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La leçon d'intégrité de Fadhel Abdelkefi
18/08/2017 | 19:59
5 min
La leçon d'intégrité de Fadhel Abdelkefi

Il a annoncé sa démission aujourd’hui. Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ministre des Finances par intérim, a décidé de quitter le gouvernement, contraint par une éthique qu’il a toujours clamée haut et fort. Il se présentera ainsi le 4 septembre prochain devant la justice comme un citoyen ordinaire comme il l’a souhaité. Derrière cette démission, une polémique qui a suivi la publication de documents faisant état d’un jugement à son encontre en tant que représentant légal de la société Tunisie Valeurs.

 

Fadhel Abdelkefi n’a pas sa langue dans sa poche, et s’il est de ceux dont le comportement en tant que ministre est exemplaire, son franc parler aura sans doute participé à sa « chute ». Le ministre est compétent, il tient par intérim l’un des portefeuilles les plus sensibles, les Finances, et il dérange car il est indépendant. Sa récente tirade sur le « sans-gêne » qui qualifie bon nombre de politiciens ne passera pas ! Dans le collimateur, il est devenu en quelques jours l’homme à abattre et pour cela, rien de plus simple que de déterrer une affaire et de relancer un procès.

Le ministre l’a appris sur les réseaux sociaux, un jugement par contumace en première instance est émis à son encontre en tant que représentant de la société Tunisie Valeurs. Depuis, les versions abondent. On ira jusqu’à affirmer que Fadhel Abdelkefi a été attrapé à l’aéroport la main dans un sac de devises étrangères illégales, l’équivalent de 250 mille dinars en dirhams marocains. Fadhel Abdelkefi aura beau répéter qu’il s’agit d’une affaire de transfert de capital « en nature » le concernant en tant que représentant légal de Tunisie Valeurs, les rumeurs sont tenaces.

 

Aujourd’hui encore, le ministre qui annonçait sa démission sur les médias, essayait de l’expliquer une énième fois. Il s’agit d’une question de régularisation d’un transfert de capital « par apport en nature » entre une société mère : Tunisie Valeurs et sa filiale au Maroc : Integra Bourse. Cet apport concerne le transfert du système d’exploitation informatique tunisien (VALORIX) de Tunisie Valeurs à Integra Bourse. « Ce transfert a été inscrit, dans un premier temps, au débit de la société Integra Bourse pour ensuite être intégré au capital de la société. Le montant fixé par les commissaires aux apports concernant cette transaction est de 250.000 dinars. La BCT nous a demandé de régulariser la situation et nous l’avons fait pour nous rendre compte, il y a quelques jours, qu’une affaire a été intentée contre Tunisie Valeurs par la direction générale de la douane » a souligné Fadhel Abdelkefi, précisant qu’une opposition a été émise par les avocats de Tunisie Valeurs pour suspendre le jugement émis par contumace.

En tant que ministre des Finances, il a estimé qu’il est de son devoir d’épargner au gouvernement toute accusation de conflit d’intérêt. « Il est d’usage qu’un ministre qui comparait devant la justice doive démissionner pour être jugé en tant que citoyen ordinaire. J’espère que cette nouvelle tradition puisse perdurer » a déclaré Fadhel Abdelkefi.

 

La démission du ministre survient toutefois dans un moment critique. En tant que ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi se préparait à défendre le projet de Loi de finances 2018. Son départ obligera Youssef Chahed à procéder au remaniement ministériel auquel appellent depuis déjà quelque temps les détracteurs de son gouvernement. Il devra se résigner à nommer les trois ministres qui occuperont les vacances aux Finances et à l’Education nationale. Youssef Chahed avait pourtant tenu tête et tenté par tous les moyens de reculer l’échéance. A l’approche de la rentrée, le moment était pour le moins mal choisi.

 

Il va sans dire que le consensus qui devra être à l’origine de la nomination des ministres en question ouvrira le chemin aux calculs politiques les plus insidieux. Cette démission, bien que saluée par Youssef Chahed, représente un coup dur pour le gouvernement.

Le chef du gouvernement a affirmé aujourd’hui que Fadhel Abdelkefi « était un exemple de dynamisme et de compétence », soutenant son choix de comparaitre devant la justice hors du cadre de sa fonction de ministre ». Au-delà du discours politique, il faut cependant reconnaitre que cette démission donnera à Chahed bien du fil à retordre et devra précipiter un remaniement inévitable qu’il ne cesse d’ajourner.

 

« Avant de remanier, il faudra évaluer le rendement des ministres, corriger les défaillances et remplacer les postes vacants », avait déclaré le chef du gouvernement à Mosaïque FM le 18 juillet dernier. Youssef Chahed n’aura pas le temps nécessaire pour l’évaluation souhaitée en ces temps de crise. Le départ de Fadhel Abdelkefi s’ajoute à la liste des ministres à remplacer après celui de Lamia Zribi et de Néji Jelloul.

Ajouter à cela, l’approche d’une échéance de taille : celle de la loi de finances 2018. Un projet de loi très attendu et sur lequel pèsent de nombreuses pressions notamment celles des recommandations émises par le FMI en cette période où l’économie ne se porte pas très bien.

 

 

Fadhel Abdelkefi aura été le bouc émissaire de tiraillements politiques qui le visent depuis des mois déjà. Ces tiraillements ne visaient, cependant, pas que lui mais tout le gouvernement Chahed qu’on essaye de faire échouer dans sa mission. Le ministre, pourtant aux compétences avérées, a choisi de se sacrifier pour l’image de son équipe qui ne pouvait affronter une période de crise, mais aussi préparer une loi de finances, alors que l’un des siens est accusé de malversations. Acte héroïque ou renoncement ? Les semaines à venir nous le diront certainement.

 

18/08/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (17)

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FAUX MINISTRE
| 21-08-2017 06:22
Vous etes en train de faire de la propagande.
Il est un simple homme d'affaire corrompu comme la majorité.
Dites moi ou est Mme ZRIBI, ou bien sa tete a couté à l'euro d'etre egal au dinar, pardon à l'heritage.
Ce minitre a rendu l'etat comme un simple epicier, chaque matinil verifie son etat de "KARNI LEKRIDI". C'est un epicier mais FAIBLE.

harbi
| 20-08-2017 11:26
Oui il voulait partir mais c'est juste la manière qu'il cherchait.Dites pourquoi?

harbi

| 20-08-2017 09:10

En premier il n'est pas guerrier ni bagarreur ni de tempérament ni de profil. A l'Arp en répondant aux opposants il avait dit clairement qu'il n'a avec l'Etat qu'un papier en faisant clin d'oeil en plus au chef du gouvernement de le laisser â côté de lui s'il veut. Attitude de fils à maman et à papa qui ne peut supporter ni soleil brulant ni vent horrible ni tempête...Telles conditions sont les descripteurs du climat socio politico economique de la Tunisie avec lesquelles ce fils à papa et maman doit savoir en ingénier les ressources financieres pour la loi comp finances 2017 et puis pour la loi des fin 2018 et ceci dans les 04 mois restants de cette année. 
Le 2 eme motif de sa volonté de partir constitue le vrai argument de conflit d'interêt qui n'a cessé d'être ignoré dans la composition des gouvernements.Le Mr est homme de business issue d'une famille de business opérant naturellement dans un milieu de businessmen.Or l'interet de ces espèces sociales en Tunisie c'est de pomper de l'Etat( subventions,incitations, commandes publiques, évasion fiscale ou déclaration cousue sur mesure...). 
Donc comment ce Mr va t il travailler et faire travailler ( un reseau de mafieux in et out de l'administration) pour arracher de nouvelles ressources budgétaires pour l'Etat avec qui il a comme il l'avait bien prononcé un simple papier. 
L'Etat tunisien a besoin de vrais guerriers patriotes qui sont prêts à se sacrifier chair et os au profit de ce peuple en croyant dur que la réussite est en premier entre nos mains. 
Le fils à papa doit continuer à se sucrer tranquillement ...juste lui faire apprendre à la limite de regler ses impots et d'etre clean...Mr FA repondra â ces questions devant la justice et on verra la suite. 

Zohra
| 20-08-2017 09:41
Bonjour,

Un lien

http://www.tunisie-tribune.com/faits-et-face-cachee-de-laffaire-fadhel-abdelkafi/

Bonne journée

takilas
| 19-08-2017 21:45
Est-ce que un seul des corrompus et arnaqueurs de nahdha, ou un de leurs médiocres députés, peut oser se présenter à la justice, malgré les innombrables et répétitifs appels ?
Et ils continuent à se comporter à leur et imposer de même leur banditisme, pour ne pas dire leur flagrantes dictatures connues at tout le monde..

HatemC
| 19-08-2017 21:03
pour le remplacer par un nahdhawi ???? HC

kamel
| 19-08-2017 13:08
un homme integre et competant et corageux, les salauds sont entrain de l attaquer . la Justice le blanchira car il na rien fait de contraire a la loi. le petit depute Amrroussia a ose hier l attaquer sur Express FM en des termes tres bas

Lecteur anonyme
| 19-08-2017 12:11
Toujours dans l'exagération injustifiée ! Que ce soit en soutien à ce ministre ou en critique, les débordements sont là. Non, il n'est pas criminel. Dans le monde des affaires ce genre de situation est fréquent et régulier surtout dans les entreprises actives. Non il n'est pas un héros. En tant que ministre des Finances, la douane est sous sa propre tutelle. On ne peut être demandeur et défendeur en même temps. Il s'agit d'une fortuite coïncidence.
Il

The Mirror
| 19-08-2017 11:07
' Lorsque le Garde des Sceaux français François Bayrou a démissionné, les médias français ont parlé d'un corrompu qui n'a plus de place dans un Gouvernement français,
' lorsque Fadhel Abdelkafi, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale et ministre des Finances par intérim démissionne, les médias tunisiens, Business News en l'occurrence, multiplient les articles pour pleurnicher sur son départ.

harki
| 19-08-2017 10:06
il n"est responsable de rien du tout .il a juste aide a contourner les lois ..pauvres supporteurs...c'est pss trop grave .c 'est une histoire banale..meskina tounis

Guetari
| 19-08-2017 08:54
Qu'ont-ils besoin, les tunisiens d'encenser certains hommes politique pour des actions tout à fait normales et naturelles.
Le "super ministre" doit se présenter devant la tribunal pour un délit datant de 2014 dont il a été condamné par contumace,il fait appel, la justice statuera donc selon qu'il soit innocent ou coupable.Fin de l'épisode.
Maintenant, qu'il ait des sympathisants qui le défendent c'est dans la nature des choses, mais il est inconcevable que des "journalistes" lui trouvent des excuses politiques.
Quant à la compétence, j'ai beau chercher les écrits économiques et financiers, je n'ai rien trouvé de publiés au nom de M. Abdelkéfi, qui est selon mes connaissance un simple mais peut être talentueux Trader.