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Chroniques
La crise de l'hôpital de Sfax ou comment contourner les questions de fond
01/05/2016 | 18:55
3 min

 

Les développements de l’affaire de l’hôpital de Sfax ont défrayé la chronique et se sont imposés comme s’ils étaient le centre de l’actualité nationale. Comment un incident local s’est-il hissé au niveau d’une affaire d’opinion publique et politique de premier plan ? Un subterfuge de plus et un écran de fumée supplémentaire qui cache mal notre incapacité à poser les véritables questions et à nous attaquer aux problèmes de fond.

 

L’affaire de l’hôpital de Sfax aurait dû rester une simple affaire locale dont certains de ses aspects acquièrent un caractère syndical. Le jeu de la politique en a voulu autrement. En effet, cette affaire au départ était une affaire de gestion opaque de la santé, une gestion qui impliquait aussi bien les responsables régionaux de la santé que le directeur de l’hôpital sans oublier le personnel hospitalier et bien entendu le syndicat de base.

 

Le ministère de la Santé devait assainir la situation de cet hôpital, mais la démarche choisie était la moins adéquate à cette situation enchevêtrée et historiquement bien en place. Le choix d’un militaire à la tête de cet établissement était une provocation et une annonce non dissimulée de mise au pas de l’ensemble du personnel. Avec un peu plus de tact, cet objectif aurait été atteint en nommant, pas un militaire de carrière, mais l’un des multiples cadres du ministère de la Santé connus pour leur extrême rigidité et dont la plupart roupillent dans leurs bureaux au ministère.

 

A cela s’est ajouté la surenchère et les dérapages verbaux ahurissants et inacceptables de quelques syndicalistes, certains par bêtise, d’autres par calculs. Mais force est de constater que ce n’est pas l’arrestation de quelques syndicalistes qui résoudra la question de l’hôpital de Sfax. La crise de l’hôpital de Sfax n’est que la manifestation de la crise de la santé dans notre pays. La crise entre le syndicat et le ministère de la Santé n’est qu’une facette de la crise entre le gouvernement et le syndicat et plus profondément, la manifestation de notre défaillance collective dans le domaine économique et social.

 

Maintenant, il est temps de poser courageusement la question de la place de la centrale syndicale dans le paysage politique et social national. Il est évident que certains au sein du gouvernement et ailleurs, seraient contents de voir l’UGTT se cantonner dans un rôle de négociateur social sur des augmentations salariales périodiques. Ce rôle à lui seul, n’a jamais été, et ne sera jamais à la pointure de l’UGTT dont l’histoire ancienne et récente, chevauche parfaitement le débat politique.

Plusieurs tentatives de neutralisation et de mise à l’écart de la centrale syndicale ont été faites par des gouvernements, souvent plus stables et plus forts politiquement, que le gouvernement actuel, sans succès. Il serait dommage que l’actuel gouvernement s’engage dans le chemin d’une confrontation perdue d’avance avec le syndicat, d’autant plus que l’adhésion de l’UGTT aux décisions gouvernementales importantes pourrait être le gage de la réussite de son action économique, sociale et même politique.

 

Il serait aussi nécessaire aujourd’hui de poser franchement la question de la cohésion du gouvernement. Il est anormal et hilarant de continuer de voir des ministres se comporter comme des roitelets et non comme des membres d’un même gouvernement.

Le ministre de l’Education s’est vu freiner dans les négociations avec les syndicats de l’enseignement, tantôt par le ministère des Finances et la présidence du gouvernement, tantôt par son collègue de la Jeunesse et des Sports. Le ministre du Développement a longtemps fait cavalier seul avant de se calmer et retrouver un tant soit peu un comportement plus collégial. Le ministre de la Santé a déclaré, non sans amertume qu’il se sent seul et lâché par son gouvernement.

En face, il est tout aussi abasourdissant  de constater le manque de présence et de fermeté du chef de gouvernement. Sinon comment expliquer le comportement « indépendantiste » de certains de ses ministres qui se donnent même le droit de refuser des accords politiques censés endiguer des crises dans leurs départements.

 

En l’absence d’un véritable capitaine qui maîtrise toutes les commandes du tableau du bord et impose la discipline à ses lieutenants, le navire tangue sans jamais tenir le cap.

En l’absence de réponses claires et courageuses à ces questions, la crise de l’hôpital de Sfax, qui n’est pas la première crise locale à prendre des dimensions nationales, risque de ne pas être la dernière.

01/05/2016 | 18:55
3 min
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Commentaires (20)

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TeTeM
| 04-05-2016 12:58
Serait-ce parce que cela se passe à Sfax, qu'il faut considérer que cette affaire n'aurait pas du avoir plus qu'un simple retentissement régional? Pourtant, ce qui se passe à Sfax, n'est que le reflet du fonctionnement des Hôpitaux Tunisiens. Ce n'est aussi que le reflet de la Guerre et du chantage opérée par l'UGTT.

La nomination d'un miliaire serait un soucis? Je vais encore me répéter mais ceci n'est pas du tout une première. N'est-ce pas un médecin militaire qui est actuellement à la tête du CHU Hedi CHaker à Sfax? Il existe déjà un précédent ! Journaliste enquêtez un peu avant d'écrire !!!!

Doc
| 04-05-2016 11:02
Depuis l'arrivé de ce ministre ,je ne sais par incompétence , par calcul politique "agenda" ou par les deux ,on ne fait que s'éloigner des vrais problèmes de la santé publique , à l'échelle régional :A Sfax comme comme dans les autres régions les directions régionales et ldirections des hôpitaux ont besoin d'un ministère performant et moins hypertrophié dans ses prérogatives et absent voir paralysé dans la gestion et assistance cotidienne des régions et des établissement de santé ; les directeurs régionaux sont souvent livrés à eux mêmes sans réponse des semaines voir des mois à une correspondance écrite ,ils ne trouvent aucun responsable au bout du fil téléphonique même dans les affaires les plus urgentes et quand ça ne marche pas bien ils serviront de bouc émissaires et seront Limogés ( c'est plus simple et moins coûteux ).Cette tactique a été utilisée par la plus part des ministres par incompétence ou par nécessité en l'absence d'une volonté politique de préserver le secteur publique de la santé .Ce qui est nouveau avec ce ministre c'est la nomination d'un militaire comme solution miracle déplaçant ainsi et d'une façon très dangereuse (en est il conscient?)sachant que que ça marche mal dans la plus part du secteur publique, imaginons la généralisation de ce génie et de militariser toute l'administration et pourquoi pas tout l'état??! Permettez moi de rappeler que les vrais problèmes n'ont aucun caractère militaire :1)renforcer le rôle et prérogatives des décideurs locaux et régionaux(médecins,chefs de services ,directeurs régionaux, conseils d'établissements et conseils de santé 2)annuler l'Activité Privée Complémentaire A P C.3)Renforcer la1ere ligne (le ministre a confirmé que 900/2100 des dispensaires ne profitent que d'une consultation médicale/semaine tout en oubliant que 80p cent sont la réalité des zones défavorises )ce qui est triste c'est que lui même et pour la2eme année consécutive n'a rien fait pour remédier à ça à commencer par le nombre de médecins généralistes prévu pour le recrutement couvre à peine le nombre de médecins qui ont quitté sans compter les nouvelles créations !!!!!!.4)Trouver d'urgence une solution à la pharmacie centrale 40 pcent des médicaments souffrirent de ruptures de stocks???!.5)un budget suffisant pour les médicaments et surtout pour les maladies chroniques et dans les dispensaires . 6)Trouver des solutions rapides à la maintenance du matériel (délai dépassant une année pour réparer un appareil souvent indispensable et l'unique pour un médecin , un service ,un Hopital voir une région .........,.........

Ferid
| 04-05-2016 07:27
En effet la crise aurait pu être désamorcée et traiter rapidement et efficacement l'analyse de Mr B Hmida en étant objective laissé quand même en sous entendu les raisons profonde du drame du pays : la faiblesse du gouvernement due à la maladresse voire à l'incompétence de certains de ses membres de ses membres et l'hegemonie d'un parti politique ont rendu l'action du gouvernement chaotique comme il a été bien dit le cas de l'hôpital de Sfax ainsi que de celui non cité de Petrofac ont été gérés contre l'intérêt général du pays en satisfaisant parfois inconsciemment le désir de partis politiques au pouvoir qui souhaitaient écraser l'ugtt et tous courants a coloration considérée de gauche Les dirigeants actuels de par leurs propres convictions en parfaite symbiose avec celles de leurs souteneurs de l'intérieur comme de l'extérieur sont allergiques à ce que représente l'ugtt et les autres courants politiques de gauche La situation du pays caractérisée par l'absence d'autorité de l'Etat ,la corruption et le chaos est la conséquence directe de la cécité politique des politiques au pouvoir et l'ingérence étrangère

bahr
| 03-05-2016 23:29
pire que l actuel gouvernement en Tunisie et pire discordance, n existera jamais.
La seule chose qui unis les deux ailes du gouvernement, c est bien leur détermination à détruire, écraser, anéantir, ... l UGTT, à tous prix.
L actuel gouvernement aura t il un jour gains de cause ?
Jamais et au grand jamais.
Vive UGTT

nouri Kamoun
| 03-05-2016 09:16
Ce que vous oubliez monsieur, c'est qu'au cours des années 70 et des années 80, vue l'absence des libertés politiques, l'opposition politique s'exprimait au sein de la centrale syndicale. C'était compréhensible. Mais maintenant, continuer de la sorte , ne peut que ridiculiser l'état. Dans toute démocratie digne de ce nom, un ministre écoute, consulte demande des rapports mais décide. Quand un syndicat impose au gouvernement la réforme qu'il conçoit dans tel secteur ou tel autre ou exige d'être consulté avant un remaniement ministériel ça s'appelle de la bêtise. L'affaiblissement de l'état ne peut entrainer que l'anarchie et donc le retour à une dictature. Une centrale syndicale responsable veillerait au contraire au renforcement et le respect de l'état. Je rappelle que contrairement à ce que dit Monsieur BEN HMIDA, pendant le règne de BEN ALI, l'UGTT s'était cantonné principalement à son rôle de négociateur des augmentations périodiques des salaires. On peut faire beaucoup de critiques au ministre de la santé mais on ne peut que le soutenir quand il s'agit de prérogatives.

@DHEJ - Tounsia
| 02-05-2016 18:56
Je suis prête à accepter que ce militaire va réussir où tout les civils ont échoué (notez tout de même que c'est un message inquiétant pour l'avenir de la Tunisie) la vrai question n'est pas là. La méthode employée est pernicieuse, destructrice donc. C'est de la manipulation politique pure et simple. Le fond c'est que ce Aidi multiplie les conflits inutiles. Ses coups de menton ne peuvent pas régler les graves problèmes de la santé ils les aggravent Ses effets d'annonce ne sont pas des programmes. Maintenant il a réussi à détourner les questions de fond. Il faut lui reconnaitre une certaine intelligence...certes perverse mais ça marche

DHEJ
| 02-05-2016 16:58
Oui une juridiction compétente:

Une juridiction civile pour les civils


et

Une juridiction militaire pour les militaires!


Quand aux chiens, c'est l'été et la rage peut faire surface alors tu sais ce qu'on en fait!


Hasnaoui
| 02-05-2016 16:49
La pseudo excuse présentée par l'UGTT et reprise ipso facto par Soufiène au sujet de la nomination d'un militaire à la tête du CHU de Sfax;est totalement inappropriée car ceux qui soutiennent cette thèse pensent déjà aux conflits et à leur solution ! Que chacun fasse correctement son travail et il n'y aura pas de conflits .L'hôpital militaire marche à merveille,Rjim Maâtoug conçu et réalisé par les militaires et j'en passe . . .uLa vraie raison de ce refus,je la connais,tu la connais,il(elle)la connait,nous la connaissons,vous la connaissez,ils(Ugtt et Soufiène) ne veulent pas l'admettre.

eshmoun
| 02-05-2016 16:30
@DHEJ la procédure de détachement n'est pas faite pour les chiens que je sache! d'autant qu'il est déjà arrivé que des officiers soient détachés à la tête d'entreprises publiques ou d'ambassades , de "wilayas"et autres institutions à caractère civil... voire même ministres...(on a même eu un chef de l'état il n'y a pas si longtemps ...souvenez vous)!il n'y a donc rien de scandaleux à ce que ,abandonnant pour une période donnée l'uniforme , un militaire compte tenu de ses compétences (ce qui semble être le cas pour l'officier en question , qui aurait déjà exercé de telles fonctions dans son corps d'origine) soit nommé en conformité avec les textes , à ce poste non?...quant à l'argument juridique le problème qu'il semble poser n'est pas insurmontable l'essentiel étant que comme tout justiciable il puisse répondre de ses erreurs ou des fautes qu'il pourrait commettre durant sa gestion devant une juridiction compétente !

tounsia2
| 02-05-2016 15:35
Bonjour DHEJ,
Je vous remercie pour votre réponse et pour la clarté de votre texte, finalement les points d'exclamation vous réussissent beaucoup mieux que les points d'interrogation !
Vous évoquez l'aspect juridique dans votre argumentation mais je pense qu'il ne s'applique pas dans ce cas de figure puisque Chokri Tounsi a été nommé à la tête du CHU de Sfax en sa qualité de médecin et non en sa qualité de militaire, d'ailleurs est ce que C.Tounsi porte sa tenue militaire en allant à son travail ? Bien sur que non !
Quoi qu'il en soit, je pense que si ce n'est pas la nomination de C.Tounsi, l'UGTT aurait certainement trouvé un autre prétexte pour se lancer dans un bras de fer avec le gouvernement, histoire de s'imposer en tant que composante sociale, politique et économique incontournable et les exemples sont nombreux, CPG de Gafsa, Petrofac de Kerkenna . . .etc.
Qui a tort, qui a raison ? Franchement, je ne sais pas, mais ce que je sais, c'est que le pays est en train de couler sans que cela ne préoccupe les dirigeants actuels de notre pays qui continuent à camper sur leur position respectives et semblent ne pas être perturbés par la banqueroute de notre économie. . .