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La représentation des femmes sur Facebook, un terrain hostile et discriminatoire
30/08/2015 | 15:58
7 min
La représentation des femmes sur Facebook, un terrain hostile et discriminatoire

 

Il y eut de tout temps des oppresseurs et des opprimés, des maîtres et des esclaves, des ayant droit et des n’en ayant aucun, des hommes… et des femmes.

Depuis des siècles, les femmes se sont battues pour s’affranchir, pour acquérir les droits civiques et juridiques les plus élémentaires, pour être considérées comme des personnes à part entière, libres, capables et surtout dotées de bon sens et « raisonnables ». La tâche a d’autant été plus difficile qu’elles sont nées avec des préjugés qu’elles portent comme une croix.

 

A l’ère de l’audiovisuel et des médias, la femme arabe a souvent été dépeinte dans les émissions et les feuilletons comme une femme fatale, consommatrice, superficielle, soumise, faible, méchante, écervelée, calculatrice etc. Les médias classiques, ont habituellement tendance à véhiculer des clichés négatifs de la femme ignorant ainsi son rôle récent dans tous les domaines en tant que membre actif dans la société, politiquement et socialement, au même titre que l’homme. Ce constat est le résultat d’études institutionnelles et de recherches scientifiques que le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR) complète par une récente étude publiée en mai 2015, dans laquelle il met en exergue, au-delà du contenu des médias classiques, les réactions qu’ils suscitent chez le public.

 

Aujourd’hui, en Tunisie, grâce notamment au Code du statut personnel (CSP), les femmes ont pu réaliser ce qui, quelques années plus tôt, relevait de l’impossible. Ce changement, comme tous ceux qui ont marqué l’histoire de l’humanité, a été imposé aux hommes mais n’a rien changé à leurs croyances. Si l’esclavage a été aboli, la discrimination n’a pas disparu pour autant et si les femmes arabes ont conquis le monde, elles font face encore et toujours aux préjugés séculaires et moyenâgeux, souvent refoulés dans le discours et exprimés, à chaque occasion qui se présente, par l’agressivité du frustré.

 

L’étude de CAWTAR est intitulée « La femme arabe dans le dialogue virtuel, une étude des représentations de la femme sur les pages Facebook des médias». Elle permet de montrer, à travers l’analyse des commentaires des internautes, l’idée que ceux-ci se font du contenu des médias et par conséquent des femmes en général.

 

Partant du constat que les médias classiques produisent un contenu qui ne reflète pas toujours une réalité, mais qui s’inscrit dans le cadre d’une mentalité et d’une culture, l’étude a posé la question de l’accueil que réservent les plateformes des réseaux sociaux et donc du public, à ces travaux. Si les médias classiques plient sous le poids de la culture hégémonique, l’espace d’échange libre qu’offre Facebook permet-il de montrer une autre facette, plus moderniste et plus consciente de la société ?

 

Dans le rapport de CAWTAR dix pages Facebook de médias arabes classiques, ouvertes au public, ont été étudiées. Al Jazeera, MTV Lebanon, Mosaïque Fm ainsi que des médias qatari, marocain, égyptien, syrien, soudanais, émirati et saoudien constituent l’échantillon sur lequel a porté l’enquête. L’analyse des commentaires concernant des sujets relatifs aux femmes a révélé des aspects inattendus de ce qui se trame sur la toile.

 

La représentation de la femme sur les plateformes sociales des médias

 

Les chercheurs imputent aux médias un manque de volonté apparent à valoriser l’image de la femme arabe, pire encore leurs lignes éditoriales sur les réseaux sociaux essentiellement Facebook dénoteraient d’une volonté à récupérer des clichés et à les monétiser dans le cadre d’une course aux clics. Ils misent ainsi le tout sur une audience hostile au changement qui, par conséquent s’identifie plus facilement au message véhiculé par un média caressant dans le sens du poil, sa conception « non discutable » de la société.

 

De cette démarche, seront produits deux profils de femmes tout aussi dégradants l’un que l’autre, d’une part la dévergondée dont les seuls attributs sont un décolleté plongeant et un QI proche de zéro, d’autre part la femme soumise qui dépend entièrement de son mari et ne porte aucun intérêt pour ce qui se passe en dehors de son ménage.

 

Le rôle actif de l’audience dans la consolidation d’une image négative de la femme

 

Les contenus qui ont trait à la femme sont la plupart du temps sujets à des interactions marquées par une certaine hostilité. Les participants, particulièrement de la gent masculine tendent à adopter une attitude haineuse et dégradante, ou dans le meilleur des cas indifférente à l’égard des femmes qui font les titres de l’actualité.

 

Dans une tentative d’élucider les motivations latentes qui sont susceptible de « justifier », ou expliquer ne serait-ce qu’un peu, le plaisir que prennent ces commentateurs à discréditer une artiste, athlète, femme politique ou autre.  L’étude s’est vite rendue à l’évidence que ce type de discours n’est autre qu’une misogynie collective qui apparaît dans un discours standardisé, servi systématiquement et gratuitement dès qu’une prise de position ou un accomplissement sont signés par une femme.

 

Face à ce phénomène, les utilisatrices de Facebook font preuve de beaucoup plus de réserve dans leurs commentaires. Celles parmi elles qui se mettent en travers des insultants pour montrer leur solidarité seraient tout de suite exposées à une avalanche de propos malveillants et intimidants, certaines se retrouvent même victimes d’harcèlement sexuel.

 

Les chercheurs attirent aussi l’attention sur le fait que ces mêmes médias ignorent ou plus vraisemblablement font la sourde oreille sur les innombrables messages de haine et se dérobent à leurs obligations de faire la modération des réactions suscitées par leurs posts, ceci serait d’autant plus malsain de leur part que leur refus de bannir des utilisateurs irrespectueux peut être expliqué par leur volonté de garder coûte que coûte un maximum d’adhérents actifs sur leurs pages.

 

Les recommandations de CAWTAR

 

Le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche préconise à l’issue de cette étude d’employer les réseaux sociaux et les possibilités d’échange qu’ils permettent pour favoriser l’adhésion à la cause de la Femme, en proposant un contenu qui véhicule une image équilibrée de la femme et de son rôle social, politique et culturel. Elle recommande aussi d’organiser des sessions de formation dans le domaine des médias en rapport avec les réseaux sociaux pour les administrateurs des pages à forte popularité et qui véhiculent parfois des messages dégradants pour la Femme.

 

CAWTAR propose de produire une matière rédactionnelle, des textes, des vidéos et des images à portée éducative et qui se rapportent à la cause de la Femme, afin de les diffuser sur les réseaux sociaux et de sensibiliser les professionnels des médias sur la nécessité de mettre en place une charte éthique propre aux réseaux sociaux et qui comporte des principes qui concernent la discrimination envers la femme et l’utilisation d’un discours hostile et violent entre dans le cadre des interactions au sein de la page.

 

Pour finir, le centre appelle les médias à organiser des sessions de formation pour les administrateurs et les « community managers » de leurs pages sur Facebook et Twitter, dans le domaine social, afin de les sensibiliser à l’importance de gérer ces pages selon les principes de l’éthique journalistique.

 

Les résultats de cette étude sont assez étonnants et plutôt inattendus. On peut penser que les réseaux sociaux offrent un espace virtuel propice au partage et à la diffusion de messages forts en faveur de causes aussi importantes que celle de la femme arabe. En réalité, il s’avère que le virtuel est le miroir du contexte social réel et ne fait que l’alimenter et le reproduire. Ce qui est encore plus surprenant c’est l’attitude des femmes qui paraissent absentes et plutôt passives dans les débats qui ont lieu sur les réseaux sociaux et qui les concernent directement.

Un manque d’implication parfois attribué à la peur de la confrontation ou au désintéressement, qu’il faudrait réviser dans un contexte social et politique particulier, où les acquis sont menacés, quelquefois par les femmes elles-mêmes, et où il semble que les lois ont avancé à un rythme nettement plus soutenu que les mentalités.

 

Myriam Ben Zineb

30/08/2015 | 15:58
7 min
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Commentaires (13)

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Gg
| 01-09-2015 20:10
Quelques remarques, pour revenir au sujet.

D'abord, soyons clairs, facebook est un outil, et comme tel il est capable du meilleur comme du pire.
Le meilleur, lorsque fb met en contact des personnes de pays et de cultures éloignées, qui sans cela ne se seraient jamais connues.
J'ai ainsi recontré des Français partis en voyage à l'autre bout du monde, vers des destinations qu'ils n'auraient jamais envisagées sans le contact avec des "amis" FB.
On peut aussi se demander quelle est la part de FB dans la révolte de nombreuses jeunes tunisiennes envers la tradition qui les casse, quand on les voit, dans les villages, passer leur temps sur FB, portable à la main.
Et quelle est la part de FB et de twiter dans la révolution du 14 janvier?
On ne peut nier que FB est un formidable outil de brassage des cultures, de prise de conscience de ce qu'il se passe ailleurs.

Mais FB a incontestablement des effets pervers. On sait que les terroristes, les pédophiles, les pervers de toutes sortes sévissent sur FB. AU point qu'en France, il existe depuis quelques années une police spécialisée dans ces médias, qui surveille des comptes, et sont capables, sur autorisation judiciaire, de rentrer dedans.
Par exemple, ils tendent des pièges à des pédophiles, des terroristes, des religieux spécialement dangereux...

Mais je vois aussi les différences de culture dans FB. Ainsi, tous mes amis français sont de vrais amis, leur pseudo est vrai, ils se présentent sous un diminutif ou leur vrai nom. On se connaît, ou on va se connaitre bientôt. Et le respect est la règle.
A l'inverse, sur le compte de ma petite femme, rares sont les Tunisiens qui se présentent sous leur vrai nom! Même les photos de profil sont souvent fausses, ce ne sont pas les bonnes personnes!
J'ai vu des hommes contacter ma femme en se faisant passer pour des femmes!
La drague de leur part est éhontée: les mecs envoient leur numéro de téléphone, elle a même reçu des photos de sexe en érection, avec le numéro de téléphone!
Alors elle me passe les messages, et je réponds. Je me suis ainsi rendu à un rendez vous qu'un mec avait donné à ma femme, à Tunis. L'ayant reconnu, je me suis assis à sa table: "Salut, je suis la mari de .... . Tu arrêtes tes conneries, ou on va maintenant à la police?"
Tout cela n'arrive pas en France.

Donc FB est le reflet de ses utilisateurs, ni bien, ni mal. On peut juste regretter l'ergonomie labyrinthique, qui rend très difficile de se protéger contre les malfaisants et les pervers.
Sinon, c'est sympa!

Gg
| 01-09-2015 13:46
C'était il y a quatre ans. Un petit restaurant, dans un bourg près de Siliana. Midi, le resto est plein d'hommes prenant leur repas. ET au fond, dans le coin le plus sombre, une femme déjeune, seule, tournée vers le mur. Même pas une fenêtre.
Je dis à mes amis qui m'avaient amené là : "Oh, il ya une femme!"
Et l'un d'eux, 25 ans, me dit: "Oui, elle a le droit, elle travaille à l'usine à côté. Elle tourne le dos aux hommes, elle est discrète."
Je suis parti manger un sandwich... J'ai toujours en tête l'image de cette femme reléguée dans le coin sombre, tournée vers le mur, qui avait le droit de travailler et de manger seule.
Je ne sais quel est le pire : sa condition, ou la justification de la part d'un jeune homme de 25 ans?
Aujourd'hui, lorsque j'entends des commentaires sur ma femme, partie loin de son pays, de sa culture, de sa langue, de sa famille, pour vivre libre et respectée, j'explique: si vous l'aviez traitée comme un être humain, elle serait restée.
C'est pour Elle, pour elles, que je ne voterai jamais FN, en France.

farfalla
| 01-09-2015 09:04
oui en fait je confirme , elles préferent se soumettre pretextant que comme ca c'est plus tranquille , oui oui oui pour elles c'est plus tranquille pourquoi se casser la tete est reflechir et pourquoi se casser la tete et travailler laissons le ramener l'argent , y en a qui le pensent par "conviction" et d'autres par ce qu'elles ne peuvent plus de tout faire avec un bonus qui s'appelle ingratitude.
c'est mediocre et revoltant

Lilou
| 31-08-2015 19:18
Si elles se révoltaient en masse, en arrêtant d'avoir peur de ce que disent les autres:

les hommes ne pourraient PLUS rien faire!!!!

Mais ces idiotes préfèrent se soumettre comme des domestiques, "complémentaire de l'homme" !

Gg
| 31-08-2015 19:01
Il est étonnant de voir comme les garçons sont élevés par leurs mères.
Deux exemples proches:
Dans ma famille de Tunisie, 3 petits. Un garçon a 8 ans, le 2ieme garçon a 7 ans, et la petite fille a 6 ans.
Eh bien lorsqu'un des garçons veut quelque chose, il se fait servir par la petite. Et si elle refuse, ils la frappent. La mère le voit, dix fois par jour, et ne dit rien! Incroyable.
Un autre famille, la fille a 17 ans, son petit frère 11 ans. Ce petit merdeux surveille déjà sa soeur, où elle va, avec qui, rentre dans son téléphone... et dit tout aux parents, qui trouvent cela normal!
Etc... j'ai mille exemples comme ceux là!

farfalla
| 31-08-2015 17:05
réagir a quoi exactement au dénigrement médiatique applaudit , le grand probleme c'est les femmes qui s'identifient et s'approprie cette image voyant que les hommes languissent devant cette image véhiculée de femme belle et tait toi ou femme de menage et comblée , ces femmes par la suite éduqueront des enfants des deux sexes sur ce meme principe " il faut que tu soit belle et il faut que tu plaise quelque soit les conditions a un homme et pour ce tout les moyens sont bon, on instruit nos enfants que la femme n'existe qu'a travers un homme ou pour un homme , elle ne peut etre une entité a part et si tu pense ainsi c'est que tu n'es pas normal.
je lance tout sur le dos de la femme par ce que simplement ma yendeblek ken dhafrek, y'a uniquement les femmes qui pourrons faire face a ce fleaux qui les concerne et malheureusement ceci n'est pas vraiment d'actualité en tunisie et ca c'est aggravé depuis 5 ans; avant on pensait mais on n'osait pas discriminer mais là on discrimine fièrement.
je vois des postes mérités refusés pour des filles pour le compte de garçons qui ne valent même pas;une dame au profil et CV convoité au niveau international et reconnu nationalement se trouve bloquée et refoulé avec il faut pas oublier vous etes une femme pfff.
ou quand après 6 mois de travail apres un recrutement et une batterie de tests et questions on t'arrache a ta boite a priorie pour tes explois et resultats puis on te dis que t'as pas su profiter de tes atout que je pensais moi a expertise maiss malheureusement le mr pensait a la mini jupe.
j'ai 10 ans de vie en industrie de pointe les 3 derniere années etaient un modele de segregation et de defoulement de la gente masculine qui pendant 6 ans etaient sous ma responsabilité et je decouvre pendant les 3 dernieres années qu''ils ne veulent pas de femme responsable et meme si tu l''es tu ne saura pas au meme salaire de Mr. et la liste est longue.
le malheur est que les premiers a faire cette segregation se sont les femmes elles meme.
alors vraiment a force de ramer contre courant je ne veux plus discuter ce sujet qui me donne un gout amer.

nazou
| 31-08-2015 12:43
La prochaine fois, écrivez un article sur le mariage, ou comment trouver un mari !!!!

Et là, vous verrez les femmes commenter!!!
HONTE à vous mesdames !!!,donnez votre opinion sur un sujet qui vous concerne ne vous ferait aucun mal !!!

C'est pas la peine de donner à boire à des ânesse !!!la liberté ça se mérite !
Pour les hommes, j'en pense pas moins !

canalou
| 31-08-2015 07:57
pour etre respectee , une femme doit elever son niveau intellectuel . Partout il y a de la drague mais il faut savoir se proteger . Mpar eme les femmes se mettent a draguer sur facebook . Des hommes ont recu des emails de femmes inconnues . Facebook est un espace de liberte mais tout depend de ce qu on cherche et il faut choisir son cercle sans ceder aux tentations .

pseudo
| 31-08-2015 06:39
lire les livres de Camille Lacoste;comment les meres sont responsables de la myisoginie de leurs garçons;la question est complexe;la bigoterie actuelle n 'arrange pas les choses;le chemin et encore long

nazou
| 30-08-2015 23:19
Mais vous savez, pour m'imposer j'ai souvent sorti les griffes et les dents.

Beaucoup de mes contradicteurs sont misogynes,alors qu'ils se prétendent progressistes !!!
Ah ça !! Ils ont essayé de me faire taire.
Mais ils me connaissent mal.
La liberté, il ne faut pas attendre qu'on vous l'accorde, elle s'arrache.

Un salut à Amal, qui est aussi très combative !!