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La réforme commence par la retraite
04/04/2019 | 19:59
4 min
La réforme commence par la retraite

 

L’Assemblée des représentants du peuple a voté hier, mercredi 3 avril 2019, le projet de loi relatif à la retraite. Ce premier pas dans le chantier de la réforme de la CNRPS a été dur à engager mais s’est finalement imposé comme une évidence. 2019 s’annonçait être l’année de toutes les incertitudes pour les retraités, les voici quelque peu rassurés…

 

L’ARP a finalement le projet de loi relatif à la retraite dans sa globalité. Les députés ont approuvé l’article 2 du projet de loi portant sur l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, qui passe ainsi de 60 ans à 62 ans. Une nouvelle qui s’est fait attendre et qui en a soulagé plus d’un, dont le PGD de la Cnam, Kamel Madouri.

M. Madouri a expliqué que cette décision garantira des revenus importants aux caisses sociales et contribuera à la résolution d'une partie de leur crise. "On espère que ces revenus soient d'une valeur de 335 milliards. Ils atteindront les 818 milliards en 2020 et 1450 en 2021" a-t-il précisé quelques heures après le vote.

 

Au mois de décembre dernier, l’ARP votait contre ce projet, laissant présager le pire devant un déficit record de 1800 millions de dinars prévu pour 2019. Pour espérer redresser les caisses sociales, il n’y a pas trente-six mille chemins à prendre, soit on augmente les contributions, soit l’âge de départ à la retraite. Ou alors on combine les deux. La Tunisie a opté pour l’alternative la plus complète, au grand dam des agents de la fonction publique, dont près de la moitié est âgée de plus de 45 ans.  

Le FMI l’avait bien expliqué dans ses rapports, les trois priorités saillantes à court terme pour essayer de rééquilibrer le budget de la Tunisie sont d’abord de poursuivre les efforts visant à réduire les subventions à l'énergie, contenir la masse salariale du secteur public et adopter le projet de loi sur la réforme des retraites pour améliorer la viabilité financière du système de sécurité sociale.

Comme prévu, aucun objectif ne sera atteint sans concessions et les décisions qui s’enchaînent ces derniers jours sont donc fortement impopulaires. C’est que la prolongation de l’âge de la retraite succède à la hausse des prix des carburants, en quelques jours d’intervalle les Tunisiens ont été frappés par deux nouvelles plutôt douloureuses.

 

 

En plus de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, les cotisations au titre des régimes de retraite à la charge des employés, augmenteront de 1% à partir de janvier 2020.

Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a expliqué que la loi stipule également l'augmentation des contributions au titre des régimes de retraite à 3%, dont 2% à la charge de l'employeur à partir du premier mois suivant l’entrée en vigueur de la loi, et 1% à la charge de l’employé à partir de janvier 2020. Il a souligné que toutes ces mesures, dont aussi le maintien de la contribution de solidarité sociale de 1%, entrent dans le cadre d’un effort national à fournir pour équilibrer la situation des caisses sociales et garantir le versement des pensions de retraite.

Pour ce qui est de l’âge de la retraite, la nouvelle loi le fixe à 62 ans sous réserve des dispositions précisées dans les articles 27 (nouveau), 28 (nouveau) et 29 (nouveau). Ainsi, pour les métiers pénibles et éreintants, déterminés par un décret gouvernemental, l’âge de départ à la retraite est fixé à 57 ans.

 

Le problème structurel des caisses de sécurité sociale ne sera pas résolu par une seule décision. Le vieillissement de la population et la déformation de la pyramide des âges engagent fortement la viabilité financière du régime de pension en Tunisie. Plus de bénéficiaires que de cotisants, moins d’années d’exercice et plus d’années de prise en charge, accablent les caisses et menacent de voir s’effondrer tout un système.

 

Une instance supérieure présidée par le chef de gouvernement sera créée pour entrevoir de nouvelles sources de financement pour les caisses sociales, a annoncé le ministre des Affaires sociales. Des réflexions y seront sans doute menées pour réformer totalement un système basé sur la solidarité et qui a atteint ses limites. Comme certains pays d’Europe notamment, la tendance est aux retraites complémentaires, à l’épargne, aux « comptes notionnels », autant de mécanismes qui devront un jour ou l’autre être pensés chez nous…

 

Myriam Ben Zineb

 

04/04/2019 | 19:59
4 min
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Commentaires (5)

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Abdou
| 21-11-2019 19:51
Les Tunisiens doivent rejeter un système de retraites à deux vitesses ( Public / Privé).
- Un Dinar cotisé par un haut fonctionnaire lui rapporte deux fois plus en pension de retraite qu'un Dinar cotisé par un ouvrier dans le secteur Privé.
"A cotisations égales, retraites égales" , est l'unique formule pour sauver les caisses de sécurité sociales tunisiennes... Toute autre solution n'est que du REPLATRAGE ... qui ne tient que 3 ou 4 ans au plus.

G&G
| 05-04-2019 17:18
Le prolongement de l'activité dans le secteur public est en contradiction avec la pyramide des ages de la Tunisie. Une pyramide en triangle isocèle qui impose une retraite prématurée pour rajeunir la base des affiliés de la caisse de retraite et absorber le chômage des jeunes.
Seul l'expert Ridha Bouargoub qui s' est rendu compte de ce paradoxe dans son analyse publiée en exclusivité par ce journal il y a 3 ans. L'Histoire le prouvera.

http://www.businessnews.com.tn/le-paradoxe-de-la-retraite-anticipee-obligatoire-dans-le-secteur-public,526,63858,3

Akoubi Ammar.
| 05-04-2019 14:39
A priori Mr Kamel Madouri est directeur général de la sécurité sociale au ministère des affaires sociales et non pas PDG de la CNAM. Pour ce qui est du volet réforme de la retraite, c est un premier pas qui a été franchi au bon moment mais le problème essentiel demeure dans la gouvernance et d ordre structurel. Les bonnes décisions doivent être prises pour annuler les mesures illégales et les irrégularités appliquées actuellement en plus de l assainissement obligatoire en écartant les effectifs pléthoriques recrutement illégalement et impactent lourdement la trésorerie de la CNRPS sans fournir en contrepartie aucun travail. La caisse doit servir uniquement les pensions de retraite telles que prévues par la loi. Toutes autres prestations et dépenses payées en dehors de la législation doivent être transférées et imputées sur le budget du ministère ou de l union nationale de solidarité sociale. Par ailleurs, il faut d ores et déjà instaurer une commission assistée par des compétences retraitées afin de procéder dorénavant à auditer l inventaire des services vu le rapport de la cour des comptes qui a fait apparaître des erreurs impardonnables commises par les services de la caisse en la matière.

Friday
| 05-04-2019 09:30
Des partants à la retraite, pénalisés à partir à 62 ans, "la 3amlét idihom la 3amlét sakihom"! et tout le monde continue à parler pognon.

On aurait pu la faire préférentielle pour l'employé s'il décidait de partir ou de continuer à 62 ans, mais c'est la mauvaise foi, sinon pourquoi le pénaliser alors qu'il a bossé jusqu'à 60 ans, avec les conditions lamentables de vie qu'on connait en Tunisie (stress, transport, alimentation, pouvoir d'achat, problème familial, problème de santé, l'enfer quoi...), on aurait pu libérer les vieux et donner aussi sa chance aux jeunes, réponse: non !

Et arrêtez de nous comparer avec l'Europe, il n'y aucune comparaison à faire, et ne vous foutez pas de nos gueules avec la langue de bois, ont a un minimum d'intelligence pour ça.

C'est une injustice sociale que retiendra l'histoire voilà ce que c'est !

Cassius Clay
| 04-04-2019 19:53
Une hausse des cotisations de 3 % ,alors que l'inflation est de 7,5 ..est il sûr que cet argent là ne soit pas destiné à d'autres usages?