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La Grèce s'est-elle menti à elle-même ?
06/07/2015 | 18:52
4 min
La Grèce s'est-elle menti à elle-même ?

A 61,31% des votes, les Grecs ont dit non au plan de sauvetage « argent frais contre réformes ». Un plan proposé par leurs créanciers internationaux, leur imposant des réformes profondes alors que la situation dans le pays est plus que jamais précaire. La Grèce n’a presque plus d’argent et les Grecs, anxieux, font la queue devant les guichets des banques pour retirer ce qu’ils possèdent.

 

Avec un taux de participation de 62,5%, près de 10 millions de Grecs ont voté au Référendum organisé hier, dimanche 5 juillet 2015, pour décider de l’avenir de la dette publique du pays. Alors que les sondages laissaient penser, il y a à peine quelques jours, à des résultats serrés, 38,69 % seulement ont voté « pour » hier. Après cinq années d’austérité, les Grecs ont massivement rejeté, lors de ce référendum décisif pour le pays, les réformes que devaient leur imposer leurs créanciers de l’Union européenne et du Fonds monétaire international.

 

En réalité, il est aisé de deviner la réaction d’un peuple à qui on pose la question sur des réformes dures à appliquer. Le « non » est donc une réponse évidente. Ce référendum n’était donc pas une partie dure à jouer pour le premier ministre grec Alexis Tsipras, qui n’a même pas eu à faire campagne pour gagner, compte tenu du court délai entre l’annonce et le jour du vote.

 

Aussitôt prononcée, cette victoire a rapidement fait grincer les dents de ses détracteurs. Et ils sont nombreux. On appréhende, en effet, une sortie de la Grèce de la zone euro. Un scénario qui pourrait s’avérer « bien pire, pour les Grecs, que la poursuite d’un plan de rigueur budgétaire ».

 

Du côté allemand, le résultat a été très froidement accueilli. Le ministre allemand de l'Économie, Sigmar Gabriel, y voit, en effet, une tentative de Tsipras et de son gouvernement de « mener le peuple grec sur un chemin de renoncement amer et de désespoir ». « Tsipras a coupé les derniers ponts par lesquels la Grèce et l'Europe auraient pu s'acheminer vers un compromis. », dit-il, ajoutant que de nouvelles négociations seraient « difficilement imaginables ».

 

En effet, avec le rejet des règles de la zone euro, les négociations entre la Grèce et ses créanciers pourraient s’avérer largement compromises. La chancelière allemande, Angela Merkel, a affirmé dans un communiqué que « le vote des citoyens grecs doit être respecté », mais il est évident que l’Allemagne prend très mal la décision grecque.

Tsipras, de son côté, justifie cette décision en arguant qu’elle ne constitue en aucun cas « une rupture avec l’Europe », tel qu’il avait déclaré lors d’une allocution télévisée prononcée après le vote. Cela signifierait, plutôt, selon lui, « le renforcement du pouvoir de négociation grec avec ses créanciers », ajoutant que « le gouvernement était prêt à reprendre la négociation avec un plan de réformes crédibles et socialement justes ». Mais ces négociations sont-elles encore possibles ? Pour mettre toutes les chances de son côté, Tsipra n’a pas hésité à se séparer de son ministres des Finances, Yannis Varoufakis, étant donné que certains de ses créanciers se sont clairement prononcés en faveur de son « absence » des réunions.

 

A force de vouloir tout renégocier afin de maintenir la grève, à tout prix, dans la zone euro, le système entier pourrait se voir fragilisé ce qui nuirait aux intérêts des autres pays de la région. On accuse, aujourd’hui, Tsipra de jouer aux victimes et de ne pas avoir su négocier de bonne foi avec l’Union européenne. A travers ce vote, les Grecs ont clairement tenté de bousculer les opinions européennes en opérant un net clivage avec, d’un côté, l’Europe « austère » des Allemands et, de l’autre, celle « humaine » des Grecs.

 

« Maintenant, il faut gagner l’après-référendum », targue le député français Eric Woerth, au journal Le Monde. « L’aide financière européenne n’est pas un puits sans fond et elle ne peut être obtenue sans contrepartie. Les Espagnols, les Irlandais ou les Chypriotes n’ont pas eu à s’en plaindre. La Grèce s’est menti à elle-même et Tsipras a menti à son peuple ».

 

Des milliers de personnes sont sorties hier à Athènes fêter cette victoire. Un pari que le premier ministre, Alexis Tsipras avait fait pour montrer à l’Europe « la détermination des Grecs d’obtenir un plan de sauvetage satisfaisant pour eux ». Les manifestants ont affirmé que la Grèce ne pouvait supporter, davantage, une nouvelle hausse fiscale et une baisse des pensions de retraire alors qu’une grande partie de la population souffre aujourd’hui du chômage.

 

Les Grecs ont-ils bien compris la gravité de la situation ? Cela semble peu sûr de l’avis de leurs détracteurs. En effet, une sortie de la zone euro semble inévitable étant donné que le pays ne peut choisir d’y rester en refusant ses conditions et en faisant « cavalier seul ».

Pour l’heure, un sommet de la zone euro a été convoqué pour demain soir, par le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui devra décider de la réaction à prendre du côté européen. Reste à savoir si les pays de la zone adopteront ou non une position commune.

 

Synda TAJINE


Crédit photo: Reuters

06/07/2015 | 18:52
4 min
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Commentaires (30)

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amal
| 08-07-2015 19:49
la Grèce s'est-elle menti à elle même ?

LA réponse serait de dire :

" là n'est pas la question de savoir si il y a mensonge ou non envers soi-même ".

LA VERITABLE QUESTION EST :

" La Grèce est-elle AUJOURD'HUI en position de force face à L'UE ? "

La REPONSE est :

OUI car avec 400 Milliards env. de dette empruntés auprès de la BCE, FMI, Allemagne, France, Italie et Espagne sortir de l'UE et refuser de les rembourser, c'est un uppercut qui risque de faire TRES TRES MAL dans l'économie mondial car ne pas oublier que tout ce petit monde forme une chaîne...Ce serait catastrophique ( l'avenir nous le dira ).

Et ce seront les contribuables de la zone euro qui en supporteront les conséquences car il faudra bien que quelqu'un renfloue les caisses.

Donc tout ce petit monde à intérêt à maintenir la Grèce dans la zone euro, réaménager sa dette et la lui faire rembourser afin qu'elle soit HUMAINEMENT SUPPORTABLE par les Grecs.

A la question les Grecs se sont-ils menti ?

La réponse est non, ils sont asphyxiés, ils en ont marre car ON LEUR A MENTI. Oui mais QUI ?

LA REPONSE EST LA :

Grèce : pourquoi Angela Merkel refuse de parler de la dette grecque
www.latribune.fr/.../grece-pourquoi-angela-merkel-refuse-de-parler-de-la-dette-

La face cachée de Mam MERKEL...

Apprenons des expériences des autres et anticipons sur ce qui risque un jour de nous pendre au nez...
Car entre le FMI, France, Allemagne, Japon, Angleterre, tout ce petit monde bave sur la dette tunisienne.

En veux-tu, en voilà...

Kairouan
| 08-07-2015 11:40

Je ne pensais pas que vous etiez aussi blessé, @Slahdiine, pour vous resoudre a etre aussi blessant et perdre sensibilite et arguments...
Preservez-vous, cher ami, de votre propre colere, et tachez d'etre heureux.
Imen

kimdee
| 08-07-2015 00:20
non seulement la dette du tiers-monde devrait être annulée mais aussi les dettes antiques:
http://www.legrandsoir.info/le-saviez-vous-14-pays-africains-contraints-par-la-france-a-payer-l-impot-colonial-pour-les-avantages-de-l-esclavage-et-de-la.html

La dame du Sans-Souci
| 07-07-2015 22:11
@Abdelkader

Si Kaddour, ne sursautez pas pareil à un coq qui s'agite dans la basse-cour, ne se doutant pas de l'heure du sacrifice.

« Sur la Grèce, voici un très court extrait de l'histoire de son adhésion à l'Union Européenne :
A la fin des années 1970, un jeune diplomate membre du cabinet du président de la Commission européenne, le Français François-Xavier Ortoli, reçoit un appel dans son bureau bruxellois.
A l'autre bout du fil, le président français de l'époque, Valéry Giscard d'Estaing. Ce dernier a appris que l'exécutif européen s'apprête à présenter un avis sur la demande d'adhésion de la Grèce à la Communauté européenne qui, comme chaque année, renvoie diplomatiquement Athènes à un avenir lointain.
A "VGE", qui s'en inquiète, le diplomate sert les arguments classiques: la Grèce, dont la compétitivité est très faible, n'est pas prête à intégrer la CEE et une adhésion prématurée aurait des effets ravageurs pour son économie.
"Monsieur, on ne fait pas jouer Platon en deuxième division", répond Valéry Giscard d'Estaing en raccrochant.
La messe était dite et la Grèce adhérera en 1981 pour des raisons essentiellement politiques, sept ans après le retour de la démocratie consécutive à la chute du régime des colonels. »

Faits rapportés par Yves Clarisse et que vous pouvez consulter dans l'hebdomadaire le Point.
Pour la petite histoire, Ortoli fut ministre de Valérie Giscard d'Estaing et ce dernier fut président de la République et principal avocat de l'adhésion de la Grèce à l'UE.

Voilà qui pourrait modérer vos coqueriques sur la Grèce.

Quant à la Russie, votre ennemie immortelle, puisque vous vous aplatissez devant les donneurs d'ordres américains, que vous considérez comme vos amis, si vous convenez qu'ils sont forts pour espionner, vous semblez douter de leurs qualités créatives, vous pour les espions russes espionnent et les fonctionnaires russes copient.
Or en matière de copie, il ne s'agit pas de copier la coupe d'une chemise dans les ateliers des environs de Tunis, il s'agit de reproduire à l'identique et même mieux, de produire un type d'appareil aéronautiques capable d'être aussi performant que le modèle concurrent qui est protégé.
J'ajouterais à vous qui manifestement ne connaissez rien à la Russie, que l'industrie aéronautique russe ne date pas d'aujourd'hui, qu'elle a été jusqu'à une date récente, aussi performante que l'aviation civile occidentale. Peut-être n'avez-vous jamais emprunté des lignes russes, pour ignorer à ce point que la Russie dans le domaine de l'aviation est puissante suffisamment puissante pour se passer des airbus, Boeing et consort.
Je vous épargne la partie militaire de l'industrie aéronautique russe, pour vous inviter à visiter l'Algérie et ses bases aériennes militaires, vous y découvrirez les derniers modèles sur lesquels s'exercent les aviateurs algériens, qui eux aussi doivent aimer les copies comme vous dîtes.

Enfin sur votre coté censeur, il est notoire que moins vous savez et plus vous éructez, persuadé que vous êtes, ¨que le peu que vous croyez savoir est un somum, alors qu'à l'évidence, si vous aviez le minimum requis, vous sous seriez abstenu de vous ridiculiser en coq de basse-cour.

Abdelkader
| 07-07-2015 21:19
en géopolitique et en renseignement .
Permettez moi de douter de vos compétences .
Sans vouloir offenser votre sommité , il me paraît saugrenu d'attribuer l'adhésion de la Grèce à une hypothétique invasion militaire asiatique , sachant que cette adhésion remonte à la guerre froide .
La Grèce a été le dernier rempart contre le communisme et un allié majeur des Etats-Unis , tout comme la Turquie .
Vous auriez évoqué les Balkans , je vous aurai donné un peu plus de crédit , mais votre sommité se fourvoie en toute majesté , et imperturbable , distribue les satisfecits et les remontrances au grès de son humeur .
Quant aux services de renseignements , il est vrai que les russes , héritiers des soviétiques sont bons et la raison est simple , ils ne font que copier , un peu comme les chinois aujourd'hui . Vous devez certainement connaître l'adage qui dit " elli yesra9 yeghleb elli yhahi "
In fine , la prochaine fois ayez le tact d'interpeller ceux avec qui vous ne partagez pas les mêmes opinions , directement et de préférence sans condescendance , sinon gare à vous , vous pouvez faire les frais de hchichet romdhan .
Sans rancune .

observator
| 07-07-2015 17:10
"...d'un côté, l'Europe « austère » des Allemands et, de l'autre, celle « humaine » des Grecs...".

Je dirai plutôt l'Europe travailleuse des Allemands et, de l'autre, celle qui vit au dessus de ses moyens des grecs.

Il faut plutôt dire que chez nous beaucoup vivent à la grecque au crochet des autres.
Leur civilisation a permis aux grecques d'emprunter 320 milliards d'Euros. Disons que ce sont des royalties que l'Europe aurait versé en signe de reconnaissance partageant ses valeurs.

Depuis 1990, les grecs s'endettaient pour vivre et importer des voitures de luxe s'octroyaient des retraites dorées et cachaient la vérité sur la situation sociale et économique du pays au lieu d'utiliser cet argent pour moderniser leur économie comme l'ont faite d'autres membres. C'est un laxisme des européens d'avoir fermer les yeux aussi.

En Tunisie on aurait connu une situation encore pire que celle d'aujourd'hui si nous avons eu les mêmes faveurs que la Grèce. Car nous avons a peu prés les mêmes symptômes que les Grecs c'est à dire une forte propension à la paresse et à la fête et une allergie au travail.
Donc heureusement que pour nous le crédit était encadré si non la situation de notre pays serait encore pire.

C'est ce à quoi mène un Etat qui protèges les privilèges mal-acquis. C'est ce que fait la Tunisie aujourd'hui.

Et les Allemands ont raison eux qui travaillent qui se serrent la ceinture quand il faut n'ont pas envie de travailler pour toujours pour les Grecs.
C'est aussi simple que cela Mme Tajine.

mjr
| 07-07-2015 17:02
Au lendemain de la 2éme guerre il y a eu le plan Marshall pour l'Europe et déjà à la fin des années 50 l'Allemagne ,le pays le plus touché, était reconstruit car les allemands travaillent et durement.
Pour des pays comme la Grèce La première chose à faire c'est de se mettre au travail produire de la valeur ajoutée et combattre les fléaux comme la fraude fiscale et non se contenter des rentrées du tourisme pour se hisser au niveau de l"Europe.
Beaucoup de spécialistes ont abouti à la conclusion que "la croissance de ce pays venait de l'argent européen accordé sans contrôle et distribué par l'Etat, c'était une fausse prospérité et qui plus est l'Europe n'est pas , arrivée à faire appliquer des réformes à une administration opposée à toute réforme et qui défend ses propres intérêts"

1/3i
| 07-07-2015 16:59
L'islande a refusé de rembourser des banques privées, car celles-ci avaient escroqué leur pays.

nous somme plus proches d'un scénario à l'Argentine il y a plus de 10 ans !

Mais c'est drole de voir le changement de ton germanique entre la semaine dernière, dimanche soir, et hier !

helara13
| 07-07-2015 16:09
Il faut rappeler que la dette publique grec a dépassé le seuil de 177 % du PIB ! IL faut admettre ensuite que ce n'est pas au débiteur d'imposer ses conditions. Les grecs devront opposer aux exigences des créanciers, jugées trop pénalisantes, des réformes structurelles de nature à inverser la tendance actuelle d'une économie asphyxiée. Le vote massif contre les mesures proposées ne résout pas pour autant le problème de la dette! La Grèce pourrait par exemple réduire sa dette à 135 % du PIB en 2019, à condition de dégager un excédent budgétaire primaire de 3 % en 2015, 4,5 % en 2016-2017, etc... Si les mesures de redressement proposées sont jugées trop austères, les grecs doivent se souvenir que la corruption, la retraite à 53 ans, l'évasion fiscale, le marché noir, le treizième et quatorzième mois des fonctionnaires, sont pour quelques chose dans la situation actuelle de l'économie que traverse le pays et convaincre un citoyen européen de se serre la ceinture pour solidarité envers le grec ! Il me parait extrêmement difficile que les grecs puissent penser qu'ils peuvent persévérer dans cette voie du désastre économique. En même temps, les créanciers savent pertinemment que la restructuration de la dette grec est inéluctable. Donc, il faut bien que les esprits se rejoignent sur un compromis responsable ! Nous avons d'ailleurs beaucoup de "grecs" tunisiens, capable de conduire la Tunisie dans la même trajectoire que celle de la Grèce, si nous n'y prenons pas garde !!!


nazou
| 07-07-2015 14:11
à du souci à se faire !

Les armes actuelles s'affranchissent d'un ptit lopin de terre comme la Grèce.
Nous ne sommes plus au temps de Platon et des fléchettes.

C'est une et plusieurs guerres économique et financière.
Par contre les grandes puissances se servent des ptits pays comme les nôtres.
Les guerres par procuration !!!
Et là c'est vrai, que nous avons beaucoup de boeufs pour suivre les uns et les autres !