays. Lorsque l'ouvrier tunisien vit moins bon qu'un ouvrier suisse, je ne trouve aucune raison pourquoi le médecin tunisien veut vivre mieux que le médecin suisse. En plus nos médecins prescrivent trop de médicaments, la Tunisie est un des pays qui consomment le plus d'antibiotique entre autres. Donc il faut plafonner les prix des visites et des interventions médicales et il faut que les caisses sociales imposent aux médecins l'utilisation de générique partout où c'est possible. Des pays beaucoup plus riches que la Tunisie le font. De l'autre côté il faut reformer les caisses sociales et avoir un financement plus solidaire de la santé, pourquoi plafonner la limite jusqu'à la quelle on paye l'assurance maladie ou la retraite. Les suisses ne plafonnent pas. Celui qui touche 2 millions de franc par ans paye les caisses sur le salaire entier comme celui qui touche 50000 francs.

SAM53
| 03-08-2018 20:37
Pour notre premier ministre on a actuellement le meilleur ministre de la santé depuis des décennies alors pour quoi le changer sauf que pour beaucoup c'est le parti de ce ministre qui dirige toutes les opérations.Bravo à notre PM qui privilégie le parti avant la PATRIE

Ali Baba au Rhum
| 03-08-2018 17:51
Apparemment ce gouvernement là a choisi la fuite en avant et le passage en force pour appliquer ses "réformes" ; le maintien du ministre de la santé à son poste est déjà un signe qui ne trompe pas. C'est aux gens de réagir ; s'ils ne veulent pas mourir.