alexametrics
mardi 19 mars 2024
Heure de Tunis : 11:40
Tribunes
La fin de l'histoire en économie ?
20/04/2015 | 09:12
4 min
La fin de l'histoire en économie ?

Par Hakim Ben Hammouda


La thématique de la fin de l’histoire n’est pas nouvelle. Elle remonte à la philosophie allemande et à Hegel qui a été un des premiers à l’aborder dans sa « Phénoménologie de l’esprit ». Et depuis, elle est devenue une thématique récurrente dans la philosophie et plus particulièrement dans la philosophie politique. Plus proche de nous, c’est Francis Fukuyama qui a utilisé cette problématique dans les années 1980 pour parler de la fin du communisme et souligner que la démocratie et le libéralisme deviennent l’horizon indépassable de l’humanité dans un essai intitulé « La fin de l’histoire et le dernier homme » publié en 1992 en France et devenu un best-seller mondial. La réflexion de Fukuyama avait à l’époque accompagné la chute de l’ex-URSS qui s’est longtemps présentée comme une alternative à la démocratie libérale. Mais cet essai a été à l’origine d’une importante controverse dans les milieux de la philosophie politique et beaucoup avaient prédit que la disparition des philosophies du monde meilleur serait à l’origine de l’émergence de nouvelles idéologies. Ce sont les idéologies du nationalisme radical et de l’islamisme radical qui vont se substituer à celle du socialisme pour en cristalliser les craintes et les peurs et remettre en cause l’hypothèse de la fin de l’histoire.


Même si l’économie n’est pas fermée aux idées de la philosophie politique, la thématique de la fin de l’histoire lui est restée étrangère pendant de longues années. Ce n’est que récemment que des responsables de grandes institutions internationales, notamment Christine Lagarde, la Directrice générale du FMI, ou d’autres experts et économistes y ont fait référence.


Mais avant d’y revenir, rappelons que l’histoire économique a été marquée par deux éléments essentiels à savoir la croissance forte et les niveaux élevés de productivité. Ces deux éléments ont été au cœur du développement du capitalisme "dans le court vingtième siècle" pour reprendre l'intitulé de l'essai de l’historien anglais Eric Hobsbawm. Mais, c’est surtout après la Seconde Guerre Mondiale que ce couple productivité et croissance sera au centre de ce qu’on a appelé les Trente Glorieuses. C’est aussi ce couple qui favorisera la grande révolution de la répartition du fordisme après la Seconde Guerre Mondiale et le développement du modèle de consommation qui a fait le bonheur des babys booms des Etats-Unis et dans la plupart des pays développés.


Cette association entre gains de productivité et forte croissance ne s’est pas seulement limitée aux pays développés; elle était au centre des projets de développement et de modernisation économique dans les pays en développement. Elle sera au centre des projets des pays émergents de l’Asie à l’Amérique Latine et du modèle de rattrapage économique. Par ailleurs, les pays qui seront marginalisés dans le monde en développement seront ceux qui n’auront pas réussi à favoriser cette association.
Ainsi, c’est sous l’aile protectrice et bienveillante de cette association entre les gains de productivité et la croissance que l’histoire économique du monde a été écrite tout au long du vingtième siècle. Mais depuis quelques années, cette histoire d’amour a commencé à avoir du plomb dans l’aile. Et la première remise en cause est venue de la critique écologique du début des années 1970 au modèle productiviste qui fait de la croissance, le fondement du développement économique. Ainsi, a-t-on assisté à l’émergence des thèses de la décroissance ou de la croissance zéro qui ont appelé à une remise en cause fondamentale des modèles fordistes et à favoriser l’émergence de nouveaux modèles non polluants. Cette critique n’est pas restée dans le domaine de la réflexion théorique mais a été au centre des projets politiques de l’écologisme dans un grand nombre de pays.


La seconde critique importante adressée à ce modèle est plutôt de nature sociale. Certes, les mécanismes de répartition mis en place dans ce modèle et cette seconde association entre gains de productivité et hausse salariale ont été au cœur de l’émergence des classes moyennes et d’une tendance à une plus grande égalité dans les sociétés développées; mais ce modèle s’est essoufflé et on a assisté à une montée importante des inégalités depuis trois décennies qui ont été à l’origine d’une grande marginalité sociale. Ce sont ces inégalités et cette marginalité qui étaient au cœur de notre révolution et du développement de la problématique de l’inclusion.


Enfin, il faut également mentionner que ce modèle de développement peine à retrouver une croissance forte et à sortir le monde de la grande dépression dans laquelle il s’est enfermé depuis quelques années. Cette dépression s’est renforcée après la grande crise des années 2008 et 2009 et même les réponses de relance keynésiennes n’ont que faiblement porté leurs fruits et ont montré que les moteurs classiques de la croissance ne répondent plus. Les pays émergents et leur forte croissance ont maintenu l’illusion pendant quelques années. Mais, le fléau de la dépression s’est également propagé à ces pays depuis deux ans et si la Chine échappe à cette tendance, son niveau de croissance de 7% durant les deux dernières années est nettement en dessous de ce qu’il lui faut pour maintenir un niveau important d’emploi.


Aujourd’hui, les débats sur la fin de l’histoire en économie sont significatifs de la fin d’une ère et de la crise des modèles de l’économie classique. De nouveaux modèles et une nouvelle croissance sont à inventer. La fin de l’économie devient alors un appel pour construire de nouveaux projets inclusifs, égalitaires et respectueux de l’environnement.

20/04/2015 | 09:12
4 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous
Commentaires (8) Commenter
Un regard béat
Valeur
| 21-04-2015 11:46
Si Hammouda, il ne suffit pas de faire des constats. Le constat est le propre de l'homme normal.
Par contre un Homme de valeur va plus loin. Il agit et surtout, il réagit. Il impacte positivement son époque.
Le 20ème siècle a été surtout marqué par un développement inégalitaire et par l'exacerbation du paupérisme. De plus, la course effrénée vers toujours plus de productivité s'est faite au détriment de l'environnement. Ne faut-il pas d'ores et déjà que les économistes repensent la notion de valeur ajoutée ? Que les politiques s'insurgent contre la financiarisation de l'économie ? N'est-il pas temps que la place publique cesse d'être livrée aux truands ? Ce sont des sujets qui fâchent, qui ne vont pas plaire aux élus de la croissance. Tant pis ! Sommes-nous condamnés à suivre le modèle occidental ? Jusqu'à quand va-t-on continuer à lécher la vitrine occidentale ?
Ce n'est pas moi qui a dit que l'Occident a tué Dieu et que depuis, il n'a pas pu se consoler. C'est Nietzsche.
Par contre, je me permet de dire que toute les philosophies du monde ont échoué; Seule demeure le visage de ton Dieu Clément.
La seule issue réside dans notre prédisposition à puiser dans les valeurs de l'Islam. Le partage en est une valeur fondamentale pour la survie des sociétés. Lisez Thomas Piketty, il n'en est pas très loin.
Au risque de vous relire...
le labeur n'est plus une valeur,c'est la répartition qui est la notion ,de l'avenir
j.trad
| 20-04-2015 14:58
wa li mithli hadha fal ya3mal al3amiloun,al3amal a une connotation morale ,une connotation de piété ,le TRAVAIL c'est autre chose c'est l'effort qu'on fait pour labourer la terre ,pour semer,pour conduire le troupeau au pâturage ...le travail est lié à beaucoup d'ordres et de recommandations ,al3amal aussi ,les deux suscitent aljazaa ,ici et à l'au-de-là ,le travail n'est pas soumis à beaucoup de contraintes comme aujourd'hui ceux qui ont de l'argent doivent donner à ceux qui pour une raison ou une autre ,n'ont n'en pas ,le partage est sacré beaucoup plus que la production,la cupidité pour l'argent est instinctive ,il n'y pas de nécessiter à pousser les gens à travailler ,le besoin et l'amour de l'argent les pousse automatiquement ,le problème de la production aujourd'hui est tel ,qu'on risque de crier cessez la production ,mais la Répartition elle ,elle s'impose parce que les moyens de production sont presque la propriété de tous et toutes ,même les animaux y ont droit ,il faut un système de Répartition ./.
Sombre avenir
ourwa
| 20-04-2015 13:16
"De nouveaux modèles et une nouvelle croissance sont à inventer." écrit notre excellent économiste...Bien qu'il ne l'énonce pas clairement, le modèle économique capitaliste connait depuis trois décennies une mutation majeure, dans la mesure où le principal moteur de l'économie n'est plus le système de production lui-même, mais un de ses outils, la finance et se machines bancaires...La main mise du système financier sur le système productif devient dangereux quand il devient virtuel et ne correspond plus à la richesse matérielle disponible. Le monde a connu deux fois ce genre de crise, lors de la crise de 1929 et lors de celle des suprimes aux USA en 2007. On connait les résultats. Pour la Tunisie, pays dépourvu de ressources, contracter des emprunts faramineux à des taux très élevés et sans aucun plan de développement équivaut à plomber l'économie pour des générations. celà ne semble pas gêner M. ben Hammouda, qui n'a jamais hésité à prôner sa "nouvelle croissance" en empruntant à tort et à travers...Son disciple Brahim marche d'ailleurs sur ses pas...C'est l'art et la manière de continuer à trahir les idéaux de ce qu'on appelle "révolution", à paupériser un peu plus tout un peuple et lui fermer à jamais les portes de l'espoir...
Article très intéressant
Jamel
| 20-04-2015 12:33
Bravo à l'auteur. Beaucoup de vérités: Les modèles économiques existants ne répondent plus aux aspirations des peuples, ni côté emploi (problème du chomage), ni côté écologique (préservation de notre terre pour les prochaines générations)et ni côté inclusion sociale (La force Travail est de plus en plus pauvre et est mécontente).Un nouveau modèle s'impose et plus vite, on assimile cette vérité, plus vite on surmontera les rétombées négatives du modèle économique actuel.
Du n'importe quoi
Salem
| 20-04-2015 11:45
Une personne qui prend en référence Tony Blair, Chrsitine Lagarde et autres voyoux corrompus ne peut être prise au sérieux.Cette même Lagarde qui est impliquer dans pas mal d'affaires de corruption, comment peut elle être crédible ou avoir des idées sérieuses. Il faut arrêter d'avoir le complexe du colonisé, c'est fini monsieur nous sommes en 2015, il faut prendre exemple sur des pays qui ont su s'en sortir sans l'aide des voleurs (fmi, banque mondiale), d'autres moyens exemples sans passer par des usuriers qui ne dicteront nos politiques et s'immiseront dans nos affaires. La Tunisie doit être seul maître de son destin, sans ingérence de quiconque et sanas endetter les générations futures. Malheureusement ce jour là est loin avec des économistes sortis tout droit du fmi et élever a leurs sauces et autres politiques irresponsable, mous et traîtres qui agissent pour leurs intérêts.
fin de l'économie !!!
adnen
| 20-04-2015 11:22
c interessant pour les profane en economie pour mieux comprendre ce qui sepasse autour de nous, mais d'ici jusqu'à "appel pour construire de nouveaux projets inclusifs, égalitaires et respectueux de l'environnement", comment limiter les dégats !!
HAKIM BEN HAMMOUDA:ism 3ala jism ,comme dit l'expression
j.trad
| 20-04-2015 10:55
merci pour B.NEWS ,article vraiment désaltérant ,comparé aux commentaires d'ignorants qui harcèlent les pauvres lecteurs assoiffés qui cherchent la vérité ,mais qui se trouvent harcelés de :chatima et sibab vulgaires et arides ,cela dit je remercie l'auteur de cet article ,en même temps que B.N ce journal électronique qui doit prendre un tournant décisif pour l'information noble et consistante ,les imams doivent venir s'abreuver à ce journal qui doit présenter des COUPES PLEINES D'eau potable et de connaissances limpides .oui ,l'humanité est sur un tournant ,moi je suis ce tournant à travers les paroles d'ALLAH ,je médite selon mes modestes acquis ,ma modeste formation littéraire ne me permet pas de grandes ouvertures ,mais j'arrive à reconnaître les hommes capables de dire des choses qui relèvent de la science et de la sagesse ,mais qui malheureusement ne font pas avec l' humilité nécessaire leur approche du texte sacré ,les chercheurs et hommes de science ,doivent preuve de plus de modestie et plus de rigueur dans la recherche de la vérité ,je prends un exemple :le terme Béton -armé ,c'est lucifer qui s'infiltre partout dans l'industrie ,le bâtiment,les chemins de fer avec ( baaisin chadid wa manafi3ou linnasi) c'est lui qu'on rencontre dans le verset qui annonce (inna ALLAHA yaati al ardha yan9ousouha min atrafiha ) à propos des :jibaal qui empêchent alardh an tamida bina :lorsqu'elle perdra son degré d'inclinaison ,ce qui fait dire :la fin de l'histoire (ou la fin du monde)lorsque les neiges fondront et ...
Des articles pour masquer ses traitrises...
rep
| 20-04-2015 10:53
Ben Hamouda incarne la nouvelle génération de traitres à la nation. Il multiplie les articles depuis qu'il nous a arnaqué par ce prêt d'un milliard juste avant de partir. On imagine le poids des valises, la sienne et celles de ceux qu'il a dû corrompre, pour faire avaler cette opération machiavélique. Il rejoint le contingent des voleurs. Bas de gamme ou haut de gamme, il est, comme les autres, un voleur qui handicape toute une nation tunisienne.