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Tribunes
La métamorphose du consensus centriste
30/01/2019 | 16:59
3 min
La métamorphose du consensus centriste

 

Par Hadi Sraieb*


Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre”. La célèbre phrase prêtée à Churchill n'est jamais qu'une paraphrase de Marx "Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre.

Cette maxime n'est pas une prédiction auto-réalisatrice, mais un simple avertissement. Car il est vrai que l'histoire ne se répète jamais à l'identique même si elle peut emprunter une voie déjà connue et qui conduit aux mêmes types de conséquences.

 

Tahya Tounès est donc une nouvelle version édulcorée et rajeunie du conservatisme social et de la reconduite d'une même politique non viable inéquitable et insoutenable. Comme Nidaa, la nouvelle formation dite du centre (ni droite ni gauche) à l'instar de toutes celles qui l'on précédé aux commandes du pays va user et abuser de démagogie pour ne pas perdre des fractions de l'électorat viscéralement obsédées par la présence des islamistes.

 

Comme pour Nidaa, le cœur de cible électoral comporte trois catégories:

1- les grands groupes familiaux et leur intérêts de classe, et ce que l’on appelle plus généralement les couches sociales dominantes (CSP + : professions libérales, haute fonction publiques) 2- les couches sociales intermédiaires dites aussi couches moyennes supérieures attachées à l’égalité homme-femme, aux libertés individuelles, aux droits civiques. En somme et pour reprendre une expression de A Gramsci reconstituer et reproduire le “bloc historique” des dominants associé aux couches intermédiaires souhaitant le statu-quo (maintien de l’ordre social). On trouvera dans cette fraction les fonctionnaires au statut social stable et nombre de cadres intermédiaires de la sphère productive et marchande, et de très nombreuses femmes urbaines en quête de reconnaissance de leurs droits

 

Il faut donc s’attendre à ce que le nouveau parti fasse de nombreuses promesses en direction de ces catégories qui se font un devoir de voter. Tahya Tounès fera comme son prédécesseur Nidaa l’impasse sur les couches intermédiaires basses et celles déclassées qui votent peu ou pas du tout, tout en tenant un discours de lutte contre la pauvreté et la fracture régionale.

 

Le nouveau parti entend poursuivre le chemin tracé par son prédécesseur, comme certains animaux font leur mue. Il se débarrasse de ses oripeaux les plus voyants (autoritarisme, centralisme) pour faire place à plus de consultations formelles et de semblants de concertation. Il n’est donc pas impossible que ce nouveau parti fasse preuve d’un peu plus d’imagination en ranimant les “droits de la femme” (loi sur l’égalité des salaires), l’annonce d’une “modernisation de l’administration” (introduction de primes à la performance et autres gadgets poudre aux yeux).

 

Tahya Tounès se sait handicapé par la brusque conversion des anciens caciques à sa cause et du ralliement de nombreux opportunisme du nomadisme politique. Il va donc s’efforcer tout le long de la campagne de “donner le change”. La démarche est cependant très claire: retrouver une assise féminine, reconquérir les couches intermédiaires subjuguées par le mode de vie des couches aisées mais échaudées par le recul de leur pouvoir d’achat. Il faut donc s’attendre à un discours électoral sur le patriotisme, sur la poursuite du processus de démocratisation et de consolidation des libertés individuelles.

 

En conclusion et pour de nouveau paraphraser, cette fois-ci, Von Clausewitz: la métamorphose de l’aspect est la continuation de la politique par d’autres moyens ou comme le disait un militant ouvrier, Nidaa Tounès et Tahya Tounès c’est bonnet blanc et blanc bonnet et donc le changement dans la continuité…..à suivre !!!

 

 

*Hadi Sraieb, Docteur d’Etat en économie du développement

 

 

30/01/2019 | 16:59
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