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La facture salée de la non-coopération entre la Tunisie et le Maroc
21/10/2018 | 15:59
5 min
La facture salée de la non-coopération entre la Tunisie et le Maroc

                                              

Malgré les liens d’amitié et de fraternité qui existent entre la Tunisie et le Maroc, les échanges commerciaux restent très limités et en deçà de ce qu’espèrent les deux pays et du potentiel qu’on peut atteindre. Il faut dire que le problème est de taille, les deux pays se considérant comme adversaires économiques, ne se rendant pas compte du coût de leur non-coopération. Focus.

 

Désireuse de contribuer à une réflexion commune sur les moyens envisageables et les voies à emprunter pour dynamiser les échanges économiques globaux entre la Tunisie et le Maroc, l'ambassade du Royaume du Maroc à Tunis a organisé en partenariat avec l’Association des anciens étudiants tunisiens au Maroc, vendredi 19 octobre 2018 à l'hôtel Acropole, une rencontre-débat, sous le thème :"Les échanges économiques entre le Maroc et la Tunisie ; entraves et perspectives".

 

Il faut dire que les chiffres sont assez éloquents, la valeur des échanges a atteint à peine 740 millions de dinars en 2017, contre 611 millions de dinars en 2016, loin du seuil de 500 millions de dollars d’échanges bilatéraux globaux, fixé comme objectif pour l’horizon 2020 par la Haute Commission Mixte de 2015. Pire, «cet objectif, tout modeste qu’il est, demeure hors de notre portée», souligne l’ambassadrice du Maroc en Tunisie, Latifa Akharbach.

Autre constat, 40% des exportations tunisiennes vers le Maroc sont des dattes. En fait, les marchandises et services échangés sont très peu diversifiés et les catégories peu intensives en capital et en technologie. Le Maroc n’est que le 35ème client de la Tunisie et notre pays n’arrive qu’à la 36ème place sur la liste des clients du Royaume. En outre, le commerce bilatéral entre le Maroc et la Tunisie, ne dépasse pas les 3% de l’ensemble des échanges commerciaux des deux pays avec l’étranger. A peine 23 entreprises marocaines ou à participation marocaine sont installées en Tunisie et la situation est comparable en ce qui concerne l’investissement tunisien au Maroc. Le tableau brossé est très peu reluisant !

«La balance commerciale affiche depuis de nombreuses années un déficit en défaveur du Maroc. Mais croyez-moi, personne ne songerait à considérer cela comme le problème majeur de nos échanges, tant ceux-ci demeurent à un niveau quasi-symbolique si on les met en rapport avec les innombrables atouts dont on dispose en termes de savoir-faire, de ressources humaines, de proximité et de positionnement géographique, d’opportunités en Afrique, de cadre réglementaire bilatéral, de possibilités offertes par la zone de libre-échange arabe, etc.», explique Mme Akharbach.

 

 

En effet, le Fonds monétaire international (FMI) estime le manque à gagner imputable à l’atrophie de ces échanges bilatéraux à environ 1,5% par an du PIB de chaque pays. D’où l’intérêt de booster et de dynamiser les échanges et de tout mettre en œuvre pour lever les freins érigés par les deux parties.

 

Parmi les entraves citées, le transport et l’absence d’une ligne maritime directe entre les deux pays. La logistique, le temps de dédouanement, la non-reconnaissance des certificats de conformité, la convertibilité, … .

Mais au-delà de ces obstacles, l’assistance a voulu mettre en relief les opportunités à saisir, notamment dans les industries automobile, agroalimentaire et pharmaceutique, la santé, le tourisme, l’éducation & formation, les Tics & digitalisation, les énergies renouvelables, etc.

 

Ainsi, Hammad Kassal, chef d’entreprise et président de Commission à la Confédération générale des entreprises du Maroc (Cgem), a affirmé que le patronat marocain est prêt à créer une cellule pour solutionner les problèmes des entreprises tunisiennes.

Hichem Elloumi, vice-président de l’Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), a souligné que certes les deux pays ont développé des secteurs similaires, mais ils peuvent être complémentaire et coopérer ensemble dans une démarche win-win, notant que le Maroc pourrait être une plateforme d’export vers l’Espagne et la Tunisie vers l’Italie et l’Europe de l’Est. Il a souligné la nécessité d’harmoniser les normes et même imposer des quotas pour certains secteurs sensibles.

 

 

Pour sa part, Fadhel Abdelkefi, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et président du Conseil d’administration de Tunisie Valeurs, a estimé qu’il n’y aura jamais de vraie collaboration sans l’Algérie qui représente la profondeur géographique des deux pays. Pour lui, tant que le conflit entre le Maroc et l’Algérie n’est pas résolu, on ne pourra pas parler de Maghreb arabe. En outre, il a estimé qu’il faut laisser la liberté d’entreprendre. Il pense surtout que les administrations ne sont pas alignées, ce qui démontre bien qu’il n’y a pas de volonté politique.

Il a soutenu que l’arrivé d’Attijari bank a amélioré le système bancaire en boostant la concurrence. Il en était de même pour le secteur des dattes, l’arrivé des dattes tunisiennes ayant dynamisé l’ensemble du marché et de la production. « Le secteur privé est le combattant des temps moderne dans l’adversité des deux administrations », a-t-il expliqué.

M. Abdelkefi a tenu à rappeler l’exemple de la France et de l’Allemagne qui ont su dépasser les évènements tragiques de leur histoire commune et ont su construire la locomotive franco-allemande. « Ainsi, le minima pour dynamiser les relations tuniso-marocaines serait d’aligner les deux administrations », a-t-il indiqué.

 

 

Les opportunités de coopération sont bien réelles. Le tout c’est de savoir comment créer un terrain favorable et à appliquer l’armada d’accords déjà en place. Hichem Ben Ahmed, secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, a ainsi, souligné le rôle important des hommes d’affaires et des entreprises dans la dynamisation des relations bilatérales.

Zied Laâdheri, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, a, quant à lui, fait remarquer que nos pays respectifs avaient tendance à regarder vers le Nord, qu’ils avaient commencé à regarder depuis un certain moment vers le Sud et qu’ils ont perdu le reflex de regarder à côté. Il a espéré que cette rencontre allait aboutir sur des pistes concrètes et pragmatiques de relance pour redynamiser les échanges, l’objectif étant de déterminer ce qui coince alors que la volonté politique existe des deux parties. Justement, l’ambassade du Royaume du Maroc à Tunis s’est engagée à produire un document avec toutes les pistes et idées développées au cours de cette rencontre.

 

Les échanges entre la Tunisie et le Maroc sont minimes. Une situation particulièrement regrettable, sachant que le potentiel que pourrait fournir la complémentarité des échanges n’est absolument pas exploité et que la similitude des produits exportés sont devenus un réel frein au développement des relations commerciales et d’un potentiel de croissance non-négligeable de 1 à 2% du PIB pour chacun des deux pays. A méditer.

 

Imen NOUIRA

21/10/2018 | 15:59
5 min
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Commentaires (16)

Commenter

Maghribi
| 26-10-2018 22:45
Arrêter de dire n'importe quoi. Je m'adresse aux algériens qui se font passer pour des tunisiens. Vous vouliez qu'on dise à toute ces entreprises : non on a pas besoin de vous ? Pour qu'elles investissent ensuite en Espagne Turquie Italie Pologne Portugal.......

C'est plutôt l'Algérie qui plante un couteau dans le dos de la Tunisie ( financement et armement des terros, leurs services qui poussent les terros algérien en Tunisie......), et l'autre qui parle de bocchus, non seulement tu reviens à des siècles auparavant et deuxièmement en quoi cette histoire concerne la Tunisie ? '?a prouve que vous êtes des algérien déguisé en tunisiens.

HANNIBAL
| 24-10-2018 08:56
Ce qui est vraiment regrettable , ce n'est ni les échanges commerciaux qui restent très frileux et timides ni les opportunités et perspectives éventuellement exploitables entre les deux pays , mais c'est la quantités de haines et mépris dans les commentaires de part et d'autres . Pourquoi sommes nous arriver lâ ? moi qui connait très bien les deux pays , j'ai vu des marocains reçus à bras ouvert en Tunisie et vice vers çà .
Ce qui est désolant que toute cette ranc'?ur proviennent de la classe soi-disant intellectuelle ...

enfantdurif
| 22-10-2018 18:49
Ne vous inquiétez pas, nous non plus on ne vous porte pas dans nos coeurs a cause de votre mauvaise foi et votre traitrise. Si des opérateurs économiques quittent votre "pays" c'est que vous etes incompétents et malhonnetes...posez vous les bonnes questions et vous aurez les bonnes réponses, mais pour cela il faut etre de bonne foi.

Aksel
| 22-10-2018 17:50
Leur traitrise ça date depuis bocchus qui a livré jugurtha aux romains.
Dieu a bénit la Tunisie de ne pas les avoir comme voisin



mounir
| 22-10-2018 14:40
entre la Tunisie et L'Algérie une fraternité et amitié très solide, depuis le colonialisme puis la guerre civile des années 90 et enfin la révolution tunisienne, durant chaque étape les deux peuples se sont unis pour le meilleur et pour le pire et à aucun moment l'un à trahi l'autre, tandis que le Maroc, avec tous mes respects pour le peuple marocain, a trahi la Tunisie, sur le plan économique.....et surtout le phosphate....et ça on ne pourrait jamais l'oublier ou pardonner......la vie est ainsi faite un jour pour toi et un jour contre toi

Chaoui
| 22-10-2018 12:56
Moi je suis toujours bloqué sur la date du 6 février 2013 jour de l'assassinat de chikri belaid .
Le concierge un makoko a t'il joué un rôle dans cet assassinat

URMAX
| 22-10-2018 12:34
... au contraire : ils ont achevé d'enfoncer le couteau qui nous était planté dans [la plaie économique] ! ... Souvenez-vous ...
...
Fin 2010 : nombre d'entreprises sont sur le point de venir s'implanter dans notre Nation.
...
2011 : Vint la révolution et les grabuges qui s'en suivirent.
...
Nombre de ses entreprises ont alors préférer s'implanter au Royaume Chérifien ... qui les a accueilli bras ouvert - ce que, personnellement, je trouve plutôt "curieux" de la part d'un [ pays frère et ami ] Ah ... l'éternelle hypocrisie de la politique (et de ses adeptes !).
...
Ont filé :
- Bombardier Transport (trains, matériel roulant et infrastructure) ;
- Alcoa Fastening Systems (leader mondial de la production d'Aluminium) ;
- l'extention d'Aérolia : déviée aussi sur le Maroc ...
...
Ceci pour les grosse boîtes
...
... et maintenant, le Cegem - je cite - [est prêt à créer une cellule pour solutionner le problème des entreprises Tunisiennes] ?
...
"on" nous "biaise" et après "on' nous dit "pardon" ?
Comme c'est gentil ... nous apprécierons.

veritas
| 22-10-2018 11:10
L'algerie Sait bien avec qui elle ferme ses frontières surtout avec les pays qui produisent plus de hachich que du blé pour nourrir leur peuples qui crèvent déjà la faim et puisque vous prétendez être du rif vous êtes bien au courant de quelque chose .

TMT
| 22-10-2018 10:46
Je trouve que le fond du problème a été veridiquement exposé par Mr Fadhel Abdelkefi...
Le reste,ce n est que du blabla ...

enfantdurif
| 22-10-2018 09:43
Ce n'est qu'une perte de temps, car en réalité ce minuscule pays n'est rien d'autre qu'une région algérienne. Il suffit que l'Algérie ferme ses frontières pour que les Tunisiens meurent de faim et basculent dans la guerre civile. La seule chose de vraie dans ce faux débat c'est que nos pays sont des adversaires économiques et nous n'avons donc rien a attendre les uns des autres.