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Tribunes
La Gauche, un objet politique non identifié !
15/12/2017 | 18:39
5 min
La Gauche, un objet politique non identifié !

Par Nabil Ben Azouz*

 

 

"La Révolution et les devenirs de la Gauche" en Tunisie. C'est désormais une question plus que nécessaire et qu’on doit absolument se poser en ces jours troubles et confus. On ne peut aussi nous empêcher de nous poser certaines autres questions. Qu'est-ce que la Gauche ? Peut-on la définir ? Est-ce désormais un O.P.N.I ? Est-elle unie et peut-elle être capable un jour de gouverner ce pays ? 


Depuis la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et la disparition de l'URSS, les choses ne sont plus si claires qu'à cette époque. Le rouleau compresseur de la mondialisation est passé par là, entraînant désarroi, inégalités outrancières et uniformisation de la pensée devenue inique et unique. La Gauche elle, est devenue aphone, voire même un épiphénomène ? Elle domine la Tunisie légale (comprendre intellectuelle), mais complètement coupée de la Tunisie réelle (comprendre sociale). Un effet zéro. D'autant plus que ceux qui prétendent la défendre ne cessent de la trahir.

Par leurs incompréhensibles contradictions, ils la rendent davantage inaudible. Avec eux, elle est même devenue un "karakouz" et risible dans toutes les chaumières de Tunisie « min Binzart el Benguerdane ». Et les premiers à leur donner des leçons de Gauche, ce sont, et tenez-vous bien, les intégristes. Oui, les intégristes. Le monde à l’envers. C'est à ne plus rien y comprendre ! 


Que doit-on penser lorsqu'un député d'Ennahdha, Hmid El Mechergui déclare dans un débat à l'Assemblée qu'il faut "arrêter toute censure de la création artistique... car quand on censure un artiste, on tue l'art" ! Je n'y croyais pas mes oreilles et là je me suis dit à moi-même, c'est encore une de leur simulation hypocrite dont ils sont les meilleurs artistes. Sont-ils eux-mêmes devenus schizophrènes ? Tant mieux, et il faut les pousser dans leurs propre contradiction. Le peuple doit le savoir. Doit enfin le comprendre. 

 


Mais le pire était à venir. Qui pensez-vous qui a été chargé de lui répondre ? C'est encore l'inénarrable Ammar Amroussia (membre du Front Populaire et du ex-PCOT, Parti Communiste Ouvrier de Tunisie), l'homme qui a déjà fait des siennes il y quelques mois en disant que "ce n'était pas le moment de parler d'égalité hommes-femmes dans l'héritage", et ne me dites pas qu'il n'est pas de Gauche. Il l'est, que vous le vouliez ou pas. 


Donc ce spécimen rare, avec un silence assourdissant de Hamma Hammami, Zied Lakhdhar et les chefs sans armées de cette Gauche bizarre, répond sans honte aucune au député nahdhaoui "Monsieur le député, vous ne savez pas que la liberté a des dhawabit, et que la liberté de création... prépare à la dictature... Qu'elle est un projet culturel visant à occidentaliser, à extirper et à effacer en nous notre identité". Incroyable ! Est-ce être de Gauche que d'attaquer la liberté artistique ? Quel morbide glissement dans cette pensée de Gauche de plus en plus rétrograde.

 

Camarades, aujourd'hui la Gauche, n'est pas seulement la lutte des classes, qui tourne à cause de votre infantilisme et de vos balivernes à la lutte des places. 
Non messieurs du Front Populaire. Elle est aussi une lutte acharnée pour les fondamentaux humains et universels de tolérance, d’égalité dans la diversité, de justice sociale, de liberté mais aussi et surtout de  droit de minorités, et j'entends par-là la liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, les droits des homosexuels, des zattalas, et d'autres encore. 


On ne vous entend jamais sur ces sujets sensibles et qui pourtant, doivent être au centre des préoccupations de ceux qui se targuent d'êtres à Gauche. L'économie, n'est plus votre affaire. Les dès sont jetés. Une altermondialisation est possible, mais vous restez arrimés à vos idées d’un autre âge vous poussant dans d’insupportables contradictions sus indiquées. Et gauches, vous l'êtes réellement, et dans plusieurs domaines. Lisez également Lotfi Zitoun (eh oui !) sur ces sujets et vous en serez étonnés. Il vous en bouchera un coin sur le droit de toutes ces minorités.

 

Autre fait, et non des moindre, qui m'a littéralement perturbé et accentué mon incompréhension de ce qu’est la Gauche, qui peut la représenter ou parler en son nom et dont les déclarations de plus en plus cabalistiques ne cessent de renforcer en moi l'idée qu'une Gauche nationaliste, dogmatique, conservatrice et même raciste existe bel et bien chez nous, c’est lorsque j’ai lu dans un quotidien de la place le compte rendu d'un séminaire sur le projet de loi organique contre la discrimination organisé par le ministre Ben Gharbia, en présence de la députéeBochra Belhaj Hmida, d’organisations de la société civile et de quelques partis politiques. J’en suis tombé à la renverse. Sans coup férir une députée nahdhaoui, oui nahdhaoui, Jemila Ksiksi pour ne pas la nommer, déclare to de go "La ségrégation raciale est systématique en Tunisie... Pourquoi des noirs, ou des chrétiens et des juifs tunisiens ne figurent pas dans le gouvernement ? On veut une Tunisie cosmopolite qui vit dans le total respect et l'acceptation de la diversité " ! On croit rêver. Vous allez encore me dire que c'est encore de la simulation ? Comme le chantait Johnny pour rester dans l’actualité et en se permettant quelques contorsions, "il y a quelque chose -de mouch normal- en nous de Tunisie". Bravo quand même Madame Ksiksi, mais encore un effort, rajoutez à votre liste les athées et vous serez une parfaite laïque. Mais sachez Madame, qu’on a du mal à vous croire et malgré votre pseudo-attachement à la Tunisie comme vous dites, cela reste encore douteux et nullement sincère. Pour preuve, votre dernière esclandre sur l’article 36 de la loi des finances qui voulait freiner l’envahissement de notre pays par la Turquie, nouvelle Mecque de l’organisation des frères musulmans, comment avez-vous réagi ?  En poussant de stridents cris et en quittant tout bonnement avec bruit et fracas l’hémicycle. En temps normal, cela relèverait de la trahison politique. Mais vous pouvez vous le permettre, puisque ceux qui se disent de Gauche n’ont nullement réagi à cette grave faute politique. Leur silence devient de la complaisance. Parler de la Gauche, avec ces gens-là, devient vraiment un non sens. A cause d’eux, elle est désormais moribonde. Alors parlons plutôt de progressisme. C'est notre seule porte de sortie. L’union de la Gauche est une utopie qui n’adviendra pas. 
Oui, j'ai mal à ma Gauche !

 

*N.B.A

15/12/2017 | 18:39
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Commentaires (3)

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Ameur k
| 16-12-2017 17:08
Parfaitement d accord.Les soit disant politiciens de gauche sont devenus des apparatchik ne cherchant que le poste ;les autres ce sont des populistes d un bas niveau intellectuel
Avec l islam politique qui a envahit le petit peuple il faut un vrai ZAIM pour denicher une place a la gauche...et ce n est pas evident
Je suis d accord qu il faut parler de progressiste moderniste plutot centriste our pouvoir exister

Mansour Lahyani
| 16-12-2017 13:03
Peut-être... Mais la droite, elle, est parfaitement identifiée : elle est faite de tout ce qui grenouille dans le paysage politique pour pomper, sucer, prétendre, inventer, forcer, mentir, et j(en passe ! En somme, faire tout ce dont ne veut pas la gauche, et ce qu'elle se refuse à admettre!

el manchou
| 15-12-2017 19:40
Hamma weld el cha3b habite dans les quartiers huppés, roule en 4*4 de luxe, sa fille travaille dans une banque en France et le mariage de sa fille a été un déluge de fric, de bling bling ...

Personne ne sait comment le natif de bou3rada est devenu aussi prospère sans JAMAIS avoir travaillé de sa vie.

C'est ça le miracle de gôôôche Tunisienne.